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La rivière aux nénuphars

La rivière aux nénuphars
Sous les ombres douces des grands peupliers
coule entre deux ponts
où les cris des canotiers retentissent plus sonores
 
La grenouille en robe à traîne
Dont le nom est
Pulchérie y retrouve
Népomucène
L’amant goujon qu’elle a choisi
 
Son coassement d’amour s’épuise
devant l’éperdu silence du poisson
Et l’eau de la rivière les grise
 
Quand des buveurs versent leurs verres du haut du peut
 
Le pêcheur à la ligne près du coude
Depuis trente ans n’a pas bougé
On dit qu’il est mort à la tâche et d’oubli
Nul n’est allé le réveiller
 
Le flotteur rouge de sa ligne
Est un peu décoloré
C’est une vieille carotte que la lune
à minuit comme un veau semble brouter
 
Les étoiles sont gigantesques
La nuit dans le ciel de la ville
Et les chansons des buveurs
Semblent ne pouvoir franchir les remparts
 
Cette ville n’est pas rassurante du tout on dit que de la source une forme sort parfois au crépuscule
Comme une jeune fille nue d’un miroir
 
C’est peut-être bien
Ophélie
C’est peut-être bien
Pulchérie
C’est peut-être
Népomucène
Goujon grenouille ou la jolie
Ophucène
Népomélie
Pulcherouille ou grenoujon au bord de la rivière aux nénuphars qui coule coule entre deux ponts
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