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L’Ermitage de Notre-Dame-de-Consolation

Connaissez-vous ces monts dont la tête immobile
Oppose son silence au bruit des flots mouvants ?
Au sein de leurs rochers est un pieux asile
               Cher aux êtres souffrants.
 
C’est là que chaque jour de fervents solitaires
A la Reine du ciel répètent dans leurs vœux :
« Espoir des affligés, recours dans nos misères,
               Sauvez les malheureux ! »
 
Par le sentier rapide, une jeune inconnue
Jusqu’à ce toit sacré parvint avec effort.
Là, ses regards erraient sur la vaste étendue
               Dans un muet transport.
 
Elle considérait la roche menaçante,
Les ruisseaux fugitifs, l’immensité des mers,
Les gazons, la chapelle ; et sa voix gémissante
               S’exhalait dans les airs.
 
Le souffle du midi, le bruit lointain des ondes,
Se mêlaient tour à tour à ses tristes accents ;
Et le pasteur, guidant ses chèvres vagabondes,
               A retenu ces chants :
 
« Le bonheur fuit les pas de l’humble voyageuse ;
L’image de mon sort me suit dans ces déserts.
Mes jours sont agités, ma vie est orageuse,
               Comme ces flots amers !
 
« Sur mes traits abattus, où la douleur est peinte,
De l’âge qui me luit on cherche en vain la fleur ;
Et mon front jeune encore porte déjà l’empreinte
               Que laisse un long malheur !
 
« Vous, arbres, dont l’abri me couvre et m’environne,
Vous semblez partager le deuil de mes beaux ans,
Et l’automne à vos pieds effeuille la couronne,
               Don fleuri du printemps.
 
« Vous pleurerez bientôt votre beauté ravie.
De son souffle glacé l’hiver va la flétrir :
Comme le noir chagrin qui dépouille la vie
               Et ne fait pas mourir.
 
« Les pieux habitants de ce lieu solitaire,
Loin d’un monde trompeur, ignorent tous ses maux ;
Et, simples voyageurs, ils ne font sur la terre
               Qu’attendre leurs tombeaux.
 
« Laissant tous les mortels, heureux ou misérables,
S’occuper vainement d’un douteux avenir,
Ils savent que leurs jours sont désormais semblables
               Au jour qui va finir.
 
« Ainsi, durant la nuit, quand l’élément perfide
Gronde au pied des rochers qui bornent ce vallon,
Ils s’endorment au bruit de ce ruisseau limpide,
               Errant sur le gazon.
 
« Et moi, ne puis-je aussi trouver un lieu propice,
Où les peines du cœur s’endorment à jamais ?
A défaut du bonheur, Vierge consolatrice,
               Fais-moi trouver la paix !
 
« Permets, Reine des cieux, qu’après de longs orages,
Je puisse enfin goûter quelques jours de repos,
beaux comme tes vallons, doux comme tes ombrages,
               Et purs comme tes eaux ! »

Poésies (1826)

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