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Souvenir de Naples.

C’était un frais matin. Découpé dans l’azur
En regard de Sorrente, au bord du golfe pur,
         Se balançait un laurier-rose ;
Et sous la branche en fleurs un nid caché rêvait,
Où deux petits oiseaux, jouant dans le duvet,
         Gazouillaient mainte douce chose.
 
Pourquoi ce souvenir, mon cœur ? Oh qu’ils sont loin
Ces temps où je foulais, libre et jeune de soin,
         La terre où Virgile a sa tombe !
Autour de moi, dans moi, tout change ! Il est midi ;
Et dans le nid changé les oiseaux ont grandi :
         L’un est aigle, l’autre est colombe.
 
Sur les brises du Sud, jeune couple accouru,
En vous des anciens jours tout a-t-il disparu ?
         Non : le cœur est resté le même.
Soyez heureux ! Nature, et toi, dont la bonté
Donna la force au frère, à la sœur la beauté,
         D’amour fais-leur un diadème.

Grains de mil (1854)

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