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Silence

Le silence descend en nous,
Tes yeux mi-voilés sont plus doux ;
Laisse mon cœur sur tes genoux.
 
Sous ta chevelure épandue
De ta robe un peu descendue
Sort une blanche épaule nue.
 
La parole a des notes d’or ;
Le silence est plus doux encor,
Quand les cœurs sont pleins jusqu’au bord.
 
Il est des soirs d’amour subtil,
Des soirs où l’âme, semble-t-il,
Ne tient qu’à peine par un fil...
 
Il est des heures d’agonie
Où l’on rêve la mort bénie
Au long d’une étreinte infinie.
 
La lampe douce se consume ;
L’âme des roses nous parfume.
Le Temps bat sa petite enclume.
 
Oh ! s’en aller sans nul retour,
Oh ! s’en aller avant le jour,
Les mains toutes pleines d’amour !
 
Oh ! s’en aller sans violence,
S’évanouir sans qu’on y pense
D’une suprême défaillance...
 
Silence !... Silence !... Silence !...

Au jardin de l’infante (1893)

#ÉcrivainsFrançais

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