Le feu hantait nos jours et les accomplissait.
Son fer blessait le temps à chaque aube plus grise.
Le vent heurtait la mort sur le toit de nos chambres,
Le froid ne cessait pas d’environner nos coeurs.
Ce fut un bel été, fade, brisant et sombre,
Tu aimas la douceur de la pluie en été
Et tu aimas la mort qui dominait l’été
Du pavillon tremblant de ses ailes de cendre.
Cette année-là, tu vins à presque distinguer
Un signe toujours noir devant tes yeux porté
Par les pierres, les vents, les eaux et les feuillages,
Ainsi le soc déjà mordait la terre meuble
Et ton orgueil aima cette lumière neuve.
L’ivresse d’avoir peur sur la terre d’été.
Souvent dans le silence d’un ravin
J’entends (ou je désire entendre, je ne sais)
Un corps tomber parmi des branches.
Longue et lente
Est cette chute aveugle ; que nul cri
Ne vient jamais interrompre ou finir.
Je pense alors aux processions de la lumière
Dans le pays sans naître ni mourir.
Poéme / Poémes d’Yves Bonnefoy
Le feu hantait nos jours et les accomplissait.
Son fer blessait le temps à chaque aube plus grise.
Le vent heurtait la mort sur le toit de nos chambres,
Le froid ne cessait pas d’environner nos coeurs.
Ce fut un bel été, fade, brisant et sombre,
Tu aimas la douceur de la pluie en été
Et tu aimas la mort qui dominait l’été
Du pavillon tremblant de ses ailes de cendre.
Cette année-là, tu vins à presque distinguer
Un signe toujours noir devant tes yeux porté
Par les pierres, les vents, les eaux et les feuillages,
Ainsi le soc déjà mordait la terre meuble
Et ton orgueil aima cette lumière neuve.
L’ivresse d’avoir peur sur la terre d’été.
Souvent dans le silence d’un ravin
J’entends (ou je désire entendre, je ne sais)
Un corps tomber parmi des branches.
Longue et lente
Est cette chute aveugle ; que nul cri
Ne vient jamais interrompre ou finir.
Je pense alors aux processions de la lumière
Dans le pays sans naître ni mourir.