Les contrerimes (1921)
#ÉcrivainsFrançais
Contrerime IX. Ô mer, toi que je sens frémir A travers la nuit creuse, Comme le sein d’une amoureuse Qui ne peut pas dormir ;
Contrerime LXIII. Toute allégresse a son défaut Et se brise elle-même. Si vous voulez que je vous aime ; Ne riez pas trop haut.
Contrerime XLVIII. Saigon : entre un ciel d’escarbouc… Et les flots incertains, Du bruit, des gens de fièvre teint… Sur le sanglant carboucle.
Contrerime LV. À Londres je connus Bella, Princesse moins lointaine Que son mari le capitaine Qui n’était jamais là.
Contrerime XLII. À l’Alcazar neuf, où don Jayme Gratte un air maugrabin, Carmen dansant dans son lubin : Ce n’est pas ce que j’aime.
Contrerime LVII. Dans la rue-des-Deux-Décadis Brillait en devanture Un citron plus beau que nature Ou même au Paradis ;
Contrerime LII. C’était, dans les vapeurs du nard, Un cri, des jeux infâmes, Et ces yeux fatals qu’ont les femm… Du cruel Fragonard.
Contrerime X. “ Ce tapis que nous tissons comme ” Le ver dans son linceul “ Dont on ne voit que l’envers seu… ” C’est le destin de l’homme.
Contrerime XVII. D’un noir éclair mêlés, il semble Que l’on n’est plus qu’un seul. Soudain, dans le même linceul, On se voit deux ensemble
Contrerime XXVIII. Le sonneur se suspend, s’élance, Perd pied contre le mur, Et monte : on dirait un fruit mûr Que la branche balance.
Contrerime XLIX. J’ai beau trouver bien sympathique Feu Loufoquadio, Ses Japs en sucre candiot, Son Bouddha de boutique ;
Contrerime XLV. Molle rive dont le dessin Est d’un bras qui se plie, Colline de brume embellie Comme se voile un sein,
Contrerime LIX. Dessous la courtine mouillée Du matin soucieux, Tu balances, harmonieux, Ta branche dépouillée,
Contrerime XXXII. À Pau, les foires Saint-Martin, C’est à la Haute Plante. Des poulains, crinière volante, Virent dans le crottin.
Si tu savais encor te lever de bon… On irait jusqu’au bois, où, dans c… Poursuivant la rainette, un jour,… Tremblante, tes pieds nus ont leur… Déjà le rossignol a tari sa chanso…