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Les dents

Derrière l’épaisseur et le pur incarnat
Des lèvres, qu’en passant fait palpiter l’haleine,
On entrevoit les dents découvertes à peine,
Comme une aube à travers de frais rideaux grenat.
 
Ce n’est rien qu’un rayon, un filet délicat
Dans la bouche pourprée étincelante et saine ;
La parole les montre en blancheur incertaine ;
Le rire, plus ouvert, en révèle l’éclat.
 
Sous la suavité des lèvres amoureuses,
Attirantes aussi, vous luisez dangereuses.
Voluptueusement vous nous blessez un jour,
 
Blanches dents sans pitié, petites dents aiguës,
Qui déchirez le rêve, et faites que l’amour
Boit les baisers ainsi que d’amères ciguës !

L’idole (1869)

#ÉcrivainsFrançais

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