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Plainte

Mets les mains sur mon front où tout l’humain orage
           Lutte comme un oiseau,
Et perpétue, ainsi qu’au creux des coquillages,
           Le tumulte des eaux.
 
Ferme mes yeux afin qu’ils soient clos et tranquilles
           Comme au fond du sommeil,
Et qu’ils ne sachent plus quand passent sur la ville
           La lune et le soleil.
 
Parle-moi de la mort, du songe qu’on y mène,
           De l’éternel loisir,
Où l’on ne sait plus rien de l’amour, de la haine,
           Ni du triste plaisir ;
 
Reste, voici la nuit, et dans l’ombre croissante
           Je sens rôder la peur ;
—Ah ! laisse que mon âme amère et bondissante
           Déferle sur ton coeur...

Le cœur innombrable (1901)

#ÉcrivainsFrançais

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