Mes silences t’enrageaient,
Ils te rendaient fou,
Ils te faisaient hurler,
Trembler, donner des coups.
Tu frappais les murs,
Écrasais mes joues
Comme si des cassures
Entailleraient mes verrous.
Tu avais pourtant compris
Qu’ils m’enfermaient aussi
Mais tu as sciemment choisi
De maintenir le conflit.
Mes larmes t’ont parlé
Maintes et maintes fois
Ma gorge t’a livré,
Tremblante, mes émois.
Le miroir brisé
Qui gît au fond de moi,
J’en ai fait remonté
Douloureusement les éclats,
La gorge coupée,
La bouche saignante,
Des bouts de verre coincés,
Une chaleur haletante.
Tu as ramassé ce tas de morceaux brillants,
Qui étincelait dans une mare de sang,
Une de tes mains a tiré mes cheveux,
L’autre dirigea mon menton vers les cieux,
Tu as entassé, dans ma bouche, ces bouts de verre,
Mes lèvres, entaillées, saignaient de toute part,
Puis tu as veillé, avec une folie meurtrière,
A ce que je les ravale, en serrant ma mâchoire.
Qu’en avais-tu à faire
De mes combats à moi ?
Tant que ta colère
Était plus forte que ma voix.
Qu’en avais-tu à faire
De mes ressentis ?
Tant que ton enfer
Faisait de mon âme son logis.
Tu n’as jamais su
Voir plus loin que toi
Tu n’as jamais pu
Et jamais tu ne pourras.