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Balade intérieure

On a mis des poteaux malhabiles, étiré les pelotes de nos fils qui ne tiennent qu’à une vie. On rase des talus, souches d’arbres toutes entrailles au vent, un vol plané d’oiseau sannom fait l’éloge funèbre. La nature s’émeut de nos attraits barbares. On a mis des barrières stériles caché les visages de nos vies qui ne tiennent qu’à un fil.
On s’habille de textile. Armure dont le prix et le style nous définissent. On se définit par profil dont le pire et le vil sont bannis. On tient des discours. Dans une main. L’autre appartient à la télécommande. Au téléphone. Télélemonde. Les hommes naissent. Libres et égos. Centrés sur leurs check-lists. Leurs todolists. La débilité est toujours plurielle. On renouvelle sans relâche la nullité. On lui confère le beau le temps de la vendre. De degoupiller le porte-monnaie, siphon de l’estime. La première personne du singulier n’a rien de singulière. Je est le clone de Tu. Tu es le con de Je. Je tue le monde à petit feu. Je fait un grand On inutile. Les microcosmes marins ne voient pas la tuerie ni n’entendent le bruibraillé qui soule. C’est déjà ça. Mais rien ne contre l’ouragan gargantuesque. Appétit d’orgre.
Les microcosmes marins sont du festin, destin entier tourné vers l’hypercontentement. Si seulement la satiété. De l’exploration aventureuse on en a fait l’exploitation douteuse. Passée de découvertes à l’asservissement. L’homme-bête peuplait encore le globe au dix-neuvième. Domestiqué, changé au nom de salarié. Les araignées tendent leur toile. Les fourmis se répandent. Les papillons virevoltent. Le micromonde est la Résistance vacillante. L’herbe pousse. L’homme tond. Après le blé le pré carré. L’homme se gare. Se parque. On le livre à domicile. Soigne son imagination stérile, univers déco livré sur un plateau. On l’emmerde. Ça capte l’attention. Il se fout des autres tant que tout va bien. Comment qu’je fais mouah. Z’ont qu’à s’bouger aussi. Y z’ont du pognon et alors. Qu’est-ce ça peut bien faire. On switch on scrolle nos yeux scannent plus que ne lisent. Et après on dit plus qu’on ne pense. Bientôt l’ordre nouveau. L’humanoïde qu’on met sur off. Une dictature du silence de l’attente de l’être pour seul sens. Environnement épuré d’objet. Rêve dystopique des grands poucets. Qui sèment leurs matériels pour vaincre l’oubli. J’ai eu j’étais. Ah mais passé le cercle des deux cent ahuris on tombe dans le puit de la mémoire. Noire nuit où l’égo défunt pleure. Noire nuit où le ciel mille fois changé apporte la paix.

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