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À Madame M

Quoi ! vous voulez, par bonté, quelquefois,
Pour épargner ma paupière un peu tendre,
Un peu lassée, au soir, me faire entendre,
Lu par vous-même, un livre de mon choix !
 
Vous liriez tout, Fauriel et Gaulois ;
Et le sujet, à fond, me viendrait prendre,
Dans le fauteuil où j’oserais m’étendre,
Indifférent à l’accent de la voix !
 
Mais votre voix, c’est la couleuvre vive,
Insinuante et limpide et furtive,
Col gracieux et de gris nuancé !
 
La voir courir est chose trop peu sûre ;
Elle est sans dard, et je crains sa piqûre ;
Ou, tout au moins, je crains d’être enlacé.

Pensées d’août (1837)

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