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Paraphrase du psaume VIII

                       1604.
 
 
Ô Sagesse éternelle, à qui cet univers
Doit le nombre infini des miracles divers
Qu’on voit également sur la terre et sur l’onde !
               Mon Dieu, mon Créateur,
Que ta magnificence étonne tout le monde !
Et que le ciel est bas au prix de ta hauteur !
 
Quelques blasphémateurs, oppresseurs d’innocents,
À qui l’excès d’orgueil a fait perdre le sens,
De profanes discours ta puissance rabaissent :
               Mais la naïveté
Dont mêmes au berceau les enfants te confessent
Clôt-elle pas la bouche à leur impiété ?
 
De moi, toutes les fois que j’arrête les yeux
À voir les ornements dont tu pares les cieux,
Tu me sembles si grand, et nous si peu de chose,
               Que mon entendement
Ne peut s’imaginer quelle amour te dispose
À nous favoriser d’un regard seulement.
 
Il n’est faiblesse égale à nos infirmités ;
Nos plus sages discours ne sont que vanités,
Et nos sens corrompus n’ont goût qu’à des ordures ;
               Toutefois, ô bon Dieu,
Nous te sommes si chers, qu’entre tes créatures,
Si l’ange a le premier, l’homme a le second lieu.
 
Quelles marques d’honneur se peuvent ajouter
À ce comble de gloire où tu l’as fait monter ?
Et, pour obtenir mieux, quel souhait peut-il faire,
               Lui que, jusqu’au Ponent,
Depuis où le soleil vient dessus l’hémisphère,
Ton absolu pouvoir a fait son lieutenant ?
 
Sitôt que le besoin excite son désir,
Qu’est-ce qu’en ta largesse il ne trouve à choisir ?
Et, par ton règlement, l’air, la mer, et la terre,
               N’entretiennent-ils pas
Une secrète loi de se faire la guerre
À qui de plus de mets fournira ses repas ?
 
Certes je ne puis faire, en ce ravissement,
Que rappeler mon âme, et dire bassement :
Ô Sagesse éternelle, en merveilles féconde !
               Mon Dieu, mon Créateur,
Que ta magnificence étonne tout le inonde !
Et que le ciel est bas au prix de ta hauteur !

Poésies livre II

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