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La voix, qui a repris

Es-tu venu par besoin de ce lieu,
De ce lieu seul, ravin, porte dressée
Au-dessus du levant et du couchant
Comme passe la barque d’un autre monde,
Entre, je te permets presque une halte.
 
Es-tu venu pour, au moins une fois,
Etre maître du seuil, pousser le poids
De la porte cloutée sur ses gonds qui dorment,
Et déranger ce rêve, bien que sachant
Que tout seuil est un rêve, et que ce fer
Y est certes le signe, mais sans promesse,
Je te permets la clef dans la lourde porte.
 
Es-tu venu pour entendre l’écho
Des marteaux sous les voûtes, mais déjà
T’éloignant, te décolorant, ne percevant
La lumière qu’en rêve, descendant
Les yeux emplis de larmes vers le ciel
Qui t’accueillait de terrasse en terrasse
Parmi les amandiers et les chênes clairs,
Vois, je t’aurai donné, en la reprenant,
Une terre natale, et il n’est rien d’autre. »
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