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Les pins.

Une forêt de pins s’étend dans la colline ;
Verticaux et serrés sur ce plan qui s’incline
Ils semblent une armée innombrable à l’assaut ;
Le regard qui les suit doit s’arrêter bientôt
Car des milliers de troncs lui font une barrière.
L’ombre grise a partout des lueurs de clairière,
Et la nuit des forêts n’existe pas ici :
C’est seulement l’éclat du jour très adouci.
Ne cherchez pas non plus la mousse souple et fraîche ;
Rien que des lichens gris que la chaleur dessèche,
Et qui craquent pilés en miettes sous vos pas.
Sous ce couvert, les fleurs ne se hasardent pas ;
Mais du tronc des pins coule en perles la résine
Qui d’un parfum ardent embaume la colline.
 
Or, ce qui fait surtout le charme de ces bois
C’est leur bruissement doux et long, c’est leur voix
Quand un souffle léger passe dans les ramures ;
Oh ! les grandes rumeurs ! oh ! les tendres murmures !
Non, nul arbre ne fait entendre un chant pareil ;
Oh ! luths éoliens pleins d’âme et de soleil,
Mes pins harmonieux, qu’il est doux à l’aurore
De marcher à pas lents sous votre ombre sonore !

Les Poèmes de Provence (1874)

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