Chargement...
a b c d e f g h l m n o p r s t v Toutes
Évariste de Parny

Évariste Désiré de Forges, chevalier puis vicomte de Parny, est un poète français né le 6 février 1753 à Saint-Paul de l’île Bourbon (actuelle île de La Réunion), et mort le 5 décembre 1814 à Paris. Biographie Issu d’une famille originaire du Berry, installée en 1698 à l’île Bourbon, Évariste de Parny est né en 1753 à L’Hermitage de Saint-PaulIl quitte son île natale à l’âge de neuf ans pour venir en France métropolitaine avec ses deux frères, Jean-Baptiste et Chériseuil. Il fait ses études au collège Saint-Thomas de Rennes. D’après l’historien Prosper Ève, « une tradition développée par ses ennemis veut qu’à dix-sept ans, il a envisagé d’embrasser la carrière ecclésiastique et est entré au séminaire de Saint-Firmin avec l’intention ferme de s’enfermer au couvent de La Trappe ». En fait, il a déjà « perdu une foi qui n’a d’ailleurs jamais été trop vive ». La thèse de Catriona Seth montre que les archives confirment le séjour du futur écrivain à Saint-Firmin. Il part officiellement pour cause de maladie mais il s’agit peut-être d’une maladie diplomatique... En définitive, Parny choisit une carrière militaire, celle de ses frères et de son père, après avoir estimé qu’il avait trop peu de religion pour prendre l’habit, le christianisme le séduisant avant tout par les images de la Bible. Son frère Jean-Baptiste, écuyer du comte d’Artois, l’introduit à la cour de Versailles où il fait la connaissance de deux autres militaires qui, comme lui, se feront un nom dans la poésie: Antoine Bertin, originaire comme lui de l’île Bourbon, et de Nicolas-Germain Léonard, qui était, lui, originaire de la Guadeloupe. En 1772, il est capitaine d’une compagnie de gendarmes du Roi. En 1773, son père le rappelle à l’île Bourbon, où il revient âgé. Durant ce séjour, le jeune homme de vingt ans découvre ses dispositions poétiques et tombe passionnément amoureux d’une jeune personne, Esther Lelièvre, que son père l’empêche d’épouser. S’ennuyant de Paris, il retourne en France métropolitaine en 1775 après avoir indiqué dans une lettre à Bertin qu’il ne saurait se plaire dans un pays où se pratique l’esclavage, contre lequel il s’élève. Peu après son départ, la jeune fille dont il s’est épris est mariée à un médecin. Cette histoire inspire au jeune homme les Poésies érotiques, publiées en 1778, où Esther apparaît sous le nom d’Éléonore. Le recueil a d’emblée un grand succès et apporte la célébrité à son auteur. En 1777, il rédige l’Epitre aux insurgents de Boston pour manifester sa solidarité avec les insurgés de la Boston Tea Party, qui réclament la liberté. Selon Prosper Éve, « cet amour de la liberté lui vient certainement de la lecture des philosophes, mais il n’a pu naître et croître que par le spectacle des outrances de la société bourbonnaise ». Le 6 novembre 1779, Parny est nommé capitaine au régiment des dragons de la Reine. En 1783, il revient à l’île Bourbon pour régler la succession de son père et voyage également à l’Île-de-France. En 1785, il quitte l’île Bourbon pour Pondichéry pour suivre, en qualité d’aide de camp, le gouverneur général des possessions françaises dans les Indes. Il ne se plait pas du tout en Inde mais y recueille une part de la matière de ses Chansons madécasses, parmi les premiers poèmes en prose en langue française. Il ne tarde pas à revenir en France pour quitter l’état militaire et s’installer en 1786 dans la maison qu’il possède dans le vallon de Feuillancourt, entre Saint-Germain-en-Laye et Marly-le-Roi, qu’on appelle la Caserne. Avec Bertin et Léonard, il forme la « société de la caserne », qui a coutume de s’y réunir. Lorsqu’éclate la Révolution française, Parny, qui ne reçoit aucune pension du Roi et qui ne s’intéresse pas particulièrement à la politique, ne se sent pas véritablement concerné. Mais il doit solder les dettes laissées par son frère Jean-Baptiste et, en 1795, les remboursements en assignats le ruinent presque complètement. Il obtient une place dans les bureaux du ministère de l’Intérieur où il reste treize mois, puis à l’administration du théâtre des Arts. En 1804, le comte Français de Nantes le fait entrer dans l’administration des droits réunis. En 1802, Parny se marie avec Marie-Françoise Vally et, l’année suivante, il est reçu à l’Académie française, où il occupe le 36e fauteuil. En 1813, Napoléon Ier lui accorde une pension de 3 000 francs, mais celle-ci lui est supprimée sous la Restauration en 1814. Il meurt le 5 décembre 1814 et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (11e division). À cette occasion Pierre-Jean de Béranger écrit une chanson en son hommage, pour laquelle Wilhem compose la musique. Œuvres * La poésie de Parny a été extrêmement populaire au début du XIXe siècle. « Je savais par cœur les élégies du chevalier de Parny, et je les sais encore », écrit ainsi Chateaubriand en 1813. * Le grand écrivain russe Pouchkine, qui écrivit également de la poésie érotique, avait Parny en grande estime et disait de lui: « Parny, c’est mon maître ». * Parny s’est fait connaître par ses Poésies érotiques (1778) qui apportent un peu de fraîcheur dans la poésie académique du XVIIIe siècle. Il reste aussi par ses Chansons madécasses (1787), où il dit traduire des chansons de Madagascar, et qu’on s’entend pour considérer comme le premier essai de poèmes en prose en langue française. Elles ont été illustrées par Jean Émile Laboureur (1920) . Certaines ont été mises en musique: par Maurice Ravel (Chansons madécasses, 1925) et par Zoé De La Rue (Romance: “C’en est fait, j’ai cessé”). * Voyage de Bourgogne, en vers et en prose, avec Antoine Bertin, 1777. * Épître aux insurgents de Boston, 1777. * Poésies érotiques, 1778. * Opuscules poétiques, 1779. * Élégies, 1784. * Chansons madécasses, 1787. * La Guerre des Dieux, poème en 10 chants, 1799: poème condamné par un arrêt du 27 juin 1827 mais qui a souvent été réimprimé clandestinement. * Goddam!, poème en 4 chants, 1804. * Le Portefeuille Volé, 1805, contenant: Les Déguisements de Vénus, Les Galanteries de la Bible, Le Paradis perdu (poème en 4 chants). * Le Voyage de Céline, poème, 1806. * Réflexion amoureuse. Recueil: Poésies érotiques (1778) http://www.poesie-francaise.fr/evariste-de-parny/poeme-reflexion-amoureuse.php Ressources Bibliographie * Par Catriona Seth: * Les poètes créoles du XVIIIe siècle, Paris-Rome, Memini, Bibliographie des écrivains français, 1998, 318 p. * « Le corps d’Eléonore: réflexions sur les Poésies érotiques du chevalier de Parny » in Roman no 25 (1988). * « Chateaubriand et Parny » in Bulletin de la Société Chateaubriand (1989). * « Ginguené et Parny » in Ginguené (1748– 1816), idéologue et médiateur, textes réunis par Edouard Guitton, Rennes, P.U.R., 1995. * « Parny revisité: les lettres de l’abbé du Chatelier à Rosette Pinczon du Sel, un fonds breton inédit » in Cahiers Roucher– André Chénier no 16 (1997). * « Entre autobiographie et roman en vers: les Poésies érotiques » in Autobiographie et fiction romanesque autour des « Confessions », Actes du Colloque de Nice réunis par Jacques Domenech, Nice, Presses universitaires, 1997. * « L’éloge des infidèles chez Parny », in Poétesses et égéries poétiques (1750– 1820), Cahiers Roucher-André Chénier no 17 (1998). * « Les Chansons madécasses de Parny: une poésie des origines aux origines du poème en prose » in Aux origines du poème en prose: la prose poétique, sous la direction de Nathalie Vincent-Munnia, Paris, Champion, 2003, p. 448-457. * « Parny et l’Instruction Publique » in La République directoriale, sous la direction de Philippe Bourdin et Bernard Gainot, Clermont-Ferrand, 1998. * « Un opéra politiquement correct sous le Directoire: L’Alceste de l’an V », Tragédies tardives, p. p. P. Frantz et F. Jacob, Paris, Champion, 2002, p. 169-177. * « Le réseau Parny », Réseaux et sociabilités littéraires en Révolution, sous la direction de Philippe Bourdin et de Jean-Luc Chappey, Clermont-Ferrand, Presses de l’Université Blaise Pascal, 2007, p. 127-141. Articles connexes * Familles subsistantes de la noblesse française Liens externes * Notices d’autorité: Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France (données) • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque nationale d’Espagne • Bibliothèque royale des Pays-Bas • Bibliothèque universitaire de Pologne • Bibliothèque nationale de Suède • Bibliothèque apostolique vaticane • Base de bibliothèque norvégienne • WorldCat * Ressources relatives à la littérature: Académie française (membres) • Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes * « Évariste de Parny: éléments biographiques et bibliographiques », site Internet de l’Académie de La Réunion. * « Évariste Parny (1753– 1814) », Journal de l’île de La Réunion, avant le 1er janvier 2005. * « Sa généalogie », GeneaNet. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89variste_de_Parny

Charles Marie René Leconte de Lisle

Leconte de Lisle est un poète français, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul sur l’île de la Réunion et mort le 17 juillet 1894 à Voisins (Louveciennes). Leconte de Lisle est le vrai nom de famille du poète. Il l’adopta comme nom de plume, sans mentionner ses prénoms (Charles Marie René), et ce choix a été repris dans les éditions de ses œuvres, dans sa correspondance, ainsi que dans la plupart des ouvrages qui lui sont consacrés et dans les anthologies. C’est ce nom qui est utilisé dans la suite de l’article. Son prénom usuel, utilisé par ses proches, était « Charles ». Leconte de Lisle passa son enfance à l’île de la Réunion et en Bretagne. En 1845, il se fixa à Paris. Après quelques velléités d’action politique lors des événements de 1848, il y renonça et se consacra entièrement à la poésie. Son œuvre est dominée par trois recueils de poésie, Poèmes antiques (1852), Poèmes barbares (1862) et Poèmes tragiques (1884), ainsi que par ses traductions d’auteurs anciens: Homère, Hésiode, les tragiques grecs (Eschyle, Sophocle, Euripide), Théocrite, Biôn, Moskhos, Tyrtée, Horace, etc. Il est considéré comme le chef de file du mouvement parnassien ou tout au moins comme le maître des jeunes poètes de cette école, autant par l’autorité que lui a conférée son œuvre poétique propre que par des préfaces dans lesquelles il a exprimé un certain nombre de principes auxquels se sont ralliés les poètes d’une génération—entre la période romantique et le symbolisme—regroupés sous le terme de parnassiens à partir de 1866. L’Empire lui assura une pension et le décora. La République l’attacha à la bibliothèque du Sénat, dont il devint sous-bibliothécaire en 1872, et le nomma officier de la Légion d’honneur en 1883. En 1886, neuf ans après une candidature infructueuse à l’Académie française, où il n’eut que les voix de Victor Hugo et d’Auguste Barbier, Leconte de Lisle fut élu, succédant à Victor Hugo. Il y fut reçu par Alexandre Dumas fils le 31 mars 1887. Idées Idées littéraires Le choix de certains thèmes et leur traitement par Leconte de Lisle le relient au romantisme, notamment: la description de la nature sauvage (couleur, exotisme, animaux, …), les sujets historiques et mythologiques, le goût de la liberté dans la fantaisie, l’énergie. Mais, amplifiant l’impulsion donnée par Théophile Gautier avec son culte de l’Art pour l’Art et par Théodore de Banville, Leconte de Lisle rompt avec ce mouvement et défend une doctrine nouvelle—celle qui va servir de modèle aux parnassiens—caractérisée par quelques principes: la poésie doit rester impersonnelle (le poète ne doit pas chanter son ego) ; le poète doit privilégier le travail de la forme plutôt que se laisser aller à sa seule inspiration débridée ; il doit viser la beauté, dont l’antiquité (grecque, hindoue, nordique, etc.) fournit les modèles absolus ; par opposition aux sentiments, la science, guidée par la raison, constitue un champ d’expression infini ; le poète ne doit pas s’impliquer dans la vie moderne. Idées philosophiques [Cette section est un extrait de J. Calvet, Manuel illustré d’histoire de la littérature française, J. de Gigord, 13e édition, 1946, p. 715.] À l’Antiquité grecque et à l’Inde, Leconte de Lisle ne demandait pas seulement des mythes pour ses rêves et des images pour sa poésie: il y cherchait aussi des idées. Voué au culte de la Beauté, il estime qu’elle n’a été aimée et réalisée que par le paganisme grec et que le christianisme en a détruit le culte. De là cette haine contre l’Église, les papes et les rois, dont il emprunte l’expression, en l’amplifiant, à Victor Hugo et à Flaubert. Pour le monde moderne, fermé au sens de la beauté, il n’a pas assez de sarcasmes. Ne trouvant partout que déception et douleur, il va chercher dans l’Inde la philosophie consolatrice: c’est le nirvana, l’écoulement et l’anéantissement de l’être ; tout est vain, tout est illusion, même la vie, il n’y a qu’une réalité, le calme du néant où la mort nous précipitera en nous guérissant de la fièvre d’avoir été. La poésie est une distraction, et elle nous prépare à accepter et à souhaiter le néant. Biographie Discours de Jean Mistler [Cette section reprend une grande partie d’un discours prononcé par Jean Mistler à la Bibliothèque nationale, le 23 septembre 1977.] Il naquit à Saint-Paul en 1818, et cette île berça son enfance sous ses palmiers peuplés d’oiseaux éclatants. Son paysage intérieur a été formé de ces images, de ces couleurs, de ces parfums. En écrivant ses poèmes bibliques, il n’a eu nul besoin de puiser dans les récits de la Genèse pour évoquer le paradis terrestre, il lui a suffi de se souvenir. Leconte de Lisle avait trente ans lorsque la Révolution de 1848 apporta la liberté aux esclaves. Sans attendre cette date, il avait combattu le servage dans ses premiers écrits, notamment dans les deux nouvelles publiées vers 1845: l’une montrait le Noir Job amoureux de la créole Marcie, et l’autre, un esclave, Sacatove, qui enlevait sa jeune maîtresse. Ces deux récits finissaient dans le sang et de manière un peu mélodramatique, mais ils montrent que le problème de l’égalité des hommes se posait déjà fortement pour le jeune écrivain. Cette libération des esclaves, répondant à son idéal de justice, posa cependant de difficiles problèmes pour son père et pour lui. Réalisée peut-être après une préparation insuffisante, la réforme fut suivie, à la Réunion, d’une grave crise économique, sa famille fut ruinée et la pension que le jeune étudiant parisien recevait n’arriva plus qu’irrégulièrement, puis cessa tout à fait, et ce fut pour lui la misère. Le groupe d’artistes décrit par Henry Murger dans sa Vie de Bohème ne fut pas le seul, dans le Paris de 1850, à vivre d’expédients! Des enfants des Îles, amis de notre poète et poètes eux-mêmes, ou journalistes, tels que Lacaussade et Laverdan, d’autres nés à Paris, Thalès Bernard, Louis Ménard, connurent comme lui, non seulement des fins de mois difficiles, mais des mois entiers d’expédients et de privations, les cachets impayés à la pension Laveur en retard chez les logeuses et une liberté s’alimentant au pain et à l’eau, comme dans les prisons. Un cousin de Leconte de Lisle, Foucque, qui est riche, ne lui donne point d’argent, mais des conseils: « Tu rimes facilement, pourquoi n’écrirais-tu pas des chansons pour Thérésa ? » Écrire, oui, le jeune homme écrira, mais pas pour les chanteuses de cafés-concerts! Ses amis et lui-même visent plus haut: Lacaussade achève une traduction d’Ossian, Thalès Bernard travaille à un savant Dictionnaire de la mythologie, Louis Ménard, qui gagne à peu près convenablement sa vie comme préparateur au laboratoire du chimiste Pelouze (et qui, par parenthèse, y découvrira un jour le collodion), se plonge dans l’exégèse des religions et des mythes et étudie les textes symboliques de la vieille Égypte. Les bourgeois peuvent bien rire en voyant Ménard se promener au Luxembourg, portant autour du cou un boa de plumes passablement dépenaillé, mais le soir, lorsque les amis se retrouvent, au cinquième étage de Leconte de Lisle, sans feu, autour d’une chandelle de suif qui pleure sur la table, dans l’épaisse fumée des pipes, ils évoquent les ciels lumineux de l’Orient, les marbres de la Grèce, et ce sont déjà les rêves mystiques et païens que fera revivre un jour Louis Ménard. La politique ? Oui, ils en font beaucoup et ils ont applaudi à la chute du roi citoyen. Ils sont affiliés à des clubs d’extrême gauche et Leconte de Lisle sera même chargé d’une campagne électorale, dans les Côtes-du-Nord, par le Club des clubs, sorte de centrale des groupements extrémistes: ce voyage ne lui vaudra que quelques horions. Il n’y a pas grand-chose non plus à retenir de sa collaboration à La Démocratie pacifique ou à d’autres organes plus ou moins fouriéristes. Retenons simplement—conclusion prévisible—l’échec du jeune homme à la licence en droit. Quant à croire qu’il fit vraiment le coup de feu pendant les journées de juin et qu’il alla, comme on l’a raconté, laver dans la Seine « sa figure noire de poudre », j’en doute un peu: les gardes nationales avaient la détente facile ces soirs-là, et je pense que, s’il coucha une nuit ou deux au poste, ce fut tout. En tout cas, de cette période de bouillonnement intellectuel, Leconte de Lisle garda des opinions farouchement républicaines qui ne se calmèrent un peu qu’au spectacle de la Commune en 1871. Du moins, ce qui ne devait point pâlir, ce fut son anticléricalisme. Le poète descendit de sa tour d’ivoire—entendez le cinquième du boulevard des Invalides, ou, plus tard, le quatrième de la rue Cassette—pour rédiger un Catéchisme populaire républicain en trente-deux pages, et ensuite une Histoire populaire du christianisme, qui furent ses deux plus grands succès de librairie, mais n’ajoutent rien à Qaïn ou à Hypathie. Né dans toute l’Europe du bouleversement politique et social qui avait renversé tant de trônes et d’institutions, le romantisme prétendait apporter du nouveau, non seulement dans les arts et les lettres, mais aussi dans les idées et dans les mœurs. Le Parnasse eut des ambitions plus étroitement littéraires. Arrivant à un moment de notre histoire où s’étaient succédé, en soixante ans, sept ou huit régimes politiques, et groupant des hommes plus âgés de quinze à vingt ans que les jeunes chevelus du Cénacle, les Parnassiens cherchaient moins à régenter et à formuler des théories qu’à donner des exemples. Ils ne fondèrent pas une revue, comme avait été jadis la Muse française, mais ils publièrent un recueil collectif de poésie, le Parnasse contemporain, un in-octavo qui parut trois fois: en 1866, sur deux cent quatre-vingt-quatre pages, en 1869, sur quatre cent une, enfin en 1876, sur quatre cent cinquante et une. Cette dernière édition groupait soixante-neuf poètes. L’ordre alphabétique n’y était troublé que par la contribution de Jean Aicard qui, parvenue trop tard, fut rejetée à la fin. Dans les trois éditions, on retrouvait tous les noms connus, et même plusieurs inconnus. De Baudelaire à Verlaine et Catulle Mendès (dont il existe depuis peu une biographie téléchargeable sur Amazon) à Mallarmé, tous les poètes étaient là sauf le plus grand. Certes Hugo était en exil en 1866, lorsque parut le premier Parnasse, mais ses livres étaient publiés en France sans entrave. Ne fut-il donc pas sollicité ? On a peine à le croire, mais encore plus de peine à supposer qu’il aurait refusé. Les contributions étaient aussi inégales en qualité qu’en étendue: vingt-six sonnets de Heredia, vingt-quatre rondeaux de Banville, un acte d’Anatole France, les Noces corinthiennes, un énorme poème de Leconte de Lisle, l’Épopée du moine. Leconte de Lisle, à qui la responsabilité des choix n’incombait point, jugeait l’ensemble sans indulgence, et voici ce qu’il en disait, dans une lettre du 19 janvier 1875 à Heredia: « Ce que je connais des rimes envoyées est assez misérable, celles de Prudhomme, de Manuel, de Mme Ackermann, de Mme Blanchecotte et de Soulary sont écœurantes. En outre, on a donné à Lemerre une poésie de Baudelaire, et absolument authentique, quoi qu’en disent quelques-uns, attendu qu’il me l’a récitée lui-même, il y a bien des années. Ces vers sont fort obscènes et non des meilleurs qu’il ait faits. » Tout ce que je sais de ce poème, c’est qu’il ne devait point figurer dans le volume paru en 1876. Tel quel, le Parnasse contemporain fut ce qu’on appelle aujourd’hui une manifestation de masse. Son effet se prolongea longtemps après la mort de ses principaux participants, et l’Université ne fut pas étrangère à sa durée: elle retrouvait en effet chez Leconte de Lisle, et même chez Heredia, le solide héritage de la tradition gréco-latine et des poètes qui, tels Ronsard ou Chénier, avaient su la faire revivre sur le terroir français. Reconnu chef d’école, Leconte de Lisle devait, assez naturellement, penser à l’Académie. Il ne se hâta pourtant pas et s’y présenta pour la première fois qu’à près de soixante ans. […] La modeste indemnité académique—quinze cents francs à l’époque, mais des francs-or—n’eût cependant pas été à dédaigner pour l’auteur des Poèmes barbares, dont la situation matérielle était très difficile. Marié depuis trente ans avec une jeune orpheline rencontrée jadis chez les Jobbé-Duval, il menait la vie la plus simple: la pauvreté en redingote. Ses droits d’auteur étaient insignifiants et les articles qu’il donnait de temps en temps dans la presse, fort mal payés. Le Conseil général de la Réunion lui versait une petite subvention, mais elle fut supprimée en 1869. Le gouvernement impérial, désireux d’encourager la littérature, avait accordé au poète, à partir de 1863, une pension annuelle de 3 600 francs. Les anciens rois de France avaient octroyé de telles faveurs à plusieurs écrivains et les souverains du XIXe siècle avaient repris cette tradition. Mais, après le 4 septembre, cette allocation fut retirée et on la reprocha durement à Leconte de Lisle. L’intervention de quelques amis fit obtenir au poète une modeste sinécure, un poste de conservateur-adjoint à la bibliothèque du Sénat. Son caractère ombrageux prit fort mal la chose et il écrivit à Heredia: « Ce n’est au fond qu’une insulte de plus ajoutée à toutes celles que j’ai déjà endurées. » Cependant, l’agréable appartement de fonction attaché à cette place, avec ses fenêtres sur le jardin du Luxembourg, lui fit un certain plaisir. Chaque année, il allait au bord de la mer, en Normandie ou en Bretagne, soit dans un modeste meublé, soit chez des amis. Mais il se plaignait souvent de la chaleur excessive! Au Puis, près de Dieppe, par exemple, en septembre 1891, il se réjouit de voir arriver « de copieuses ondées qui rafraîchissent l’air et de bons vieux nuages assez noirs qui obscurcissent l’atroce sérénité du ciel ». Mais après cette « atroce sérénité », il enchaîne, peut-être en souriant sous cape: « J’aurais dû naître ou vivre au fond de quelque fjord de Norvège, dans un perpétuel brouillard, en compagnie des phoques dont je partage les goûts et les mœurs, n’ayant jamais su lire ni écrire et fumant d’éternelles pipes en l’honneur des Dieux Norses. » Malgré tout, ses amis, et notamment le fidèle Heredia, lui conseillent toujours de se présenter à l’Académie. Le 9 août 1883, répondant sans doute à une lettre particulièrement pressante, il écrivait à Heredia cette curieuse page qui nous introduit dans le cercle de Victor Hugo: « Quant à l’Académie, j’y renonce absolument, sauf dans le cas où Hugo mourrait avant moi… » […] Cependant, Hugo meurt le 22 mai 1885, et alors, à l’élection du 11 février 1886, brusque changement à vue: dès le premier tour, Leconte de Lisle est élu, par vingt et une voix contre six à Ferdinand Fabre, le romancier des gens d’église! François Coppée eut ce commentaire: « Leconte de Lisle répandra à l’Académie sa noire méchanceté, comme la seiche dans les flots de la mer. » Si c’est être méchant que d’être juste, je dois à la vérité de dire que l’auteur des Poèmes barbares a porté sur Coppée plus d’un jugement où la justice tient davantage de place que l’indulgence. Il fit pour sa réception un consciencieux éloge de Hugo et, dans sa réponse, Alexandre Dumas fils ne dépassa point l’esthétique du Demi-monde et de la Dame aux camélias. Les Goncourt, qui assistaient à la séance, notèrent dans leur Journal que, pendant les discours, Coppée regarda beaucoup en l’air, vers la Coupole… La fin de la vie de Leconte de Lisle fut sans grands événements extérieurs. Il ne mourut point en pleine jeunesse, comme Chénier, Nerval, Apollinaire, il n’atteignit pas non plus l’âge des patriarches, mais c’est dans ses dernières années qu’il connut le plus profondément les joies et les tortures de l’amour, et cet homme qui avait fait de l’impassibilité le premier article de son art poétique, écrivit: Amour, tu peux mourir, ô lumière des âmes, Car ton rapide éclair contient l’Éternité.Il s’éteignit le 17 juillet 1894, en pleine lucidité. […] Au lendemain de sa mort, un poète écrivait que Leconte de Lisle « avait rendu leurs anciens noms aux dieux ». Oui, mais il ne s’est pas borné à ceux de la Grèce et de Rome, à ceux du Parthénon et du temple d’Égine. Son horizon ne s’est point limité à la Méditerranée classique, il y a fait entrer les vents et les nuages de tous les ciels, les houles de tous les océans. Dans cette poésie cosmique, l’histoire est présente. Oui, le même vaisseau qui emporta Hélène est toujours paré pour emporter nos rêves. Là-bas, vers ce point de l’horizon marin d’où sans cesse, depuis Eschyle, accourt l’innombrable troupeau des vagues rieuses. Galerie Portraits Monuments Chronologie Œuvres Poésie * L’apport littéraire essentiel de Leconte de Lisle est constitué par les trois recueils de poésie qu’il a destinés à la publication, tels que mentionnés dans le tableau suivant. Compte tenu du nombre d’éditions et d’évolutions que ces recueils ont connues de son vivant, ce tableau précise pour chacun d’eux les éditions les plus significatives: * la première édition, en raison du rôle qu’elle a joué dans l’histoire littéraire ; * la dernière édition composée par lui, appelée de ce fait « édition de référence ».En dehors de ces trois recueils, il existe des poèmes, publiés de son vivant ou pas, qui ont fait l’objet de deux recueils posthumes dans la décennie qui a suivi sa disparition: * Pendant près d’un siècle et demi, la structure adoptée pour la publication des poésies complètes de Leconte de Lisle a été celle de l’éditeur Alphonse Lemerre, en quatre volumes, constitués entre 1872 et 1895: Poèmes antiques, Poèmes barbares, Poèmes tragiques, Derniers Poèmes. * En 2011, Edgard Pich, dans son édition critique nouvelle, a mis en évidence qu’entre 1837 et 1847, Leconte de Lisle avait constitué sans les publier quatre recueils de poésie: Essais poétiques de Ch. Leconte de Lisle ; Cœur et âme ; Odes à la France ; Hypatie. * Les poèmes de Leconte de Lisle sont sur wikisource. Liste des œuvres * Outre la poésie qui constitue l’essentiel de son œuvre, Leconte de Lisle a écrit des pièces de théâtre, des traductions d’auteurs anciens, des manifestes, des récits en prose, des œuvres polémiques, des notices, des discours, des préfaces, des pétitions. La liste suivante répartit les œuvres connues de Leconte de Lisle selon ces catégories et, à l’intérieur de chaque catégorie, les range par ordre chronologique de publication. Pour certaines œuvres, les dates des rééditions parues avant 1900 sont aussi mentionnées. Une partie importante des œuvres est disponible sur wikisource. * Les deux œuvres suivantes sont mentionnées séparément, car elles posent problème: * 1854. Épître au Czar, au sujet des lieux saints adressée à S. M. Nicolas Ier, par Le Cte de Lisle, Paris, chez Ledoyen, in-8, IX-63 p. Cette œuvre est attribuée à Leconte de Lisle dans l’ouvrage collectif Le premier siècle de l’Institut de France, sous la direction du comte de Franqueville (1895). En réalité, ce comte de Lisle a écrit, p. 30 de son œuvre, qu’il était « propriétaire et rédacteur en chef du journal La France, qu’il avait fondé dans les intérêts monarchiques et religieux de l’Europe ». Il n’a donc rien à voir avec le poète. * 1873. Grand Dictionnaire de cuisine d’Alexandre Dumas. La contribution de Leconte de Lisle est inconnue. En mars 1870, Dumas remet son manuscrit à l’éditeur Alphonse Lemerre. Il ne le verra pas publié: il meurt le 5 décembre de la même année. Après la guerre et la Commune, Lemerre confie à Leconte de Lisle et au jeune Anatole France la direction éditoriale de l’ouvrage, qui paraît en 1873. Ce sont d’ailleurs vraisemblablement ces deux écrivains qui ont signé L.T. l’avant-propos « Alexandre Dumas et le Grand Dictionnaire de cuisine », L. pour Leconte de Lisle et T. pour Thibault, le vrai nom de France. À l’appui supplémentaire de cette hypothèse, l’hommage appuyé à Baudelaire, qu’admiraient tant les poètes parnassiens. On doit peut-être à Leconte de Lisle la part importante qui y est donnée aux épices et aux recettes exotiques. Articles * Esquisses littéraires. Article premier. Hoffmann. De la satire fantastique, « La Variété », deuxième livraison, mai 1840, p. 44-49 ; texte sur wikisource. * George Sand. Cosima, « La Variété », deuxième livraison, mai 1840, p. 58-60 ; texte sur wikisource. * Esquisses littéraires. Article deuxième. Sheridan. De l’art comique en Angleterre, « La Variété », troisième livraison, juin 1840, p. 66-72 ; texte sur wikisource. * Esquisses littéraires. Article troisième. André Chénier. De la poésie lyrique à la fin du XVIIIe siècle, « La Variété », cinquième livraison, août 1840, p. 129-135 ; texte sur wikisource. * Revue mensuelle. Toussaint Louverture. Romans et nouvelles. Poésies. Une revue critique, « La Variété », cinquième livraison, août 1840, p. 159-160 ; texte sur wikisource. * Revue mensuelle. Revue parisienne. Romans. Poésie de Lacenaire. M. Alexandre Dumas, « La Variété », septième livraison, octobre 1840, p. 190-192 ; texte sur wikisource. * Revue dramatique. Vaudeville. Les Fleurs animées.—Gymnase. Les Quatre Reines.—Palais Royal. Mon Voisin d’omnibus, « La Démocratie pacifique », 21 juillet 1846 ; texte sur wikisource. * Les Femmes de Byron, « La Phalange », t. IV, septembre 1846, p. 184-188 ; texte sur wikisource. * Théâtre-Français. Don Gusman ou la Journée d’un séducteur, comédie en cinq actes et en vers par M. Adrien de Courcelles, « La Phalange », t. IV, octobre 1846, p. 383 ; texte sur wikisource. * La Justice et le Droit, « La Démocratie pacifique », 25 octobre 1846, p. 1 ; texte sur wikisource. * Un dernier attentat contre la Pologne!, « La Démocratie pacifique », t. VII, no 122, 22 novembre 1846 ; texte sur wikisource. * L’Oppression et l’Indigence, « La Démocratie pacifique », 29 novembre 1846 ; texte sur wikisource. Correspondance Répertoires * La correspondance de Leconte de Lisle a fait l’objet de répertoires: * Irving Putter, La dernière illusion de Leconte de Lisle, Librairie Droz– Genève, 1968, appendice A, p. 166-170. Il s’agit d’un répertoire des principaux ouvrages contenant des lettres de Leconte de Lisle. * Œuvres de Leconte de Lisle, édition critique par Edgard Pich, IV, Œuvres diverses, Société d’édition « Les Belles Lettres », 1978, p. 576-596. Sélection d’ouvrages * 1902. Lettres à Julien Rouffet ; Texte sur wikisource * 1968. Lettres à Émilie Leforestier * 1894. Lettres à Jules Huret, à l’occasion du différend de Leconte de Lisle avec Anatole France en 1891 ; les lettres figurent en appendice de: Jules Huret, Enquête sur l’évolution littéraire, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1894, p. 439-442 ; texte sur wikisource * 1927. Lettre à Gustave Flaubert. * 1933. Lettres échangées avec Jean Marras * 2004. Correspondance entre Leconte de Lisle et Franz Servais * 2004. Lettres à José-Maria de Heredia Entrevues * Le Télégraphe, 8 juin 1885, La succession de Victor Hugo à l’Académie Française. Chez M. Leconte de Lisle. * Le Matin, 15 février 1886, Leconte de Lisle ; Texte sur Gallica * Gazette anecdotique, 31 octobre 1888, p. 235, [Shakespeare] * L’Écho de Paris, 29 avril 1891, Enquête sur l’évolution littéraire, article signé Jules Huret, p. 2 ; journal sur Gallica ; article repris dans Jules Huret, Enquête sur l’évolution littéraire, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1894, p. 278-286 ; texte sur wikisource * Le Journal, 30 septembre 1892, Une statue à Baudelaire– Chez M. Leconte de Lisle. * Le Rappel, 5 janvier 1893, Chez M. Leconte de Lisle—La santé du poète—Au dîner celtique—Les chances de M. Zola—Les décadents. Article signé Noël Amaudru. texte de l’article sur Gallica. * Le Gaulois, 20 mars 1893, Interview-Express ; texte sur Gallica * L’Éclair, 21 janvier 1894, Le sort d’une tête– Comment devrait être composée la commission des grâces. Sources Éditions modernes des œuvres de Leconte de Lisle * Les éditions des œuvres ou poésies complètes sont, selon l’ordre chronologique inverse de leur publication: * 2011-2015. Leconte de Lisle, Œuvres complètes, édition critique par Edgard Pich, collection « Textes de littérature moderne et contemporaine », Paris, Honoré Champion éditeur, en cinq tomes, n’incluant pas les traductions. Les tomes I à IV sont reliés et le tome V est broché: * Tome I: L’Œuvre romantique (1837-1847), 2011. (ISBN 978-2-7453-2157-2) * Tome II: Poèmes antiques (1837-1848), 2011. (ISBN 978-2-7453-2238-8) * Tome III: Poèmes barbares, 2012. (ISBN 978-2-7453-2399-6) * Tome IV: Poèmes tragiques, Les Érinnyes, Derniers Poèmes, L’Apollonide, 2014. (ISBN 978-2-7453-2631-7) * Tome V: Œuvres en prose (1852-1894), 2015. (ISBN 978-2-7453-2835-9) * 2011. Leconte de Lisle, Œuvres complètes, édition critique publiée par Vincent Vivès, Classiques Garnier, collection « Bibliothèque du XIXe siècle » sous la direction de Pierre Glaudes et Paolo Tortonese, no 11, série Leconte de Lisle dirigée par Didier Alexandre, en onze tomes, incluant les traductions: * Tome I: Poèmes antiques, 2011. (ISBN 978-2-8124-0304-0) * Tome II à XI: à paraître ? (Le projet semble avoir été abandonné.) * 1976-1978. Œuvres de Leconte de Lisle, édition critique par Edgard Pich, publiée par la Société d’édition « Les Belles Lettres », en quatre tomes: * Tome I: Poèmes antiques, 1977. * Tome II: Poèmes barbares, 1976. * Tome III: Poèmes tragiques– Derniers Poèmes, 1977. * Tome IV: Œuvres diverses, 1978.Pour compléter cette édition, signalons qu’Edgard Pich avait déjà rassemblé un certain nombre de textes de Leconte de Lisle: * Articles, Préfaces. Discours, textes recueillis, présentés et annotés par Edgard Pich, Les Belles Lettres, 1971. * 1927-1928. Poésies complètes de Leconte de Lisle, texte définitif avec notes et variantes [de Jacques Madeleine et Eugène Vallée, mentionnés tome IV, p. 228], eaux-fortes de Maurice de Becque, Lemerre, en quatre tomes: * Tome I: Poèmes antiques, 1927. * Tome II: Poèmes barbares, 1927. * Tome III: Poèmes tragiques. – Les Érinnyes. – L’Apollonide, 1928. * Tome IV: Derniers poèmes, La Passion, Pièces diverses, Notes et variantes, 1928.En format de poche, il existe une édition de deux recueils, présentée, établie et annotée par Claudine Gothot-Mersch, Gallimard, collection « Poésie »: * 1985. Poèmes barbares, collection « Poésie » no 202 ; * 1994. Poèmes antiques, collection « Poésie » no 279.Depuis 2000: * 2001, éditions Paléo: Homère: Hymnes, La Batrakhomyomakhie, Épigrammes. * 2007, éditions Omnibus: Mourir pour Troie, Eschyle, Sophocle, Euripide. Édition établie par Annie Collognat-Barès. * 2009, éditions Bibliobazaar: Poèmes Barbares ; Poèmes Tragiques ; Catéchisme populaire républicain. * 2009, éditions Kessinger Publishing: Catéchisme populaire républicain ; Le Sacre de Paris ; Homère: Odyssée ; Eschyle ; Histoire populaire du Christianisme. * 2009, éditions Pocket classiques: Homère: Odyssée, préface de Paul Wathelet ; Homère: Iliade, préface d’Odile Mortier-Waldschmidt, commentaires d’Annie Collognat-Barès. * 2010, éditions Bibliobazaar: Poëmes et poésies ; Discours de réception de Leconte de Lisle et réponse d’Alexandre Dumas fils. * 2010, éditions Kessinger Publishing: Premières poésies et lettres intimes * 2010, éditions Nabu Press: Poèmes antiques ; Poèmes barbares ; Poèmes tragiques ; Derniers Poèmes. La Passion. L’Apollonide. Poètes contemporains ; Euripide ; Homère: Odyssée ; Catéchisme populaire républicain ; Discours de réception à l’Académie française ; Sophocle ; Poèmes et poésies ; Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques ; Histoire populaire de la Révolution française ; Eschyle ; Le Sacre de Paris. Ouvrages sur la vie de Leconte de Lisle Témoignages directs * Théodore de Banville, Camées parisiens, troisième et dernière série, « Petite bibliothèque des curieux », Paris, chez René Pincebourde, 1873 ; quatrième douzaine, ch. I, Leconte de Lisle, p. 115. Texte sur wikisource * Léon Barracand: * Leconte de Lisle, Revue bleue, 28 juillet 1894, p. 97-101. Texte sur wikisource * Souvenirs d’un homme de lettres, in Revue des deux mondes, 15 août et 1er septembre 1937. Texte sur wikisource * Jules Breton, Un peintre paysan, Alphonse Lemerre, 1896, p. 187-196 ; texte sur wikisource. * Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux, Nouvelle Librairie Nationale, 1920, pages 54-56. texte sur wikisource. * Jean Dornis * Leconte de Lisle intime, 1895 ; texte sur wikisource * Essai sur Leconte de Lisle, 1909 ; texte sur wikisource * Henry Houssaye, Discours de réception à l’Académie française, avec l’éloge de Leconte de Lisle, prononcé le 12 décembre 1895. Texte sur wikisource * José Maria de Heredia, Léon Bourgeois, Sully Prudhomme, etc., Discours prononcés et poème lu lors de l’inauguration du monument de Denys Puech érigé « à Leconte de Lisle » au jardin du Luxembourg, le 10 juillet 1898, Le Temps, 11 juillet 1898 ; texte sur Gallica * Jacques-Vincent, Un salon parisien d’avant-guerre, Éditions Jules Tallandier, 1929, ch. 1 à 3, Période: 1892-1894. * Jules Massenet, Mes souvenirs, 1848-1912, Pierre Lafitte & Cie, 1912, chapitre IX, Au lendemain de la guerre. Texte sur wikisource. * Jean Moréas, Feuillets, Éditions de la Plume, 1902, ch. I, « Leconte de Lisle », p. 7-13. Texte sur IA * Adolphe Racot, Portraits d’aujourd’hui, À la librairie illustrée, 1887 ; ch. Leconte de Lisle, p. 113-124. Texte sur Gallica * Henri de Régnier * Portraits et souvenirs, Mercure de France, 1913, chapitre « Au Luxembourg », p. 51-59. texte sur IA * Proses datées, Mercure de France, 1925, ch. 1, p. 5-20. * Nos rencontres, Mercure de France, 1931, chapitre « Louis Ménard et Leconte de Lisle », p. 215-228 ; texte sur Gallica. * Louis Tiercelin, Bretons de Lettres, Honoré Champion, 1905 ; ch. 1 « Leconte de Lisle étudiant (1837-1843) », p. 1-158. Texte sur wikisource * Paul Verlaine, Souvenirs sur Leconte de Lisle, Le Journal, 20 juillet 1894. * Henri Welschinger, Leconte de Lisle bibliothécaire, Journal des débats, 16 août 1910 ; Texte sur wikisource. Autres documents * Marius-Ary Leblond, Leconte de Lisle, essai sur le génie créole, Mercure de France, 1906. Texte sur wikisource * Fernand Calmettes, Un demi-siècle littéraire, Leconte de Lisle et ses amis, Plon, s.d. Texte sur wikisource * Edmond Estève, Leconte de Lisle, l’homme et l’œuvre, Boivin & Cie, s.d. ; Texte sur wikisource * Jean-Paul Sartre, L’Idiot de la famille. Gustave Flaubert de 1821 à 1857, Gallimard, 1972, éd. revue et complétée 1988, tome 3, livre I. La névrose objective, 5. Névrose et prophétie, p. 338-440. * Jean Mistler, Sous la Coupole, Bernard Grasset, 1981. Le chapitre consacré à Leconte de Lisle reprend, en treize pages, un discours prononcé à la Bibliothèque nationale le 23 septembre 1977. * Henri Cornu, Charles Marie Leconte de Lisle. Bourbon et Marie-Élixène, Azalées Éditions & Musée de Villèle, 1995, (ISBN 2-908127-39-3). * Caroline De Mulder, Leconte de Lisle, entre utopie et république, Éditions Rodopi B.V. Amsterdam-New York, 2005, (ISBN 90-420-1657-4) Biographie de référence * Christophe Carrère, Leconte de Lisle ou la Passion du beau, Fayard, 2009. (ISBN 978-2-213-63451-7). Études de l’œuvre de Leconte de Lisle Critiques contemporaines de Leconte de Lisle * Le tableau suivant inclut la plupart des critiques retenues par Catulle Mendès, dans l’article consacré à Leconte de Lisle dans son Rapport sur le Mouvement poétique français de 1867 à 1900, Imprimerie nationale, 1902, p. 162-166 (voir le texte de l’article et les extraits des critiques sur Gallica). * À signaler également la monographie suivante que Paul Verlaine a consacrée à Leconte de Lisle: Études classiques * Citons, parmi les auteurs d’études parues entre 1895 et 1944: * P.V. Delaporte, * Jean Dornis, * Pierre Flottes, * Joseph Vianey. Études modernes * Citons parmi les études parues depuis 1945: * Irving Putter 1951-54-61 * Jules-Marie Priou, 1966 * Edgard Pich, 1975 * Robert Sabatier, 1977 Divers Famille de Leconte de Lisle * Son grand-père paternel: Charles Marie Leconte de Lisle (1759-1809), apothicaire à Dinan. * Ses parents, mariés le 26 novembre 1817 à Saint-Paul (La Réunion). * Son père: Charles Marie Leconte de Lisle, né le 14 octobre 1793 à Dinan (Côtes-du-Nord), Breton, nommé chirurgien sous-aide dans les armées de Napoléon, émigrant en 1816 à l’Île Bourbon (actuellement Île de la Réunion) et devenu planteur ; mort à Saint-Denis (La Réunion) le 28 juillet 1856. * Sa mère: Anne Suzanne Marguerite Élysée de Riscourt de Lanux (1800-1872), fille d’un planteur de Saint-Paul, arrière-petite-fille de Jean Baptiste François de Lanux, issue d’une famille du Languedoc installée à Bourbon depuis 1720 (en la personne du Marquis François de Lanux, languedocien, exilé par le Régent), qui appartient à l’aristocratie de l’île et est apparentée au poète Parny. * Ses cinq frères et sœurs: • Élysée Marie Louise (23 octobre 1821– ?) • Alfred (10 novembre 1823– janvier 1888) • Anaïs (31 juillet 1825– ?) • Emma (1836– ?) • Paul (18 mars 1839– 23 février 1887). * Sa femme: Anna Adélaïde Perray (29 mars 1833, Versailles—8 septembre 1916, Versailles), fille de Jacques Perray et d’Amélie Leconte. Mariage: Paris, 10 septembre 1857. Origine du nom de Leconte de Lisle * Les éléments constitutifs du nom « Leconte de Lisle » ont les origines suivantes: * de Lisle. Ce nom provient de la terre de « l’Isle », située sur les anciens villages de Saint-Samson-de-l’Isle et de Cendres (non loin du Mont Saint-Michel) qui font partie aujourd’hui de la commune de Pleine-Fougères (Ille-et-Vilaine). * Leconte: les ancêtres de Leconte de Lisle s’appelaient « Le Conte » ; il y eut: 11. Jean (au milieu du XVIe siècle) ; 10. Jean ; 9. Thomas ; 8. Charles ; 7. Thomas ; 6. Jean (fin du XVIIe siècle) ; 5. Michel (apothicaire, habite Pontorson, ajoute « de Préval » à son nom, et, ayant épousé la fille de François Estienne, hérite de la terre de « l’Isle ») ; 4. Jacques Le Conte de Préval ; 3. Charles Marie Le Conte, grand-père du poète (c’est lui qui ajoute « de l’Isle » à son nom) ; 2. Charles Marie (père du poète) ; 1. Charles Marie René (le poète ; c’est lui qui fusionne “Le” et “Conte” en “Leconte”).Remarque.—Corrigeons plusieurs erreurs souvent rencontrées à propos du nom du poète: * Leconte de Lisle n’était en rien un aristocrate: le “de” n’est pas une particule nobiliaire, pas plus que “Leconte” n’est une déformation de “Le Comte”. * Leconte de Lisle n’a pas cherché, par vanité, à faire croire à une prétendue origine noble, en ajoutant “de Lisle” à son nom “Leconte”: le nom complet “Le Conte de Lisle” était déjà le patronyme de sa famille paternelle. Et c’est même lui le premier qui a réuni “Le” et “Conte”, « pour éviter le semblant d’un titre ». * Le nom “Lisle” ne se rapporte pas, avec une écriture archaïque, à l’île Bourbon (La Réunion), son lieu de naissance: Lisle est en fait le nom d’une terre bretonne, située à Pleine-Fougères. * “Leconte de Lisle”, dans les rangements alphabétiques, doit se placer à "Leconte…", et non pas à “Lisle (Leconte de)”. Lieux où Leconte de Lisle a vécu * Au total, en dehors de son île natale et de la métropole, ses voyages l’auront amené à voir l’Île Maurice, Le Cap et l’Île Sainte-Hélène. Cela laisse peu de place à des « voyages en Orient » évoqués parfois. Ils ont probablement été inventés, peut-être sur la base de déclarations de Leconte de Lisle lui-même. * * Iconographie de Leconte de Lisle * Des photographies sont disponibles sur le site de la BNF: se reporter au paragraphe Liens externes en fin d’article. * Portrait, par Jean-François Millet. * Portrait, par Jobbé-Duval, 1850 ; reproduction dans Jean Dornis, Essai sur Leconte de Lisle, p. 176A sur wikisource * Gravure-caricature d’Étienne Carjat. Dans J.-M. Priou, Leconte de Lisle, 1966, p. 25. * Portrait, par Rajon, pour Poèmes antiques, 1874. Dans J.-M. Priou, Leconte de Lisle, 1966, p. 26. * Portrait, par F. A. Cazals. Dans J.-M. Priou, Leconte de Lisle, 1966, p. 31. * Dessin, par Maurice Ray. En frontispice des Poèmes antiques, Société des Amis du Livre, 1908. * Photographies, par Nadar: sur Gallica 1, 2, 3, 4. * Photographie de la collection Félix Potin, par Boyer: exemplaire au musée d’Orsay. * Photographie, par Carjat, 1857 ; reproduction en frontispice de: Jean Dornis, Essai sur Leconte de Lisle, 1909, sur wikisource * Photographie, du studio Eugène Piriou, décembre 1878. Reproduction dans: Malou Haine, L’Apollonide de Leconte de Lisle et Franz Servais. * Dessin, par E. Giraudat, après 1886. Reproduction dans: Malou Haine, L’Apollonide de Leconte de Lisle et Franz Servais. * Tableau Chez Alphonse Lemerre, à Ville-d’Avray, par Paul Chabas. Ce tableau représente de nombreux parnassiens, dont Leconte de Lisle, dans la propriété de l’éditeur. Il a été exposé au salon de 1895. * Quatre eaux-fortes, par Maurice de Becque. En frontispice des 4 tomes de l’édition Lemerre, 1927-28. * Photographie, par Émile Perray. En frontispice de: Pierre Flottes, Le Poète Leconte de Lisle– Documents inédits, 1929. * Deux croquis, par Paul Verlaine. * Portrait, par Jacques-Léonard Blanquer, 1885. * Dessin de Jules Breton, 1885 ; reproduction dans Jean Dornis, Essai sur Leconte de Lisle, 1909, p. 272A, sur wikisource. * Dessin de M. Reichan. Paris.– Une séance de réception à l’Académie française, dessiné d’après nature par M. Reichan, lors de la réception de M. le Comte de L’Isle [sic], journal hebdomadaire Le Monde illustré, n° 1655, 15 décembre 1888, lien vers Gallica, p. 380-381. * Portrait de Benjamin Constant, 1888 ; reproduction dans Jean Dornis, Essai sur Leconte de Lisle, 1909, p. 320A, sur wikisource. * Henri Mairet, Panorama du siècle, album de 110 photos ; voir planche 26 recto: Leconte de Lisle, 1889TimbreUn timbre, émis par la Poste en 1978, dans le groupe « Personnages célèbres 1978 ». Sources des poèmes * Joseph Vianey a établi les principales sources utilisées par Leconte de Lisle. La liste est la suivante. * Poèmes indiensLe Maha-Bharata, traduit par Hippolyte Fauche, Paris, Durand, 1865, texte du Mahâ-Bhârata sur wikisource * Victor Henry, Les Littératures de l’Inde ; édition 1904 en ligne sur Gallica * Valmiky, Ramayana, traduit du sanskrit par Hippolyte Fauche, Paris, Franck, 1854 ; texte sur wikisource * Rig-Véda ou livre des Hymnes, traduit du sanskrit par Alexandre Langlois, 4 vol., Paris, F. Didot, 1848-51 ; édition 1870 en ligne sur wikisource * Le Bhâgavata Purâna ou Histoire politique de Krichna, traduit et publié par Eugène Burnouf, Paris, Imprimerie royale, 1840-47, texte sur wikisource: tome 1, tome 2, tome 3, tome 4 * Jules Lacroix de Marlès, Histoire générale de l’Inde ancienne et moderne, depuis l’an 2000 avant J.C. jusqu’à nos jours, Paris Emler frères, vol. 1/6, appendice no II, Naissance, mariage et aventures de Nour-Mahal, page 177-189, texte sur wikisource.Poème égyptienGaston Maspero, Études de mythologie et d’archéologie égyptiennes, en ligne sur Gallica: 1 2 3 4 5 6 7 8 * Gaston Maspero, Les Contes populaires de l’Égypte ancienne, en ligne sur wikisource: édition 1882 sur wikisource * Gaston Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, en ligne sur Gallica: 11e édition revue 1912Poèmes scandinavesXavier Marmier, Chants populaires de Nord (Islande, Danemark, Suède, Norvège, Feroe, Finlande), Paris, Charpentier, 1842 * La Saga des Nibelungen dans les Eddas, traduction précédée d’une étude sur la formation des épopées nationales, par E. de Laveleye, Paris, Librairie internationale, A. Lacroix, Verbrœckhoven et Cie, 1866, texte sur Gallica * J.- J. Ampère, Littérature et Voyages, Allemagne et Scandinavie, Paris, Poulin, 1833 * A.-F. Ozanam, Les Germains avant le Christianisme, Paris, Lecoffre, 1847. œuvres complètes, tome 3, édition 3, 1861, sur Gallica. * Xavier Marmier, Lettres sur l’Islande, Paris, Bonnaire, 1837Poèmes finnoisLéouzon Le Duc, La Finlande, son histoire primitive, sa mythologie, sa poésie épique, avec la traduction complète de sa grande épopée le Kalewala, son génie national, sa condition politique et sociale depuis la conquête russe, 2 vol., Paris, Labitte, 1845 * Xavier Marmier, De la poésie finlandaise, Revue des deux Mondes, 1er octobre 1842, texte en ligne sur wikisourcePoèmes celtiquesVicomte Théodore Hersart de La Villemarqué, Poèmes des bardes bretons du VIe siècle traduits pour la première fois avec le texte en regard revu sur les plus anciens manuscrits, Paris, Renouard, 1850 * Robert Burns, Poésies complètes, traduites de l’écossais par M. Léon de Wailly, Paris, Delahays, 1843Poèmes espagnolsM. de Marlès, Histoire de la domination des Arabes en Espagne et en Portugal, rédigée sur l’Histoire traduite de l’arabe en espagnol par M. Joseph Condé, 3 vol., Paris, Alexis Eymery, 1825. Texte en ligne sur Gallica: tome 1er, tome 2, tome 3 * Louis Viardot, Essai sur les Arabes d’Espagne, 2 vol., Paris, 1833 * Damas-Hinard, Romancero général, ou Recueil des Chants populaires de l’Espagne, traduction complète, Paris, Charpentier, 1844Poèmes sur le nouveau mondeJ.-A. Moerenhout, Voyages aux îles du Grand Océan, 2 vol., Paris, Arthus Bertrand, 1837 * Armand de Quatrefages, Les Polynésiens et leurs migrations, Revue des deux Mondes, 1er et 15 février 1864 * Goussin, Du dialecte de Tahiti, de celui des îles Marquises, et, en général, de la langue polynésienne, Paris, Didot, 1863 * Abbé Em. Domenech, Voyage pittoresque dans les Grands Déserts du Nouveau Monde, Paris, Morizot, s.d. (1860 ?) Leconte de Lisle et l’Académie française * Leconte de Lisle se porta deux fois candidat à l’Académie française. La première fois, en 1877, il n’obtint que deux voix, dont celle de Victor Hugo. Il se représenta à la succession de Victor Hugo en 1885, fut élu le 11 février 1886 et reçu sous la coupole en le 31 mars 1887 par Alexandre Dumas fils. La boîte déroulante ci-dessous donne le détail des scrutins qui l’ont concerné. Musique inspirée par des poèmes de Leconte de Lisle * Trois compositions ont été évoquées plus haut au titre du théâtre de Leconte de Lisle: * Ernest Chausson, Hélène, drame lyrique, en deux actes (op. 7, 1883-4). * Jules Massenet, Les Érinnyes,. Partition en ligne pour chant et piano * Franz Servais, L’Apollonide (Iõn) Partition en ligne pour chant et pianoUne œuvre orchestrale a été inspirée par un poème de Leconte de Lisle: * César Franck, Les Éolides, inspiré par le poème Les Éolides.Par ailleurs, de nombreux musiciens ont écrit des mélodies sur des poèmes de Leconte de Lisle, parmi lesquels: Tableau inspiré par des poèmes de Leconte de Lisle * Paul Gauguin a intitulé un tableau Poèmes barbares. Il l’a peint en 1896 lors de son second séjour en Polynésie, sous l’influence de la lecture du recueil de 1862 de Leconte de Lisle. Le tableau est exposé aux Harvard Art Museums à Cambridge (Massachusetts). Il représente une Polynésienne dont la posture combine des gestes chrétiens et bouddhistes, ainsi qu’un animal identifié à Ta’aroa, le dieu tahitien créateur de l’univers. Éditions illustrées de Leconte de Lisle * Dans la liste suivante, les noms des illustrateurs figurent en gras. * Poésies complètes * Maurice de Becque, Paris, édition Lemerre en quatre tomes, 1927-1928, (voir plus haut). Tirage total 540 exemplaires (325 ex. num. sur vergé Lafuma, 125 Hollande Van Gelder, 10 Chine, 25 Japon, 15 Madagascar, 40 H.C.). * Poèmes antiques * Maurice Ray, Paris, Société des Amis des Livres, 1908 ; 30 eaux-fortes originales en noir dans le texte de Maurice Ray, gravées par Louis Muller, dont un frontispice ; grand in-8 en ff., imprimé par Draeger par les soins de R. Claude-Lafontaine, emboîtage d’éditeur. Tirage 110 ex. sur vélin. * Poèmes barbares * Léon Carré, Paris, imprimé pour Jean Borderel, 1911 ; vingt poèmes, 25 eaux-fortes originales, dont un frontispice et 24 vignettes in-texte, serpentes. In-4. Tirage 10 ex. sur vergé, H.C. * Raphaël Freida, Paris, Éditions A. Romagnol, 1914 ; 99 eaux-fortes originales dont 18 en pleine page gravées par Edmond Pennequin et imprimées en taille-douce par A. Porcabeuf. Tirage limité à 301 exemplaires numérotés. In-4 (19 x 28,5 cm), 426 pages. * Philippe Labèque, gravures originales sur cuivre, sans lieu, Aux dépens de soixante-dix-sept bibliophiles, sans date. In-Folio, couv. rempliée, sous chemise et cartonnage, 77 exemplaires sur Grand Vélin de Rives. * Maurice de Becque, Six Poèmes barbares illustrés de douze eaux-fortes dont six hors-texte, gravées en couleur au repérage, Paris, chez Maurice de Becque, 1925. * Paul Jouve, Lausanne, Gonin, 1929 ; 30 compositions, en noir et en couleurs, gravées sur bois par Perrichon: 1 vignette de titre, 2 sur double page, 10 à pleine page, 17 in-texte. Tirage limité à 119 exemplaires * Odette Denis, Le Livre De Plantin, Paris 1948, in 4° en feuilles, 26 eaux fortes originales d’Odette Denis. Tirage limité à 205 exemplaires. * Maurice de Becque, Six poèmes barbares, édition ornée de douze eaux-fortes, dont six hors-texte, gravées en couleurs au repérage par Maurice de Becque. Album grand in-4° en feuillets, couverture rempliée illustrée, chez Maurice de Becque, 1925. Tirage limité à 220 exemplaires. * V. M. Vincent, Les Elfes, un vol. grand in-8°, br., 12 ff, Bordeaux, imprimerie René Samie, 1935. * Poèmes tragiques. * Hugues de Jouvancourt, Pantouns malais avec cinq eaux-fortes et six ornements, in-folio, Genève, Pierre Cailler, 1946. * Les Idylles de Théocrite * René Ménard et Jacques Beltrand, 25 gravures sur bois originales dont un frontispice de Ménard, 19 en têtes en couleurs, une vignette, un cul de lampe et 3 en têtes et bordures de Beltrand. Paris, Société du Livre d’art, 1911. In 4°, broché, sous chemise et étui. Tirage à 135 exemplaires. * Raphael Drouart, Paris, Gaston Boutitie, 1920. 92 bois originaux N/B (dans le texte, en front-de-chapitre, en culs-de-lampe et en hors-texte), in 4°, 204 pages, en feuillets, sous chemise, 23,5x28,5 cm. Tirage total 320 exemplaires (225 ex. num. sur vergé teinté d’Arches, 25 Whatman, 50 autres vergé d’Arches, 20 H.C.). * Les Érinnyes * François Kupka, Paris, Librairie de la Collection des Dix, A. Romagnol éditeur, 1908 ; grand in-8°, 35 compositions de François Kupka, dont 25 eaux-fortes originales (3 hors-texte et 22 à mi-page formant en-têtes de chapitres) et 10 gravées sur bois par E. Gaspé (8 culs-de-lampe et 2 titres) ; texte dans un encadrement. Tirage total à 301 exemplaires. * Auguste Leroux, Paris, Société des Amis du Livre Moderne, 1912 ; petit in folio 270 x 210 mm, 7 ff., 78 pages, 3 ff. ; illustré de 3 eaux-fortes hors texte et de 40 bandeaux gravés sur bois dans le texte en couleurs. Tirage à 150 exemplaires sur papier du Japon sous la direction de Charles Meunier, 125 réservés aux Membres de la Société. * A. Bouchet, Paris, Édouard-Joseph, 1920. Coll. Petites curiosités littéraires. Bois dessinés et gravés par A. Bouchet. Tirage total à 1000 exemplaires. * Odes Anacréontiques * André Derain, Lyon, Cercle Lyonnais du Livre, 1953, illustré de 50 lithographies originales en noir, dans et hors texte par André Derain, 1 vol. grand in-8° en feuilles sous couverture rempliée, chemise cartonnée, dos parchemin, et boîte cartonnée, 81 p. + tables + liste des sociétaires. Imprimé par Fequet et Baudier. Tirage 200 exemplaires numérotés, sur vélin B.F.K. de Rives. * Homère, Iliade * Jo Moller (ch. 1 à 4), Remo Giatti (ch. 5 à 8), Eric Massholder (ch. 9 à 13), Paso (ch. 13 à 16), Toos van Holstein (ch. 17 à 20), Alain Lestié (ch. 20 à 24 et 26): La Diane Française, 2012. * Homère, Odyssée * Georges Rochegrosse, Paris, A. Ferroud– F. Ferroud, successeur, 1931, 304 p. Illustration: 25 hors-texte gravés à l’eau-forte par Eugène Decisy et 72 vignettes, bandeaux, lettrines et culs-de-lampe gravés sur bois en couleurs par P. Baudier, Ch. Clément, Gaspérini et P. Gusman. Tirage total 501 exemplaires numérotés (1 ex. sur papier de Hollande, 100 ex. sur grand japon impérial, 400 ex. sur vélin d’Arches). * Homère, Nausikaa, sixième rhapsodie de l’Odyssée * Gaston de Latenay, Paris, Piazza, 1899, in-4°, br., couv. rempliée ill. en couleurs, 54 p., 53 compositions coloriées au pochoir par E. Greningaire et gravées par Ruckert. Tirage 400 ex. * Pièces réunionnaises. * Hugues de Jouvancourt, Québec, Éditions la Frégate, 1994 ; in-4°, 66 p. + les illustrations, en feuillets, sous couverture imprimée rempliée, emboîtage. Ouvrage édité pour le centenaire de la mort du poète. Tirage 100 exemplaires. Traductions en langues étrangères d’œuvres de Leconte de Lisle * « Pour les traductions en langue allemande, voir Fromm, Bibliographie deutscher Übersetzungen aus dem Französisch zwischen 1700 und 1948. Qaïn a été traduit en tchèque dès 1880 (Prague, Otto). Deux traductions des Érinnyes ont été publiées, en espagnol par la revue de Buenos Ayres Nosotros, et en russe par Lozinskij (1922). Un recueil de morceaux choisis, traduits en russe par Igor Postupalskij et commentés par N. Balachov, a été publié à Moscou en 1960. En Italie, des morceaux choisis de Vigny et de Leconte de Lisle ont été publiés à Milan en 1945, traduits par Filippo Ampola (Éditeur: Garzanti). » (Edgard Pich, Leconte de Lisle et sa création poétique, 1975, p. 535). Dédicaces à Leconte de Lisle * Auguste Lacaussade, poème Le Cap Bernard du recueil Poèmes et paysages, 1852 ; * Léon Dierx, Poèmes et Poésies, 1861: « À mon cher et vénéré Maître Leconte de Lisle » ; * Albert Glatigny, Les Flèches d’or, 1864: « À M. Leconte de Lisle » ; * François Coppée, Le Reliquaire, 1866: « À mon cher Maître / Leconte de Lisle / Je dédie mes premiers vers. » ; * Armand Silvestre, Le Doute, 1870, texte sur wikisource ; * Catulle Mendès, Hespérus, 1872: « À Leconte de Lisle » ; * Anatole France, Les Poèmes dorés, 1873: « À / Leconte de Lisle / auteur des poèmes antiques / et des poèmes barbares / en témoignage / d’une vive et constante / admiration / ce livre est dédié » ; * Judith Gautier, La Sœur du Soleil, 1887 ; texte sur wikisource ; * José-Maria de Heredia, Les Trophées, 1893: « À Leconte de Lisle » ; * Edmond Haraucourt, Les Âges: L’Espoir du Monde, 1894 ; * Jean Dornis, La Voie douloureuse, Calmann Lévy, 1894. * Pierre Louÿs, Pour la stèle de Leconte de Lisle, poème (date ?) Attribution du nom de Leconte de Lisle * Portent le nom de Leconte de Lisle: * un lycée prestigieux de Saint-Denis de La Réunion, le lycée Leconte-de-Lisle ; mais aussi à La Réunion un collège à Saint-Louis, trois écoles primaires à Saint-André, Saint-Paul et Saint-Pierre ; * la médiathèque de Saint-Paul de la Réunion ; la salle de spectacles Lespas Leconte de Lisle, toujours à Saint-Paul ; * un paquebot, le Leconte-de-Lisle (1922-1956). Se reporter à la section #Liens externes pour consulter le site qui lui est consacré ; * un ITEP dans la Haute-Saône, l’ITEP Leconte de Lisle ; * des voies (rues, avenues, squares, impasses, boulevards, promenades, villa, etc.): * en métropole: Bergerac, Dinan, Louveciennes, Mennecy, Ozoir-la-Ferrière, Paris XVIe, Rennes, Saint-Gaudens, Saint-Lubin-des-Joncherets ; * à La Réunion: Bras-Panon, Cilaos, Le Port, Saint-Benoît, Saint-Denis (une place), Saint-Gilles-les-Bains, Saint-Paul, Saint-Pierre, Sainte-Clotilde. Liens externes * Notices d’autorité: Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France (données) • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque nationale d’Espagne • Bibliothèque royale des Pays-Bas • Bibliothèque nationale de Pologne • Bibliothèque nationale d’Israël • Bibliothèque universitaire de Pologne • Bibliothèque nationale de Catalogne • WorldCat * Ressources relatives à la littérature: Académie française (membres) • Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes • Digitale Bibliotheek voor de Nederlandse Letteren • Internet Speculative Fiction Database • LibriVox • Online Books Page • Representative Poetry Online • Les Voix de la poésie * (fr) Sur la page de recherche de la BNF, tapez « Leconte de Lisle » pour accéder à des photographies: Leconte de Lisle, sa femme, sa maison natale, etc. * (fr) Généalogie de Leconte de Lisle sur le site geneanet samlap. * (fr) Pavillon de Voisins où Leconte de Lisle mourut, vu du ciel. * (fr) Adolphe Racot, Portraits d’aujourd’hui, 1887: voir texte, p. 113-124, sur Gallica. * (fr) Le paquebot « Leconte-de-Lisle ». * (fr) Le Jardin des dieux, émission radiophonique de François-Xavier Szymczak, France Musique, 17 février 2013, comprenant des œuvres musicales sur des poèmes de Leconte de Lisle, notamment: Lydia de Gabriel Fauré, Les Éolides de César Franck ; Études latines de Reynaldo Hahn ; Phydilé de Henri Duparc ; etc. * (fr) Vincent Dubois, la Compagnie des Indes Orientales, chapitre 12: Un écrivain réunionnais célèbre: Leconte de Lisle * (ru) Site russe signalant une édition des poèmes de Leconte de Lisle traduits en langue russe, en quatre volumes (2016), avec la traduction de plusieurs d’entre eux (Hypatie, etc.), (ISBN 978 5 91763 282 7) Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Leconte_de_Lisle

Nérée Beauchemin

Charles-Nérée Beauchemin (1850-1931) est un écrivain et médecin québécois. Il a écrit un magnifique poème intitulé Fleur d'Aurore: En voici un extrait: « Ensemble nous irons encore Cueillir dans les prés, au matin De ces bouquets couleur d'aurore Qui fleurent la rose et le thym... » Biographie Charles-Nérée Beauchemin naît le 20 février 1850 à Yamachiche, au Québec. Fils de Hyacinthe Beauchemin, un médecin, et d'Elzire Richer-Laflèche, il est lié, du côté de sa mère, à Monseigneur Laflèche, le 2e évêque de Trois-Rivières, à sir Lomer Gouin, ancien Premier Ministre de la province du Québec et à l'ancien gouverneur de l'État de Rhode Island, Aram Pothier. Il poursuit ses études au séminaire de Nicolet de 1863 à 1870 et à l'Université Laval de 1870 à 1874. Dans le premier cas, pour suivre des études classiques, dans le deuxième, pour suivre des études médicales. Après avoir reçu son diplôme, il s'établit à Yamachiche, où il passe le restant de sa vie. Là, il publie ses vers dans les journaux et les revues du temps et commence sa carrière en écriture. En 1878, il se marie à l'âge de 28 ans avec Anna Lacerte, fille d'un ancien député du comté de Saint-Maurice. Avec elle, il élève 5 garçons et 5 filles. Il est reconnu d'avoir eu des amitiés avec de grands poètes, tels Louis-Honoré Fréchette et Pamphile Lemay. Nérée Beauchemin publie son premier recueil, Les Floraisons matutinales, en 1897, avant son 47e anniversaire. Son confident, l'Abbé Albert Tessier, le persuade de publier ses poèmes inédits en un deuxième recueil. En 1928, Nérée Beauchemin publie Patrie intime. Il reçoit plusieurs diplômes. En 1888, il reçoit, de la part de la Société Royale du Canada, un diplôme d'honneur, et un diplôme de maîtrise en 1928 dans les jeux florimontains. Au 11 novembre 1928, il reçoit le Grand Prix d'apostolat laïque par la poésie et un doctorat dans les lettres de Laval. Il accepte, le 13 septembre 1930, la médaille de l'Académie française. Il meurt à Yamachiche le 29 juin 1931 à 81 ans. Le 22 octobre 1950, la Société Royale et l'Académie canadienne-française se font représenter aux cérémonies d'hommage de Yamachiche, où les villageois célèbrent le 100e anniversaire du poète. La même année, avec une étude-préface de Clément Marchand, Choix de poésies de Nérée Beauchemin se fait publier posthumément. Au 4 janvier 1952, Yamachiche rend un dernier hommage au poète en se donnant une rue Nérée Beauchemin. Trois-Rivières accomplit le même hommage en mémoire de Beauchemin. Aujourd'hui, il est considéré comme un des premiers écrivains du terroir. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Nérée_Beauchemin

Louise Colet

Louise Colet, née Révoil de Servannes à Aix-en-Provence le 15 septembre 1810 et morte à Paris le 8 mars 1876, est une poétesse et écrivaine française. Biographie Âgée d’une vingtaine d’années, Louise Révoil2 épouse Hippolyte-Raymond Colet, un musicien académique, en partie afin d’échapper à la vie provinciale et de résider à Paris. À son arrivée à Paris, Louise Colet commence à publier ses poèmes et obtient bientôt le prix de l’Académie française d'un montant de deux mille francs, le premier de quatre prix de l’Académie qu’elle obtiendra. Dans son salon littéraire du no 2 rue Bréda elle a fréquenté nombre de ses contemporains du monde littéraire parisien, tels que Victor Hugo, Musset, Vigny, Baudelaire, ainsi que de nombreux peintres et des politiciens. En 1840 elle met au monde sa fille Henriette, mais ni son mari Hippolyte Colet, ni son amant Victor Cousin n’acceptent d’en reconnaître la paternité. Le journaliste Alphonse Karr révèle dans un pamphlet la liaison adultère. Furieuse, Louise Colet l'agresse avec un couteau de cuisine qu'elle lui plante dans le dos. Karr s'en tire avec une égratignure, et avec élégance renonce à porter plainte au grand soulagement de Victor Cousin. Elle devient ensuite la maîtresse de Gustave Flaubert (encore inconnu du public), d'Alfred de Vigny, d’Alfred de Musset et d’Abel Villemain. En 1844, Louise Colet publie une traduction des Œuvres choisies de Tommaso Campanella. Dans les années 1840 et 1850, ses œuvres sont plusieurs fois couronnées par de nombreux prix littéraires prestigieux, notamment le Prix de l'Académie française. Après la mort de son mari à Paris, le 21 avril 1851, Louise Colet et sa fille subsistent grâce à ses écrits et à l'aide de Victor Cousin. Elle est inhumée à Verneuil-sur-Avre (Eure).

Auguste Angellier

Auguste Angellier, né le 1er juillet 1848 à Dunkerque et mort le 28 février 1911 à Boulogne-sur-Mer est un poète et universitaire français, qui fut le premier professeur de langue et littérature anglaises de la Faculté des lettres de Lille, avant d'en être son doyen de 1897 à 1900. Critique et historien de la littérature, il fit sensation à la Sorbonne en attaquant les théories d'Hippolyte Taine dans sa thèse sur Robert Burns en 1893. Biographie Né le 1er juillet 1848 à Dunkerque (Nord), d'un père maître-plafonnier et d'une mère secrétaire, Auguste Angellier fut scolarisé à Boulogne-sur-Mer où sa mère l'emmène après s'être séparée de son mari en 1853. Son attachement à cette ville ne se démentit jamais. Jeune homme, il prépare le concours de l'École normale supérieure au Lycée Louis-le-Grand de Paris en 1866. Entre l'écrit et l'oral du concours, il est expulsé du lycée par le censeur qui le considère, à tort selon certains, comme le chef d'un mouvement de révolte concernant la mauvaise qualité de la nourriture à la cantine. Cet épisode catastrophique de sa vie scolaire le pousse à partir, par manque de moyens financiers, pour l'Angleterre où on lui offre un emploi d'enseignant dans un petit pensionnat. Engagé volontaire au cours de la guerre de 1870, il se retrouve à Lyon puis à Bordeaux. Une infection respiratoire grave le fait rentrer à Paris, pendant la Commune, et, la guerre terminée, il est nommé répétiteur en 1871 au Lycée Louis-Descartes (il avait été enfin autorisé à rentrer dans le giron de l’Instruction publique). Il décroche sa licence peu après. Reçu au certificat d’aptitude à l’enseignement de l’anglais, deux ans plus tard, il professe en tant que « maître-répétiteur » pendant trois ans, période exigée à l’époque avant de pouvoir s’inscrire à l’agrégation. Il obtient ce concours à 28 ans, et enseigne aussitôt au lycée Charlemagne, jusqu’à son départ en Angleterre en 1878. Angellier cultive de nombreuses amitiés littéraires, et développe sa sensibilité de poète (sa notoriété lui viendra davantage de son travail universitaire que de son œuvre poétique). Jusqu’à cette période, il hésite entre le journalisme et l’enseignement, mais le congé qui vient de lui être accordé lui permet de s’intéresser au projet de réforme des études de langues vivantes en France (à travers l’étude du fonctionnement des universités anglaises). C’est avec plaisir qu’il s’éloigne un moment de la lourdeur administrative qui lui pèse tant dans sa fonction d’enseignant. En 1881, un poste de maître de conférences, à Douai, lui ouvre une brillante carrière de professeur d’anglais (la faculté des Lettres de Douai va être transférée à Lille en 1887). Douze années plus tard, il soutient ses deux thèses, chacune consacrée à un poète : la « majeure » à l’Écossais Robert Burns, et la thèse complémentaire à John Keats, thèse rédigée en latin ! Le titre de cette dernière : De Johannis Keatsii, vita et Carminibus ; son auteur : Augustus Angellier, literarum doctor in Universitate Insulensi Professor. Même les citations des poèmes de Keats sont en latin (et l’université dont il est question n’est autre que celle de Lille : Universitate Insulensi). Dès lors, Angellier porte le titre de Professeur. De plus, il assure la fonction de président du jury d’agrégation d’anglais de 1890 à 1904 ; et dès février 1897, il assume la tâche de doyen, et les lourdes responsabilités administratives qui s’y attachent. En 1902, détachement (sur un poste de maître de conférences) à l’École normale supérieure, puis retour à Lille en 1904. Auguste Angellier est mort à 62 ans, le 28 février 1911, à Boulogne-sur-Mer. Œuvres En 1896, Angellier le poète a publié À l’amie perdue (178 sonnets inspirés par le chagrin de son histoire d'amour cachée avec Thérèse Fontaine1), et en 1903, Le chemin des saisons. D’autres œuvres suivent : Dans la lumière antique, deux livres de Dialogues et deux d’Épisodes. Curiosité Le compositeur polonais Henryk Opieński (1870-1942) qui dirigeait à Morges (Suisse) l'ensemble Motet et Madrigal a écrit une œuvre pour chœur à 4 voix d'hommes sur le texte poétique La Fuite de l'Hiver qui fait partie du recueil Le chemin des saisons d'Auguste Angellier. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Angellier

Félix Arvers

Alexis-Félix Arvers, né le 23 juillet 1806 à Paris et mort le 7 novembre 1850 à la maison municipale de santé Dubois à Paris est un poète et dramaturge français, célèbre pour son Sonnet, l'une des pièces poétiques les plus populaires de son siècle. Biographie Il était le fils d'un marchand de vins de la ville de Cézy dans l'Yonne, où résidait sa famille. Étudiant en droit avant de devenir clerc de notaire, il poursuivait pourtant déjà ardemment le désir de se faire écrivain. Cédant un jour radicalement à ce qu'il croyait être sa vocation, il parvint à faire jouer une douzaine de comédies légères, le genre de comédies dont raffolait le public petit-bourgeois de Paris (cf. Octave Feuillet). Ces larges succès lui permirent de mener une existence « de dandy », familier des boulevards et des coulisses des petits théâtres, et il se mit à fréquenter le Cénacle de l'Arsenal, fréquentant notamment Alfred Tattet et Alfred de Musset, dont il semble avoir été très proche. À quarante-quatre ans, il décéda d'une maladie de la moelle épinière, pauvre et oublié. L'oubli dans lequel ont plongé ses pièces, pourtant fameuses en leur temps, n'est pas sans rappeler le destin des tragédies de Voltaire. Il publia un recueil de poèmes intitulé Mes Heures perdues (1833). Perdues surtout, a-t-on fait remarquer, pour son employeur, Mr Marcelin-Benjamin Guyet-Desfontaines, notaire, chez qui il avait débuté en qualité de sixième clerc ; mais cet excellent homme, ami des belles-lettres et des poètes romantiques, savait fermer les yeux. Il est enterré à Cézy Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Félix_Arvers

Cécile Sauvage

Cécile Sauvage, « poétesse de la maternité »ne femme de lettres française, née à La Roche-sur-Yon le 20 juillet 1883 et morte le 26 août 1927. Biographie De 1888 à 1907, elle vécut à Digne-les-Bains, dans une maison située avenue de Verdun, où est apposée une plaque qui lui rend hommage. Étudiante au lycée de Digne, elle envoie un manuscrit Les Trois Muses à La Revue forézienne, dont le rédacteur est Pierre Messiaen. Ils échangent une correspondance, puis se marient « Notre mariage eut lieu le 9 septembre 1907, en l’église des Sieyes, près Digne (Basses-Alpes) » . Ils seront les parents d’Alain Messiaen et Olivier Messiaen qu’elle éleva, selon ce dernier, dans un « univers féerique ». Le couple est uni et heureux ; Cécile dédie Primevère à son cher Pierrot, en souvenir de nos fiançailles et de notre mariage. Elle vécut la majeure partie de sa vie à Saint-Étienne[réf. nécessaire], et écrit chaque jour à sa petite table de bois blanc tachée d’encre. Elle découvre les poètes anglais, dont Keats dont le vers La poésie de la terre ne meurt jamais semble être écrit pour illustrer la poésie de Cécile Sauvage. Elle s’installe à Grenoble avec ses fils alors que son époux part au front de la guerre 14/18 ; puis la famille vivra à Paris, qui n’attire pas la poétesse. De santé fragile, elle s’éteint le 26 août 1927, dans les bras de son époux et de ses fils. Son ami Henri Pourrat lui a consacré un ouvrage, La Veillée de novembre.

Henri-Frédéric Amiel

Henri-Frédéric Amiel (né le 27 septembre 1821 à Genève – mort le 11 mai 1881 dans la même ville) est un écrivain et philosophe suisse, auteur d'un journal intime exceptionnel tant par son volume (17 000 pages) que par la valeur et l'universalité de son message. Biographie Il est le premier fils d'Henri Amiel et de Caroline Brandt. Deux tragédies familiales marquent son enfance : la mort de sa mère (d'une tuberculose), alors qu'il n'a que onze ans, et, moins de deux ans plus tard, le suicide de son père, qui se jette dans le Rhône. Henri-Frédéric, alors âgé, de 13 ans, et ses deux sœurs cadettes, Fanny et Laure, sont recueillis par leur oncle Frédéric Amiel et leur tante Fanchette, déjà parents de onze enfants. Ce séjour dure sept ans. Après avoir commencé ses études dans sa ville natale, Henri-Frédéric voyage en Suisse, en Italie, en France et en Belgique. En Allemagne, il s'arrête d'abord pendant neuf mois à Heidelberg. Puis, de 1844 à 1848, à Berlin, il étudie la philosophie (avec Schelling), la psychologie (avec Friedrich Eduard Beneke), la philologie et la théologie. Il fut l'un des premiers étrangers à s'intéresser à la philosophie de Schopenhauer, qu'il présenta à ses étudiants en 1866 déjà, mais son éducation et son caractère l'empêchèrent d'y adhérer, en lui faisant préférer celle de Krause. En 1849, il revient à Genève et devient professeur d’esthétique et de littérature française, à l'université de Genève, grâce à son étude Du mouvement littéraire dans la Suisse romande et de son avenir. De 1854 jusqu'à sa mort, il conserve sa chaire de philosophie. Il introduit dans la langue française et anglaise, aux alentours de 1860, le terme d’inconscient, au sens de ce qui est non conscient. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri-Frédéric_Amiel

Rémy Belleau

Rémy Belleau, né à Nogent-le-Rotrou en 1528, mort à Paris le 6 mars 1577, est un poète français de la Pléiade. Biographie Belleau a commencé ses études chez les moines de l’abbaye Saint-Denis à Nogent-le-Rotrou avant de les poursuivre, vers 1553, à Paris où il complète une formation dominée par l’amour de la poésie grecque. Intelligent sans surcharge d’érudition, il était avant tout un homme qui plaisait[réf. nécessaire]. Il rejoint bientôt le groupe du collège de Coqueret (Pierre de Ronsard, Antoine de Baïf, Joachim du Bellay), puis la Pléiade en 1554, avec qui il prend part à la Pompe du bouc. Il publie en 1556 une traduction des Odes d’Anacréon: le succès de ce lyrisme léger est considérable. Bien qu’un peu sèche selon Ronsard, cette traduction vient enrichir la «Brigade» d’un nouveau style; elle a pour elle la fidélité et l’exactitude qui en firent le succès[réf. nécessaire]. On lui doit également la traduction du Cantique des Cantiques et de l’Ode à l’Aimée de Sappho. De fait, Belleau est le premier traducteur français de la poétesse de Lesbos. La même année, Belleau célèbre dans les Petites Inventions fleurs, fruits, pierres précieuses, animaux et feront plus tard écho à la rage de l’expression de Francis Ponge. Ses poèmes personnels manquaient encore d’originalité[réf. nécessaire] et il fallut attendre 1565 pour découvrir sa Bergerie, chef-d’œuvre de la poésie pastorale dont l’Avril dévoile un érotisme à fleur de sein. En 1576, paraissent Les Amours et Nouveaux Eschanges des pierres précieuses, vertus et propriétés d’icelles. Cette œuvre, décrite comme une «épopée minérale» par R. Sabatier, raconte les propriétés des pierres, leur histoire, le mythe de leur origine en associant la symbolique des pierres aux interprétations philosophiques et scientifiques. Selon certains le moins lyrique des poètes de la Pléiade, le plus pudique au dire d’autres, Rémy Belleau ne déborde certainement pas d’imagination et il imita plus qu’il ne créa, mais il demeure un orfèvre du verbe[réf. nécessaire]. Son talent élégant et facile le fit surnommer par ses contemporains le gentil Belleau. Après avoir initialement penché pour la Réforme, l’auteur se rallie au parti des Guise, ses protecteurs, notamment René II de Lorraine-Guise. Précepteur à Paris de Charles de Lorraine, il résidera jusqu’à sa mort (1577) à l’hôtel de Guise. Pierre de Ronsard qui faisait grand cas de Belleau, et l’appelait le Peintre de la nature, a rédigé son épitaphe: Ne taillez, mains industrieuses Des pierres pour couvrir Belleau, Lui-même a basti son tombeau Dedans ses Pierres Précieuses. Œuvre Œuvres poétiques Il a publié en 1565 un poème, la Bergerie, dans le genre pastoral et les Amours et nouveaux échanges de pierres précieuses en 1576, un recueil qui associe la symbolique des pierres aux interprétations philosophiques et scientifiques. Certain de ses poèmes furent mis en musique par Pierre Cléreau. Ses Œuvres ont été réunies à Rouen en 1604, 2 volumes in-12. Rémy Belleau, La bergerie (Texte en moyen français), Paris, G. Gilles, 1565, 127 p.; in-8 (notice BnF no FRBNF30079761)La bergerie disponible sur Gallica Rémy Belleau, Chant pastoral de la paix, Paris, A. Wechel, 1559, 10 f.; in-4 (notice BnF no FRBNF30079763)Chant pastoral de la paix disponible sur Gallica Rémy Belleau, Épithalame sur le mariage de Monseigneur le duc de Lorraine et de Madame Claude, fille du roy, chanté par les nymphes de Seine et de Meuse, Paris, A. Wechel, 1559, 15 p.; in-4 (notice BnF no FRBNF30079764)Épithalame sur le mariage de Monseigneur le duc de Lorraine disponible sur Gallica Rémy Belleau (trad. Florent Chrestien), Sylva cui titulus Veritas fugiens ex R. Bellaquei gallicis versibus latina facta a Florente Christiano, Lutetiæ, ex officina R. Stephani, 1561, In-4°, 12 p. (notice BnF no FRBNF30079773)Sylva cui titulus Veritas fugiens disponible sur Gallica Les Amours et nouveaux échanges des pierres précieuses, Paris, M. Patisson, 1576; Œuvres poétiques, éd. Ch. Marty-Laveaux, A. Lemerre, 1878, t. II. l’Eschole de Salerne en vers burlesques et poema macaroanicvm de bello Hvgvenortica, traduit par Louis Martin en 166o,à Rouen chez Clement Malassis.( source Bnf: data.bnf.fr) Traductions Rémy Belleau a traduit en vers: Les odes d’Anacréon: traduites de grec en françois, par Rémy Belleau, ensemble de quelques petites hymnes de son invention (trad. Rémy Belleau), Paris, A. Wechel, 1556, 1 vol.; in-8 (notice BnF no FRBNF30017685)Les odes d’Anacréon disponible sur Gallica L’ Ecclésiaste Le Cantique des cantiques. Œuvres dramatiques Il jouait dans les pièces de son ami Jodelle, et il a lui-même fait une comédie intitulée la Reconnue. La Reconnue, comédie. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9my_Belleau

Sophie d'Arbouville

Sophie d'Arbouville, née le 29 octobre 1810 et morte le 22 mars 1850 à Paris, est une poète et nouvelliste française. Biographie Née le 29 octobre 1810, Sophie de Bezancourt1 est la petite-fille de Sophie d'Houdetot. Elle fréquente dans le salon de celle-ci une société choisie. Léon Séché en fait ce portrait « Elle était plutôt mal de figure, elle avait des traits forts et os yeux ressortis qui, de prime abord, disposaient peu en sa faveur, mais dès qu'elle ouvrait la bouche on oubliait sa laideur relative.» et Sainte-Beuve en a dit « Jeune femme charmante, un peu Diane, sans enfants. Restée enfant et plus jeune que son âge. Pas jolie, mais mieux. » À 22 ans elle épouse le général François d'Arbouville, qu'elle suit dans ses campagnes. Sa santé s'en ressentira. Ne pouvant suivre le général en mission en Afrique elle retourne à Paris et y tient salon. Sa conversation, son amabilité et sa bienveillance sont reconnus de tous. Elle ne tient pas au succès et ses poésies paraissent en petit nombre, pour ses proches, et son couvert d'anonymat. Ses nouvelles publiées dans « La Revue des deux Mondes » le sont sans son consentement, Prendre l'ouvrage d'une femme pour le publier sans lui en demander la permission, c'est un manque de délicatesse. Ce n'est pas la peine de donner mille francs pour échapper à une complète publicité, si le lendemain les revues agissent de cette façon. J'ai écrit moi-même à M. Bulos (sic) une lettre très nette et très ferme qui l'aura un peu surpris, et je l'oblige, pour le prochain n°, à dire qu'il a agi sans mon consentement (Lettre à Sainte-Beuve). La revue ne publiera pas cette protestation, ayant l'assentiment du mari. Elle acceptera plus tard leur édition, mais au profit d'une œuvre caritative. Elle habitait au 10 place Vendôme et y tenait un salon où l'on parlait plus de poésie que de politique. Lamartine était un de ses poètes favoris. Sainte-Beuve, son hôte le plus assidu, en fit sa muse, et lui dédia Le Clou d’or2; elle ne lui céda jamais . En me voyant gémir, votre froide paupière M'a refermé d'abord ce beau ciel que j'aimais, Comme aux portes d'Enfer, de vos lèvres de pierre, Vous m'avez opposé pour premier mot : Jamais ! (À Elle qui était allée entendre des scènes de l'opéra d'Orphée) ; mais ils correspondirent pendant 10 ans. L'été elle résidait à Maisons-Laffitte ou Champlâtreux ; Prosper Mérimée y était reçu ; Chateaubriand y a composé Velléda. Malade La fièvre m'est revenue, avec des douleurs aiguës — des maux de tête terribles., atteinte d'un cancer elle partit en Ariège prendre les eaux de Celles puis rejoint son mari à Lyon. Les événements de juin 18493- altèrent sa santé car elle craint pour la vie du général ; le couple rentre à Paris et c'est là qu'elle meurt, le 22 mars 1850, après une longue maladie.

Charles Le Goffic

Charles Le Goffic, né le 14 juillet 1863 à Lannion où il est mort le 12 février 1932, est un poète, romancier et critique littéraire français dont l’œuvre célèbre la Bretagne. Biographie Charles-Henri Francis Jean-Marie Le Goffic est le fils de Marie-Aimée Alexandrine Le Tulle, dite Manon, et d’un libraire-imprimeur de Lannion, Jean-François Le Goffic, qui mourut l’année suivant sa naissance. Alors que sa mère ne tire que peu de ressources de l’entreprise, le petit Charles passe ses étés avec sa nourrice, soit à Ploumanac’h, soit à Trégastel. En octobre 1888, il épouse Julie Fleury. À la faveur d’une adjudication, il achète peu après une petite ferme à Rûn-Rouz en Trégastel. Son roman Morgane, la sirène a pour cadre cette ferme de Rûn-Rouz. Agrégé de littérature en 1887, il est enseignant successivement à Gap, Évreux, Nevers et au Havre. En 1886, il fonde avec Maurice Barrès et Raymond de La Tailhède la revue littéraire Les Chroniques. Proche de Charles Maurras, il collabore à la Revue d’Action française (1899), qui deviendra L’Action française (1908), ainsi qu’à la Revue critique des idées et des livres. Bien que républicain convaincu, son régionalisme militant et ses idéaux traditionalistes lui font appuyer le projet maurrassien de restauration monarchique comme en témoigne sa lettre publiée dans L’Enquête sur la monarchie (1900) du chef de file de l’Action française. Il prend la vice-présidence de l’Union régionaliste bretonne, créée en 1898, et lui sert de relais parisien en suscitant la parution d’articles dans la presse.Parlant parfaitement le breton, il ne voulait pas l’utiliser à l’écrit de peur « de se montrer inférieur à sa réputation ». Il est barde d’honneur de la Gorsedd de Bretagne sous le nom d’Eostik ar Garante (Le Rossignol de l’Amour). Le Goffic est élu membre de l’Académie française en 1930 au 12e fauteuil. En 1895, il a introduit en Bretagne la Great Highland Bagpipe (grande cornemuse écossaise) devenue le « biniou bras » à côté du biniou kozh des anciens. Il est inhumé dans l’enclos de l’église du bourg de Trégastel avec sa femme Julie et sa fille Hervine-Marie, morte à l’âge de 17 ans des suites d’un accident de battage survenu à Trégastel. Un monument surmonté de son buste en bronze par Jean Boucher a été érigé par souscription nationale à Lannion. En 1934, un médaillon à son effigie a été apposée sur la Roche des Poètes (Roche des Martyrs) à La Clarté. À l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance, un médaillon, œuvre du sculpteur Michel Sprogis, est posé sur un rocher près de la chapelle Sainte-Anne. Œuvres * Nous autres (1879) * Velléda, sous le pseudonyme de Jean Capekerne, (Morlaix, 1882), * Les Mémoires de Saint-Simon, avec Jules Tellier (Paris, 1888) * Amour breton, poésie (Lemerre, 1889) * Les Romanciers d’aujourd’hui (1890) * Nouveau traité de versification française, en collaboration avec Édouard Thieulin (1890) * Chansons bretonnes (1891) * Le Crucifié de Keraliès (1892), ouvrage couronné par l’Académie française. Réédition Ed. des Régionalismes (ISBN 9782824000404).—Avec des bois de Géo-Fourrier (ISBN 9782824004877). * A travers Le Havre, effets de soir et de nuit, en collaboration avec Daniel de Vénancourt, 12 eaux-fortes de Gaston Prunier, Lemale éditeur, 1892. * Passé l’amour (1894) * Contes de l’Assomption (1895) * Quatre jours à l’île de Sein (1896) * Sur la côte (1896), ouvrage couronné par l’Académie française. Réédition Ed. des Régionalismes (ISBN 9782846187695). * Gens de mer (1897) * La Payse (1897). Réédition Ed. des Régionalismes (ISBN 9782824000046). * Morgane la sirène (1898) * Les Phares (1899) * Le Bois dormant, poésie (1900) * Le Mouvement panceltique (1900) * Le Pardon de la reine Anne, poésie (1901) * L’Âme bretonne (4 vol., 1902-1922). Réédition en 4 volumes, Ed. des Régionalismes. * Deux tableaux de la vie terreneuvienne (1903) * Les Métiers pittoresques (1903) * L’Erreur de Florence (1903) * Les Sept-Iles (1904) * Les Calvaires bretons (1904) * Les Bonnets rouges (1906). Réédition Ed. des Régionalismes (ISBN 9782824001500). * La Cigarière (1907) * La Crise sardinière (1907) * Passions celtes (1909). Réédition Ed. des Régionalismes (ISBN 9782824000008). * La double confession (1909) * La littérature française au XIXe siècle (1909) * Ventôse. Le pays (1910) * Fêtes et coutumes populaires, les fêtes patronales, le réveillon, les masques et travestis, le joli mois de mai, les noces en Bretagne, la fête des morts, les feux de la Saint-Jean, danses et musiques populaires, Armand Colin éditeur, Paris 1911. * Tristan Corbière (1911)—Préface au recueil Les Amours jaunes * Racine (2 vol., 1912) * Le Pirate de l’île Lern (1913). Réédition Ed. des Régionalismes (ISBN 9782824000053). * Monsieur Ernest Renan dans la Basse-Bretagne (1913) * Poésies complètes (1913) * Dixmude, un chapitre de l’histoire des fusiliers marins (1915), qui reçut le prix Lasserre en 1915 * Bourguignottes et pompons rouges (1916) * Les Marais de Saint-Gond (1917) * Steenstraëte, un deuxième chapitre de l’histoire des fusiliers marins (1917) * Sans nouvelles (1917) * La Guerre qui passe (1918) * Saint-Georges et Nieuport, les derniers chapitres de l’histoire des fusiliers marins (1919) * Les Trois Maréchaux (1919) * Bretagne (1920) * La Littérature française aux XIXe et XXe siècles (1920) * La Marne en feu (1921) * L’Abbesse de Guérande (1921). Réédition Ed. des Régionalismes (ISBN 9782824001876). * Chez les Jean Gouin (1921) * L’Odyssée de Jean Chevanton (1921) * L’Illustre Bobinet (1922). Réédition Ed. des Régionalismes (ISBN 9782824000015). * Croc d’argent (1922) * Poésies complètes (1922) * Le Treizain de la nostalgie et du déchirement. La visite nocturne, poésies (1926) * Madame Ruguellou (1927). Réédition Ed. des Régionalismes (ISBN 9782824000022). * La Tour d’Auvergne (1928) * Contes de l’Armor et de l’Argoat (1928). Réédition Ed. des Régionalismes (ISBN 9782846188951). * Anthologie des poètes de la mer (1929) * Mes Entretiens avec Foch, suivis d’un entretien avec le général Weygand (1929) * De Quelques ombres (1929) * La Chouannerie: Blancs contre Bleus (1790-1800) (1931) * Poésies complètes (2 vol., 1931) * La Rose des sables (1932) * Ombres lyriques et romanesques (1933) Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Le_Goffic

Charles Dovalle

Charles Dovalle est un poète français né à Montreui, l-Bellay en 1807 et tué en duel à Paris en 1829. Biographie Descendant d’une longue lignée d’hommes de loi et d’officiers de finances du Saumurois, Charles Dovalle naquit à Montreuil-Bellay le 23 juin 1807. Il fit de brillantes études au collège de Saumur, où il écrivit des poèmes remarqués. Après des études de droit à Poitiers, il partit pour Paris et se lança avec ardeur dans la vie littéraire. Il publia des poésies en forme de chansons, qui figurent toujours dans les manuels de morceaux choisis, comme Bergeronnette, Mon Rêve, Le Curé de Meudon, Le Sylphe... Obligé de se consacrer à des travaux de jurisprudence, tout en écrivant dans Le Figaro, il devint rédacteur au Journal des Salons. Le jeune homme, qui habitait alors rue de la Harpe, n’en continuait pas moins à se consacrer à la poésie. Malheureusement, sa carrière devait être interrompue prématurément par une mort tragique à l’âge de 22 ans. Critique théâtral, il commit un calembour facile sur Mira, le directeur du théâtre des Variétés, qui lui avait refusé l’entrée de son établissement. Il écrivit dans Le Lutin: «Mira peut être Mira-sévère, mais il ne sera jamais Mira-beau». Ce dernier, qui était laid et vindicatif, le provoqua en duel. Blessé à l’épaule à la suite d’un premier assaut à l’épée, il exigea contre toutes les règles que le duel se poursuive au pistolet; au troisième échange, le pauvre Dovalle fut touché, après que la balle eut traversé son portefeuille, et mourut le 30 novembre 1829. Une colonne de marbre blanc fut érigée sur sa tombe dans le cimetière de Montmartre,. L’édition complète de ses œuvres, Le Sylphe, Poésies de feu Charles Dovalle, parut à Paris aux éditions Ladvocat, Palais-Royal, en 1830, avec une préface de Victor Hugo. Bibliographie Dezobry et Bachelet, Dictionnaire de biographie, t.1, Ch.Delagrave, 1876, p. 831 Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Dovalle

Jean Auvray

Jean Auvray, né vers 1580, probablement en Normandie et mort avant 1624, est un poète français. Jean Auvray a été chirurgien à Rouen, et ne saurait être confondu avec son homonyme dramaturge contemporain, avocat à Paris. Il appartient à la tradition de la satire normande dans la lignée de Vauquelin, Du Lorens, Angot de l’Éperonnière et Courval-Sonnet. Il est l’auteur d’écrits religieux et de satires. Alternant entre piété, cynisme et obscénité, sa poésie est cependant, selon certains critiques, la meilleure dans sa veine satirique. Il a aussi écrit une tragicomédie : l’Innocence descouverte (peut-être en 1609, dont on peut consulter le texte dans les seconde et troisième édition du Banquet des Muses). Tombeau du rud' en souppe Cy gist dans ce tombeau foireux Rud’ En-Souppe le valeureux, Qui voyant la guerre entreprise Au pays, et qu’on le cherchoit, Se cacha dessous la chemise De sa grand’ Jeanne qui pettoit : Luy qui trembloit tant escoutoit Tant redoubler de petarades, Saisi de peur creust qu’il estoit Au milieu des harquebusades : Qu’en advint-il ? Ses sens malades, Et le trou de son cul puant Perdant sa vertu retentrice, En lieu de combattre en la lice Il mourut de peur en chiant. Le Banquet des muses Œuvres * Le banquet des muses ou Les divers satires du sieur Auvray contenant plusieurs poëmes non encore veuës ny imprimez & L’innocence descouverte, tragi-comédie Rouen : D. Ferrand, 1623. * « La pourmenade de l’âme dévote accompagnant son Sauveur depuis les ruës de Jérusalem jusques au tombeau » [archive], Rouen : David Ferrand, 1633 (3e édition; N.B. : la première édition date de 1622) * « Les œuvres sainctes du sr Auvray : desquelles la plus grande partie n’ont encor esté veuës ny imprimées » [archive], Rouen : David Ferrand, 1634 (3e édition; N.B. : la première édition date de 1626) * L’Innocence découverte, Rouen, Petit, 1609. * Le Triomphe de la Croix, Rouen, D. Ferrand, 1622. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/

François Villon

François Villon (1431-après 1463) Poète français du Moyen Âge, auteur de la célèbre Ballade des pendus, qui est considéré comme l’un des pères de la poésie moderne. Poète «!malfaiteur!» Issu d’une famille pauvre, François de Montcorbier, ou François des Loges, orphelin de père très jeune, fut élevé par le chanoine de Saint-Benoît-le-Bestourné, maître Guillaume de Villon, son «!plus que père!», dont il prit le nom pour lui rendre hommage. Après avoir été reçu bachelier en 1449, il devint licencié puis maître ès arts à Paris en 1452. À part ces quelques faits sur sa jeunesse, la vie de François Villon est remplie de zones d’ombre, et les seuls indices biographiques certains dont nous disposions sur sa vie adulte sont d’origine judiciaire, ce qui renforce l’image légendaire de poète «!malfaiteur!» qui est la sienne depuis la fin du Moyen Âge. Notons que cette image est aussi une tradition littéraire, dont Rutebeuf est l’un des autres exemples. La première affaire judiciaire grave dont nous ayons trace eut lieu le 5 juin 1455 : au cours d’une rixe, Villon tua Philippe Sermoise, un prêtre qui l’aurait provoqué!; blessé lui-même, il se fit panser sous le nom de Michel Mouton et dut quitter Paris, où il ne revint qu’en 1456, après avoir obtenu des lettres de rémission sous son vrai nom. On sait aussi que, durant la nuit de Noël 1456, il commit un vol avec effraction au collège de Navarre, ce qui l’obligea à quitter de nouveau Paris avec le fruit de son larcin. Il prétendit avoir écrit, au moment du vol, un poème célèbre, le Lais, également connu sous le nom de Petit Testament, pour s’en excuser et expliquer sa fuite par une raison sentimentale. Dans cette œuvre, en effet, Villon annonce son départ pour Angers afin, dit-il, de se consoler d’une déception amoureuse - mais ce n’est là qu’un prétexte à une satire de l’amour courtois. Prenant congé de ses amis et de ses connaissances, le poète fait dans ce poème une série de legs parodiques!; tout au long de cette «!donation!», il joue sur les mots «!lais!» et «!legs!», et use abondamment de double sens. À la cour de Charles d’Orléans Durant les années suivantes, Villon mena une vie d’errance, dont on sait peu de chose!; il séjourna, semble-t-il, à Angers chez un parent, puis à la cour de Jean II de Bourbon, établie à Moulins, puis à la cour de Charles d’Orléans, à Blois, l’une des plus raffinées du temps. Le séjour de Villon auprès du duc, qui marque un moment de paix dans cette existence incertaine, est attesté par la présence de trois de ses pièces dans le manuscrit autographe de Charles d’Orléans!; parmi ces pièces se trouvent notamment la Ballade des contradictions qui débute par le vers «!Je meurs de soif auprès d’une fontaine!», et qui traite de façon originale d’un thème rhétorique usé qui avait été donné par le duc d’Orléans comme sujet d’un concours de poésie. À cette même époque, Villon entretint des rapports avec la bande des Coquillards, une société criminelle plus ou moins secrète : nous ignorons s’il en faisait vraiment partie, mais il est certain qu’il connaissait le jargon de la Coquille, puisque nous possédons entre six et onze Ballades en jargon (le chiffre varie en raison des problèmes d’attribution), dont la compréhension reste difficile et la signification ambiguë. Voir Ballades (littérature). Le Testament Au cours de l’été 1461, Villon fut incarcéré à Meung-sur-Loire pour des raisons inconnues, à l’initiative de l’Évêque d’Orléans!; cette captivité le marqua profondément. Libéré le 2 octobre grâce à l’arrivée de Louis XI dans la ville, il rentra à Paris, où il composa le Testament (v. 1462). C’est vers 1462 que François Villon composa son œuvre principale, le Testament. La première partie de ce texte est une méditation consacrée essentiellement à la perte de la jeunesse, aux méfaits de l’amour mais surtout à la mort (cette partie contient la célèbre ballade désignée par Clément Marot en 1532 sous le titre de Ballade des dames du temps jadis). La seconde partie reprend, en l’approfondissant, la fiction testamentaire déjà abordée dans le Lais : Villon va jusqu’à choisir les exécuteurs, son sépulcre et le service religieux. La Ballade des pendus Impliqué dans une rixe au cours de laquelle François Ferrebouc, notaire pontifical, fut blessé, Villon fut arrêté, torturé et condamné à la pendaison, et fit appel de la sentence. C’est sans doute pendant ces jours pénibles qu’il écrivit la Ballade des pendus, intitulée aussi l’Épitaphe Villon, où se manifeste notamment son obsession des corps pourrissants. Le 5 janvier 1463, le parlement de Paris commua la peine en dix ans de bannissement. Ce sont là les dernières traces des faits et gestes de François Villon que nous possédions. Importance et postérité de l’œuvre S’il n’innova guère dans son usage des formes poétiques, Villon porta la ballade à sa perfection. Son œuvre est dominée par l’ambiguïté et par l’importance considérable accordée à la personne du poète, ce qui est rare au Moyen Âge, où le sujet poétique n’est souvent qu’une forme vide et où la poésie est considérée davantage comme un jeu rhétorique que comme le lieu de l’expression d’une individualité. Si Villon ridiculise souvent la tradition de l’amour courtois, il s’y inscrit pourtant parfois avec certains de ses poèmes, comme l’atteste sa Ballade à amie. La poésie de Villon est surtout marquée par une hantise profonde de la mort. Ce thème obsédant, que ne dissimule pas un usage fréquent de l’ironie, traverse toute son œuvre, où domine l’évocation des souffrances physiques et morales dans un monde désenchanté et sombre. En outre, lorsque Villon décrit la vie quotidienne, c’est souvent sur un ton réaliste ou pathétique. La postérité de Villon est immense et ne se dément pas depuis le XVIe siècle, où Clément Marot donna la première édition commentée de ses œuvres (1532)!; sa gloire doit aussi beaucoup à la fascination qu’il exerça sur les poètes du XIXe siècle, notamment les romantiques comme Théophile Gautier, qui inaugura avec une étude sur Villon sa série des «!grotesques!», ces textes critiques qu’il consacrait essentiellement aux «!petits!» auteurs du XVIe et du XVIIe siècle. Les références Encyclopédie Encarta (c) Microsoft

Marcel Proust

Marcel Proust, né à Paris le 10 juillet 1871 et mort à Paris le 18 novembre 1922, est un écrivain français, dont l’œuvre principale est une suite romanesque intitulée À la recherche du temps perdu, publiée de 1913 à 1927. Issu d’une famille aisée et cultivée (son père est professeur de médecine à Paris), Marcel Proust est un enfant de santé fragile et toute sa vie il a des difficultés respiratoires graves causées par l’asthme. Très jeune, il fréquente des salons aristocratiques où il rencontre artistes et écrivains, ce qui lui vaut une réputation de dilettante mondain. Profitant de sa fortune, il n’a pas d’emploi et il entreprend en 1895 un roman qui reste à l’état de fragments (publiés en 1952, à titre posthume, sous le titre Jean Santeuil). En 1900, il abandonne son projet et voyage à Venise et à Padoue pour découvrir les œuvres d’art en suivant les pas de John Ruskin sur qui il publie des articles et dont il traduit deux livres : La Bible d’Amiens et Sésame et les Lys. C’est en 1907 que Marcel Proust commence l’écriture de son grand œuvre À la recherche du temps perdu dont les sept tomes sont publiés entre 1913 (Du côté de chez Swann) et 1927, c’est-à-dire en partie après sa mort ; le deuxième volume, À l’ombre des jeunes filles en fleurs, obtient le prix Goncourt en 1919. Marcel Proust meurt épuisé, le 18 novembre 1922, d’une bronchite mal soignée : il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris, accompagné par une assistance nombreuse qui salue un écrivain d’importance que les générations suivantes placeront au plus haut en faisant de lui un véritable mythe littéraire. L’œuvre romanesque de Marcel Proust est une réflexion majeure sur le temps et la mémoire affective comme sur les fonctions de l’art qui doit proposer ses propres mondes, mais c’est aussi une réflexion sur l’amour et la jalousie, avec un sentiment de l’échec et du vide de l’existence qui colore en gris la vision proustienne où l’homosexualité tient une place importante. La Recherche constitue également une vaste comédie humaine de plus de deux cents acteurs. Proust recrée des lieux révélateurs, qu’il s’agisse des lieux de l’enfance dans la maison de Tante Léonie à Combray ou des salons parisiens qui opposent les milieux aristocratiques et bourgeois, ces mondes étant traités parfois avec une plume acide par un auteur à la fois fasciné et ironique. Ce théâtre social est animé par des personnages très divers dont Marcel Proust ne cache pas les traits comiques : ces figures sont souvent inspirées par des personnes réelles ce qui fait d’À la recherche du temps perdu un roman à clé et le tableau d’une époque. La marque de Proust est aussi dans son style dont on remarque les phrases souvent très longues, qui suivent la spirale de la création en train de se faire, cherchant à atteindre une totalité de la réalité qui échappe toujours. Biographie Enfance Marcel Proust naît à Paris (quartier d’Auteuil dans le 16e arrondissement), dans la maison de son grand-oncle maternel, Louis Weil, au 96, rue La Fontaine. Cette maison fut vendue puis détruite pour construire des immeubles, eux-mêmes démolis lors du percement de l’avenue Mozart. Sa mère, née Jeanne Clémence Weil, fille d’un agent de change d’origine juive alsacienne et lorraine de Metz, lui apporte une culture riche et profonde. Elle lui voue une affection parfois envahissante. Son père, le Dr Adrien Proust, fils d’un commerçant d’Illiers (en Eure-et-Loir), professeur à la Faculté de médecine de Paris après avoir commencé ses études au séminaire, est un grand hygiéniste, conseiller du gouvernement pour la lutte contre les épidémies. Marcel a un frère cadet, Robert, né le 24 mai 1873, qui devient chirurgien. Son parrain est le collectionneur d’art Eugène Mutiaux. Sa vie durant, Marcel a attribué sa santé fragile aux privations subies par sa mère au cours de sa grossesse, pendant le siège de 1870, puis pendant la Commune de Paris,. C’est pour se protéger des troubles entraînés par la Commune et sa répression que ses parents ont cherché refuge à Auteuil. L’accouchement est difficile, mais les soins paternels sauvent le nouveau-né. « Peu avant la naissance de Marcel Proust, pendant la Commune, le docteur Proust avait été blessé par la balle d’un insurgé, tandis qu’il rentrait de l’hôpital de la Charité. Madame Proust, enceinte, se remit difficilement de l’émotion qu’elle avait éprouvée en apprenant le danger auquel venait d’échapper son mari. L’enfant qu’elle mit au monde bientôt après naquit si débile que son père craignit qu’il ne fût point viable. On l’entoura de soins ; il donna les signes d’une intelligence et d’une sensibilité précoces, mais sa santé demeura délicate. » Bien que réunissant les conditions pour faire partie de deux religions, fils d’un père catholique et d’une mère juive, lui-même baptisé à l’église Saint-Louis-d’Antin à Paris, Marcel Proust a revendiqué son droit de ne pas se définir lui-même par rapport à une religion. Dreyfusard convaincu, il fut sensible à l’antisémitisme prégnant de son époque, et subit lui-même les assauts antisémites de certaines plumes célèbres. Sa santé est fragile et le printemps devient pour lui la plus pénible des saisons. Les pollens libérés par les fleurs dans les premiers beaux jours provoquent chez lui de violentes crises d’asthme. À neuf ans, alors qu’il rentre d’une promenade au Bois de Boulogne avec ses parents, il étouffe, sa respiration ne revient pas. Son père le voit mourir. Un ultime sursaut le sauve. Voilà maintenant la menace qui plane sur l’enfant, et sur l’homme plus tard : la mort peut le saisir dès le retour du printemps, à la fin d’une promenade, n’importe quand, si une crise d’asthme est trop forte. Années de jeunesse Il est au début élève d’un petit cours primaire, le cours Pape-Carpantier, où il a pour condisciple Jacques Bizet, le fils du compositeur Georges Bizet et de son épouse Geneviève Halévy. Celle-ci tient d’abord un salon chez son oncle, où se réunissent des artistes, puis, lorsqu’elle se remarie en 1886 avec l’avocat Émile Straus, tient son propre salon, dont Proust sera un habitué. Marcel Proust étudie ensuite à partir de 1882 au lycée Condorcet. Il redouble sa cinquième et est inscrit au tableau d’honneur pour la première fois en décembre 1884. Il est souvent absent à cause de sa santé fragile, mais il connaît déjà Victor Hugo et Musset par cœur, comme dans Jean Santeuil. Il est l’élève en philosophie d’Alphonse Darlu, et il se lie d’une amitié exaltée à l’adolescence avec Jacques Bizet. Il est aussi ami avec Fernand Gregh, Jacques Baignères et Daniel Halévy (le cousin de Jacques Bizet), avec qui il écrit dans des revues littéraires du lycée. Le premier amour d’enfance et d’adolescence de l’écrivain est Marie de Benardaky, fille d’un diplomate polonais, sujet de l’empire russe, avec qui il joue dans les jardins des Champs Élysées, le jeudi après-midi, avec Antoinette et Lucie Félix-Faure Goyau, filles du futur président de la République, Léon Brunschvicg, Paul Bénazet ou Maurice Herbette. Il cessa de voir Marie de Benardaky en 1887, les premiers élans pour aimer ou se faire aimer par quelqu’un d’autre que sa mère avaient donc échoué. C’est la première « jeune fille », de celles qu’il a tenté de retrouver plus tard, qu’il a perdue. Les premières tentatives littéraires de Proust datent des dernières années du lycée. Plus tard, en 1892, Gregh fonde une petite revue, avec ses anciens condisciples de Condorcet, Le Banquet, dont Proust est le contributeur le plus assidu. Commence alors sa réputation de snobisme, car il est introduit dans plusieurs salons parisiens et entame son ascension mondaine. Il est ami un peu plus tard avec Lucien Daudet, fils du romancier Alphonse Daudet, qui a six ans de moins que lui. L’adolescent est fasciné par le futur écrivain. Ils se sont rencontrés au cours de l’année 1895. Leur liaison, au moins sentimentale, est révélée par le journal de Jean Lorrain. Proust devance l’appel sous les drapeaux et accomplit son service militaire en 1889-1890 à Orléans, au 76e régiment d’infanterie, et en garde un souvenir heureux. Il devient ami avec Robert de Billy. C’est à cette époque qu’il fait connaissance à Paris de Gaston Arman de Caillavet, qui devient un ami proche, et de la fiancée de celui-ci, Jeanne Pouquet, dont il est amoureux. Il s’inspire de ces relations pour les personnages de Robert de Saint-Loup et de Gilberte Il est aussi introduit au salon de Madame Arman de Caillavet à qui il reste attaché, jusqu’à la fin et qui lui fait connaître le premier écrivain célèbre de sa vie, Anatole France (modèle de Bergotte). Rendu à la vie civile, il suit à l’École libre des sciences politiques les cours d’Albert Sorel (qui le juge « fort intelligent » lors de son oral de sortie) et d’Anatole Leroy-Beaulieu. Il propose à son père de passer les concours diplomatiques ou celui de l’École des chartes. Plutôt attiré par la seconde solution, il écrit au bibliothécaire du Sénat, Charles Grandjean, et décide dans un premier temps de s’inscrire en licence à la Sorbonne, où il suit les cours d’Henri Bergson, son cousin par alliance, au mariage duquel il est garçon d’honneur et dont l’influence sur son œuvre a été parfois jugée importante, ce dont Proust s’est toujours défendu. Marcel Proust est licencié ès lettres en mars 1895. En 1896, il publie Les Plaisirs et les Jours, un recueil de poèmes en prose, portraits et nouvelles dans un style fin de siècle, illustré par Madeleine Lemaire, dont Proust fréquente le salon avec son ami le compositeur Reynaldo Hahn. Il a fait connaissance chez Mme Lemaire de Reynaldo Hahn, élève de Jules Massenet, qui vient chanter ses Chansons grises au printemps 1894. Proust, qui a vingt-trois ans, et Reynaldo Hahn, qui vient d’avoir vingt ans, passent une partie de l’été 1894 au château de Réveillon chez Mme Lemaire. Le livre passe à peu près inaperçu et la critique l’accueille avec sévérité—notamment l’écrivain Jean Lorrain, réputé pour la férocité de ses jugements. Il en dit tant de mal qu’il se retrouve au petit matin sur un pré, un pistolet à la main. Face à lui, également un pistolet à la main, Marcel Proust, avec pour témoin le peintre Jean Béraud. Tout se termine sans blessures, mais non sans tristesse pour l’auteur débutant. Ce livre vaut à Proust une réputation de mondain dilettante qui ne se dissipe qu’après la publication des premiers tomes d’À la recherche du temps perdu. Rédaction de Jean Santeuil La fortune familiale lui assure une existence facile et lui permet de fréquenter les salons du milieu grand bourgeois et de l’aristocratie du Faubourg Saint-Germain et du Faubourg Saint-Honoré. Il y fait la connaissance du fameux Robert de Montesquiou, grâce auquel il est introduit entre 1894 et le début des années 1900 dans des salons plus aristocratiques, comme celui de la comtesse Greffulhe, cousine du poète et belle-mère de son ami Armand de Gramont, duc de Guiche, de Lady Hélène Standish, née de Pérusse des Cars, de la princesse de Wagram, née Rothschild, de la comtesse d’Haussonville, etc. Il y accumule le matériau nécessaire à la construction de son œuvre : une conscience plongée en elle-même, qui recueille tout ce que le temps vécu y a laissé intact, et se met à reconstruire, à donner vie à ce qui fut ébauches et signes. Lent et patient travail de déchiffrage, comme s’il fallait en tirer le plan nécessaire et unique d’un genre qui n’a pas de précédent, qui n’aura pas de descendance : celui d’une cathédrale du temps. Pourtant, rien du gothique répétitif dans cette recherche, rien de pesant, de roman– rien du roman non plus, pas d’intrigue, d’exposition, de nœud, de dénouement. Le 29 juin 1895, il passe le concours de bibliothécaire à la Mazarine, il y fait quelques apparitions pendant les quatre mois qui suivent et demande finalement son congé. En juillet, il passe des vacances à Kreuznach, ville d’eau allemande, avec sa mère, puis une quinzaine de jours à Saint-Germain-en-Laye, où il écrit une nouvelle, « La Mort de Baldassare Silvande », publiée dans La Revue hebdomadaire, le 29 octobre suivant et dédicacée à Reynaldo Hahn. Il passe une partie de mois d’août avec Reynaldo Hahn chez Mme Lemaire dans sa villa de Dieppe. Ensuite, en septembre, les deux amis partirent pour Belle-Île-en-Mer et Beg Meil. C’est l’occasion de découvrir les paysages décrits par Renan. Il rentre à Paris mi-octobre. C’est à partir de l’été 1895 qu’il entreprend la rédaction d’un roman qui relate la vie d’un jeune homme épris de littérature dans le Paris mondain de la fin du XIXe siècle. On y retrouve l’évocation du séjour à Réveillon qu’il fait à l’automne, encore chez Mme Lemaire, dans son autre propriété. Publié en 1952, ce livre, intitulé, après la mort de l’auteur, Jean Santeuil, du nom du personnage principal, est resté à l’état de fragments mis au net. L’influence de son homosexualité sur son œuvre semble pour sa part importante, puisque Marcel Proust fut l’un des premiers romanciers européens à traiter ouvertement de l’homosexualité (masculine et féminine) dans ses écrits, plus tard. Pour l’instant, il n’en fait aucunement part à ses intimes, même si sa première liaison (avec Reynaldo Hahn) date de cette époque. Léon Daudet décrit Proust arrivant au restaurant Weber vers 1905 : « Vers sept heures et demie arrivait chez Weber un jeune homme pâle, aux yeux de biche, suçant ou tripotant une moitié de sa moustache brune et tombante, entouré de lainages comme un bibelot chinois. Il demandait une grappe de raisin, un verre d’eau et déclarait qu’il venait de se lever, qu’il avait la grippe, qu’il s’allait recoucher, que le bruit lui faisait mal, jetait autour de lui des regards inquiets, puis moqueurs, en fin de compte éclatait d’un rire enchanté et restait. Bientôt sortaient de ses lèvres, proférées sur un ton hésitant et hâtif, des remarques d’une extraordinaire nouveauté et des aperçus d’une finesse diabolique. Ses images imprévues voletaient à la cime des choses et des gens, ainsi qu’une musique supérieure, comme on raconte qu’il arrivait à la taverne du Globe, entre les compagnons du divin Shakespeare. Il tenait de Mercutio et de Puck, suivant plusieurs pensées à la fois, agile à s’excuser d’être aimable, rongé de scrupules ironiques, naturellement complexe, frémissant et soyeux ». L’esthétique de Ruskin Vers 1900, il abandonne la rédaction de ce roman qui nous est parvenu sous forme de fragments manuscrits découverts et édités dans les années 1950 par Bernard de Fallois. Il se tourne alors vers l’esthète anglais John Ruskin, que son ami Robert de Billy, diplomate en poste à Londres de 1896 à 1899, lui fait découvrir. Ruskin ayant interdit qu’on traduise son œuvre de son vivant, Proust le découvre dans le texte, et au travers d’articles et d’ouvrages qui lui sont consacrés, comme celui de Robert de La Sizeranne, Ruskin et la religion de la beauté. À la mort de Ruskin, en 1900, Proust décide de le traduire. À cette fin, il entreprend plusieurs « pèlerinages ruskiniens », dans le nord de la France, à Amiens, et surtout à Venise, où il séjourne avec sa mère, en mai 1900, à l’hôtel Danieli, où séjournèrent autrefois Musset et George Sand. Il retrouve Reynaldo Hahn et sa cousine Marie Nordlinger qui demeurent non loin, et ils visitent Padoue, où Proust découvre les fresques de Giotto, Les Vertus et les Vices qu’il introduit dans La Recherche. Pendant ce temps, ses premiers articles sur Ruskin paraissent dans La Gazette des Beaux Arts. Cet épisode est repris dans Albertine disparue. Les parents de Marcel jouent d’ailleurs un rôle déterminant dans le travail de traduction. Le père l’accepte comme un moyen de mettre à un travail sérieux un fils qui se révèle depuis toujours rebelle à toute fonction sociale et qui vient de donner sa démission d’employé non rémunéré de la bibliothèque Mazarine. La mère joue un rôle beaucoup plus direct. Marcel Proust maîtrisant mal l’anglais elle se livre à une première traduction mot à mot du texte anglais ; à partir de ce déchiffrage, Proust peut alors « écrire en excellent français, du Ruskin », comme le nota un critique à la parution de sa première traduction, La Bible d’Amiens (1904). À l’automne 1900, la famille Proust emménage au 45, rue de Courcelles. C’est à cette époque que Proust fait la connaissance du prince Antoine Bibesco chez sa mère, la princesse Hélène, qui tient un salon où elle invite surtout des musiciens (dont Fauré qui est si important pour la Sonate de Vinteuil, même si c’est finalement la Sonate pour violon et piano no 2 de Brahms qui aura pu servir de modèle à la petite phrase) et des peintres. Les deux jeunes gens se retrouvent après le service militaire dans la Roumanie du prince, en automne 1901. Antoine Bibesco devient un confident intime de Proust, jusqu’à la fin de sa vie, tandis que l’écrivain voyage avec son frère Emmanuel Bibesco, qui aime aussi Ruskin et les cathédrales gothiques. Proust continue encore ses pèlerinages ruskiniens en visitant notamment la Belgique et la Hollande en 1902 avec Bertrand de Fénelon (autre modèle de Saint-Loup) qu’il a connu par l’intermédiaire d’Antoine Bibesco et pour qui il éprouve un attachement qu’il ne peut avouer. Le départ du fils cadet, Robert, qui se marie en 1903, transforme la vie quotidienne de la famille. L’écriture de La Recherche La première phrase de l’œuvre est posée en 1907. Pendant quinze années, Proust vit en reclus dans sa chambre tapissée de liège, au deuxième étage du 102, boulevard Haussmann, où il a emménagé le 27 décembre 1906 après la mort de ses parents, et qu’il quittera en 1919. Portes fermées, Proust écrit, ne cesse de modifier et de retrancher, d’ajouter en collant sur les pages initiales les « paperolles » que l’imprimeur redoute. Plus de deux cents personnages vivent sous sa plume, couvrant quatre générations. Après la mort de ses parents, sa santé déjà fragile se détériore davantage en raison de son asthme. Il s’épuise au travail, dort le jour et ne sort—rarement—que la nuit tombée et dînant souvent au Ritz, seul ou avec des amis. Son œuvre principale, À la recherche du temps perdu, est publiée entre 1913 et 1927. Le premier tome, Du côté de chez Swann (1913), est refusé chez Gallimard sur les conseils d’André Gide, malgré les efforts du prince Antoine Bibesco et de l’écrivain Louis de Robert. Gide exprime ses regrets par la suite. Finalement, le livre est édité à compte d’auteur chez Grasset. L’année suivante, le 30 mai, Proust perd son secrétaire et ami, Alfred Agostinelli, dans un accident d’avion. Ce deuil, surmonté par l’écriture, traverse certaines des pages de La Recherche. Les éditions Gallimard acceptent le deuxième volume, À l’ombre des jeunes filles en fleurs, pour lequel Proust reçoit en 1919 le prix Goncourt. C’est l’époque où il songe à entrer à l’Académie française, où il a des amis ou soutiens tels que Robert de Flers, René Boylesve, Maurice Barrès, Henri de Régnier... Il ne lui reste plus que trois années à vivre. Il travaille sans relâche à l’écriture des cinq livres suivants de La Recherche et meurt, épuisé, le 18 novembre 1922, emporté par une bronchite mal soignée. Il demeurait au 44, rue de l’Amiral-Hamelin à Paris. Une photographie, prise par Man Ray à la demande de Jean Cocteau, montre Marcel Proust sur son lit de mort, le 20 novembre. Les funérailles ont lieu le lendemain, 21 novembre, en l’église Saint-Pierre-de-Chaillot, avec les honneurs militaires dus à un chevalier de la Légion d’honneur. L’assistance est nombreuse. Barrès dit à Mauriac sur le parvis de l’église : « Enfin, c’était notre jeune homme ! » Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris, division 85. Les œuvres Les Plaisirs et les Jours Les Plaisirs et les Jours est un recueil de poèmes en prose et de nouvelles publié par Marcel Proust en 1896 chez Calmann-Lévy. Ce recueil s’inspire fortement du décadentisme et notamment du travail du dandy Robert de Montesquiou. Il s’agit du premier ouvrage de son auteur, qui cherchera à en éviter la réimpression pendant la rédaction de La Recherche. Jean Santeuil En 1895, Proust entreprend l’écriture d’un roman mettant en scène un jeune homme qui évolue dans le Paris de la fin du XIXe siècle. Considéré comme une ébauche de La Recherche, Jean Santeuil ne constitue pas un ensemble achevé. Proust y évoque notamment l’affaire Dreyfus, dont il fut l’un des témoins directs. Il est l’un des premiers à faire circuler une pétition favorable au capitaine français accusé de trahison et à la faire signer par Anatole France. Les traductions de Ruskin La Bible d’Amiens (Wikisource) Sésame et les lys (Wikisource)Proust traduit La Bible d’Amiens (1904), de John Ruskin, et ce travail, ainsi que sa deuxième traduction, Sésame et les Lys (1906), est salué par la critique, dont Henri Bergson. Cependant, le choix des œuvres traduites ne se révèle pas heureux et l’ensemble est un échec éditorial. C’est pourtant pour le futur écrivain un moment charnière où s’affirme sa personnalité. En effet, il accompagne ses traductions de notes abondantes et de préfaces longues et riches qui occupent une place presque aussi importante que le texte traduit. Surtout, en traduisant Ruskin, Proust prend peu à peu ses distances avec celui-ci, au point de critiquer ses positions esthétiques. Cela est particulièrement perceptible dans le dernier chapitre de sa préface à La Bible d’Amiens qui tranche avec l’admiration qu’il exprime dans les trois premiers. Il reproche notamment à Ruskin son idolâtrie esthétique, critique qu’il adressa également à Robert de Montesquiou et qu’il fit partager par Swann et dans la Recherche. Pour Proust, c’est dévoyer l’art que d’aimer une œuvre parce que tel écrivain en parle ; il faut l’aimer pour elle-même. Contre Sainte-Beuve Le Contre Sainte-Beuve n’existe pas réellement : il s’agit d’un ensemble de pages, publiées à titre posthume en 1954 sous la forme d’un recueil associant des courts passages narratifs et de brefs essais (ou esquisses d’essais) consacrés aux écrivains que Proust admirait tout en les critiquant : Balzac, Flaubert, etc. Il y attaque Charles-Augustin Sainte-Beuve et sa méthode critique selon laquelle l’œuvre d’un écrivain serait avant tout le reflet de sa vie et ne pourrait s’expliquer que par elle. En s’y opposant, Proust fonde sa propre poétique ; on peut considérer À la recherche du temps perdu comme une réalisation des idées exposées dans ces pages, dont certaines sont reprises par le narrateur proustien dans Le Temps Retrouvé, ou attribuées à des personnages ; d’autre part, nombre de passages narratifs ont été développés dans le roman. Pastiches et Mélanges Pastiches et Mélanges est une œuvre que Proust publie en 1919 à la NRF. Il s’agit d’un recueil de préfaces et d’articles de presse parus principalement dans Le Figaro à partir de 1908, rassemblés en un volume à la demande de Gaston Gallimard. Un extrait de cette oeuvre “ Journées de Lecture ”, préface à la traduction de Sésame et les lys de Ruskin, a été publié notamment chez 10-18, 1993 (ISBN 2-2640 1811-9), Gallimard, 2017 (ISBN 978-2-0727-0534-2) et Publie.net. À la recherche du temps perdu Des critiques[Qui ?] ont écrit que le roman moderne commençait avec Marcel Proust. En rompant avec la notion d’intrigue, l’écrivain devient celui qui cherche à rendre la vérité de l’âme. La composition de La Recherche en témoigne : les thèmes tournent selon un plan musical et un jeu de correspondances qui s’apparentent à la poésie. Proust voulait saisir la vie en mouvement, sans autre ordre que celui des fluctuations de la mémoire affective. Il laisse des portraits uniques, des lieux recréés, une réflexion sur l’amour et la jalousie, une image de la vie, du vide de l’existence, et de l’art. Son style écrit évoque son style parlé, caractérisé par une phrase parfois longue, « étourdissante dans ses parenthèses qui la soutenaient en l’air comme des ballons, vertigineuse par sa longueur, (...) vous engaînait dans un réseau d’incidentes si emmêlées qu’on se serait laissé engourdir par sa musique, si l’on n’avait été sollicité soudain par quelque pensée d’une profondeur inouïe », mais selon « un rythme d’une infinie souplesse. Il le varie au moyen de phrases courtes, car l’idée populaire que la prose de Proust n’est composée que de phrases longues est fausse (comme si d’ailleurs les phrases longues étaient un vice) ». « Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y ait d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini et qui, bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont il émanait, qu’il s’appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoient encore leur rayon spécial. « Ce travail de l’artiste, de chercher à apercevoir sous de la matière, sous de l’expérience, sous des mots, quelque chose de différent, c’est exactement le travail inverse de celui que, chaque minute, quand nous vivons détournés de nous-mêmes, l’amour-propre, la passion, l’intelligence, et l’habitude aussi accomplissent en nous, quand elles amassent au-dessus de nos impressions vraies, pour nous les cacher entièrement, les nomenclatures, les buts pratiques que nous appelons faussement la vie ». (Le Temps retrouvé) L’œuvre de Marcel Proust est aussi une réflexion majeure sur le temps. La « Recherche du Temps Perdu » permet de s’interroger sur l’existence même du temps, sur sa relativité et sur l’incapacité à le saisir au présent. Une vie s’écoule sans que l’individu en ait conscience et seul un événement fortuit constitué par une sensation—goûter une madeleine, buter sur un pavé—fait surgir à la conscience le passé dans son ensemble et comprendre que seul le temps écoulé, perdu, a une valeur (notion de « réminiscence proustienne »). Le temps n’existe ni au présent, ni au futur, mais au seul passé, dont la prise de conscience est proche de la mort. La descente de l’escalier de Guermantes au cours de laquelle le Narrateur ne reconnaît pas immédiatement les êtres qui ont été les compagnons de sa vie symbolise l’impossibilité qu’il y a à voir le temps passer en soi comme sur les autres. On garde toute sa vie l’image des êtres tels qu’ils nous sont apparus le premier jour et la prise de conscience de la dégradation opérée par le temps sur leur visage nous les rend méconnaissables jusqu’à ce que les ayant reconnus l’individu prenne conscience de sa mort prochaine. Seule la conscience du temps passé donne son unité au quotidien fragmenté. L’analyse du snobisme et de la société aristocratique et bourgeoise de son temps fait de l’œuvre de Proust une interrogation majeure des mobiles sociaux de l’individu et de son rapport aux autres, instruments de l’ascension sociale. Comme Honoré de Balzac, Marcel Proust a su créer un monde imaginaire, peuplé de personnages devenus aujourd’hui des types sociaux ou moraux. Comme le Père Goriot, Eugénie Grandet, la Duchesse de Langeais ou Vautrin chez Balzac, Madame Verdurin, la duchesse de Guermantes, Charlus ou Charles Swann sont, chez Proust, des personnages en lesquels s’incarne une caractéristique particulière : ambition, désintéressement, suprématie mondaine, veulerie,,. L’amour et la jalousie sont analysés sous un jour nouveau. L’amour n’existe chez Swann, ou chez le Narrateur, qu’au travers de la jalousie. La jalousie, ou le simple fait de ne pas être l’élu, génèrerait l’amour, qui une fois existant, se nourrirait non de la plénitude de sa réalisation, mais de l’absence. Swann n’épouse Odette de Crécy que lorsqu’il ne l’aime plus. Le Narrateur n’a jamais autant aimé Albertine que lorsqu’elle a disparu (voir Albertine disparue). On n’aime que ce en quoi on poursuit quelque chose d’inaccessible, on n’aime que ce qu’on ne possède pas, écrit par exemple Proust dans La Prisonnière. Cette théorie développée dans l’œuvre reflète exactement la pensée de Proust, comme l’illustre la célèbre rencontre entre l’écrivain et le jeune Emmanuel Berl, rencontre que ce dernier décrira dans son roman Sylvia (1952). Lorsque Berl lui fait part de l’amour partagé qu’il éprouve pour une jeune femme, Proust dit sa crainte que Sylvia ne s’interpose entre Berl et son amour pour elle, puis devant l’incompréhension de Berl, qui maintient qu’il peut exister un amour heureux, se fâche et renvoie le jeune homme chez lui. La Recherche réserve une place importante à l’analyse de l’homosexualité, en particulier dans Sodome et Gomorrhe où apparaît sous son vrai jour le personnage de Charlus. Enfin, l’œuvre se distingue par son humour et son sens de la métaphore. Humour, par exemple, lorsque le Narrateur reproduit le style lyrique du valet Joseph Périgot ou les fautes de langage du directeur de l’hôtel de Balbec, qui dit un mot pour un autre (« le ciel est parcheminé d’étoiles », au lieu de « parsemé »). Sens de la métaphore, lorsque le Narrateur compare le rabâchage de sa gouvernante, Françoise, une femme d’extraction paysanne qui a tendance à revenir régulièrement sur les mêmes sujets, au retour systématique du thème d’une fugue de Bach. Anecdotes Surnoms et pseudonymes La mère de Proust lui donnait, enfant, des surnoms affectueux, tels « mon petit jaunet » (un jaunet est un louis d’or ou un franc Napoléon en or), « mon petit serin », « mon petit benêt » ou « mon petit nigaud ». Dans ses lettres, son fils était « loup » ou « mon pauvre loup ». Ses amis et relations lui attribuaient d’autres sobriquets, plus ou moins amicaux, tels que « Poney », « Lecram » (anacyclique de Marcel), l’« Abeille des fleurs héraldiques », le « Flagorneur » ou le « Saturnien », et ils utilisaient le verbe « proustifier » pour qualifier sa manière d’écrire. Dans les salons, il était « Popelin Cadet », et ses dîners mémorables dans le grand hôtel parisien lui ont valu l’appellation de « Proust du Ritz ». Le romancier Paul Bourget affubla Proust d’un sobriquet faisant référence à son goût pour les porcelaines de Saxe. Il écrivit à la demi-mondaine Laure Hayman, amie des deux écrivains : « (...) votre saxe psychologique, ce petit Marcel (...) tout simplement exquis ». Laure Hayman avait donné à Marcel Proust un exemplaire de la nouvelle de Paul Bourget Gladys Harvey relié dans la soie d’un de ses jupons. Laure était le modèle supposé du personnage créé par Bourget, et avait écrit sur l’exemplaire offert à Proust une mise en garde : « Ne rencontrez jamais une Gladys Harvey ». Dans ses écrits, Proust a souvent employé des pseudonymes. Ses publications dans la presse sont signées Bernard d’Algouvres, Dominique, Horatio, Marc-Antoine, Écho, Laurence ou simplement D. Illiers-Combray Le village d’Illiers, en Eure-et-Loir, inspira à Proust le lieu fictif de Combray. À l’occasion du centenaire de sa naissance, en 1971, ce village d’Illiers où, enfant, le « petit Marcel » venait passer ses vacances chez sa tante Élisabeth Amiot, lui rendit hommage en changeant de nom pour devenir Illiers-Combray. C’est l’une des rares communes françaises à avoir adopté un nom emprunté à la littérature. La « maison de Tante Léonie », où Proust passa ses vacances d’enfance entre 1877 et 1880, est devenue le Musée Marcel Proust. Un timbre français de 0.30 + 0.10 de 1966 représente Marcel Proust avec le pont Saint-Hilaire à Illiers. Le questionnaire L’écrivain est également connu pour le Questionnaire de Proust (1886), en réalité un simple questionnaire de personnalité auquel il répondit par hasard dans son adolescence, et qui donna à Bernard Pivot l’idée d’élaborer le sien. Quelques réponses sont restées historiques, par exemple, à l’interrogation « Comment aimeriez-vous mourir ? », la réplique : « J’aimerais mieux pas. » Quelques années après son apparition chez Bernard Pivot, le questionnaire traversa l’Atlantique pour se retrouver dans l’émission télévisée Actors’ Studio, où James Lipton interviewe les stars du grand écran. Postérité Avec le temps, Proust s’impose comme l’un des auteurs majeurs du XXe siècle et est considéré dans le monde comme l’un des écrivains, voire l’écrivain le plus représentatif de la littérature française, au même titre que le sont Shakespeare, Cervantes, Dante et Goethe dans leurs pays respectifs, et est identifié à l’essence de ce qu’est la « littérature ». Il s’est écrit davantage de livres sur lui que sur tout autre écrivain français. Publications Ouvrages antérieurs à La Recherche Publiés par ProustLes Plaisirs et les Jours, Calmann-Lévy, 1896 La Bible d’Amiens, préface, traduction et notes de l’ouvrage de John Ruskin The Bible of Amiens, Mercure de France, 1904 Sésame et les lys, traduction de l’ouvrage de John Ruskin Sesame and Lilies, Mercure de France, 1906Ces deux ouvrages de Ruskin ont été réunis dans une édition critique établie par Jérôme Bastianelli, collection Bouquins, Robert Laffont, 2015 Pastiches et Mélanges, NRF, 1919Éditions posthumes Chroniques, 1927 Jean Santeuil, 1952 Contre Sainte-Beuve, 1954 Le chagrin de la marquise, 1961 Chardin et Rembrandt, Le Bruit du temps, 2009 Le Mensuel retrouvé, précédé de « Marcel avant Proust » de Jérôme Prieur (sous-titré Inédits), éditions des Busclats, novembre 2012 Mort de ma grand-mère, suivie d’une conclusion de Bernard Frank (écrivain). Grenoble, Éditions Cent Pages, 2013 (ISBN 978-2-9163-9041-3) À la recherche du temps perdu Éditions originalesDu côté de chez Swann, Grasset, 1913 Partie 1 : Combray Partie 2 : Un amour de Swann Partie 3 : Noms de pays : le nom À l’ombre des jeunes filles en fleurs, NRF, 1918, prix Goncourt Partie 1 : Autour de Mme Swann Partie 2 : Noms de pays : le pays Le Côté de Guermantes I et II, NRF, 1921-1922 Sodome et Gomorrhe I et II, NRF, 1922-1923 La Prisonnière, NRF, 1923 Albertine disparue (La Fugitive), 1925 Le Temps retrouvé, NRF, 1927Éditions diversesA la recherche du temps perdu : L’essentiel lu par Daniel Mesguich aux éditions Frémeaux & Associés Du côté de chez Swann Vol.1– Coffret 4 CD A l’ombre des jeunes filles en fleurs Vol. 2– Coffret 4 CD Le Côté de Guermantes Vol. 3– Coffret 4 CD Sodome et Gomorrhe Vol. 4– Coffret 4 CD Gallimard : Les quatre versions chez Gallimard utilisent toutes le même texte : Pléiade : édition en 4 volumes, avec notes et variantes Folio : édition en 7 volumes, poche Collection blanche : édition en 7 volumes, grand format Quarto : édition en 1 volume, grand format Garnier-Flammarion : édition en 10 volumes, poche Livre de Poche : édition en 7 volumes, poche Bouquins, Robert Laffont : édition en 3 volumes, grand format Omnibus, Presses de la Cité : édition en 2 volumes, grand format Intégrale, lue par André Dussollier, Guillaume Gallienne, Michael Lonsdale, Denis Podalydès, Robin Renucci et Lambert Wilson aux éditions Thélème Texte intégral de l’édition Gallimard de 1946-1947 en ligne sur Gutenberg Le manuscrit retrouvé d’À la recherche du temps perdu, Éditions des Saints-Pères, 2016 Correspondance Plusieurs volumes posthumes, publiés à partir de 1926. Robert de Billy, Marcel Proust, Lettres et conversations, Paris, Éditions des Portiques, 1930 Une première édition en 6 tomes (classée par correspondants), publiée par Robert Proust et Paul Brach : Correspondance générale (1930-1936). Une grande édition de référence en 21 tomes, où les lettres des volumes précédents sont reprises, augmentées, dotées d’une annotation universitaire et classées chronologiquement par Philip Kolb : Correspondance (Plon, 1971-1993). Une édition anthologique de l’édition de Philip Kolb, corrigée et présentée par Françoise Leriche, avec de nouvelles lettres inédites : Marcel Proust, Lettres (Plon, 2004). Bibliographie Ouvrages généraux Pierre Abraham, Proust, Rieder, 1930 Pierre Assouline, Autodictionnaire Proust, Omnibus, 2011 Jérôme Bastianelli, Dictionnaire Proust-Ruskin, Classiques Garnier, 2017, (ISBN 978-2-406-06716-0) Samuel Beckett, Proust, essai composé en anglais en 1930, traduit en français par É. Fournier, Les Éditions de Minuit, 1990 Annick Bouillaguet, Brian G. Rogers (dir.), Dictionnaire Marcel Proust, Honoré Champion, coll. « Dictionnaires et références », 2004 Georges Cattaui, Marcel Proust, Proust et son Temps, Proust et le Temps, préface de Daniel-Rops, Julliard, 1953 Pietro Citati, La Colombe poignardée, Proust et la Recherche, Gallimard, 1997 Antoine Compagnon, Proust entre deux siècles, Le Seuil, 1989 Antoine Compagnon et autres, Un été avec Proust, Éd. des Équateurs, 2014 Ernst Robert Curtius, Marcel Proust, Paris, La Revue Nouvelle, 1928 Gilles Deleuze, Proust et les signes, PUF, 1970 Ghislain de Diesbach, Proust, Perrin, 1991 Roger Duchêne, L’Impossible Marcel Proust, Robert Laffont, 1994 Jean-Paul et Raphaël Enthoven, Dictionnaire amoureux de Marcel Proust, Plon/Grasset, 2013 Michel Erman, Marcel Proust, Fayard, 1994 Ramon Fernandez, À la gloire de Proust, Éditions de La Nouvelle Revue Critique, 1943 rééd. Grasset sous le titre Proust, 2009 (ISBN 9782246075226). Luc Fraisse, L’Éclectisme philosophique de Marcel Proust, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, coll. Lettres françaises, 2013. Laure Hillerin, Proust pour Rire– Bréviaire jubilatoire de À la recherche du temps perdu, Flammarion, 2016. Edmond Jaloux, Avec Marcel Proust, La Palatine, Genève, 1953 Julia Kristeva, Le Temps sensible : Proust et l’expérience littéraire, Folio Essai, 2000 Giovanni Macchia, L’Ange de la Nuit (Sur Proust), Gallimard, 1993 Diane de Margerie, Proust et l’obscur, Albin Michel, 2010 Diane de Margerie, À la recherche de Robert Proust, Flammarion, 2016 Claude Mauriac, Proust par lui-même, coll. « Écrivains de toujours », Seuil, 1953 François Mauriac, Du côté de chez Proust, La Table ronde, 1947 André Maurois, À la recherche de Marcel Proust, Hachette, 1949, étude et biographie littéraire. Ouvrage collectif, Proust, Hachette (coll. « Génies et réalités »), c1965, 1972 George D. Painter, Marcel Proust, 2 vol., Mercure de France, 1966-1968, traduit de l’anglais et préfacé par Georges Cattaui ; édition revue, en un volume, corrigée et augmentée d’une nouvelle préface de l’auteur, Mercure de France, 1992 Gaëtan Picon, Lecture de Marcel Proust, Mercure de France, 1963 Jérôme Picon, Marcel Proust, une vie à s’écrire, Flammarion, 2016 Léon Pierre-Quint, Marcel Proust, sa vie, son œuvre, Sagittaire, 1946 Jean-François Revel, Sur Proust, Grasset, coll. « Les Cahiers rouges », 1987 Jean-Pierre Richard, Proust et le monde sensible, Seuil, 1974 Ernest Seillière, Marcel Proust, Éditions de La Nouvelle Revue critique, 1931 Anne Simon, Proust ou le réel retrouvé, Paris, PUF, 2000 Jean-Yves Tadié, Marcel Proust, NRF/Biographie, Gallimard, 1996 Jean-Yves Tadié, De Proust à Dumas, Gallimard (coll. « Blanche »), 2006 Edmund White, Marcel Proust, Fides, 2001 Ouvrages iconographiques Georges Cattaui, Proust, documents iconographiques, éditions Pierre Cailler, collection « Visages d’hommes célèbres », 1956, 248 pages illustrées de 175 photos relatives à Marcel Proust. Collectif, Le Monde de Proust vu par Paul Nadar, édition du Centre des monuments nationaux / Éditions du Patrimoine, 1999– (ISBN 9782858223077) Pierre Clarac et André Ferré, Album Proust, Gallimard, collection Albums de la Pléiade, 1965. Eric Karpeles, Le musée imaginaire de Marcel Proust– Tous les tableaux de A la recherche du temps perdu, traduit de l’anglais par Pierre Saint-Jean, Thames and Hudson, 2017 André Maurois, Le Monde de Marcel Proust, Hachette, 1960 Mireille Naturel et Patricia Mante-Proust, Marcel Proust. L’Arche et la Colombe, Michel Lafon, 2012. Jérôme Picon, Marcel Proust, album d’une vie, Textuel, 1999. Henri Raczymow, Le Paris retrouvé de Marcel Proust, Parigramme, 1995. Monographies Céleste Albaret (et Georges Belmont), Monsieur Proust, Robert Laffont, 1973. Jacques Bersani (éd.), Les Critiques de notre temps et Proust, Garnier, 1971. Catherine Bidou-Zachariasen, Proust sociologue. De la maison aristocratique au salon bourgeois, Descartes, 1997. Maurice Blanchot, « L’étonnante patience », chapitre consacré à Marcel Proust dans le Livre à venir, Gallimard, 1959. Brassaï, Marcel Proust sous l’emprise de la photographie, Gallimard, 1997. Étienne Brunet, Le Vocabulaire de Marcel Proust, avec l’Index complet et synoptique de À la recherche du temps perdu, 3 vol., 1918 p., Genève-Paris, Slatkine-Champion, 1983 (préface de J.Y. Tadié). (ISBN 2051004749) (ISBN 9782051004749). Alain Buisine, Proust et ses lettres, Presses Universitaires de Lille, coll. « Objet », 1983. Jean-Yves Tadié, Marcel Proust : La cathédrale du temps, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard/Littératures » (no 381), 1999, rééd. 2017 Philippe Chardin, Proust ou le bonheur du petit personnage qui compare, Honoré Champion, 2006. Philippe Chardin, Originalités proustiennes, Kimé, 2010 Philippe Chardin et Nathalie Mauriac Dyer, Proust écrivain de la Première Guerre mondiale, Dijon, EUD, 2014. Józef Czapski, Proust contre la déchéance : Conférence au camp de Griazowietz, Noir sur blanc, 2004 et 2011. Serge Doubrovsky, La Place de la madeleine, Écriture et fantasme chez Proust, Mercure de France, 1974. Robert Dreyfus, Souvenirs sur Marcel Proust (accompagnés de lettres inédites), Paris, Grasset, 1926. Maurice Duplay, Mon ami Marcel Proust : souvenirs intimes. Cet ouvrage contient notamment une lettre de Marcel Proust à Maurice Duplay, Editions Gallimard, 1972 Clovis Duveau, Proust à Orléans, édité par les Musées d’Orléans, 1998. Michel Erman, Le Bottin proustien. Qui est dans « La Recherche » ?, Paris, La Table Ronde, 2010. Michel Erman, Le Bottin des lieux proustiens, La Table ronde, 2011. Luc Fraisse, L’Œuvre cathédrale. Proust et l’architecture médiévale, José Corti, 1990, 574 pages. Louis Gautier-Vignal, Proust connu et inconnu, Robert Laffont, 1976. Jean-Michel Henny, Marcel Proust à Évian. Étape d’une vocation. Chaman édition, Neuchâtel, 2015. Geneviève Henrot Sostero, Pragmatique de l’anthroponyme dans À la recherche du temps perdu, Paris, Champion, 2011. Anne Henry, La Tentation de Proust, Paris, PUF, 2000, (ISBN 2-13-051075-2) Laure Hillerin, La comtesse Greffulhe. L’ombre des Guermantes, Flammarion, 2014. Philip Kolb, La correspondance de Marcel Proust, chronologie et commentaire critique, University of Illinois Press, 1949 Elisabeth Ladenson, Proust lesbien (préface d’Antoine Compagnon), Ed. EPEL 2004. Luc Lagarde, Proust à l’orée du cinéma, L’âge d’Homme, 2016 Nathalie Mauriac Dyer, Proust inachevé, le dossier Albertine disparue, Honoré Champion, 2005. Marie Miguet-Ollagnier, La Mythologie de Marcel Proust, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Annales littéraires de l’Université de Besançon », 1982, 425 p. (ISBN 2-251-60276-3). Christian Péchenard, Proust à Cabourg ; Proust et son père ; Proust et Céleste, in Proust et les autres, Éditions de la Table ronde, 1999. Léon Pierre-Quint, Comment travaillait Proust, Bibliographie, Les Cahiers Libres, 1928. Georges Poulet, L’Espace proustien, Gallimard, 1963. Jérôme Prieur, Proust fantôme, Gallimard, 2001 et 2006 Jérôme Prieur Marcel avant Proust, suivi de Proust, Le Mensuel retrouvé, éditions des Busclats, 2012 Henri Raczymow, Le Cygne de Proust, Gallimard, coll. L’un et l’autre, 1990. Jean Recanati, Profils juifs de Marcel Proust, Paris, Buchet-Chastel, 1979. Thomas Ravier, Éloge du matricide : Essai sur Proust, Gallimard, coll. « L’Infini », Paris, 2008, 200 p. (ISBN 978-2-07-078443-1) Jacqueline Risset, Une certaine joie. Essai sur Proust, Éditions Hermann, 2009. Jean-Yves Tadié (dir.), Proust et ses amis, Colloque fondation Singer-Polignac, Gallimard, « Les cahiers de la NRF », 2010. Nayla Tamraz, Proust Portrait Peinture, Paris, Orizons, coll. Universités/Domaine littéraire, 2010 Davide Vago, Proust en couleur, coll. « Recherches proustiennes », Honoré Champion, 2012 (ISBN 9782745323927) Stéphane Zagdanski, Le Sexe de Proust, Gallimard, 1994 (ISBN 2070738779) Adaptations Filmographie Céleste, de Percy Adlon, film allemand avec pour personnage principal Céleste Albaret (1981). Le Temps retrouvé, de Raoul Ruiz (1998). Un amour de Swann, de Volker Schlöndorff (1984). La Captive, de Chantal Akerman (2000). À la recherche du temps perdu, téléfilm en deux parties de Nina Companeez (diffusé sur France 2 en février 2011). Divers Suso Cecchi D’Amico et Luchino Visconti : À la recherche du temps perdu, scénario d’après Marcel Proust, Persona, 1984. Harold Pinter : Le Scénario Proust : À la recherche du temps perdu, avec la collaboration de Joseph Losey et Barbara Bray, traduction de l’anglais par Jean Pavans, scénario d’après Marcel Proust, Gallimard, Paris, 2003. Stéphane Heuet : À la recherche du temps perdu, bande dessinée d’après Marcel Proust, 5 vol. parus, Delcourt, Tournai, Belgique, 1998-2008. Alberto Lombardo, L’Air de rien, adaptation théâtrale de À la recherche du temps perdu sur la relation Albertine-Marcel, 1988. À la recherche du temps perdu, version manga, traduit du japonais par Julien Lefebvre-Paquet, Soleil Manga, 2011 (ISBN 2-302-01879-6) Voir aussi Prix Marcel-Proust Prix de la Madeleine d’or L’hôtel littéraire Le Swann a été inauguré le 14 novembre 2013 pour le centenaire de la publication de Du côté de chez Swann, le premier tome d’À la recherche du temps perdu. Il est situé 11-15 rue de Constantinople à Paris, dans le 8e arrondissement. L’ensemble de la décoration rend hommage à Marcel Proust et à son œuvre et un espace d’exposition présente des livres rares et des manuscrits. Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Proust

Paul Claudel

Paul Claudel, né le 6 août 1868 à Villeneuve-sur-Fère dans l’ancien presbytère du village dans l’Aisne et mort le 23 février 1955 à Paris, est un dramaturge, poète, essayiste et diplomate français. Membre de l’Académie française, il est le frère de la sculptrice Camille Claudel. Biographie Jeunesse Paul Louis Charles Claudel est le fils de Louis-Prosper Claudel, un haut fonctionnaire de province, né à La Bresse dans les Vosges, et de Louise Athénaïse Cerveaux. Frère cadet de Louise Claudel, pianiste,[réf. souhaitée] et de la sculptrice Camille Claudel qui réalisa en 1884 son buste « en jeune romain », dont un des quatre exemplaires en bronze réalisés à partir de l’original (fonte Gruet de 1893) est exposé au Musée des Augustins de Toulouse (don baron Alphonse de Rothschild, 1895), il grandit à Villeneuve-sur-Fère. De 1882 à 1886 il vit à Paris avec sa mère et ses sœurs au 135bis, boulevard du Montparnasse, puis de 1886 à 1892 au 31, boulevard de Port-Royal. Il fait ses études au lycée Louis-le-Grand où il obtient son baccalauréat de philosophie en 1885 et s’inscrit à l’École libre des sciences politiques pour y préparer une licence de droit. Claudel, selon ses dires, baignait, comme tous les jeunes gens de son âge, dans « le bagne matérialiste » du scientisme de l’époque. Il se convertit au catholicisme, religion de son enfance, en assistant en curieux aux vêpres à Notre-Dame de Paris le 25 décembre 1886, jour de Noël. « J’étais debout, près du deuxième pilier, à droite, du côté de la sacristie. Les enfants de la maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. En un instant mon cœur fut touché et je crus ». À la même époque, il découvre les Illuminations, le recueil de poèmes d’Arthur Rimbaud, dont la lecture sera pour lui déterminante. L’influence de celui qu’il appelait le « mystique à l’état sauvage » est manifeste, notamment, dans Tête d’or, une de ses premières pièces de théâtre. Le diplomate Passé une velléité d’entrer dans les ordres, il entre dans la carrière diplomatique en 1893. Tout d’abord premier vice-consul à New York puis à Boston, il est nommé consul à Shanghai en 1895. Il est alors appuyé par le secrétaire général du Quai d’Orsay, Philippe Berthelot. À l’âge de 32 ans, en 1900, il veut mettre fin à sa carrière diplomatique pour devenir moine bénédictin et postule à l’abbaye Saint-Martin de Ligugé. Les supérieurs du monastère ne l’admettront pas comme moine mais, en 1905, il deviendra oblat de cette même abbaye. De retour en Chine, il y poursuit sa carrière diplomatique et, après avoir été consul à Shanghai (1895), il devient vice-consul à Fou-Tchéou (Fuzhou, 1900) puis consul à Tientsin (Tianjin, 1906-09). Il est ensuite consul à Prague (1909) Francfort (1911) et Hambourg (1913) avant d’être nommé ministre plénipotentiaire à Rio de Janeiro (1916), et à Copenhague (1920). Il est ambassadeur à Tokyo (1922), à Washington (1928) puis à Bruxelles (1933), où se termine sa carrière diplomatique en 1936. L’écrivain engagé Claudel s’installe alors définitivement dans le château de Brangues en Isère, qu’il avait acquis en 1927 pour y passer ses étés. Le travail littéraire, mené jusqu’alors parallèlement à sa carrière diplomatique, occupe désormais la plus grande part de son existence. Il reçoit à Brangues diverses notoriétés : des hommes politiques comme le président Édouard Herriot, ou des écrivains comme François Mauriac. Georges Clemenceau, amateur de littérature et lui-même écrivain, a laissé cette sévère appréciation de la prose claudélienne : « J’ai d’abord cru que c’était un carburateur et puis j’en ai lu quelques pages– et non, ça n’a pas carburé. C’est des espèces de loufoqueries consciencieuses comme en ferait un Méridional qui voudrait avoir l’air profond… » En 1934 c’est lui qui écrit puis déclame l’éloge funèbre pour son ami, l’ancien secrétaire général du Quai d’Orsay, Philippe Berthelot. Pendant la guerre d’Espagne, Claudel apporta son soutien aux franquistes. Geneviève Dreyfus-Armand écrit que : « Paul Claudel, que son statut de diplomate contraignait sans doute à la réserve, sortit pourtant de celle-ci en mai 1937 en écrivant un poème dédié « aux martyrs espagnols » morts à cause de leur foi. Ce poème servit de préface à l’ouvrage du Catalan Joan Estelrich (es), La Persécution religieuse en Espagne, publié à Paris en 1937 pour dénoncer les violences anticléricales. François Mauriac reprocha à Claudel de n’avoir pas écrit un seul vers pour « les milliers et les milliers d’âmes chrétiennes que les chefs de l’Armée Sainte […] ont introduits dans l’éternité » ». L’auteur ajoute que Bernanos lui répondit en publiant Les Grands Cimetières sous la lune et précise en outre que Claudel signa le « Manifeste aux intellectuels espagnols » du 10 décembre 1937 publié dans le magazine de propagande franquiste Occident, dirigé par Estelrich. Claudel, d’autre part, refusa de rejoindre le Comité français pour la paix civile et religieuse en Espagne lancé par Jacques Maritain. Enzo Traverso va plus loin en écrivant que « De son côté, le monde catholique a cessé d’être un bloc conservateur : il se divise entre une droite qui, notamment à cause de la guerre civile espagnole, se fascise – il suffit de penser aux poèmes de Paul Claudel à la gloire de Franco—, et une « gauche », au sens topologique du terme, qui reconnaît la légitimité de l’antifascisme. Traumatisés par la violence franquiste, François Mauriac et Georges Bernanos adoptent une position de soutien ou de neutralité bienveillante à l’égard de la République, tant en Espagne qu’en France. ». En 1938, Claudel entre au conseil d’administration de la Société des Moteurs Gnome et Rhône, grâce à la bienveillance de son directeur, Paul-Louis Weiller, mécène et protecteur de nombreux artistes (Jean Cocteau, Paul Valéry, André Malraux). Ce poste, richement doté, lui vaudra des critiques, à la fois par le statut social et le montant des émoluments qu’il en retire mais aussi par le fait qu’au cours de la Seconde Guerre mondiale, cette entreprise de mécanique participe à l’effort de guerre allemand pendant l’Occupation. Selon l’hebdomadaire royaliste L’Indépendance française, cité par Le Dictionnaire des girouettes[réf. à confirmer], « sans aucune nécessité et sans aucun travail, simplement pour avoir assisté six fois au Conseil d’administration, il a touché 675 000 francs. Bénéfices de guerre, bénéfices de la guerre allemande ». À partir de 1940, Paul-Louis Weiller, juif, est déchu de la nationalité française. Les hésitations devant la seconde guerre mondiale Attristé par les débuts de la guerre, et notamment l’invasion de la Pologne, au cours d’un mois de septembre 1939 qu’il juge par ailleurs « merveilleux », Claudel est initialement peu convaincu par le danger que représente l’Allemagne nazie. Il s’inquiète davantage de la puissante Russie qui représente selon lui une « infâme canaille communiste ». En 1940, il est ulcéré par la défaite de la France, mais voit d’abord une délivrance dans les pleins pouvoirs conférés par les députés à Pétain. Dressant dans son Journal un « état de la France au 6 juillet 1940 », il met au passif la sujétion de la France à l’Allemagne, la brouille avec l’Angleterre « en qui seule est notre espérance éventuelle » et la présence au gouvernement de Pierre Laval, qui n’inspire pas confiance. À l’actif, il met l’épuisement de l’Allemagne et de l’Italie, le gain de forces de l’Angleterre et un changement idéologique qu’il décrit comme suit : « La France est délivrée après soixante ans de joug du parti radical et anticatholique (professeurs, avocats, juifs, francs-maçons). Le nouveau gouvernement invoque Dieu et rend la Grande-Chartreuse aux religieux. Espérance d’être délivré du suffrage universel et du parlementarisme ; ainsi que de la domination méchante et imbécile des instituteurs qui lors de la dernière guerre se sont couverts de honte. Restauration de l’autorité. » (Ce qui concerne les instituteurs est un écho d’une conversation de Claudel avec le général Édouard Corniglion-Molinier et Antoine de Saint-Exupéry, qui, selon Claudel, lui avaient parlé « de la pagaille des troupes françaises, les officiers (les réservistes instituteurs " lâchant pied " les premiers). ») Le 24 septembre 1940, Claudel va plus loin encore : « Ma consolation est de voir la fin de cet immonde régime parlementaire qui, depuis des années, dévorait la France comme un cancer généralisé. C’est fini [...] de l’immonde tyrannie des bistrots, des francs-maçons, des métèques, des pions et des instituteurs... » Il faut rappeler que Bernanos avait fustigé Pétain dès juin 1940. Toutefois, le spectacle de la collaboration avec l’Allemagne l’écœure bientôt. En novembre 1940, il note dans le même Journal : « Article monstrueux du cardinal Baudrillart dans La Croix nous invitant à collaborer « avec la grande et puissante Allemagne » et faisant miroiter à nos yeux les profits économiques que nous sommes appelés à en retirer ! (...) Fernand Laurent dans Le Jour déclare que le devoir des catholiques est de se serrer autour de Laval et de Hitler.—Les catholiques de l’espèce bien-pensante sont décidément écœurants de bêtise et de lâcheté ». Dans le Figaro du 10 mai 1941, il publie encore des Paroles au Maréchal (désignées couramment comme l’Ode à Pétain) qui lui sont souvent reprochées. La péroraison en est : « France, écoute ce vieil homme sur toi qui se penche et qui te parle comme un père./ Fille de saint Louis, écoute-le ! et dis, en as-tu assez maintenant de la politique ?/ Écoute cette voix raisonnable sur toi qui propose et qui explique. ». Henri Guillemin (critique catholique et grand admirateur de Claudel, mais non suspect de sympathie pour les pétainistes) a raconté que, dans un entretien de 1942, Claudel lui expliqua ses flatteries à Pétain par l’approbation d’une partie de sa politique (lutte contre l’alcoolisme, appui aux écoles libres), la naïveté envers des assurances que Pétain lui aurait données de balayer Laval et enfin l’espoir d’obtenir une protection en faveur de son ami Paul-Louis Weiller et des subventions aux représentations de l’Annonce faite à Marie. À partir d’août 1941, le Journal ne parle plus de Pétain qu’avec mépris. Dans le Figaro du 23 décembre 1944, il publie Un poème au général de Gaulle qu’il avait récité au cours d’une matinée du Théâtre-Français consacrée aux « Poètes de la Résistance ». La consécration Claudel a mené une constante méditation sur la parole, qui commence avec son théâtre et se poursuit dans une prose poétique très personnelle, s’épanouit au terme de sa vie dans une exégèse biblique originale. Cette exégèse s’inspire fortement de l’œuvre de l’Abbé Tardif de Moidrey (dont il a réédité le commentaire du Livre de Ruth), mais aussi d’Ernest Hello. Claudel s’inscrit ainsi dans la tradition patristique du commentaire scripturaire, qui s’était peu à peu perdue avec la scolastique, et qui a été reprise au XIXe siècle par ces deux auteurs, avant de revenir sur le devant de la scène théologique avec le cardinal Jean Daniélou et Henri de Lubac. Sa foi catholique est essentielle dans son œuvre qui chantera la création : « De même que Dieu a dit des choses qu’elles soient, le poète redit qu’elles sont. » Cette communion de Claudel avec Dieu a donné ainsi naissance à près de quatre mille pages de textes. Il y professe un véritable partenariat entre Dieu et ses créatures, dans son mystère et dans sa dramaturgie, comme dans Le Soulier de satin et L’Annonce faite à Marie. Avec Maurice Garçon, Charles de Chambrun, Marcel Pagnol, Jules Romains et Henri Mondor, il est l’une des six personnalités élues le 4 avril 1946 à l’Académie française lors de la deuxième élection groupée de cette année, visant à combler les très nombreuses places vacantes laissées par la période de l’Occupation. Il est reçu à l’Académie française le 13 mars 1947 par François Mauriac, au fauteuil de Louis Gillet. De 1953 à 1955 il participe à la revue littéraire de Jean-Marc Langlois-Berthelot et Jean-Marc Montguerre, L’Échauguette. Il fut membre du Comité d’honneur du Centre culturel international de Royaumont. Il meurt le 23 février 1955 à Paris, au 11 boulevard Lannes à l’âge de 86 ans. Il est enterré dans le parc du château de Brangues ; sa tombe porte l’épitaphe : « Ici reposent les restes et la semence de Paul Claudel. » (Il faut probablement lire le mot « semence » à la lumière de la doctrine de la résurrection de la chair : à la fin des temps, lors du retour glorieux du Christ, les morts ressusciteront ; les restes humains sont ainsi la semence de la chair transfigurée qui sera celle de la résurrection. D’où l’importance de la sépulture dans la religion chrétienne, et les réticences face à l’incinération par exemple.) Le travail d’édition et d’annotation de son Journal est réalisé après sa mort par son ami François Varillon, prêtre jésuite et théologien, et par Jacques Petit, dans la bibliothèque de la Pléiade. L’exégèse religieuse On peut aussi passer par l’exégèse religieuse à laquelle Claudel s’est consacré la plupart de sa vie. Pour lui, la foi n’est pas seulement une persistance dans sa critique sur l’art, mais plutôt une nourriture pour son esprit et son âme. Il consacre plusieurs articles typiques à ce sujet : Vitraux des Cathédrales de France, la Cathédrale de Strasbourg, l’Art et la Foi, l’Art Religieux, etc. Il met en lumière l’esprit religieux partout où il le peut. C’est la façon pour lui d’exprimer sa méditation sur son intimité d’homme et de croyant. Il nous confie même parfois sa foi pour aider à comprendre ses textes. La Bible est perçue comme une œuvre poétique par Claudel, qui le stimule à interroger et à commenter les tableaux avec un style qui parfois s’en inspire. La déclamation Comme poète, Claudel porte une grande attention à la diction, à l’énonciation ou à la déclamation, les réclamant comme de son domaine propre d’écrivain. Il dit, dans une correspondance à son ami Édouard Bourdet : « Je n’admettrai jamais que la musique associée à un texte poétique dépende exclusivement du choix du metteur en scène. En réalité, il s’agit d’une émanation du texte et c’est l’auteur qui doit être responsable de l’une comme de l’autre. » Il recherche toute sa vie une énonciation intelligible et signifiante. Pour lui elle s’opère dans l’attention au diseur, et en détachant syntaxe et souffle : il peut aller jusqu’à proposer un silence au milieu d’une phrase, même au milieu d’un mot ou au milieu d’une syllabe ou d’un phonème. Par exemple, à la répartie de Don Camille à Prouhèze dans Le Soulier de Satin : « Et cependant qui diable m’a fait, je vo|us prie, si ce n’est pas elle seule ? », il indique un soupir au milieu du mot vous. Il retient d’autres principes expressifs : accentuer sur les consonnes et moins sur les voyelles, placer une inflexion en début de vers et le terminer dans légère atténuation de voix. Dans son rapport avec le comédien, le sens n’est pas enserré dans l’écrit, mais procède du travail vocal du diseur. Ce travail, à la différence de la versification classique, n’est pas préalablement fixé, c’est au diseur de se mettre à son école. Amours de Paul Claudel Paul Claudel a une liaison avec Rosalie Ścibor-Rylska, d’origine polonaise, épouse de Francis Vetch, entrepreneur et affairiste. Il la rencontre en 1900 sur le bateau qui l’amène avec son mari en Chine, et a une fille naturelle, Louise Vetch (1905-1996), compositrice et cantatrice. Rosalie Vetch inspire le personnage d’Ysé dans Partage de midi et celui de Prouhèze dans Le Soulier de satin. Elle repose à Vézelay, où sa tombe porte ce vers du poète : « Seule la rose est assez fragile pour exprimer l’éternité », vers extrait de Cent phrases pour éventails. Famille Paul Claudel épouse à Lyon le 14 mars 1906 Reine Sainte-Marie-Perrin (1880-1973), fille de Louis Sainte-Marie Perrin, architecte de la basilique Notre-Dame de Fourvière. Le couple embarque trois jours plus tard pour la Chine, où Claudel est consul à Tientsin. Ils ont cinq enfants : Marie (1907-1981), Pierre (1908-1979), Reine (1910-2007), Henri (1912-2016), et Renée (née en 1917). En septembre 1913, la sculptrice Camille Claudel, sœur de Paul, est internée en asile d’aliénés à Mondevergues (Montfavet– Vaucluse) à la demande de la famille et à l’instigation de son frère Paul, qui décide d’agir immédiatement après la mort de leur père. En trente ans d’hospitalisation, Paul Claudel ne va voir sa sœur qu’à douze reprises. Lors de la rétrospective qui lui fut consacrée en 1934, des témoins ont rapporté que Paul Claudel s’emporte : il ne veut pas qu’on sache qu’il a une sœur folle. À la mort de celle-ci, en 1943, Paul Claudel ne se déplace pas : Camille est inhumée au cimetière de Montfavet accompagnée du seul personnel de l’hôpital ; quelques années plus tard, ses restes sont transférés dans une fosse commune, ni Paul ni les membres de la famille Claudel n’ayant proposé de sépulture. L’ancien presbytère où il est né est devenu la Maison de Camille et de Paul Claudel, exposant des œuvres de Camille et des documents inédits sur Paul Claudel. Œuvres * Théâtre1887 : L’Endormie (première version) * 1888 : Fragment d’un drame * 1890 : Tête d’or (première version) * 1892 : La Jeune Fille Violaine (première version) * 1893 : La Ville (première version) * 1894 : Tête d’or (deuxième version) ; L’Échange (première version) * 1899 : La Jeune Fille Violaine (deuxième version) * 1901 : La Ville (deuxième version) * 1901 : Le Repos du septième jour * 1906 : Partage de midi, drame (première version) * 1911 : L’Otage, drame en trois actes * 1912 : L’Annonce faite à Marie (première version) * 1913 : Protée, drame satirique en deux actes (première version) * 1917 : L’Ours et la Lune * 1918 : Le Pain dur, drame en trois actes * 1919 : Les Choéphores d’Eschyle * 1920 : Le Père humilié, drame en quatre actes * 1920 : Les Euménides d’Eschyle * 1926 : Protée, drame satirique en deux actes (deuxième version) * 1927 : Sous le rempart d’Athènes * 1929 : Le Soulier de satin ou Le pire n’est pas toujours sûr, action espagnole en quatre journées (créé partiellement en 1943 par Jean-Louis Barrault, en version intégrale au théâtre d’Orsay en 1980; la version intégrale a été reprise en 1987 par Antoine Vitez) * 1933 : Le Livre de Christophe Colomb, drame lyrique en deux parties * 1939 : Jeanne d’Arc au bûcher * 1939 : La Sagesse ou la Parabole du destin (sous le pseudonyme de Delachapelle) * 1942 : L’Histoire de Tobie et de Sara, moralité en trois actes * 1947 : L’Endormie (deuxième version) * 1948 : L’Annonce faite à Marie (deuxième version) * 1949 : Protée, drame satirique en deux actes (deuxième version) * 1954 : L’Échange (deuxième version) * * Poésie1900, puis 1907 (2e éd.): Connaissance de l’Est * 1905 : Poèmes de la Sexagésime * 1907 : Processionnal pour saluer le siècle nouveau * 1911 : Cinq grandes odes * 1911 : Le Chemin de la Croix * 1911–1912 : La Cantate à trois voix * 1915 : Corona benignitatis anni dei * 1919 : La Messe là-bas * 1922 : Poèmes de guerre (1914-1916) * 1925 : Feuilles de saints * 1942 : Cent phrases pour éventails * 1945 : Visages radieux * 1945 : Dodoitzu, illustrations de Rihakou Harada. * 1949 : AccompagnementsEssais1907 : Art poétique. Œuvre composée de trois traités : Connaissance du temps. Traité de la co-naissance au monde et de soi-même. Développement de l’Église * 1928 : Positions et propositions, tome I * 1929 : L’Oiseau noir dans le soleil levant * 1934 : Positions et propositions, tome II * 1935 : Conversations dans le Loir-et-Cher * 1936 : Figures et paraboles * 1940 : Contacts et circonstances * 1942 : Seigneur, apprenez-nous à prier * 1946 : L’œil écoute * 1949 : Emmaüs * 1950 : Une voix sur Israël * 1951 : L’Évangile d’Isaïe * 1952 : Paul Claudel interroge l’Apocalypse * 1954 : Paul Claudel interroge le Cantique des Cantiques * 1955 : J’aime la Bible, Fayard * 1956 : Conversation sur Jean Racine * 1957 : Sous le signe du dragon * 1958 : Qui ne souffre pas… Réflexions sur le problème social * 1958 : Présence et prophétie * 1959 : La Rose et le rosaire * 1959 : Trois figures saintes pour le temps actuel * Mémoires, journal1954 : Mémoires improvisés. Quarante et un entretiens avec Jean Amrouche * 1968 : Journal. Tome I : 1904-1932 * 1969 : Journal. Tome II : 1933-1955Correspondance1949 : Correspondance de Paul Claudel et André Gide (1899-1926) * 1951 : Correspondance de Paul Claudel et André Suarès (1904-1938) * 1952 : Correspondance de Paul Claudel avec Gabriel Frizeau et Francis Jammes (1897-1938), accompagnée de lettres de Jacques Rivière * 1961 : Correspondance Paul Claudel et Darius Milhaud (1912-1953) * 1964 : Correspondance de Paul Claudel et Lugné-Poe (1910-1928). Claudel homme de théâtre * 1966 : Correspondances avec Copeau, Dullin, Jouvet. Claudel homme de théâtre * 1974 : Correspondance de Jean-Louis Barrault et Paul Claudel * 1984 : Correspondance de Paul Claudel et Jacques Rivière (1907-1924) * 1990 : Lettres de Paul Claudel à Élisabeth Sainte-Marie Perrin et à Audrey Parr * 1995 : Correspondance diplomatique. Tokyo (1921-1927) * 1995 : Correspondance de Paul Claudel et Gaston Gallimard (1911-1954) * 1996 : Paul Claudel, Jacques Madaule Connaissance et reconnaissance : Correspondance 1929-1954, DDB * 1998 : Le Poète et la Bible, volume 1, 1910-1946, Gallimard, coll. « Blanche » * 2002 : Le Poète et la Bible, volume 2, 1945-1955, Gallimard, coll. « Blanche » * 2004 : Lettres de Paul Claudel à Jean Paulhan (1925-1954), Correspondance présentée et annotée par Catherine Mayaux, Berne : Paul Lang, 2004 (ISBN 3-03910-452-7) * 2005 : Correspondance de Paul Claudel avec les ecclésiastiques de son temps. Volume I, Le sacrement du monde et l’intention de gloire, éditée par Dominique Millet-Gérard, Paris : Champion, coll. « Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux » n° 19, 2005, 655 p. (ISBN 2-7453-1214-6). * 2005 : Une Amitié perdue et retrouvée. Correspondance de Paul Claudel et Romain Rolland, édition établie, annotée et présentée par Gérald Antoine et Bernard Duchatelet, Paris : Gallimard, coll. « Les cahiers de la NRF », 2005, 479 p. (ISBN 2-07-077557-7) * 2017: Lettres à Ysé. Correspondance de Paul Claudel et Rosalie Vetch (éd. Gérald Antoine, préf. Jacques Julliard), Paris, Gallimard, 2017, 464 p., (ISBN 978-2070769117). Décoration * Grand-croix de la Légion d’honneur. Divers * Claudel a plus d’une fois exprimé son peu de goût pour les écrivains français du dix-septième siècle, à l’exception de Bossuet, qu’il admirait vivement.[réf. souhaitée] Le directeur de l’école des beaux-arts de Paris lui ayant demandé un sujet de concours de peinture, il proposa “ Hippolyte étendu sans forme et sans couleur.” (Racine, Phèdre, acte V)[réf. souhaitée][pertinence contestée] * Claudel n’a pas eu que des admirateurs, mais aussi des détracteurs. Après la mort de Claudel, André-Paul Antoine, journaliste à L’Information, a publié cette épitaphe littéraire dans son journal : « Si M. Paul Claudel mérite quelque admiration, ce n’est ni comme poète, ni comme diplomate, ni comme Français, c’est comme maître-nageur. » Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Claudel

Antoine de Latour

Antoine Tenant de Latour, né à Saint-Yrieix le 30 août 1808, mort à Sceaux le 27 avril 1881, est un écrivain français. Biographie Fils de l’éditeur et bibliophile Jean-Baptiste Tenant de Latour (1779-1862), Antoine Tenant de Latour devient, après des études à l’École Normale (1826), précepteur du duc de Montpensier (1832) puis son premier secrétaire en 1843. Homme de lettres et poète, il publie abondamment. Amoureux de l’Espagne et de sa littérature, il fit connaître de nombreux auteurs espagnols par ses essais et traductions de Calderón de la Barca, Fernán Caballero, Juan de Mariana, Juan Díaz de Solís, Juan Eugenio Hartzenbusch, Ramón de la Cruz, mais aussi des auteurs italiens comme Silvio Pellico, Vittorio Alfieri, Alessandro Manzoni ou Antonio Astesano (it), Il est reçu le 9 mai 1858 à la Real Academia de Buenas Letras de Séville. Œuvres * Grand ami d’Aloysius Bertrand, il laisse une correspondance avec celui-ci. * Poésies et essayés: * La vie intime (1833) * Poésies complètes (1841) * La baie de Cadix: nouvelles études sur l’Espagne (1858) * L’Espagne religieuse et littéraire, pages détachées (1863) * Etudes litteraires sur l’Espagne contemporaine (1864) * Espagne, traditions, mœurs et littérature (1869) * Tolede et les Bords du Tage– Nouvelles Etudes Sur L’Espagne (1870) * Pèlerinage au pays de Jeanne d’Arc (1875)Traduction: * Mes prisons. Mémoires de Silvio Pellico de Saluces, traduits de l’italien, et précédés d’une introduction biographique, par A. de Latour. Édition ornée du portrait de l’auteur et augmentée de notes historiques par P. Maroncelli, Paris, H. Fournier jeune, 1833. * Des devoirs des hommes. Par Silvio Pellico, traduit de l’italien, avec une introduction, par Antoine de Latour, Paris, Fournier, 1834. * Œuvres dramatiques de Calderon, traduction de M. Antoine De Latour (vol. I e II), 1871. * Œuvres dramatiques de Calderon (II Comédies), 1875. * Don Miguel De Mañara: Sa Vie, Son Discours Sur La Vérité, Son Testament, Sa Profession De Foi, Classic Reprint, 2012. * Mémoires de Victor AlfieriVittorio Alfieri, d’Asti, écrits par lui-même, et traduits de l’italien par Antoine de Latour, Classic Reprint, 2012. * Sainètes de Ramon de la Cruz, Traduits de l’espagnol et précédés d’une introduction par Antoine de Latour, Classic Reprint, 2018.Archives: * Paris, Bibliothèque Nationale * Saluces, Archives historique de la Maire Bibliographie * Jean-Claude Polet, Patrimoine littéraire européen: Index général, De Boeck, 2000, p. 447. Liens internes * Pedro Calderón de la Barca * Silvio Pellico * Vittorio Alfieri * Ramon de la Cruz Liens externes * Sur les liens avec Aloysius Bertrand: [1] * Notices d’autorité: Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France (données) • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque nationale d’Espagne • Bibliothèque royale des Pays-Bas • Bibliothèque universitaire de Pologne • Bibliothèque nationale de Catalogne • Bibliothèque apostolique vaticane • WorldCat Portail de la littérature française Portail de la France au XIXe siècle Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_de_Latour

Anatole France

Anatole France, pour l’état civil François Anatole Thibault, né le 16 avril 1844 à Paris, et mort le 12 octobre 1924 à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire), est un écrivain français, considéré comme l’un des plus grands de l’époque de la Troisième République, dont il a également été un des plus importants critiques littéraires. Il devient une des consciences les plus significatives de son temps en s’engageant en faveur de nombreuses causes sociales et politiques du début du XXe siècle. Il reçoit le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre en 1921. Biographie Anatole France naît à Paris, 19 quai Malaquais. Il est issu par son père d’une famille modeste originaire du Maine-et-Loire: son père, François Noël Thibault, dit Noël France, né le 4 nivôse an XIV (25 décembre 1805) à Luigné, dans le canton de Thouarcé, a quitté son village en 1825 pour entrer dans l’armée. Sous-officier légitimiste, il démissionne au lendemain de la Révolution de 1830. Il se marie, le 29 février 1840, avec Antoinette Gallas à la mairie du 4e arrondissement de Paris. La même année, il devient propriétaire d’une librairie sise 6, rue de l’Oratoire du Louvre. Il tient ensuite une librairie quai Malaquais (no 19), d’abord nommée Librairie France-Thibault, puis France tout court, spécialisée dans les ouvrages et documents sur la Révolution française, fréquentée par de nombreux écrivains et érudits, comme les frères Goncourt ; il s’installera, en 1853, quai Voltaire (no 9) . Par sa mère, Antoinette Gallas, Anatole est issu d’une famille de meuniers de Chartres, les Gallas. Élevé dans la bibliothèque paternelle, Anatole en gardera le goût des livres et de l’érudition, ainsi qu’une connaissance intime de la période révolutionnaire, arrière-plan de plusieurs de ses romans et nouvelles, dont Les dieux ont soif, qui est considéré comme son chef-d’œuvre. De 1844 à 1853, il habite l’hôtel particulier du 15 quai Malaquais. De 1853 à 1862, France fait ses études à l’institution Sainte-Marie et au collège Stanislas. Il souffre d’être pauvre dans un milieu riche mais il est remarqué pour ses compositions, dont La Légende de sainte Radegonde, qui sera éditée par la librairie France et publiée en revue. Il obtient son baccalauréat le 5 novembre 1864. À partir du début des années 1860, il travaille pour diverses libraires et revues, mais refuse de prendre la suite de son père, qui juge très négativement les « barbouillages » de son fils. Sa carrière littéraire commence par la poésie ; amoureux de l’actrice Élise Devoyod, il lui dédie quelques poèmes, mais elle le repousse en 1866. Il est disciple de Leconte de Lisle, avec qui il travaillera quelque temps comme bibliothécaire au Sénat. En janvier 1867, il écrit une apologie de la liberté cachée sous un éloge du Lyon Amoureux de Ponsard, et la même année il fait partie du groupe du Parnasse . En 1875, il intègre le comité chargé de préparer le troisième recueil du Parnasse contemporain. En 1876, il publie Les Noces corinthiennes chez Lemerre, éditeur pour lequel il rédige de nombreuses préfaces à des classiques (Molière par exemple) ainsi que pour Charavay ; certaines de ces préfaces seront réunies dans Le Génie Latin. La même année, il devient commis-surveillant à la Bibliothèque du Sénat, poste qu’il conserve jusqu’à sa démission, le 1er février 1890. Anatole France se marie en 1877 avec Valérie Guérin de Sauville, petite-fille de Jean-Urbain Guérin, un miniaturiste de Louis XVI (voir famille Mesnil), dont il a une fille, Suzanne, née en 1881, qui mourra en 1918. Il la confie souvent, dans son enfance, à Mme de Martel (qui écrivait sous le nom de Gyp), restée proche à la fois de lui-même et de Mme France. Les relations de France avec les femmes sont difficiles. Ainsi a-t-il, dans les années 1860, nourri un amour vain pour Elisa Rauline, puis pour Élise Devoyod. En 1888, il engage une liaison avec Léontine Arman de Caillavet, qui tient un célèbre salon littéraire de la Troisième République, de qui il dira “sans elle, je ne ferais pas de livres” (journal de l’abbé Mugnier) ; cette liaison durera jusqu’à la mort de celle-ci, en 1910, peu après une tentative de suicide à cause d’une autre liaison de France avec une actrice connue pendant un voyage en Amérique du Sud. Mme de Caillavet lui inspire Thaïs (1890) et Le Lys rouge (1894). Après une ultime dispute avec son épouse, qui ne supporte pas cette liaison, France quitte le domicile conjugal de la rue Chalgrin, un matin de juin 1892, et envoie une lettre de séparation à son épouse. Le divorce est prononcé à ses torts et dépens, le 2 août 1893. Par la suite, France aura de nombreuses liaisons, comme celle avec Mme Gagey, qui se suicidera en 1911. France s’oriente tardivement vers le roman et connaît son premier succès public à 37 ans, en 1881, avec Le Crime de Sylvestre Bonnard, couronné par l’Académie française, œuvre remarquée pour son style optimiste et parfois féerique, tranchant avec le naturalisme qui règne alors. Il devient en 1887 critique littéraire du prestigieux Temps. Élu, dès le premier tour, avec 21 voix sur 34 présents, à l’Académie française le 23 janvier 1896, au fauteuil 38, où il succède à Ferdinand de Lesseps, il y est reçu le 24 décembre 1896. Devenu un écrivain reconnu, influent et riche, France s’engage en faveur de nombreuses causes. Il tient plusieurs discours dénonçant le génocide arménien et soutient Archag Tchobanian, rejoint Émile Zola, avec qui il s’est réconcilié au début des années 1890, lors de l’affaire Dreyfus. Après avoir refusé de se prononcer sur la culpabilité d’Alfred Dreyfus (ce qui le classe parmi les révisionnistes), dans un entretien accordé à L’Aurore le 23 novembre 1897, il est l’un des deux premiers avec Zola à signer, au lendemain de la publication de J’accuse, en janvier 1898, quasiment seul à l’Académie française, la première pétition dite « des intellectuels » demandant la révision du procès. Il dépose, le 19 février 1898, comme témoin de moralité lors du procès Zola (il prononcera un discours lors des obsèques de l’écrivain, le 5 octobre 1902), quitte L’Écho de Paris, anti-révisionniste, en février 1899, et rejoint le 5 juillet suivant Le Figaro, conservateur et catholique, mais dreyfusard. Il servit de modèle, avec Paul Bourget, pour créer l’homme de lettres Bergotte dans l’œuvre de Proust, À la recherche du temps perdu. En juillet 1898, il rend sa Légion d’honneur, après que l’on eut retiré celle d’Émile Zola et, de février 1900 à 1916, refuse de siéger à l’Académie française. Il participe à la fondation de la Ligue des droits de l’Homme, dont il rejoint le Comité central en décembre 1904, après la démission de Joseph Reinach, scandalisé par l’affaire des fiches. Son engagement dreyfusard se retrouve dans les quatre tomes de son Histoire contemporaine (1897– 1901), chronique des mesquineries et des ridicules d’une préfecture de province au temps de l’Affaire. C’est dans cette œuvre qu’il forge les termes xénophobe et trublion. Devenu un proche de Jean Jaurès, il préside, le 27 novembre 1904, une manifestation du Parti socialiste français au Trocadéro et prononce un discours. France s’engage pour la séparation de l’Église et de l’État, pour les droits syndicaux, contre les bagnes militaires. En 1906, lors d’une réunion, il proteste fortement contre la « barbarie coloniale ». En 1909, il part pour l’Amérique du Sud faire une tournée de conférences sur Rabelais. S’éloignant de Mme de Caillavet, il a une liaison avec la comédienne Jeanne Brindeau, en tournée elle aussi avec des acteurs français. Rabelais est remplacé, au cours du voyage qui le mène à Lisbonne, Recife, Rio de Janeiro, Montevideo et Buenos Aires, par des conférences sur ses propres œuvres et sur la littérature contemporaine. De retour à Paris, le lien avec Léontine, qui avait beaucoup souffert de cet éloignement, se reforme tant bien que mal, mais celle-ci meurt en janvier 1910, sans lui avoir réellement pardonné. En 1913, il voyage en Russie. Au début de la Première Guerre mondiale, France écrit des textes guerriers et patriotes, qu’il regrettera par la suite: il dénonce la folie guerrière voulue par le système capitaliste dans le contexte de l’Union sacrée en déclarant: « on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels », mais milite en faveur d’une paix d’amitié entre Français et Allemands ce qui suscitera l’indignation et l’hostilité, et lui vaudra des lettres d’insultes et des menaces de mort. Il prend position en 1919 contre le Traité de Versailles, signant la protestation du groupe Clarté intitulée « Contre la paix injuste », et publiée dans L’Humanité, le 22 juillet 1919. Ami de Jaurès et de Pressensé, il collabore, dès sa création, à L’Humanité, en publiant Sur la pierre blanche dans les premiers numéros. Proche de la SFIO, il sera, plus tard, critique envers le PCF. S’il écrit un Salut aux Soviets, dans L’Humanité de novembre 1922, il proteste contre les premiers procès faits aux socialistes révolutionnaires en envoyant un télégramme dès le 17 mars. À partir de décembre 1922, il est exclu de toute collaboration aux journaux communistes. France, tout en adhérant aux idées socialistes, s’est ainsi tenu à l’écart des partis politiques, ce dont témoignent ses romans pessimistes sur la nature humaine, tels que L’Île des Pingouins et surtout Les dieux ont soif (publié en 1912) qui, à cause de sa critique du climat de Terreur des idéaux utopistes, est mal reçu par la gauche. En 1920 il se marie à Saint-Cyr-sur-Loire, où il s’était installé en 1914, avec sa compagne Emma Laprévotte (1871-1930), afin qu’elle veille sur son petit-fils Lucien Psichari, orphelin de mère. Il est lauréat, en 1921, du prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre, et le reçoit à Stockholm le 10 décembre. En 1922 l’ensemble de ses œuvres (opera omnia) fait l’objet d’une condamnation papale (décret de la Congrégation du Saint-Office du 31 mai 1922). Pour son 80e anniversaire, au lendemain de la victoire du Cartel des gauches, il assiste à une manifestation publique donnée en son honneur, le 24 mai 1924, au palais du Trocadéro. Il meurt le 12 octobre 1924 à La Béchellerie, commune de Saint-Cyr-sur-Loire. À l’annonce de sa mort, le président de la Chambre des députés Paul Painlevé déclare: « Le niveau de l’intelligence humaine a baissé cette nuit-là. » Selon certains (André Bourin, 1992), France aurait souhaité être inhumé dans le petit cimetière de Saint-Cyr-sur-Loire, pour d’autres (Michel Corday, 1928), le sachant souvent inondé l’hiver, il préférait rejoindre la sépulture de ses parents au cimetière de Neuilly-sur-Seine. Son corps, embaumé le 14 octobre, est transféré à Paris pour des obsèques quasi-nationales et exposé Villa Saïd, où le président de la République, Gaston Doumergue, vient lui rendre hommage dans la matinée du 17 octobre, suivi par le président du Conseil, Édouard Herriot. En contradiction avec ses dispositions testamentaires, des obsèques nationales ont lieu à Paris le 18 octobre, et il est inhumé au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine auprès de ses parents. Sa tombe, abandonnée et en piteux état, fut sauvée en 2000, par l’historien Frédéric de Berthier de Grandry, résidant alors à Neuilly-sur-Seine ; cette procédure de sauvegarde sauve également la chapelle funéraire de Pierre Puvis de Chavannes, le peintre du Panthéon de Paris. Le 19 novembre 1925, l’Académie française élit au siège de France, après quatre tours de scrutin, Paul Valéry, qui, reçu dix-neuf mois plus tard, ne prononce pas une seule fois, contrairement à l’usage, le nom de son prédécesseur dans l’éloge qu’il doit prononcer et le qualifie de « lecteur infini ». Collectionneur d’art et bibliophile « […] Les sculptures antiques le ravissaient. Bien des fragments précieux ornent les murailles de la Béchellerie […] Son cabinet de travail de la villa Said était tout éclairé par un marbre, un torse de femme, acheté avec le comte Primoli en Italie dans un antre où l’on fabriquait de faux Botticelli […] Il avait collectionné des anges et des saints en bois sculpté, qu’il nommait plaisamment « ses bondieuseries » […] Mais il était très sévère sur l’authenticité du moindre objet […]. Il connaissait tous les émois, toutes les alertes, de la chasse aux occasions. Je l’ai vu battre pas à pas le marché à la ferraille, sur les quais de Tours, soutenu par l’espoir de dénicher le gibier rare […] les livres anciens le passionnaient tout particulièrement. Il sortait même de sa modestie ordinaire et il étalait complaisamment les signes originaux de ses livres rares. Il abondait toujours en anecdotes sur les amateurs « toujours, à dessein, vêtus comme des mendigots » et sur les antiquaires. Ce goût des rares et vieilles choses, il l’appliquait à l’aménagement de son logis […] son occupation préférée. Il surveillait de très près la pose des meubles et des tableaux, traquait la moindre hérésie […] accrochait lui-même des gravures, de menus médaillons. ». Selon son ami et biographe Michel Corday, craignant les conséquences du climat humide de sa maison tourangelle pour ses meubles et objets d’art—et livres anciens et rares, selon l’éditrice Claude Arthaud (les Maisons du Génie, Arthaud, 1967, p. 150 à 169, ill.)—il fit transporter les plus précieux Villa Saïd, maison qui échut ensuite à sa veuve. « C’était l’antre de l’honnête homme 1900 qui se voue aux lettres et à l’amour […]. Quand il rentrait dans la maison, c’était pour y déplacer des statues, trouver de nouvelles places à de nouveaux objets récemment acquis. Il n’aimait guère ceux du XIXe siècle et disait volontiers: « Cela, c’est de la basse époque ». Il était de cette génération qui croit au style plus qu’à l’objet lui-même […] La Béchellerie est devenue le garde-meubles des styles de haute époque » (Arthaud, op. cit.). Rien de tout ce qui appartint à un écrivain quasiment vénéré de son vivant n’a subsisté dans sa dernière demeure en partie du fait que son petit-fils, devenu employé subalterne de la maison Calmann-Lévy—éditeur de son grand’père—le dispersa discrètement peu à peu par l’intermédiaire de l’Hôtel des Ventes de Vendôme, alors que les « maisons d’écrivains » n’étaient pas intégrées au patrimoine littéraire national. Quant au corps de bibliothèque qui abrita les éditions princeps de Rabelais, Racine et Voltaire collectionnées avec passion par France, il tomba en morceaux dans les mains du menuisier venu pour le récupérer (témoignage oral de Mme D., Saint-Cyr-sur-Loire, 23 septembre 2014)… Publiant des photographies de la propriété dont le bureau et la bibliothèque encore meublées vers 1967, Arthaud évoquait « la cour d’honneur, ses vases de fonte pleins de fleurs, sa statue de femme, et si rien n’est plus étonnant et curieux que le capharnaum bavarois de la chambre d’amis […] rien n’est plus triste que cette chambre où sont restées encore à demi-fondues dans leurs chandeliers les bougies qui servirent à veiller l’écrivain durant sa longue agonie » (op. cit.). « J’avais, comme tous les bibliophiles, un Enfer composé de volumes illustrés de gravures scabreuses. Eh bien, il ne m’en reste pas un seul. On m’a tout pris. » (France à M. Corday). Plusieurs ouvrages de France dont un exemplaire d’épreuves de l’Anneau d’améthyste (1899) corrigé et portant un envoi à Lucien Guitry, ainsi que d’autres offerts au comédien ou à son fils Sacha, figurèrent dans la vente publique de la bibliothèque de celui-ci à Paris le 25 mars 1976 (nos 149 à 154 du catalogue—arch pers.). D’autres figurèrent dans les catalogues 63, 65 et 75 du libraire Pierre Bérès, et une importante série d’ouvrages comprenant des exemplaires uniques—certains ayant appartenu à Mme de Caillavet—et enrichis d’envois, et de lettres dont 53 adressées à son égérie de 1888 à 1890, figura dans la bibliothèque littéraire de Charles Hayoit (nos 407 à 439 du catalogue de la vente publique par Sotheby’s-Poulain-Le Fur des 29 et 30 novembre 2001). Par ailleurs, certains exemplaires d’éditions originales de Voltaire portant le cachet de sa propriété tourangelle furent vendus par Sotheby’s à Monaco les 13 et 14 avril 1986. La Bibliothèque historique de la ville de Paris possède un « fonds Anatole France » composé de manuscrits de ses œuvres, de correspondances ainsi que de tous les livres de sa bibliothèque personnelle, qui a été enrichi par dons et par acquisitions au cours du XXe siècle. Œuvre Thèmes et style Les principaux thèmes de son œuvre en prose émergent du recueil Balthasar et du roman plusieurs fois remanié Le Crime de Sylvestre Bonnard. Marie-Claire Bancquart signale entre autres le personnage de l’érudit sensible, ridicule ou aimable, qui a sa vie derrière lui, la bibliothèque (qui possède une présence charnelle), l’action et la justice. Ces thèmes sont particulièrement exposés dans des discours ou des conversations par des personnages tels que Sylvestre Bonnard, Jérôme Coignard et M. Bergeret. Le style de France, souvent qualifié de classique, se caractérise par une ironie amusée, parfois douce et aimable, parfois noire et cruelle, qui exprime son scepticisme foncier à l’égard de la nature humaine, de ses aspirations et de la connaissance, en particulier l’histoire. L’œuvre de France tranche tant avec les courants littéraires de son temps (naturalisme) qu’avec la politique française en matière d’éducation après la guerre franco-allemande de 1870. Contre l’éducation exclusivement scientifique prônée par Jean Macé ou Louis Figuier, il valorise la force réelle de l’imagination: « Fermez-moi ce livre, mademoiselle Jeanne, laissez là, s’il vous plaît, « l’Oiseau bleu, couleur du temps » que vous trouvez si aimable et qui vous fait pleurer, et étudiez vite l’éthérisation. Il serait beau qu’à sept ans vous n’eussiez pas encore une opinion faite sur la puissance anesthésique du protoxyde d’azote! » M. Louis Figuier a découvert que les fées sont des êtres imaginaires. C’est pourquoi il ne peut souffrir qu’on parle d’elles aux enfants. Il leur parle du guano, qui n’a rien d’imaginaire.—Eh bien, docteur, les fées existent précisément parce qu’elles sont imaginaires. Elles existent dans les imaginations naïves et fraîches, naturellement ouvertes à la poésie toujours jeune des traditions populaires.Il refuse le réalisme de Zola, qu’il juge brutal, et, à l’esprit scientifique en littérature, il oppose des écrivains comme Dickens et Sand, car, pour lui: « L’artiste qui ne voit les choses qu’en laid n’a pas su les voir dans leurs rapports, avec leurs harmonies [...]. » Toutefois, son attitude à l’égard de Zola évolue au début des années 1890 avec La Bête humaine, L’Argent et La Débâcle, auxquels il consacre des articles élogieux. Ses œuvres comportent donc de nombreux éléments féeriques et souvent proches du fantastique. C’est dans le même esprit qu’il aborde l’histoire, se défiant des prétentions scientistes, non pour réduire cette discipline à une fable, mais pour souligner les incertitudes qui lui sont inhérentes. L’histoire est un thème qui revient souvent dans ses œuvres. Le style qu’il utilise pour en parler est caractéristique de l’ironie et de l’humour franciens: « Si je confesse aujourd’hui mon erreur, si j’avoue l’enthousiasme inconcevable que m’inspira une conception tout à fait démesurée, je le fais dans l’intérêt des jeunes gens, qui apprendront, sur mon exemple, à vaincre l’imagination. Elle est notre plus cruelle ennemie. Tout savant qui n’a pas réussi à l’étouffer en lui est à jamais perdu pour l’érudition. Je frémis encore à la pensée des abîmes dans lesquels mon esprit aventureux allait me précipiter. J’étais à deux doigts de ce qu’on appelle l’histoire. Quelle chute! J’allais tomber dans l’art. Car l’histoire n’est qu’un art, ou tout au plus une fausse science. Qui ne sait aujourd’hui que les historiens ont précédé les archéologues, comme les astrologues ont précédé les astronomes, comme les alchimistes ont précédé les chimistes, comme les singes ont précédé les hommes ? Dieu merci! j’en fus quitte pour la peur. »France utilise plusieurs types d’ironie: il peut s’agir de faire parler naïvement des personnages en sorte que le lecteur en saisisse le ridicule ou bien d’exprimer avec loquacité l’antithèse de ce que l’auteur pense, en faisant sentir l’ineptie des propos tenus. Le premier genre d’humour est le plus léger et imprègne tout particulièrement L’Île des Pingouins, qualifiée de « chronique bouffonne de la France » par Marie-Claire Bancquart. La seconde sorte d’humour se manifeste surtout par une ironie noire qu’illustre par exemple le conte 'Crainquebille’, histoire d’une injustice sociale ; France fait ainsi dire à un personnage qui analyse le verdict inique prononcé par un juge: « Ce dont il faut louer le président Bourriche, lui dit-il, c’est d’avoir su se défendre des vaines curiosités de l’esprit et se garder de cet orgueil intellectuel qui veut tout connaître. En opposant l’une à l’autre les dépositions contradictoires de l’agent Matra et du docteur David Matthieu, le juge serait entré dans une voie où l’on ne rencontre que le doute et l’incertitude. La méthode qui consiste à examiner les faits selon les règles de la critique est inconciliable avec la bonne administration de la justice. Si le magistrat avait l’imprudence de suivre cette méthode, ses jugements dépendraient de sa sagacité personnelle, qui le plus souvent est petite, et de l’infirmité humaine, qui est constante. Quelle en serait l’autorité ? On ne peut nier que la méthode historique est tout à fait impropre à lui procurer les certitudes dont il a besoin. » Résumé de ses œuvres Le Crime de Sylvestre Bonnard Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut, est un historien et un philologue, doté d’une érudition non dénuée d’ironie: « Savoir n’est rien – dit-il un jour – imaginer est tout. » Il vit au milieu des livres, la cité des livres, mais se lance à la recherche, en Sicile et à Paris, du précieux manuscrit de La Légende dorée qu’il finit un jour par obtenir. Le hasard lui fait rencontrer la petite fille d’une femme qu’il a jadis aimée et, pour protéger l’enfant d’un tuteur abusif, il l’enlève. La jeune fille épousera par la suite un élève de M. Bonnard. Ce roman, qui fut jugé spirituel, généreux et tendre, fit connaître Anatole France. Histoire contemporaine À partir de 1895, France commença à écrire des chroniques pour L’Écho de Paris, sous le titre de Nouvelles ecclésiastiques. Ces textes formeront le début de Histoire contemporaine. Autour d’un enseignant à l’université de Tourcoing, une tétralogie satirique de la société française sous la Troisième république, du boulangisme au début du XXe siècle. Les dieux ont soif Les dieux ont soif est un roman paru en 1912, décrivant les années de la Terreur à Paris, France, entre l’an I et l’an II. Sur fond d’époque révolutionnaire, France, qui pensait d’abord écrire un livre sur l’inquisition, développe ses opinions sur la cruauté de la nature humaine et sur la dégénérescence des idéaux de lendemains meilleurs. La Révolte des anges “La révolte des anges” adopte un mode fantastique pour aborder un certain nombre de thèmes chers à Anatole France: la critique de l’Église catholique, de l’armée, et la complicité de ces deux institutions. L’ironie est souvent mordante et toujours efficace. L’histoire est simple: des anges rebellés contre Dieu descendent sur terre, à Paris précisément, pour préparer un coup d’État (si l’on peut dire) qui rétablira sur le trône du ciel celui que l’on nomme parfois le diable, mais qui est l’ange de lumière, le symbole de la connaissance libératrice... Les tribulations des anges dans le Paris de la IIIe République sont l’occasion d’une critique sociale féroce. Finalement, Lucifer renoncera à détrôner Dieu, car ainsi Lucifer deviendrait Dieu, et perdrait son influence sur la pensée libérée... Influence et postérité Anatole France a été considéré comme une autorité morale et littéraire de premier ordre. Il a été reconnu et apprécié par des écrivains et des personnalités comme Marcel Proust (on pense qu’il est l’un des modèles ayant inspiré Proust pour créer le personnage de l’écrivain Bergotte dans À la recherche du temps perdu), Marcel Schwob et Léon Blum. On le retrouve a contrario dans Sous le soleil de Satan, croqué à charge par Georges Bernanos dans le personnage de l’académicien Antoine Saint-Marin. Il était lu et exerçait une influence sur les écrivains qui refusaient le naturalisme, comme l’écrivain japonais Jun’ichirō Tanizaki, il fut la référence pour Roger Peyrefitte. Ses œuvres sont publiées aux éditions Calmann-Lévy de 1925 à 1935. Anatole France est également, de son vivant et, quelque temps après sa mort, l’objet de nombreuses études. Mais après sa mort, il est la cible d’un pamphlet des surréalistes, Un cadavre, auquel participent Drieu La Rochelle et Aragon, auteur du texte: « Avez vous déjà giflé un mort ? » dans lequel il écrit: « Je tiens tout admirateur d’Anatole France pour un être dégradé. » Pour lui, Anatole France est un « exécrable histrion de l’esprit », représentant de « l’ignominie française ». André Gide le juge un écrivain « sans inquiétude » qu’« on épuise du premier coup ». La réputation de France devient ainsi celle d’un écrivain officiel au style classique et superficiel, auteur raisonnable et conciliant, complaisant et satisfait, voire niais, toutes qualités médiocres que semble incarner le personnage de M. Bergeret. Mais nombre de spécialistes de l’œuvre de France considèrent que ces jugements sont excessifs et injustes, ou qu’ils sont même le fruit de l’ignorance, car ils en négligent les éléments magiques, déraisonnables, bouffons, noirs ou païens. Pour eux, l’œuvre de France a souffert et souffre encore d’une image fallacieuse. D’ailleurs M. Bergeret est tout le contraire d’un conformiste. On lui reproche toujours de ne rien faire comme tout le monde, il soumet tout à l’esprit d’examen, s’oppose fermement, malgré sa timidité, aux notables de province au milieu desquels il vit, il est l’un des deux seuls dreyfusistes de sa petite ville… L’ensemble de l’Histoire contemporaine est, à travers un rappel du scandale inouï que fut l’affaire Dreyfus, un réquisitoire accablant contre la bourgeoisie cléricale, patriote, antisémite et monarchiste, dont beaucoup d’analyses restent applicables à l’époque actuelle. La modération apparente du ton, le classicisme du style qui se plaît souvent aux archaïsmes parodiques, a pu tromper des lecteurs habitués à plus de vociférations, et l’on peut même imaginer que certains détracteurs se soient sentis concernés par les sarcasmes dirigés contre l’extrême-droite et ceux qui réclamaient « la France aux Français » (Jean Coq et Jean Mouton au chapitre XX de M. Bergeret à Paris). Reflétant cet oubli relatif et cette méconnaissance, les études franciennes sont aujourd’hui rares et ses œuvres, hormis parfois les plus connues, sont peu éditées. Œuvres * Catalogue des œuvres d’Anatole FranceLes œuvres d’Anatole France ont fait l’objet d’éditions d’ensemble: * Œuvres Complètes, Paris: Calmann-Lévy, 1925-1935 * Marie-Claire Bancquart (éd.), Anatole France Œuvres (4 vol.), Gallimard, coll. « La Pléiade », 1984-1994 (ISBN 2-07-011063-X, 2-07-011125-3, 2-07-011211-X et 2-07-011361-2) Poésies * Les Poèmes dorés, 1873 * Les Noces corinthiennes, 1876. Drame antique en vers Romans et nouvelles * Jocaste et le Chat maigre, 1879 * Le Crime de Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut, 1881. Prix Montyon de l’Académie française * Les Désirs de Jean Servien, 1882 * Abeille, conte, 1883 * Balthasar, 1889. Premier recueil de nouvelles publié par Anatole France * Thaïs, 1890,; réédité en 1923 avec la mention “Nouvelle édition revue et corrigée par l’auteur”. Cet ouvrage a fourni l’argument à l’opéra Thaïs de Jules Massenet * L’Étui de nacre, 1892, recueil de contes; réédité en 1923 avec la mention “Édition revue et corrigée par l’auteur” * La Rôtisserie de la reine Pédauque, 1892 * Les Opinions de Jérôme Coignard, recueillis par Jacques Tournebroche, 1893 * Le Lys rouge, 1894 * Le Jardin d’Épicure, 1894; réédité en 1921 avec la mention “Édition revue et corrigée par l’auteur” * Le Puits de Sainte Claire, 1895 * Histoire contemporaine en quatre parties: * 1. L’Orme du mail, 1897; réédité en 1924 avec la mention “Édition revue et corrigée par l’auteur” * 2. Le Mannequin d’osier, 1897; réédité en 1924 avec la mention “Édition revue et corrigée par l’auteur” * 3. L’Anneau d’améthyste, 1899 * 4. Monsieur Bergeret à Paris, 1901 * Clio, 1899; réédition sous le titre Sous l’invocation de Clio, 1921 * L’Affaire Crainquebille, 1901 * Le Procurateur de Judée, 1902 * Histoire comique, 1903 * Crainquebille, Putois, Riquet et plusieurs autres récits profitables, 1904 * Sur la pierre blanche, 1905, * L’Île des Pingouins, 1908,; réédition Paris: Théolib, 2014 (ISBN 978-2-36500-082-6); * Les Contes de Jacques Tournebroche, 1908 * Les Sept Femmes de Barbe bleue et autres contes merveilleux, 1909 * Les dieux ont soif, 1912 * La Révolte des anges, 1914 Souvenirs * Le Livre de mon ami, 1885. Réédition illustrée par Fernand Siméon aux Editions G. Grès et Cie en 1921. * Pierre Nozière, 1899 * Le Petit Pierre, 1918 * La Vie en fleur, 1922 Théâtre * Au petit bonheur, 1898. Pièce en un acte * Crainquebille, 1903 * La Comédie de celui qui épousa une femme muette, 1908. Pièce en deux actes * Le Mannequin d’osier, 1897. Comédie adaptée du roman homonyme (première représentation le 22 mars 1904); Histoire * Vie de Jeanne d’Arc, 1908 Critique littéraire * Alfred de Vigny, 1868 * Le Château de Vaux-le-Vicomte, 1888. Préface de Jean Cordey. Rééditions: Calmann– Lévy, 1933 ; Presses du Village, 1987 ; archives pers.[réf. nécessaire]) * Le Génie latin, 1913. Recueil de préfaces * La Vie littéraire, Paris, Calmann-Lévy, 1933. La préface de la "quatrième série" est datée de mai 1892 Critique sociale * Opinions sociales, 1902 * Le Parti noir, 1904 * Vers les temps meilleurs, 1906. Recueil de discours et lettres en 3 tomes ; 3 portraits par Auguste Leroux * Sur la voie glorieuse, 1915 * Trente ans de vie sociale en 4 tomes: * I. 1897-1904, 1949, commentaires de Claude Aveline * II. 1905-1908, 1953, commentaires de Claude Aveline * III. 1909-1914, 1964, commentaires de Claude Aveline et Henriette Psichari * IV. 1915-1924, 1973, commentaires de Claude Aveline et Henriette Psichari; seconde édition (1971)[réf. nécessaire]; * « Préface » du livre de: Dr Oyon, Précis de l’affaire Dreyfus, Paris, Pages libres, 1903 Adaptations Théâtre * Crainquebille Musique * Thaïs de Jules Massenet * Le Jongleur de Notre-Dame de Jules Massenet, inspiré d’une des nouvelles de L’Étui de Nacre ; * Les Noces corinthiennes, opéra d’Henri Büsser. Filmographie * Des adaptations au cinéma d’œuvres d’Anatole France ont été réalisées dès son vivant. * Il apparaît aussi dans un documentaire de Sacha Guitry, Ceux de chez nous (1915). * Films * 1914: Thais de Constance Crawley et Arthur Maude ; * 1920: Le Lys Rouge de Charles Maudru ; * 1922: Crainquebille de Jacques Feyder, avec Françoise Rosay ; * 1926: Les dieux ont soif de Pierre Marodon.Téléfilms * 1981: Histoire contemporaine de Michel Boisrond, avec Claude Piéplu dans le rôle de Monsieur Bergeret (série de 4 téléfilms). Hommages * De nombreuses voies publiques, transports publics, portent le nom d’Anatole France, parmi lesquels une station du métro de Paris et une du métro de Rennes. En 2015, il est le vingt-neuvième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics français: pas moins de 177 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434).En 1937, la Poste française émet un timbre-poste à son effigie.Deux portraits de lui dessinés et signés par Théophlie-Alexandre Steinlen, l’un daté de 1917, l’autre annoté "Saint-Cloud, janvier 1920" figuraient sous les numéros 74 et 75 du catalogue de dessins et estampes du marchand Paul Prouté de 1985. * Dans Les Puissances des ténèbres (1980), le romancier britannique Anthony Burgess mentionne Anatole France et sa nouvelle « Le Miracle du grand saint Nicolas » comme source d’inspiration pour un opéra écrit par le narrateur Kenneth Marchal Toomey. * Une statue de lui assis devant une petite colonnade orne le parc de la préfecture d’Indre-et– Loire. * Dans le cadre des 31èmes Journées Européennes du Patrimoine, la municipalité de Saint-Cyr-sur-Loire (37), l’association “Saint-Cyr; hommes et patrimoine” et le Conseil Général d’Indre-et-Loire ont organisé ces manifestations: * le 19 septembre 2014, installation du buste de France en 1919 par Antoine Bourdelle (cf. le bronze du musée d’Orsay reproduit sur cette page), exemplaire en pierre (?) inauguré en 1955 puis restauré, dans le parc du manoir de la Tour, espace à vocation littéraire qui honore les hommes de lettres illustres ayant séjourné dans la commune; * le 20 septembre 2014, évocation musicale de sa vie et de son œuvre avec musiques de Paul-Henri Busser et de Massénet dans le parc de La Perraudière (mairie); * du 20 au 28 septembre 2014, présentation dans la mairie de l’exposition "Anatole France, sa vie son œuvre et ses dix ans à Saint-Cyr-sur-Loire" (cf. le magazine municipal Saint-Cyr présente... de septembre-décembre 2014, Anatole France “Pourquoi m’avez-vous oublié ?”– p. 6 et 7).L’un de ses textes faisait partie du corpus au Baccalauréat de Français en juin 2016. Une petite polémique [1] [2] se déclencha après les épreuves au cours desquelles de nombreux candidats qui ne le connaissaient pas l’avaient parfois pris pour une femme. Citations * « La langue française est une femme. Et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, touchante, voluptueuse, chaste, noble, familière, folle, sage, qu’on l’aime de toute son âme, et qu’on n’est jamais tenté de lui être infidèle. » (Les Matinées de la Villa Saïd, 1921) ; * « Ah! c’est que les mots sont des images, c’est qu’un dictionnaire c’est l’univers par ordre alphabétique. À bien prendre les choses, le dictionnaire est le livre par excellence. » (La Vie littéraire) ; * « Je vais vous dire ce que me rappellent, tous les ans, le ciel agité de l’automne, les premiers dîners à la lampe et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent ; je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg dans les premiers jours d’octobre, alors qu’il est un peu triste et plus beau que jamais ; car c’est le temps où les feuilles tombent une à une sur les blanches épaules des statues. Ce que je vois alors dans ce jardin c’est un petit bonhomme qui, les mains dans les poches et sa gibecière au dos, s’en va au collège en sautillant comme un moineau... » (Le Livre de mon ami, chapitre X: « Les humanités ») ; * « Le lecteur n’aime pas à être surpris. Il ne cherche jamais dans l’histoire que les sottises qu’il sait déjà. Si vous essayez de l’instruire, vous ne ferez que l’humilier et le fâcher. Ne tentez pas l’éclairer, il criera que vous insultez à ses croyances (...) Un historien original est l’objet de la défiance, du mépris et du dégoût universel. » (L’Île des pingouins, préface) ; * « De tous les vices qui peuvent perdre un homme d’État, la vertu est le plus funeste: elle pousse au crime. » (La Révolte des anges, chapitre XXI) ; * « La guerre et le romantisme, fléaux effroyables! Et quelle pitié de voir ces gens-ci nourrir un amour enfantin et furieux pour les fusils et les tambours! » (La Révolte des Anges, chapitre XXII) ; * « Je ne connais ni juifs ni chrétiens. Je ne connais que des hommes, et je ne fais de distinction entre eux que de ceux qui sont justes et de ceux qui sont injustes. Qu’ils soient juifs ou chrétiens, il est difficile aux riches d’être équitables. Mais quand les lois seront justes, les hommes seront justes. » (Monsieur Bergeret à Paris, chapitre VII) ; * « L’union des travailleurs fera la paix dans le monde », cette citation, faussement attribuée à France (c’est une traduction de Marx), se trouve notamment sur le Monument aux morts pacifiste de Mazaugues dans le Var ; * « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels » (« Lettre ouverte à Marcel Cachin », L’Humanité, 18 juillet 1922) ; cité par Michel Corday dans sa biographie (1928); * « Ma faiblesse m’est chère. Je tiens à mon imperfection comme à ma raison d’être. » (Le Jardin d’Épicure, 1894) ; * « Monsieur Dubois demanda à Madame Nozière quel était le jour le plus funeste de l’histoire. Madame Nozière ne le savait pas. C’est, lui dit Monsieur Dubois, le jour de la bataille de Poitiers, quand, en 732, la science, l’art et la civilisation arabes reculèrent devant la barbarie franque. » (La Vie en Fleur, 1922) ; * « Bénissons les livres, si la vie peut couler au milieu d’eux en une longue et douce enfance! » (La Vie littéraire, tome 1, préface) ; * « Mais parce que mes passions ne sont point de celles qui éclatent, dévastent et tuent, le vulgaire ne les voit pas. » (Le Crime de Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut, 1881). * "C’était le seul homme de valeur à avoir accédé, durant la guerre, à un poste de haute responsabilité; mais on ne l’a pas écouté. Il a sincèrement voulu la paix et c’est la raison pour laquelle on n’eut pour lui que du mépris. On est ainsi passé à côté d’une splendide occasion". (lettre de 1917 à propos de Charles 1er de Habsbourg). Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Anatole_France

Jacques Delille

Jacques Delille, souvent appelé l’abbé Delille, né à Clermont-Ferrand le 22 juin 1738 et mort à Paris dans la nuit du 1er au 2 mai 1813, est un poète et traducteur français. Biographie Jacques, enfant naturel, conçu dans un jardin d’Aigueperse, naît chez un accoucheur, rue des Chaussetiers, à Clermont-Ferrand, le 22 juin 1738 de Marie-Hiéronyme Bérard, de la famille du chancelier Michel de l’Hospital. Il est reconnu par Antoine Montanier, avocat au Parlement de Clermont-Ferrand, qui meurt peu de temps après en lui laissant une modeste pension viagère de cent écus. Sa mère, aussi discrète que belle, lui transmet un pré, sis à Pontgibaud, ce qui lui permit d’adjoindre à son prénom le nom de famille Delille. Jusqu’à douze ou treize ans, il est placé chez une nourrice à Chanonat et reçoit ses premières leçons du curé du village. Envoyé à Paris, il fait de brillantes études au collège de Lisieux et devient maître de quartier au collège de Beauvais, puis professeur, d’abord au collège d’Amiens, ensuite au collège de la Marche à Paris. Il s’était déjà signalé par un remarquable talent de versificateur et une aptitude exceptionnelle à la poésie didactique. Sa gloire est assurée d’un coup par sa traduction en vers des Géorgiques de Virgile, qu’il publie en 1770. Louis Racine avait tenté de le dissuader de cette entreprise, qu’il jugeait téméraire, mais Delille avait persisté dans son dessein, et Louis Racine, convaincu par ses premiers essais, l’y avait encouragé. Son poème est accueilli par un concert de louanges, troublé seulement par la voix discordante de Jean-Marie-Bernard Clément, de Dijon. «Rempli de la lecture des Géorgiques de M. Delille, écrivit Voltaire à l’Académie française en mars 1772, je sens tout le prix de la difficulté si heureusement surmontée, et je pense qu’on ne pouvait faire plus d’honneur à Virgile et à la nation. Le poème des Saisons [de Jean-François de Saint-Lambert] et la traduction des Géorgiques me paraissent les deux meilleurs poèmes qui aient honoré la France après L’Art poétique [de Nicolas Boileau].» Delille est élu à l’Académie française en 1772, mais le maréchal de Richelieu intervient auprès de Louis XV pour faire annuler son élection au motif qu’il est trop jeune. Réélu en 1774, il est, cette fois, reçu par l’illustre compagnie, Jean-François de La Harpe ayant fait observer dans le Mercure de France qu’il était indigne qu’un talent aussi exceptionnel en soit réduit à dicter des thèmes latins à des écoliers. Il est, en outre, nommé à la chaire de poésie latine du Collège de France. L’ascension de Delille s’accélère encore après la mort de Voltaire, qui pouvait passer pour son seul rival. Tant la cour que le monde des lettres reconnaissent unanimement la supériorité de son talent. Il est à la fois le protégé de Marie-Thérèse Geoffrin et celui de Marie-Antoinette et du comte d’Artois. Ce dernier lui fait attribuer le bénéfice de l’abbaye de Saint-Séverin, qui rapportait 30 000 francs, tout en permettant de se borner aux ordres mineurs, que Delille avait reçus à Amiens en 1762. En 1782, la publication du poème des Jardins, sans doute l’œuvre la plus célèbre de Delille, est un nouveau triomphe, amplifié par le talent avec lequel l’auteur savait lire ses vers à l’Académie, au Collège de France ou dans les salons. Le comte de Choiseul-Gouffier parvient néanmoins à le persuader de s’arracher à tant d’adulation pour le suivre dans son ambassade de Constantinople. En 1786, il se met en ménage avec sa gouvernante, Marie-Jeanne Vaudechamps, qu’il épouse en 1799. Sous la Révolution française, ayant perdu le bénéfice qui était sa seule source de revenus, Delille est inquiété, mais conserve la liberté, sacrifiant aux idées de l’heure en composant, à la demande de Pierre-Gaspard Chaumette, un Dithyrambe sur l’Être suprême et l’immortalité de l’âme. Sous le Directoire, il se retire à Saint-Dié, pays de sa femme, puis quitte la France après la chute de Robespierre, au moment où d’autres y rentraient, pour passer en Suisse, en Allemagne et en Angleterre. Durant cet exil, poussé par sa femme, qui avait pris beaucoup d’ascendant sur lui, il travaille énormément. Il compose L’Homme des champs et entreprend Les Trois règnes de la nature en Suisse, compose La Pitié en Allemagne et traduit Paradise Lost (Le Paradis perdu) de John Milton à Londres. Rentré en France en 1802, il retrouve sa chaire au Collège de France et son fauteuil à l’Académie. Il effectue de longs séjours dans la maison de plaisance du baron Micoud d’Umons à Clamart, où il aurait écrit en 1808 Les Trois Règnes de la Nature. À la fin de sa vie, il devient aveugle, comme Homère, et cette infirmité ajoute encore à l’admiration proche de l’idolâtrie qui lui était vouée. Il meurt d’une attaque d’apoplexie dans la nuit du 1er au 2 mai 1813. Son corps est exposé pendant trois jours sur un lit de parade au Collège de France, le front ceint d’une couronne de laurier et, considéré comme le plus grand poète français, il reçoit des funérailles grandioses, suivies par une foule immense. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (11e division). Œuvre Essai sur l’homme de Pope, 1765 Les Géorgiques de Virgile, 1770. Les Jardins ou l’art d’embellir les paysages, poème en 8 chants, 1782 Bagatelles jetées au vent, 1799 L’Homme des champs, ou les Géorgiques françaises, 1800 Dithyrambe sur l’immortalité de l’âme, 1802 Poésies fugitives, 1802 La Pitié, poème en 4 chants, 1803 L’Énéide de Virgile, 1804 Le Paradis perdu de Milton, 1805. L’Imagination, poème en 8 chants, 1806. Les Bucoliques de Virgile, 1806, réédité par Philippe Gonin, Paris, 1951, édition enrichie de bois gravés par Lucile Passavant (200 exemplaires). Les Trois Règnes de la nature, 1808 ( A Paris chez Nicolle et chez Giguet et Michaud) . La Conversation, poème, 1812.Ses œuvres complètes ont été publiées de 1817 à 1821 par Joseph-François Michaud, puis rééditées par Lefèvre en 1833, avec des notes de Choiseul-Gouffier, Parseval-Grandmaison, Charles-Marie de Féletz, Descuret, Aimé-Martin, Barthélemy Philibert d’Andrezel, Elzéar de Sabran (écrivain), Louis-Simon Auger, etc. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Delille

Blaise Cendrars

Frédéric Louis Sauser, dit Blaise Cendrars [sɑ̃.dʁaːʁ], est un écrivain suisse et français, né le 1er septembre 1887 à La Chaux-de-Fonds (Suisse) et mort le 21 janvier 1961 à Paris. À ses débuts, il utilise brièvement les pseudonymes Freddy Sausey, Jack Lee et Diogène. Dès l’âge de 16 ans, il quitte la Suisse pour un long séjour en Russie puis, en 1911, il se rend à New York où il écrit son premier poème Les Pâques (qui deviendra Les Pâques à New York en 1919). Il le publie à Paris en 1912 sous le pseudonyme de Blaise Cendrars, qui fait allusion aux braises et aux cendres permettant la renaissance cyclique du phénix. En 1913, il fait paraître son poème le plus célèbre, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France. Dès le début de la guerre de 1914-1918, il s’engage comme volontaire étranger dans l’armée française avant d’être versé dans la Légion étrangère. Parmi ses compagnons d’armes de la Légion, figure notamment Eugene Jacques Bullard, premier pilote noir des forces alliées à partir de 1917. Gravement blessé le 28 septembre 1915, Cendrars est amputé du bras droit et en conséquence réformé. Il écrit sur cette expérience, de la main gauche, son premier récit en prose : il s’agit d’une première version de La Main coupée. Le 16 février 1916, à la suite de son engagement dans la guerre, il est naturalisé français. Écrivant désormais de la main gauche, il travaille dans l’édition et délaisse un temps la littérature pour le cinéma, mais sans succès. Lassé des milieux littéraires parisiens, il voyage au Brésil à partir de 1924. En 1925, il s’oriente vers le roman avec L’Or, où il retrace le dramatique destin de Johann August Sutter, millionnaire d’origine suisse ruiné par la découverte de l’or sur ses terres en Californie. Ce succès mondial va faire de lui, durant les années 1920, un romancier de l’aventure, que confirme Moravagine en 1926. Dans les années 1930, il devient grand reporter. Correspondant de guerre dans l’armée anglaise en 1939, il quitte Paris après la débâcle et s’installe à Aix-en-Provence. Après trois années de silence, il commence en 1943 à écrire ses Mémoires : L’Homme foudroyé (1945), La Main coupée (1946), Bourlinguer (1948) et Le Lotissement du ciel (1949). De retour à Paris en 1950, il collabore fréquemment à la Radiodiffusion française. Victime d’une congestion cérébrale le 21 juillet 1956, il meurt des suites d’une seconde attaque le 21 janvier 1961. L’œuvre de Blaise Cendrars, poésie, romans, reportages et mémoires, est placée sous le signe du voyage, de l’aventure, de la découverte et de l’exaltation du monde moderne où l’imaginaire se mêle au réel de façon inextricable. Le fonds d’archives de Blaise Cendrars a été créé en 1975 par Miriam Gilou-Cendrars (1920-2018), sa fille, et se trouve aux Archives littéraires suisses à Berne. Biographie Les années d’apprentissage Frédéric-Louis Sauser naît le 1er septembre 1887 à La Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel), dans une famille bourgeoise d’origine bernoise mais francophone. Les voyages de son père, un homme d’affaires un peu niais et instable, font mener à la famille une vie itinérante, notamment à Naples. Envoyé en pension en Allemagne, Freddy fugue. Ses parents l’inscrivent à l’École de commerce de Neuchâtel, pour des études qui ne lui plaisent pas. En 1904, au vu de ses mauvais résultats scolaires, il est envoyé en apprentissage à Moscou et surtout à Saint-Pétersbourg, alors en pleine effervescence révolutionnaire. Jusqu’en 1907, il y travaille chez un horloger suisse. À la Bibliothèque impériale, dont il devient l’habitué, un bibliothécaire, R. R., l’encourage à écrire. Freddy commence à noter ses lectures, ses pensées, il aurait alors écrit La Légende de Novgorode, de l’or gris et du silence. Pour lui faire une surprise, R. R. l’aurait traduit en russe et fait imprimer à 14 exemplaires en blanc sur papier noir. Du vivant de Cendrars, personne n’a jamais vu ce livre qu’il a pourtant fait figurer en tête de toutes ses bibliographies à partir de Séquences (1913). Beaucoup doutaient de son existence, lorsqu’un poète bulgare en découvre un exemplaire, en 1995, chez un bouquiniste de Sofia. Depuis lors, l’authenticité de cette plaquette fait l’objet de controverses, ce qui enrichit la mythologie du poète de nouveaux épisodes. En 1907, Frédéric-Louis Sauser revient en Suisse. Étudiant la médecine à l’université de Berne, il a rencontré Adolf Wölfli, interné à l’asile de la Waldau. Ce schizophrène violent, dessinateur de génie, pourrait être un des modèles de Moravagine, le « grand fauve humain » qui va obséder Cendrars comme un double pendant de longues années. Quant aux études universitaires, elles apportent peu de réponses aux questions qui le hantent sur l’homme, son psychisme, son comportement. Sous l’influence du Latin mystique de Remy de Gourmont, il écrit ses premiers poèmes : Séquences. Après un court séjour à Paris, il retourne en 1911, pour quelques mois, à Saint-Pétersbourg. Il y écrit son premier roman, Moganni Nameh qui ne paraîtra, en feuilleton, qu’en 1922 dans la revue Les Feuilles libres. Il se plonge dans Schopenhauer ; une formule de ce philosophe illumine son rapport à la réalité : « le monde est ma représentation ». Désormais, la vie et la poésie seront pour lui des vases communicants. Entrée de la modernité Fin 1911, Freddy s’embarque pour New York pour rejoindre Fela Poznańska, une étudiante juive polonaise rencontrée à Berne. Il l’épousera par la suite et elle sera la mère de ses enfants Odilon et Rémy, et de Miriam. Ce séjour aux États-Unis lui montre la voie, nouvelle et soumise aux lois de la mécanique, de la vitesse, de la modernité, dans lequel le monde s’engage. Au sortir d’une nuit d’errance, il rédige son premier long poème, Les Pâques à New York, un poème fondateur de la poésie moderne. Pour le signer il s’invente le pseudonyme de Blaise Cendrars. Pour Cendrars, l’acte de création artistique a lieu lorsque le poète est tel une braise, qui se consume au cours de la création, puis s’éteint pour se transformer en cendres. C’est pourquoi il choisit son pseudonyme Blaise comme braise, et Cendrars comme cendre,. Il revient à Paris pendant l’été 1912, convaincu de sa vocation de poète. Avec sa femme il demeure au 4 de la rue de Savoie. Avec Emil Szittya, un écrivain anarchiste, il fonde Les Hommes nouveaux, une revue et une maison d’édition où il publie Les Pâques, puis Séquences, un recueil de poèmes plus anciens d’inspiration décadente, marqués par l’influence de Remy de Gourmont qu’il admire comme un maître. Séquences appartient davantage à Freddy Sauser qu’à Cendrars, même s’il le signe de son pseudonyme. Il se lie d’amitié avec des personnalités artistiques et littéraires : Apollinaire et les artistes de l’école de Paris, Chagall, Léger, Survage, Modigliani, Csaky, Archipenko, Delaunay. En 1913, il publie La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France, avec des compositions en couleurs de Sonia Delaunay-Terk. Dans ce premier livre simultané, le texte et l’image sont étroitement imbriqués pour créer une émotion artistique nouvelle, qui sera à l’origine d’une vive polémique. Ce poème-tableau de deux mètres de hauteur, présenté sous forme de dépliant, est reconnu aujourd’hui comme une contribution majeure à l’histoire du livre d’artiste. L’amitié liant Cendrars à certains artistes de l’École de Paris conduit Cendrars à la création de poèmes abstraits révolutionnaires, qui constituent aussi pour certains des hommages directs à des peintres comme Chagall et Léger : il s’agit des Dix-neuf poèmes élastiques publiés en 1919. Dès le début de la Première Guerre mondiale, Cendrars lance, avec l’écrivain italien Ricciotto Canudo, un appel aux artistes étrangers qui vivent en France, et s’engage à la Légion étrangère pour la durée de la guerre au régiment de marche du camp retranché de Paris. Il est affecté à la 6e compagnie du 3e régiment de marche du 1er étranger. Après son baptême du feu sur la Somme en novembre, il est promu légionnaire de 1re classe après six mois d’engagement puis caporal pour son courage au feu le 12 juin 1915. Son régiment est dissous en juillet 1915 et il est alors affecté au 2e régiment de marche du 2e étranger. Le 28 septembre 1915, au cours de la grande offensive de Champagne, gravement blessé au bras droit par une rafale de mitrailleuse, il est amputé au-dessus du coude. Il est alors cité à l’ordre de l’armée, décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre avec 2 palmes avant d’être réformé. Le poète de la main gauche Après une « année terrible », le poète manchot apprend à écrire de la main gauche. En 1916, il publie La Guerre au Luxembourg. Le 16 février 1916, il est naturalisé français. Au cours de l’été 1917, qu’il passe à Méréville (Seine-et-Oise, aujourd’hui Essonne), il découvre son identité nouvelle d’homme et de poète de la main gauche, en rédigeant, au cours de sa « plus belle nuit d’écriture », le 1er septembre, La Fin du monde filmée par l’Ange N.-D. Commence alors une période d’activité créatrice intense placée sous le signe tutélaire de la constellation d’Orion, dans laquelle la main droite du poète s’est exilée. Dans J’ai tué (1918), premier livre illustré par Fernand Léger, il écrit quelques-unes des pages les plus fortes et les plus dérangeantes qui aient été écrites sur la guerre : « Mille millions d’individus m’ont consacré toute leur activité d’un jour, leur force, leur talent, leur science, leur intelligence, leurs habitudes, leurs sentiments, leur cœur. Et voilà qu’aujourd’hui j’ai le couteau à la main. L’eustache de Bonnot. « Vive l’humanité ! » Je palpe une froide vérité sommée d’une lame tranchante. J’ai raison. Mon jeune passé sportif saura suffire. Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J’ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver l’homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. À nous deux maintenant. À coups de poing, à coups de couteau. Sans merci. Je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J’ai tué le Boche. J’étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J’ai frappé le premier. J’ai le sens de la réalité, moi, poète. J’ai agi. J’ai tué. Comme celui qui veut vivre. » Avec Profond aujourd’hui (1917), le poète de la main gauche publie son manifeste en présentant une vision poétique de la modernité. Paraissent également des poèmes écrits avant guerre : son troisième poème « homérique » ou « whitmanien », Le Panama ou les aventures de mes sept oncles (1918), ainsi que les Dix-neuf poèmes élastiques (1919). Le poète grec Yannis Livadas (en) écrivait à propos de Cendrars : « Si Rimbaud fut fondateur et pilier de l’esprit de la poésie moderne, Cendrars, en plus d’en être un grand réformateur, il en fut également bâtisseur lors de l’élévation de celle-ci. D’un premier point de vue, on pourrait y voir le plus sublime, le plus accompli, le dernier des symbolistes. Cependant, Blaise Cendrars fut indiscutablement le pionnier capital du modernisme » Blaise Cendrars : A Poet for the Twenty-First Century. S’éloignant de Paris, il prend congé des milieux littéraires d’avant-garde (Dada, puis surréalisme) dont les polémiques lui paraissent dépassées et gagne Bruxelles où il donne des conférences à l’U.L.B. (Université Libre de Bruxelles), s’y liant d’amitié avec Robert Goffin. Attiré par le cinéma, qui incarne pour lui la modernité de l’expression artistique, il devient l’assistant d’Abel Gance pour J’accuse, où il tient également un rôle de figurant, puis pour La Roue. En 1921, il passe lui-même à la réalisation à Rome, mais l’expérience est un échec. Comme beaucoup d’artistes et d’écrivains à cette époque, il se passionne pour l’Afrique et compile dans son Anthologie nègre (1921) des contes de tradition orale, qu’il est le premier à considérer comme de la littérature. Pour les Ballets suédois, il tire de ce recueil l’argument de La Création du Monde (1923), avec une musique de Darius Milhaud, des décors et costumes de Fernand Léger. Découverte du Brésil En janvier 1924, il se rend au Brésil à l’invitation de Paulo Prado (pt), homme d’affaires et mécène des poètes modernistes de São Paulo, parmi lesquels Oswald de Andrade et Mário de Andrade. Dans un pays où la nature aussi bien que la population s’accordent à ses aspirations profondes, il découvre son « Utopialand » qu’il célébrera souvent dans ses livres. Il y retournera par deux fois, de janvier à juin 1926 et d’août 1927 à janvier 1928. Il s’y lie notamment avec les poètes Oswald de Andrade (qui lui dédia son recueil Pau Brasil, publié en 1925 au Sans Pareil), Mário de Andrade, Sérgio Milliet, Luis Aranha, Manuel Bandeira et Carlos Drummond de Andrade, ainsi qu’avec les peintres Cícero Dias et surtout Tarsila do Amaral, qu’il nomme « la plus belle Pauliste du monde ». En 1924, il publie Kodak (Documentaire). Il faudra attendre les années 1970 pour découvrir que Cendrars avait composé ces poèmes par collage en découpant et réaménageant des fragments du Mystérieux docteur Cornélius, un roman populaire de Gustave Le Rouge. Il voulait ainsi montrer à son ami qu’il était lui aussi un poète. La même année, paraît Feuilles de route, son dernier recueil de poèmes, illustré par Tarsila do Amaral. Du roman au journalisme Au retour du Brésil, il se lance dans le roman. En quelques semaines, il écrit L’Or (1925), où il retrace le tragique destin de Johann August Suter, millionnaire d’origine suisse ruiné par la découverte de l’or sur ses terres en Californie. Ce succès mondial va faire de lui, durant les années 1920, un romancier de l’aventure. Suivent bientôt Moravagine (1926), puis Le Plan de l’Aiguille et Les Confessions de Dan Yack qui rate le Goncourt. Une vie romancée de l’aventurier Jean Galmot (Rhum– L’aventure de Jean Galmot, 1930) lui fait découvrir le monde du journalisme. Dans les années 1930, il devient grand reporter pour explorer les bas-fonds (Panorama de la pègre, 1935). Son ami Pierre Lazareff, le patron de Paris-Soir, l’envoie prendre part au voyage inaugural du paquebot Normandie, puis visiter Hollywood, la Mecque du cinéma. Pendant la même période, il recueille dans trois volumes d’« histoires vraies » les nouvelles qu’il a publiées dans la grande presse. En décembre 1934, il rencontre Henry Miller qui deviendra un de ses amis. Entre 1937 et 1938, il se retire dans les Ardennes, sur la propriété d’Élisabeth Prévost, une jeune femme baroudeuse de vingt-sept ans qu’il a rencontrée à Paris et à laquelle il dédiera L’Homme foudroyé. En 1939, lorsque la guerre éclate, il s’engage comme correspondant de guerre auprès de l’armée britannique. Ses reportages paraissent notamment dans Paris-Soir et le livre qu’il en tire, Chez l’armée anglaise, sera pilonné par les Allemands. Profondément affecté par la débâcle, il quitte Paris et le journalisme pour se retirer à Aix-en-Provence pendant toute l’Occupation. Durant trois ans, il cesse d’écrire. Le rhapsode des mémoires À la suite d’une visite du romancier Édouard Peisson, il sort enfin du silence le 21 août 1943 et commence L’Homme foudroyé (1945) que suivront La Main coupée, Bourlinguer et Le Lotissement du ciel. Ces volumes de « mémoires qui sont des mémoires sans être des mémoires » forment une tétralogie marquée par deux grands traumatismes : la perte de sa main droite et le suicide d’une jeune fille profondément amoureuse de lui. Ils sont composés comme des rhapsodies par Cendrars qui renoue ainsi avec la formation musicale de sa jeunesse. À l’occasion de ce retour à l’écriture, un jeune photographe inconnu, Robert Doisneau, est envoyé à Aix pour faire un reportage sur Cendrars. Il illustre l’article que Maximilien Vox publie en 1945 dans La Porte ouverte, la revue de la chambre de commerce franco-suédoise, sous un titre qui résume bien ces années de guerre : Cendrars, un éléphant solitaire. Quatre ans plus tard, en 1949, Cendrars écrit le texte du premier album de Doisneau : La Banlieue de Paris, qui révèle un grand photographe. En 1944, Cendrars, qui n’écrit plus de poèmes depuis vingt ans, a recueilli ses Poésies complètes chez Denoël, avec l’aide et une préface de son ami Jacques-Henry Lévesque resté à Paris. En janvier 1948, il quitte Aix-en-Provence pour Villefranche-sur-Mer. De jeunes poètes viennent lui rendre visite : André Miguel, Frédéric Jacques Temple. L’année suivante, le 27 octobre 1949, il se marie avec Raymone Duchâteau, à Sigriswil dans l’Oberland bernois. Depuis qu’il a rencontré cette jeune comédienne en octobre 1917, il lui voue un amour idéalisé, non sans ambivalence, traversé de nombreuses crises. La même année 1949, il publie Le Lotissement du ciel, dernier volume des mémoires, qui réunit les deux figures de Joseph de Cupertino, le saint volant du XVIIe siècle, et Oswaldo Padroso, un fazendeiro brésilien qui s’est pris d’un amour fou pour Sarah Bernhardt. Le prière d’insérer du volume tient de la profession de foi : « Je voulais indiquer aux jeunes gens d’aujourd’hui qu’on les trompe, que la vie n’est pas un dilemme et qu’entre les deux idéologies contraires entre lesquels on les somme d’opter, il y a la vie, la vie, avec ses contradictions bouleversantes et miraculeuses, la vie et ses possibilités illimitées, ses absurdités beaucoup plus réjouissantes que les idioties et les platitudes de la « politique », et que c’est pour la vie qu’ils doivent opter, malgré l’attirance du suicide, individuel ou collectif, et de sa foudroyante logique scientifique. Il n’y a pas d’autres choix possibles. Vivre ! » Retour à Paris En 1950, il retourne définitivement à Paris et s’installe au no 23 rue Jean-Dolent, derrière la prison de la Santé. À l’initiative de son ami Paul Gilson, qui y dirige les programmes artistiques, il collabore fréquemment à la Radiodiffusion française en compagnie notamment de Nino Frank et Albert Rièra. Ses entretiens radiophoniques avec Michel Manoll connaissent un grand succès. Il se lie avec de jeunes écrivains qu’il recommande aux éditions Denoël : René Fallet, Robert Giraud, Jean-Paul Clébert, Jacques Yonnet. Après un travail long et difficile, il publie, en 1956, Emmène-moi au bout du monde !…, un roman à clefs sous couvert d’une intrigue policière. La truculence de cette chronique théâtrale qui doit beaucoup à la vie de la comédienne Marguerite Moreno, une amie de Raymone, fait scandale. Ce sera sa dernière œuvre car il est victime d’une première attaque cérébrale le 21 juillet 1956, puis d’une seconde en 1958. En janvier 1959, c’est un grabataire qu’André Malraux fait Commandeur de la Légion d’honneur. Il se convertit au catholicisme le 1er mai 1959 et épouse religieusement Raymone à l’église Saint-Dominique. Le couple emménage en août au rez-de-chaussée d’un immeuble de la rue José-Maria-de-Heredia. Il meurt le 21 janvier 1961 en son domicile au 5 rue José-Maria-de-Heredia dans le 7e arrondissement de Paris, après avoir reçu in extremis la seule récompense littéraire officielle qu’il ait obtenue de son vivant : le grand prix littéraire de la Ville de Paris. Hommages et postérité Blaise Cendrars a reposé de 1961 à 1994 au cimetière des Batignolles à Paris. Depuis 1923, il disposait d’une résidence, sa « maison des champs », au Tremblay-sur-Mauldre dans les Yvelines. En 1994, ses cendres ont été transférées dans le cimetière de ce village. En 2005, un Espace Blaise-Cendrars y est inauguré et la sente Blaise-Cendrars mène à la « maison des champs » où il écrivit L’Or. Après sa mort, un lycée prend son nom dans sa ville natale de La Chaux-de-Fonds et à Sevran (Seine-Saint-Denis). La médiathèque de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) porte aussi son nom. Le train RABDe 500 011-2 des CFF porte le nom de Blaise-Cendrars. En 2011, le cinquantième anniversaire de la mort de Cendrars est inscrit en France parmi les célébrations nationales par le ministère de la Culture et de la Communication. En mai 2013, les Œuvres autobiographiques complètes de Blaise Cendrars entrent, en deux volumes, dans la Bibliothèque de la Pléiade chez Gallimard et l’album de la Pléiade de 2013 lui est dédié à cette occasion. Une fresque a été réalisée au marteau piqueur par l’artiste Telmo Guerra en octobre 2017 à La Chaux-de-Fonds sur la façade arrière de l’ancien cinéma Corso. Le roman Les Pêcheurs d’étoiles de Jean-Paul Delfino, paru en octobre 2017 aux Éditions Le Passage Echo : Érik Satie et Blaise Cendrars traversent la nuit parisienne à la recherche de l’amour de l’un (Suzanne Valadon) et de l’ennemi des deux (Jean Cocteau). Œuvres Poèmes * La Légende de Novgorode ou La Légende de Novgorode, de l’Or gris et du Silence. Dans ses bibliographies, Cendrars présente ainsi ce premier poème qui aurait été publié en Russie à son insu : « traduit en russe par R. R. sur le manuscrit ; tirage en blanc sur papier noir ; 14 exemplaires numérotés et signés. Moscou, Sozonov, 1909. Un volume in-12 carré ». Un exemplaire de cette plaquette longtemps introuvable a été découvert en 1995 à Sofia (Bulgarie) et il a fait l’objet de deux traductions en français (Montpellier, Fata Morgana, 1996, puis 1997). Il est désormais établi qu’il s’agit d’un faux. * Les Pâques. Avec un dessin de l’auteur en frontispice. Paris, Éditions des Hommes nouveaux, 1912. * Devient Les Pâques à New York in Du monde entier. Paris, Gallimard, 1919. * Les Pâques à New York. Avec huit bois de Frans Masereel. Paris, René Kieffer, 1926. * Séquences. Paris, Éditions des Hommes nouveaux, 1913 (recueil exclu par Cendrars de ses Poésies complètes). * Les Pâques à New York création en septembre 1974 au Festival Estival de Paris musique de Daniel Meier interprétée et mise en scène par Alain Meilland. * Recueil repris en appendice des Poésies complètes, Denoël, Œuvres complètes, t. I, 1963, * Recueil repris en appendice des Poésies complètes parmi les « Poèmes de jeunesse », Denoël, coll. « Tout autour d’aujourd’hui », tome 1, 2001. * Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France. Avec des couleurs simultanées de Sonia Delaunay-Terk. Paris, Éditions des Hommes nouveaux, 1913. * Le Transsibérien. Avec un portrait inédit de l’auteur et les reproductions en fac similé des épreuves corrigées du poème. Paris, Seghers, 1957. * La Guerre au Luxembourg. Avec 6 dessins de Moïse Kisling. Paris, D. Niestlé, 1916. * Le Panama ou les aventures de mes sept oncles. Couverture de Raoul Dufy, avec 25 tracés de chemins de fer américains et un prospectus publicitaire. Paris, La Sirène, 1918. * Dix-neuf poèmes élastiques. Avec un portrait de l’auteur par Amedeo Modigliani (deux dans le tirage de tête). Paris, Au Sans Pareil, 1919. * Édition critique par Jean-Pierre Goldenstein. Paris, Méridiens-Klincksieck, 1986. * Du monde entier, recueil comprenant Les Pâques à New York, Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France et Le Panama ou les aventures de mes sept oncles. Paris, Éditions de la Nouvelle Revue française, 1919. * Feuilles de route, I. Le Formose. Avec 8 dessins de Tarsila do Amaral. Paris, Au Sans Pareil, 1924. * Kodak (Documentaire). Couverture de Frans Masereel. Avec un portrait de l’auteur par Francis Picabia. Paris, Stock, 1924. * Poésies complètes. Préface de Jacques-Henry Lévesque. Paris, Denoël, 1944. * Nouvelle édition revue et corrigée. Paris, Denoël, 1947. * Du monde entier au cœur du monde. Poésies complètes. Denoël, 1957.Publications posthumes : * Le Volturno, avec une lithographie de Pierre Alechinsky. Montpellier, Fata Morgana, 1989. * Poésies complètes, avec 41 poèmes inédits. Denoël, coll. « Tout autour d’aujourd’hui », t. 1, éd. de Claude Leroy, 2001; nouvelle édition 2005. Reprise des versions originales des recueils avec leurs illustrations. * Du monde entier au cœur du monde. Poésies complètes. Préface de Paul Morand, éd. de Claude Leroy. Poésie/Gallimard, 2006. Romans, contes, nouvelles, pièces radiophoniques * Profond aujourd’hui, avec 5 dessins d’Angel Zarraga. Paris, À la Belle Édition, chez François Bernouard, 1917 (prose poétique). * Nouvelle édition sans les dessins de Zarraga. Paris, Les Éditeurs Réunis, coll. « Tout autour d’aujourd’hui », 1926. * J’ai tué, avec 5 dessins de Fernand Léger. À la Belle Édition, chez François Bernouard, 1918 (prose poétique). * Nouvelle édition, avec un portrait de l’auteur par Fernand Léger. Georges Crès, 1919. * Reproduction en fac-similé de l’édition de 1918, Fata Morgana, 2013. * La Fin du monde filmée par l’Ange N.-D., avec des compositions en couleur de Fernand Léger. Paris, Éditions de la Sirène, 1919 (roman). * Nouvelle édition précédée d’un « Pro domo ». Pierre Seghers, coll. « Poésie 49 », 1949. * Anthologie nègre, couverture de Csaky. Paris, Éditions de la Sirène, 1921. * Recouvrure de cette édition Au Sans Pareil, Paris, 1927. * « Édition définitive, revue et corrigée », Paris, Corréâ, 1947. * L’Or. La Merveilleuse Histoire du général Johann August Suter. Paris, Grasset, 1925 (roman). * Édition revue et corrigée. Grasset, 1947. * Gallimard, coll. « Folio », no 331, 1998. Préface de Francis Lacassin. * L’Eubage. Aux antipodes de l’unité, avec 5 gravures au burin de Joseph Hecht. Paris, Au Sans Pareil, 1926 (roman). * Édition critique par Jean-Carlo Flückiger. Paris, Champion, coll. « Cahiers Blaise Cendrars » no 2, 1995. * Moravagine. Paris, Grasset, 1926 (roman). * Nouvelle édition revue et augmentée de « Pro domo » et d’une « postface ». Paris, Grasset, 1956. * Éloge de la vie dangereuse. Paris, Les Éditeurs Réunis, coll. « Tout autour d’aujourd’hui », 1926 (prose poétique). * L’ABC du cinéma. Paris, Les Éditeurs Réunis, coll. « Tout autour d’aujourd’hui », 1926 (prose poétique). * Petits Contes nègres pour les enfants des Blancs. Paris, Éditions des Portiques, 1928. * Au Sans Pareil, avec quarante bois et douze hors texte de Pierre Pinsard, Paris, 1929. * Jean Vigneau, avec des illustrations de Francis Bernard. Marseille, 1943. Réédition : Paris, 1946. * Le Plan de l’Aiguille (Dan Yack). Paris, Au Sans Pareil, 1929 (roman). * Les Confessions de Dan Yack. Paris, Au Sans Pareil, 1929 (roman). * Dan Yack. Paris, Éditions de la Tour, 1946. Réunion en un volume revu et corrigé du Plan de l’Aiguille et des Confessions de Dan Yack. * Paris, Gallimard, coll. « Folio », no 5173, 2011. Édition préfacée et annotée par Claude Leroy. * Comment les Blancs sont d’anciens Noirs, avec cinq bois d’Alfred Latour. Paris, Au Sans Pareil, 1930 (contes nègres). * Histoires vraies. Paris, Grasset, 1937 (nouvelles). * Paris, Gallimard, coll. « Folio », no 5683, 2013. Édition présentée et annotée par Claude Leroy. * La Vie dangereuse. Paris, Grasset, 1938 (nouvelles). * La nouvelle J’ai saigné a été reprise aux éditions Zoé, coll. « Minizoé », no 62, Genève, 2004. Postface de Christine Le Quellec Cottier. * D’Oultremer à Indigo. Paris, Grasset, 1940 (nouvelles). * Gallimard, coll. « Folio », no 2970, 1998. Édition préfacée et annotée par Claude Leroy. * Emmène-moi au bout du monde !... . Paris, Denoël, 1956 (roman). * Films sans images (en coll. avec Nino Frank). Paris, Denoël, 1959 (pièces radiophoniques).Publications posthumes : * John Paul Jones ou l’Ambition. Préface de Claude Leroy. Montpellier, Fata Morgana, 1989 (roman inachevé). * La Vie et la mort du Soldat inconnu. Édition de Judith Trachsel. Préface de Claude Leroy. Paris, Champion, coll. « Cahiers Blaise Cendrars » no 4, 1995 (roman inachevé). * La Carissima. Édition d’Anna Maibach. Paris, Champion, coll. « Cahiers Blaise Cendrars » no 5, 1996 (roman inachevé). * Les Armoires chinoises. Postface de Claude Leroy. Montpellier, Fata Morgana, 2001 (conte inachevé). * Nouveaux Contes nègres. Postface de Christine Le Quellec Cottier. Montpellier, Fata Morgana, 2006. Reportages * Rhum. L’aventure de Jean Galmot. Paris, Grasset, 1930. * La Vie secrète de Jean Galmot. Rhum. Nouvelle édition revue et augmentée. Paris, Les Éditions de France, 1934. * Panorama de la pègre. Couverture de Cassandre. Avec des photographies en héliogravure. Grenoble, Arthaud, 1935. * Panorama de la pègre et autres reportages. Textes recueillis par Miriam Cendrars et Francis Lacassin. Préface et bibliographie par Francis Lacassin. UGE, coll. « 10/18 », série « Grands reporters », 1986. * Hollywood, la Mecque du cinéma. Avec 29 dessins par Jean Guérin. Paris, Grasset, 1936. * Chez l’armée anglaise. Illustré de photographies. Paris, Corrêa, 1940. Édition pilonnée par les Allemands.Publication posthume : * À bord du Normandie. Journal transatlantique (29 mai-2 juin 1935), Blaise Cendrars, Colette, Claude Farrère, Pierre Wolff. Photographies de Roger Schall. Préface de Patrick Deville. Nantes, Le Passeur, 2003. Écrits autobiographiques * Une nuit dans la forêt. Premier fragment d’une autobiographie. Avec trois eaux-fortes de Charles Clément. Lausanne, Éditions du Verseau, 1929. * Vol à voiles. Prochronie. Lausanne, Payot, 1932. * Vol à voile. Lausanne, La Guilde du Livre, coll. « La Petite Ourse », 1960. Avec des photographies tirées de la collection Raymone et des archives Jean Bühler. * L’Homme foudroyé. Paris, Denoël, 1945. * Le Vieux Port. Paris et Marseille, Jean Vigneau, 1946. Lithographies de René Rouveret. * Rhapsodies gitanes. Paris, Jean Vigneau, 1946. Lithographies de Yves Brayer. * La Grand’ Route, 3e Rhapsodie gitane. Paris, Bibliophiles et Graveurs d’Aujourd’hui, 1952. Lithographies d’André Minaux. * La Main coupée. Paris, Denoël, 1946. * La Main coupée et autres récits de guerre. Préface de Miriam Cendrars, éd.établie et annotée par Claude Leroy et Michèle Touret, Paris, Denoël, 2013. * Bourlinguer. Paris, Denoël, 1948. * Le Lotissement du ciel. Paris, Denoël, 1949. * Saint Joseph de Cupertino. Reprise sous ce titre de la deuxième partie du Lotissement du ciel. Paris, Le Club du livre Chrétien, 1960. * Le Lotissement du ciel. Paris, Gallimard, coll. « Folio », no 2795, 1996. Édition préfacée et annotée par Claude Leroy. Nouvelle édition, 2011. * À l’aventure (pages choisies). Extraits de : Le Lotissement du ciel, Bourlinguer, La Main coupée, L’Homme foudroyé, La Vie dangereuse, D’Oultremer à Indigo. Paris, Denoël, 1958. * L’Aventure. Paris, Le Club des Jeunes Amis du Livre, 1958. Avec un cahier de photographies de l’auteur par Robert Doisneau. Titre mis à part, volume identique au précédent.Publications posthumes : * Cendrars éditeur. Jéroboam et La Sirène. Préface de Hughes Richard. La Chaux de Cossonay, éditions Parisod, 1979. * Jéroboam et La Sirène. Préface de Hughes Richard. Dole/Saint-Imier, Canevas éditeur, 1992. * Partir. Bois gravés de Christian Henry. Postface de Hughes Richard. Les Ponts-de-Martel, Éditions Hughes Richard, 1986. * Paris ma ville. Illustrations de Fernand Léger. Paris, Bibliothèque des Arts, 1987. * Mon voyage en Amérique. Postface de Christine Le Quellec Cottier. Illustrations de Pierre Alechinsky. Montpellier, Fata Morgana, 2003. * À bord du Birma, extraits de Mon voyage en Amérique avec deux gravures de Pierre Alechinsky, Montpellier, Fata Morgana, 2007 (tirage à 90 exemplaires). * Œuvres autobiographiques complètes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2 vol. sous la direction de Claude Leroy, avec la collaboration de Michèle Touret (t. I), de Jean-Carlo Flückiger et de Christine Le Quellec Cottier (t. II), 2013 : * t. I : Sous le signe de François Villon (« Lettre dédicatoire à mon premier éditeur » – « Prochronie 1901 : Vol à voile » – « Prochronie 1911 : Le Sans-Nom »—« Prochronie 1921 : Une nuit dans la forêt ») – L’Homme foudroyé – La Main coupée– Textes et documents. * t. II : Bourlinguer – Le Lotissement du ciel – J’ai vu mourir Fernand Léger – Entretiens et propos rapportés – Écrits de jeunesse (« Moganni Nameh » – « Mon voyage en Amérique » – « Hic, haec, hoc » – « Séjour à New York » – « New York in flashlight » – « Le Retour »)– Textes et documents. Entretiens et interviews * Blaise Cendrars vous parle... Propos recueillis par Michel Manoll. Paris, Denoël, 1952. * Le Paysage dans l’œuvre de Léger. Entretien de Cendrars avec Fernand Léger et Louis Carré. Paris, Galerie Louis Carré, 1956. * Dites-nous, monsieur Blaise Cendrars... Réponses aux enquêtes littéraires de 1919 à 1957, recueillies, annotées et préfacées par Hughes Richard. Lausanne, Éditions Rencontre, 1969. * Blaise Cendrars. En bourlinguant… Entretiens avec Michel Manoll (version radiodiffusée, 1950). INA/Radio France, coll. Les grandes heures, 4 CD, 2006. Nouvelle édition, 2011. * Entretiens avec Michel Manoll (transcription de la version radiodiffusée du 15 octobre au 15 décembre 1950), dans Les Grandes Heures, Paris, La Table Ronde/ INA/Radio France, 2013. * Rencontres avec Blaise Cendrars. Entretiens et interviews (1925-1959) (éd. Claude Leroy). Paris, Non Lieu, 2007. * Entretiens avec Blaise Cendrars – Sous le signe du départ. [Cendrars à Radio-Lausanne et Radio-Genève de 1949 à 1957], 2 CD, livret de Christine Le Quellec Cottier. Radio Télévision Suisse, Éditions Zoé et Centre d’Études Blaise Cendrars (coproduction), Lausanne, 2013. Essais * Aujourd’hui. Grasset, 1931. En frontispice : dessin de la main gauche de l’auteur par Conrad Moricand. * La Banlieue de Paris : * Avec 130 photographies de Robert Doisneau. Double édition simultanée : Lausanne, Guilde du Livre / Paris, Seghers, 1949. * Avec 24 photographies de Robert Doisneau, Paris, Seghers, 1966. * Avec 106 photographies de Robert Doisneau. Denoël, 1983. * Le Brésil. Des hommes sont venus : * Avec 105 photographies de Jean Manzon. Monaco, Documents d’art, coll. « Escales du monde », no 6, 1952. * Précédé de Poème à la gloire de Saint-Paul, suivi de Promenade matinale. Sans les photographies de Jean Manzon. Montpellier, Fata Morgana, 1987. Nouvelle édition, 2003. * Photographies de Jean Manzon. Gallimard, coll. « Folio », no 5073, 2010. * Noël aux quatre coins du monde, Paris, Robert Cayla, coll. « Les Amis de l’Originale », no 15, 1953. Recueilli dans Trop c’est trop, 1957. * Trop c’est trop. Paris, Denoël, 1957. En frontispice : portrait de l’auteur par Georges Bauquier. Préfaces, postfaces * Jean Epstein, La poésie d’aujourd’hui : un nouvel état d’intelligence. Lettre-postface de Blaise Cendrars, Paris, La Sirène, 1921. * Le Livre d’enfant en U.R.S.S.. Catalogue de l’exposition organisée par Cendrars et Povolovsky pour les Éditions Bonaparte, 27 avril-22 mai 1929. Préface de Blaise Cendrars. Recueillie dans Aujourd’hui (1931). * Martín Luis Guzmán, L’Aigle et le serpent. Traduction de Mathilde Pomès. Préface de Blaise Cendrars. Paris, J.-O. Fourcade, 1930. Recueilli dans Histoires vraies (1937). * Le Spectacle est dans la rue, album d’affiches de Cassandre. Préface de Blaise Cendrars. Montrouge, Draeger Frères, 1935. * Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal. Préface de Blaise Cendrars. Paris, Union Bibliophile de France, coll. « Vox », 1946. * Honoré de Balzac, Ferragus. Préface de Blaise Cendrars. In L’Œuvre de Balzac, Paris, Le Club français du livre, t. 2, 1950. * José Lins do Rêgo, L’enfant de la plantation. Traduction de J.-W. Reims. Préface de Blaise Cendrars. Paris, Éditions des deux Rives, 1953. Recueilli dans Trop c’est trop (1957). * Instantanés de Paris, 148 photographies de Robert Doisneau. Préface de Blaise Cendrars. Présentation d’Albert Plécy. Paris, Arthaud, coll. « Les Imaginaires », no 4, 1955. * Georges Bauquier, Peintures. Dessins. Catalogue de l’exposition du 11 au 30 juin 1955. Galerie Bernheim Jeune. Présentation de Blaise Cendrars. * Douglas Cooper, Dessins de guerre (1915-1916) de Fernand Léger. Préface de Blaise Cendrars. Paris, Berggruen, 1956. Recueilli dans Trop c’est trop (1957). * Erich von Stroheim, Poto-Poto. Traduit de l’américain par Renée Nitzschke. Préface de Blaise Cendrars. Paris, Éditions de la Fontaine, 1956. * Eric Newby, Bourlingueur des mers du Sud. Traduit de l’anglais par Robin Livio. Présentation de Blaise Cendrars. Paris, La Table ronde, 1958. * Eric Newby, La Dernière Course du blé. Traduction nouvelle par Alain Bories. Préface de Blaise Cendrars. Paris, Éditions Payot, 1992. Adaptations et traductions * Feu le Lieutenant Bringolf. Traduction de Paul Budry. Version de Blaise Cendrars. Paris, Au Sans Pareil, coll. « Les Têtes brûlées » (dirigée par BC), no 1, 1930. * L’Étrange Aventure du Lieutenant Bringolf. Préface de R.-A. Reiss. Traduction de Paul Budry. Version de Blaise Cendrars. Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, 1930 (parution simultanée). * Fred Paisley, Al Capone le Balafré, Tsar des Bandits de Chicago. Préface de Géo London. Traduit de l’américain par V. de Puthod. Version de Blaise Cendrars. Paris, Au Sans Pareil, coll. « Les Têtes brûlées », no 2, 1931. * Al Jennings, Hors la loi !... La vie d’un outlaw américain racontée par lui-même. Traduction et adaptation de l’américain et du slang par Blaise Cendrars. Paris, Grasset, 1936. * José Maria Ferreira de Castro, Forêt vierge. Traduction du portugais et introduction par Blaise Cendrars. Paris, Grasset, 1938. Correspondance * « Lettres à Sven Stelling-Michaud, éditeur de Vol à voiles », Vevey, Éditions Bertil Galland, Écriture, no 11, 1975. * Avec Paul Gilson, in Paul Gilson. Hommage et contribution bio-bibliographique proposés par Frédéric Jacques Temple, Lausanne, Éditions Le Front Littéraire, 1983. * Avec Jacques-Henry Lévesque, Correspondance 1924-1959 : « J’écris. Écrivez-moi. » (éd. Monique Chefdor), Denoël, 1991. * Avec Henry Miller : * Correspondance 1934-1979 : 45 ans d’amitié (éd. établie et présentée par Miriam Cendrars, introduction de Frédéric Jacques Temple, notes de Jay Bochner), Denoël, 1995. * Correspondance 1934-1959 : « Je travaille à pic pour descendre en profondeur » (éd. Jay Bochner), Genève, Éditions Zoé, coll. « Cendrars en toutes lettres », 2013. * Avec Ferreira de Castro, Correspondance (éd. Adrien Roig), Champion, Continent Cendrars no 10, 1995-1996. * Avec Igor Stravinsky, « Correspondance au sujet de Ragtime », Champion, Continent Cendrars no 10, 1995-1996. * Avec Élisabeth Prévost, Madame mon copain. Une amitié rarissime (éd. Monique Chefdor), Nantes, Éditions Joca Seria, 1997. * Avec Robert Guiette, Lettres 1920-1959 : « Ne m’appelez plus… maître » (éd. Michèle Touret), Genève, Éditions Zoé, coll. « Cendrars en toutes lettres », 2013. * « Douze lettres à Vladimir Pozner (1930-1937) », présentées par Claude Leroy, Europe, no 1017-1018, janvier-février 2014. * Avec Henry Poulaille, Correspondance 1925-1961 : « Je travaille et commence à en avoir marre » (éd. Christine Le Quellec Cottier et Marie-Thérèse Lathion, préface de Doris Jakubec), Genève, Éditions Zoé, coll. « Cendrars en toutes lettres », 2014. Œuvres complètes * Paris, Denoël, IX volumes, 1960-1964, 1991. * Paris, Le Club français du livre, 15 volumes précédés d’un volume d’Inédits secrets hors série présentés par Miriam Cendrars, 1969-1971. Chaque volume est précédé d’une préface par Raymond Dumay, de témoignages et d’une iconographie. * Paris, Denoël, coll. « Tout autour d’aujourd’hui » (dir. Claude Leroy), 15 volumes, 2001-2006 : * 1 : Poésie complètes, avec 41 poèmes inédits. Édition de Claude Leroy. XXX + 434 p., 2001. * 2 : L’Or—Rhum—L’Argent. Édition de Claude Leroy. XXIV + 360 p., 2001. * 3 : Hollywood, La Mecque du cinéma—L’ABC du cinéma—Une nuit dans la forêt. Édition de Francis Vanoye. XXII + 234 p., 2001. * 4 : Dan Yack. Édition de Claude Leroy. XXXIV + 334 p., 2002. * 5 : L’Homme foudroyé—« Le Sans-Nom ». Édition de Claude Leroy. XXXII + 448 p., 2002. * 6 : La Main coupée—La Main coupée (1918)—La Femme et le soldat. Édition de Michèle Touret. XXX + 370 p., 2002. * 7 : Moravagine—La Fin du monde filmée par l’Ange N.-D.—« Le Mystère de la Fin du monde »—L’Eubage. Aux antipodes de l’unité. Édition de Jean-Carlo Flückiger. XXXII + 398 p., 2003. * 8 : Histoires vraies—La Vie dangereuse—D’Oultremer à Indigo—« Un bel éclat de rire ». Édition de Claude Leroy. XXXII + 528 p., 2003. * 9 : Bourlinguer—Vol à voile. Édition de Claude Leroy. XXXII + 512 p., 2003. * 10 : Anthologie nègre—Petits Contes nègres pour les enfants des Blancs—Comment les Blancs sont d’anciens Noirs—« N’KÎi, l’attrape-nigauds »—« La Création du Monde »—Conférences sur la littérature des Nègres. Édition de Christine Le Quellec Cottier. XXXII + 544 p., 2005. * 11 : Aujourd’hui—« Jéroboam et La Sirène »—« Sous le signe de François Villon »—Préface à Bourlingueur des mers du Sud d’Eric Newby—« Paris par Balzac »—Préface à Forêt vierge de Ferreira de Castro—Le Brésil—Trop c’est trop. Édition de Claude Leroy. XXXII + 560 p., 2005. * 12 : Le Lotissement du ciel—La Banlieue de Paris—Préface à Instantanés de Paris, album de Robert Doisneau. Édition de Claude Leroy. XXXIV + 510 p., 2005. * 13 : Panorama de la pègre—Contrebandiers—« À bord de Normandie »—Articles (1935-1938)—Chez l’armée anglaise—Reportages de guerre (1939-1940). Édition de Myriam Boucharenc. XXX + 450 p., 2006. * 14 : Emmène-moi au bout du monde !...—« Le Mystère de la création »—Films sans images—Danse macabre de l’amour. Édition de Claude Leroy. XXX + 556 p., 2006. * 15 : Blaise Cendrars vous parle... Entretiens avec Michel Manoll—Qui êtes-vous ?—Réponses au « Questionnaire Marcel Proust »—« Pour une bibliothèque idéale »—Préface aux Fleurs du mal de Baudelaire—Le Paysage dans l’œuvre de Léger—J’ai vu mourir Fernand Léger—« Les peintres du dimanche »—« Georges Bauquier ». Édition de Claude Leroy. XXXVI + 412 p., 2006. * Partir (Poèmes, romans, nouvelles, mémoires), Gallimard, coll. « Quarto ». Édition établie et commentée par Claude Leroy, 2011. * Œuvres romanesques précédé de Poésies complètes, 2 vol. sous la direction de Claude Leroy avec la collaboration de Jean-Carlo Flückiger et Christine Le Quellec Cottier (t. I), Marie-Paule Berranger, Myriam Boucharenc, Jean-Carlo Flückiger et Christine Le Quellec Cottier (t. II), Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2017. * t. I : Poésies complètes : Du monde entier au cœur du monde– Autres poèmes. Œuvres romanesques (1917-1929) : Profond aujourd’hui– J’ai tué– La Fin du monde filmé par l’ange N.-D.– L’Or – Moravagine – Éloge de la vie dangereuse– L’ABC du cinéma– L’Eubage – Dan Yack – Textes épars 1910-1917. Autour des œuvres de Blaise Cendrars : Textes et documents. * t. II : Œuvres romanesques (1930-1957) : La Vie secrète de Jean Galmot [Rhum]– Histoires vraies – La Vie dangereuse – D’Oultremer à Indigo– Emmène-moi au bout du monde !...– Trop c’est trop. Textes épars 1927-1959. Autour des œuvres de Blaise Cendrars : Textes et documents. Bibliographie critique Monographies * Amaral, Aracy, Blaise Cendrars no Brasil e os modernistas, São Paulo, Martins, 1970. * Berranger, Marie-Paule, Du monde entier au cœur du monde de Blaise Cendrars, Paris, Gallimard, coll. « Foliothèque », 2007. * Beucler, André, « Les aventures de Blaise Cendrars », in Plaisirs de mémoire. De Saint-Pétersbourg à Saint-Germain-des-Prés, tome 2, Gallimard, 1982. * Bienne, Gisèle, La Ferme de Navarin, Paris, Gallimard, coll. « L’un et l’autre », 2008. * Bochner, Jay, Discovery and Re-creation, Toronto, University of Toronto Press, 1978. * Boder, Francis, La phrase poétique de Blaise Cendrars, Paris, Champion, coll. « Cahiers Blaise Cendrars », no 7, 2000. * Boillat, Gabriel, À l’origine, Cendrars, Les Ponts-de-Martel, Éditions Hughes Richard, 1985. * Bonnefis, Philippe, Dan Yack : Blaise Cendrars phonographe, Paris, PUF, coll. « Le texte rêve », 1992. * Bonord, Aude, Les « Hagiographes de la main gauche ». Variations de la vie de saint au XXe siècle, Paris, Garnier, 2011. * Bozon-Scalzitti, Yvette, Blaise Cendrars et le symbolisme. Paris, Minard, coll. « Archives des Lettres modernes », no 137, 1972. * Bozon-Scalzitti, Yvette, Blaise Cendrars ou la passion de l’écriture, Lausanne, L’Âge d’homme, coll. « Lettera », 1977. * Briche, Luce, Blaise Cendrars et le livre, Paris, L’Improviste, 2005. * Buhler, Jean, Blaise Cendrars Homme libre Poète au cœur du monde, Bienne, Éditions du Panorama, coll. « Célébrités suisses », 1960. * Camilly, Jérôme, Enquête sur un homme à la main coupée. Blaise Cendrars, préface de Robert Doisneau, Paris, Le Cherche Midi éditeur, 1986. * Cendrars, Miriam, Blaise Cendrars. L’Or d’un poète. Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard/Littératures » (no 279), 1996. * Cendrars, Miriam, Blaise Cendrars. La Vie, le Verbe, l’Écriture (1re éd. 1984), Paris, Denoël, 2006. Essai biographique sur son père par la fille de Cendrars. Prix de l’essai de l’Académie française, 1984. * Chadourne, Jacqueline, Blaise Cendrars poète du cosmos, Paris, Seghers, 1973. * Chefdor, Monique, Blaise Cendrars, Boston, Twayne Publishers, 1980. * Colvile, Georgiana M. M., Blaise Cendrars, écrivain protéiforme, Amsterdam-Atlanta, Éditions Rodopi, « Collection monographique en littérature française contemporaine », 1994. * Cortiana, Rino, Attorno alla poesia di Cendrars. Simbolismo, modernità e avanguardie, Venise, Studio LT2, 2010. * Delbourg, Patrice, L’Odyssée Cendrars, Paris, L’Archipel/Écriture, 2010 * Delvaille, Bernard, Vies parallèles de Blaise Cendrars & de Charles-Albert Cingria, Paris, Éditions La Bibliothèque, 2007. * Dos Passos, John, « Homère du Transsibérien », in Orient-Express (1927). Traduction de Marie-Claude Peugeot. Monaco, Éditions du Rocher, 1991. * Eulalio, Alexandre, A Aventura brasileira de Blaise Cendrars, São Paulo, 1978. * Nouvelle édition revue et augmentée par Carlos Augusto Calil, São Paulo, EDUSP/Imprensa Oficial, 2001. * Faivre Dupaigre, Anne, Poètes musiciens. Cendrars, Mandelstam, Pasternak, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2006. * Ferney, Frédéric, Blaise Cendrars, Paris, François Bourin, 1993. * Flückiger, Jean-Carlo, Au cœur du texte. Essai sur Blaise Cendrars, Neuchâtel, À la Baconnière, coll. « Langages », 1977. * Frank, Nino, Mémoire brisée, Paris, Calmann-Lévy, 1967. * Georis, Stéphane, Blaise Cendrars brasier d’étoiles filantes, Paris, Éditions Transboréal, coll. « Compagnons de route », 2014. * Guiette, Robert, « Monsieur Cendrars n’est jamais là » (préface de Michel Décaudin), Montpellier, Éditions du Limon, 1991. * Guyon, Laurence, Cendrars en énigme. Modèles religieux, écritures poétiques, Paris, Champion, coll. « Cahiers Blaise Cendrars », no 9, 2007. * Guyon, Robert, Échos du bastingage. Les bateaux de Blaise Cendrars, Rennes, Éditions Apogée, 2002. * Jaton, Anne-Marie, Cendrars, Genève, Éditions de l’Unicorne, 1991. * Khlopina, Oxana, Moravagine de Blaise Cendrars, Éditions Infolio / ACEL, 2012. * Leamon, Amanda, Shades of Sexuality. Colors and Sexual Identity in the Novels of Blaise Cendrars, Amsterdam/Atlanta, Éditions Rodopi, 1997. * Lepage, Albert, Blaise Cendrars. Lettre-préface de Géo-Charles, Paris, Les Écrivains réunis, 1926. * Le Quellec Cottier, Christine, Devenir Cendrars. Les années d’apprentissage, Paris, Champion, coll. « Cahiers Blaise Cendrars », no 8, 2004. * Le Quellec Cottier, Christine, Blaise Cendrars. Un homme en partance, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Le savoir suisse », 2010. * Leroy, Claude, L’Or de Blaise Cendrars, Paris, Gallimard, coll. « Foliothèque », 1991, 2010. * Leroy, Claude, La main de Cendrars, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Objet », 1996. * Leroy, Claude, « Cendrars Blaise », in Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours (dir. Michel Jarrety), Paris, PUF, 2001. * Leroy, Claude, Dans l’atelier de Cendrars, Paris, Champion, coll. « Cahiers Blaise Cendrars », no 11, 2011. Prix de la critique de l’Académie française, 2012. * Nouvelle édition, Champion Classiques, 2014. * Lévesque, Jacques-Henry, Blaise Cendrars, Paris, Éditions de la Nouvelle Revue critique, 1947. * Livadas, Yannis, Blaise Cendrars / Une esquisse biographique (Μπλεζ Σαντράρ / Ένα βιογραφικό σκαρίφημα), Éditions Koukoutsi, Athènes, juillet 2016. * Martens, David, L’Invention de Blaise Cendrars. Une poétique de la pseudonymie, Paris, Champion, coll. « Cahiers Blaise Cendrars », no 10, 2010. * Michaud, Marius, Catalogue du Fonds Blaise Cendrars. Bibliothèque nationale suisse, Boudry-Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, coll. « Cahiers Blaise Cendrars », no 1, 1989. * Michaud-Larivière, Jérôme, Aujourd’hui, Cendrars part au Brésil, Paris, Fayard, 2003. * Miller, Henry, Blaise Cendrars. Traduction de François Villié. Paris, Denoël, 1952. * Nouvelle édition, avec une préface de Frédéric Jacques Temple et des illustrations d’Olivier Jung. Fata Morgana, 2013. * Miller, Henry, Les Livres de ma vie. Traduction de Jean Rosenthal. Paris, Gallimard, 1957. * Moricand, Conrad, Portraits astrologiques, Paris, Au Sans Pareil, 1933 (avec un portrait de Cendrars par l’ami astrologue auquel il a dédié L’Eubage).. * Parrot, Louis, Blaise Cendrars, Paris, Seghers, coll. « Poètes d’aujourd’hui », no 11, 1948. * Poupon, Marc, Apollinaire et Cendrars, Paris, Minard, Archives des Lettres modernes, no 103, 1969. * Prinz, Manfred, Das Motiv der Reise im Frühwerk von Blaise Cendrars (1910-1929), Genève, Droz, 1985. * Richard, Hughes, Sauser avant Cendrars, Revue neuchâteloise no 89, 1979. * Richter, Mario, La crise du logos et la quête du mythe (Baudelaire—Rimbaud—Cendrars—Apollinaire), Neuchâtel, À la Baconnière, coll. « Langages », 1976. * Rousselot, Jean, Blaise Cendrars, Paris, Éditions universitaires, 1955. * Russo, Maria Teresa, Ai margini della soglia. Saggio su Blaise Cendrars, Palerme, Flaccovio Editore, 1999. * Sidoti, Antoine, Genèse et dossier d’une polémique La Prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France, Blaise Cendrars-Sonia Delaunay nov.-déc. 1912-juin 1914, Paris, Minard, « Archives des Lettres modernes », no 224, 1987. * Steins, Martin, Blaise Cendrars. Bilans nègres, Paris, Minard, Archives des Lettres modernes, no 169, 1977. * Tatu, Laurent et Ochsner, François, De 'Blaise’ Cendrars à Frédéric Sauser. Résonances à La Chaux-de-Fonds et en Suisse, Le Locle, Éditions G d’Encre, 2014. * Touret, Michèle, Blaise Cendrars ou le désir du roman (1920-1930), Paris, Champion, coll. « Cahiers Blaise Cendrars », no 7, 1999. * Albert t’Serstevens, L’Homme que fut Blaise Cendrars (1re éd. 1972), Arléa, 2004. Ouvrages collectifs, numéros spéciaux de revues * Salut Blaise Cendrars !, Risques, no 9/10 (textes réunis par Michel Décaudin), La Madeleine, 1954. * Blaise Cendrars, Livres de France, mars 1956. * Omaggio a Blaise Cendrars, Rome, Letteratura (textes réunis par Guy Tosi), no 52, juillet-août 1961. * Blaise Cendrars 1887-1961, Mercure de France, no 1185, mai 1962. * Blaise Cendrars (dir. Claude Leroy), Europe, no 566, juin 1976. Nouvelle édition 1995. * Cendrars aujourd’hui. Présence d’un romancier (textes réunis par Michel Décaudin). Paris, Minard-Lettres modernes, coll. « L’Icosathèque 4. Le plein siècle 1 », 1977. * Cendrars vivant, Sud, no 26, été 1978. * Blaise Cendrars, Poésie 1 (numéro conçu par Frédéric Jacques Temple), no 85, mars-avril 1981. * Blaise Cendrars 20 ans après (dir. Claude Leroy), Paris, Klincksieck, 1983. * Blaise Cendrars, Magazine littéraire, no 203, janvier 1984. * Cendrars, [vwa], La Chaux-de-Fonds, no 6/7, automne 1985. * Cendrars entdecken. Sein Schreiben, sein Werk im Spiegel der Gegenwart (Hrsg. Peter Burri), Bâle, Lenos, 1986. * Le premier siècle de Cendrars (1887-1987) (dir. Claude Leroy), Cahiers de Sémiotique Textuelle, no 11, Université Paris X-Nanterre, 1987. * Poésie 87, no 18, mai-juin 1987 (n° partiellement consacré à Cendrars). * Blaise Cendrars, Intervalles, revue culturelle du Jura et de Bienne, no 18, juin 1987. * La Nouvelle Revue Française, no 421, 1er février 1988 (n° partiellement consacré à Cendrars). * Blaise Cendrars (colloque du centenaire au CCI de Cerisy-la-Salle. Dir. Monique Chefdor, Claude Leroy et Frédéric Jacques Temple), Sud, 1988. * Blaise Cendrars (dir. Claude Leroy), Revue des Sciences Humaines, no 216, 1989. * L’encrier de Cendrars (dir. Jean-Carlo Flückiger), Neuchâtel, À la Baconnière, 1989. * Blaise Cendrars et L’Homme foudroyé (dir. Claude Leroy), Cahiers de Sémiotique Textuelle, no 15, Université Paris X-Nanterre, 1989. * Blaise Cendrars (dir. Sergio Zoppi), Quaderni del Novecento Francese, no 12, Rome, Bulzoni, 1991. * L’aventurier du texte (dir. Jacqueline Bernard), Grenoble, PUG, 1992. * Gli universi di Blaise Cendrars (a cura di Rino Cortiana), Abano Terme, Piovan Editore, 1992. * Blaise Cendrars et la guerre (dir. Claude Leroy), Armand Colin, 1995. * Cendrars et Le Lotissement du ciel (dir. Claude Leroy), Armand Colin, 1995. * Cendrars, le bourlingueur des deux rives (dir. Claude Leroy et Jean-Carlo Flückiger), Armand Colin, 1995. * Brésil, l’Utopialand de Blaise Cendrars (dir. Maria Teresa de Freitas et Claude Leroy), L’Harmattan, 1998. * Cendrars au pays de Jean Galmot (dir. Michèle Touret), Presses universitaires de Rennes, 1998. * La fable du lieu. Études sur Blaise Cendrars (dir. Monique Chefdor), Champion, 1999. * Blaise Cendrars. Ein Kaleidoskop in Texten und Bildern (Hrsg. Jean-Carlo Flückiger), Bâle, Lenos, 1999. * Blaise Cendrars au vent d’Est (dir. Henryk Chudak et Joanna Zurowska), Varsovie, Uniwersytet Warszawski, 2000. * Réinventer Cendrars. Blaise Cendrars et la traduction (dir. Irene Weber Henking et Christine Le Quellec Cottier, Lausanne, CTL, no 38, 2000. * Cendrars et les arts (dir. Maria Teresa de Freitas, Edmond Nogacki et Claude Leroy), Presses universitaires de Valenciennes, 2002. * Chiens & chats littéraires chez Cingria, Rousseau et Cendrars par Jacques Réda, Jacques Berchtold et Jean-Carlo Flückiger (« Les chiens de Cendrars »). Genève, La Dogana, 2002. * Blaise Cendrars au carrefour des avant-gardes (dir. Claude Leroy et Albena Vassileva), RITM, no 26, Université Paris X-Nanterre, Publidix, 2002. * « Pour saluer Blaise Cendrars », La Nouvelle Revue Française, no 563, octobre 2002 (avec « Café-Express » de Cendrars présenté par Jean-Carlo Flückiger). * BlaiseMédia. Blaise Cendrars et les médias (dir. Birgit Wagner et Claude Leroy), RITM, no 36, Université Paris X-Nanterre, Publidix, 2006. * Blaise Cendrars. Bourlinguer en écriture : Cendrars et le Brésil (dir. Nadine Laporte & Eden Viana-Martin), Méthode !, Revue de littératures, Vallongues, 2007. * Blaise Cendrars. Un imaginaire du crime (dir. David Martens), Paris, L’Harmattan, 2008. * Art en mouvement : les Ballets suédois de Rolf de Maré. Paris 1920-1925 (textes réunis et présentés par Josiane Mas), Université Paul-Valéry, Montpellier III, Presses universitaires de la Méditerranée, 2008. * Cendrars à l’établi (1917-1931) (dir. Claude Leroy). Préface de Miriam Cendrars. Paris, Éditions Non Lieu, 2009. * L’imaginaire poétique de Blaise Cendrars (dir. Henryk Chudak), Uniwersytet Warszawski, Varsovie, 2009. * Blaise Cendrars et ses contemporains entre texte(s) et contexte(s) (dir. Maria Teresa Russo), Palerme, Flaccovio Editore, 2011. * Aujourd’hui Cendrars (dir. Myriam Boucharenc et Christine Le Quellec Cottier), Paris, Champion, coll. « Cahiers Blaise Cendrars », no 12, 2012. Catalogues d’exposition * La peinture sous le signe de Blaise Cendrars, Robert Delaunay, Fernand Léger, Galerie Louis Carré, exposition du 17 juin au 31 juillet 1965. * Blaise Cendrars. Catalogue de l’exposition de La Chaux-de-Fonds (Suisse), du 29 septembre au 30 octobre 1979 (Commissaire : Marius Michaud). * Cendrars à l’œuvre. Catalogue de l’exposition du Centenaire, commenté par Hughes Richard, Bibliothèque nationale suisse, Berne, 1er septembre-15 octobre 1987. * Blaise Cendrars. Saudades da minha terra, Catalogue de l’exposition de l’université de São Paulo, du 4 août au 19 septembre 1997, texte de Carlos Augusto Calil. * Blaise Cendrars et la Grande Guerre. De l’épreuve du feu à l’homme nouveau à la main coupée. Catalogue de l’exposition du 31 octobre au 14 novembre 2008, Châlons-en-Champagne (Commissaire Thierry Jugan). Préface de Michèle Touret. * Dis-moi Blaise. Léger, Chagall, Picasso et Blaise Cendrars. Catalogue de l’exposition du 27 juin-12 octobre 2009, Musée national Fernand Léger (Biot), Musée national Marc Chagall (Nice), Musée national Pablo Picasso (Vallauris), Éditions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 2009. * Blaise Cendrars : tirage de têtes. Catalogue de l’exposition organisée par le Centre d’Études Blaise Cendrars et les Archives littéraires suisses à la Bibliothèque nationale suisse, Berne, 4-21 mai 2011. Commissaires : Marie-Thérèse Lathion et Sylvestre Pidoux. * Blaise Cendrars au cœur des arts. Catalogue de l’exposition du Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds, Gabriel Umstätter (dir.), Silvana Editoriale, 2015. Revues spécialisées * Feuille de routes, bulletin de l’Association internationale Blaise Cendrars (AIBC). Présidente en exercice de l’AIBC : Laurence Campa (2014). Parution deux fois par an, puis (2005) une fois par an. * 1 : avril 1979... * 48 : « Cendrars et le XIXe siècle », printemps 2010. * 49 : « Cendrars et les revues, 1910-1930 (I) », printemps 2011 (spécial cinquantenaire). * 50 : « Cendrars et les revues, 1910-1930 (II) », printemps 2012. * 51 : « Cendrars et les revues (III) », automne 2013. * 52 : « Cendrars & le monde germanique », automne 2014.L’AIBC adresse également à ses adhérents Séquence, une lettre semestrielle d’informations. * Continet Cendrars, revue du Centre d’études Blaise Cendrars de Berne (CEBC). Directrice du CEBC : Christine Le Quellec Cottier (2009). Rédacteur en chef : Jean-Carlo Flückiger. Neuchâtel, À la Baconnière (no 1 à 6/7), puis Paris, Champion (no 8/9 et suivants) : * 1 : Avec « La conquête de Sigriswill », texte inédit, 1986. * 2 : « 33 visages de Blaise Cendrars », 1987. * 3 : Avec « Le mystère de la création », texte inédit (1952) et Rencontres avec Raymone, 1988. * 4 : Avec Qui êtes-vous ?, entretien radiophonique inédit (1950), 1989. * 5 : Avec La Main coupée (1918), La Femme et le soldat (1946), inédits, 1990. * 6/7 : « Matériaux inédits pour l’Anthologie nègre », 1991-1992. * 8/9 : « Cendrars et la musique », 1993-1994. * 10 : « Regards sur Cendrars et le Brésil », 1995-1996. * 11 : « Je suis l’autre », 2004. * 12 : « Violence et sacré », 2006. * 13 : « Variations cendrarsiennes », 2008. * 14 : « Appel du large et écritures de soi », 2010. * 15 : « Entre poésie et prose », 2013. * Hors série : « Au cœur du texte. Hommage à Jean-Carlo Flückiger », 2014. * Blaise Cendrars, série publiée par Minard-Lettres modernes, Paris/Caen : * 1 : « Les inclassables (1917-1926) », dir. Claude Leroy, 1986. * 2 : « Cendrars et l’Amérique », dir. Monique Chefdor, 1989. * 3 : « Bourlinguer à Méréville », dir. Claude Leroy, 1991. * 4 : « Cendrars, la Provence et la séduction du Sud », dir. Monique Chefdor et Georgiana Colvile, 1996. * 5 : « Portraits de l’artiste », dir. Claude Leroy, 2003. * 6 : « Sous le signe de Moravagine », dir. Jean-Carlo Flückiger et Claude Leroy, 2006. Iconographie * Carrieri, Raffaele, Blaise Cendrars, Milan, All’Insegna del Pesce d’Oro, « Serie illustrata », no 65, 1958. * Camilly, Jérôme, Pour saluer Cendrars, photos de Robert Doisneau, Arles, Actes Sud, 1987. * Robert Doisneau : Doisneau rencontre Cendrars, présentation de Miriam Cendrars, Buchet-Chastel, 2006, 120 pages. * Blaise Cendrars, portraits, Rennes, Presses universitaires de Rennes, Anne-Marie Conas et Claude Leroy éd., 2010. * Album Cendrars, iconographie choisie et commentée par Laurence Campa, éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2013, (ISBN 978-2-07-013431-1). Adaptations musicales * Le texte de La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France a été dit par le chanteur français Bernard Lavilliers sur une musique originale composée par Xavier Tribolet et Olivier Bodson, et figure sur l’album Baron Samedi (2013). Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Cendrars

Arsène Houssaye

Arsène Houssaye, pseudonyme d’Arsène Housset 28 mars 1814 à Bruyères-et-Montbérault et mort le 26 février 1896 à Paris, est un homme de lettres français. Il est également connu sous le pseudonyme d’Alfred Mousse. Biographie Issu d’une famille bourgeoise apparentée à Condorcet, Arsène Houssaye s’enfuit de chez lui en 1832 pour mener une vie de bohème à Paris. Il s’engage dans une troupe de baladins pour qui il compose des chansons. Il se lie avec Théophile Gautier, Gérard de Nerval – qui logent comme lui, impasse du Doyenné, à l’emplacement actuel de la place du Carrousel – Jules Janin ou Alphonse Esquiros: tous collaboreront à la revue L’Artiste, dont Houssaye devient le directeur en 1843 et où il accueille de jeunes écrivains comme Théodore de Banville, Henri Murger, Charles Monselet, Champfleury et Charles Baudelaire. Il collabore également à La Revue des Deux Mondes et à La Revue de Paris. Il collabore avec son ami Jules Sandeau. Il a dirigé le quotidien populaire La Presse. Baudelaire lui a dédié les poèmes en prose du Spleen de Paris. La publication de ces textes dans La Presse en 1862 fut néanmoins à l’origine d’une brouille entre les deux hommes, car Houssaye, cherchant à obtenir la suppression de certains poèmes qui pouvaient choquer ses lecteurs, en retarda la publication au prétexte que Baudelaire lui envoyait des textes dont certains avaient déjà été publiés dans des revues. En résulta une rupture de contrat qui affecta durement Baudelaire, qui avait alors un besoin impérieux d’argent. En 1848, il participe au mouvement réformateur qui précède la révolution et harangue picards et champenois au fameux banquet des étudiants. Aux élections législatives dans le département de l’Aisne, il est battu par Odilon Barrot. De 1849 à 1856, grâce à l’influence de Rachel, il est nommé administrateur général de la Comédie-Française, où il fait entrer les pièces de Victor Hugo, d’Alexandre Dumas père, d’Alfred de Musset de François Ponsard ou de Léon Gozlan. Malgré l’augmentation de la dette, son administration correspond à une période de remarquable succès pour le Théâtre-français. En 1857, il est nommé inspecteur des musées de province. Il devient directeur, en 1866, de la Revue du XIXe siècle. Après 1870, il fonde La Gazette de Paris puis La Revue de Paris et de Saint-Pétersbourg. En 1884, il fut président de la Société des gens de lettres. Il a publié de nombreux ouvrages, s’essayant à tous les genres: roman (La Couronne de bluets, Une Pécheresse, La Vertu de Rosine, Les Trois Sœurs, Mademoiselle Mariani, Mademoiselle Rosa) ; théâtre (Les Caprices de la Marquise, La Comédie à la fenêtre, Le Duel à la tour) ; poésie (Les Sentiers perdus, La Poésie dans les bois, La Symphonie de vingt ans, Cent et un sonnets), essais d’histoire de l’art et de critique, souvenirs (Les Confessions)… Il rend avec élégance l’atmosphère de la Régence ou du règne de Louis XV, introduisant un soupçon de sentiment romantique dans l’élégance spirituelle du XVIIIe siècle, qu’il contribua, avec Edmond et Jules de Goncourt, à remettre au goût du jour. Son livre le plus connu est sans doute son Histoire du quarante-et-unième fauteuil de l’Académie française (1845), qui passe en revue tous les grands écrivains qui n’ont jamais appartenu à l’illustre Compagnie et imagine leurs discours de réception. Arsène Houssaye ne se portera jamais candidat à l’Académie française, mais son fils, l’historien Henry Houssaye (1848-1911) en sera membre en 1894. S’étant enrichi grâce à de fructueuses spéculations immobilières, Arsène Houssaye habitait une propriété située à l’emplacement actuel du 39 avenue de Friedland (VIIIe arrondissement), issue du lotissement du parc Beaujon (1824). Il y logea d’abord dans « un château à trois tours avec un parc orné de fontaines et de grottes, un jardin où couraient les treilles […] un pavillon gothique et un autre chinois » (André de Fouquières, Mon Paris et ses parisiens, 1953, p. 38). Dans les vignes du jardin, on célébrait des bacchanales restées célèbres. Houssaye fit ensuite construire, à la place de ce château, un hôtel de style Renaissance, orné de médaillons d’Auguste Clésinger. « C’est là, écrit encore André de Fouquières, que se donnèrent tant de redoutes célèbres dont l’une fut, dit-on, l’occasion d’une première rencontre entre Mme de Loynes et l’austère Jules Lemaître. […] Sur le palier de l’étage, […] [se trouvait] la chaise à porteurs où, au cours des folles redoutes de jadis, venaient se cacher pour intriguer leurs cavaliers, les invitées d’Arsène Houssaye, Ferdinand Bac m’a beaucoup parlé des fastes de cette demeure, du faux Raphaël dont l’excellent Arsène était si fier et pour l’achat duquel, lui toujours à court d’argent du fait de ses constantes générosités, avait consenti de gros sacrifices. C’est encore Bac qui me conta que le vieil Arsène Houssaye, qui devait pour bonne part sa charge d’administrateur du Français à Rachel, invita certain soir la jeune Sarah Bernhardt à dîner au restaurant Cubat, dans l’ancien hôtel de la Païva. De Rachel à Sarah… » (op. cit., p. 36-37). À proximité, la rue Arsène Houssaye est aujourd’hui seule à rappeler le souvenir de cette demeure. Émile Zola, qui fréquenta les « mardis » de Houssaye, avenue de Friedland, l’appela, dans l’éloge funèbre qu’il prononça lors de ses obsèques le 29 février 1896: « Un des derniers grands chênes de la forêt romantique. » Vie privée Arsène Houssaye avait épousé en premières noces, le 5 avril 1842 à Paris, Anne Stéphanie Bourgeois-Brucy (née le 26 novembre 1821 à Paris, où elle est décédée le 12 décembre 1854). Le couple a eu un fils: Georges Henry (1848-1911). Veuf, Arsène Houssaye avait épousé en secondes noces, le 19 juin 1862 à Paris, Marie Jeanne Nathalie Belloc (née vers 1836 à Lima, au Pérou, et décédée le 13 septembre 1864 à Paris). Le peintre Eugène Delacroix et l’écrivain Théophile Gautier furent témoins à ce second mariage qui n’a pas eu de descendance. Sa première épouse est décédée à 33 ans, et la seconde vers l’âge de 28 ans. Œuvres * De profundis, sous le pseudonyme d’Alfred Mousse (1834) * La Couronne de bluets, roman (1836) * Une pécheresse (1837) * Le Serpent sous l’herbe (1838) * La Belle au bois dormant (1839) * Fanny (1840) * Les Revenants, avec Jules Sandeau (1840) * Les Onze maîtresses délaissées (1841) * Les Sentiers perdus, poésies (1841) * Le XVIIIe siècle: poètes, peintres, musiciens (1843) * L’arbre de science: roman posthume de Voltaire, imprimé sur un manuscrit de Madame Duchâtelet, pastiche attribué à Arsène Houssaye (1843) * Le Café de la Régence (1843) * Elisabeth, paru dans la Bibliothèque des feuilletons (1843-1845) * La fontaine aux loups, paru dans la Bibliothèque des feuilletons (1843-1845) * Mlle de Marivaux, paru dans la Bibliothèque des feuilletons (1843-1845) * Un roman sur les bords du Lignon (1843) * Mademoiselle de Kérouare, avec Jules Sandeau (1843) * Madame de Vandeuil, avec Jules Sandeau (1843) * Marie, avec Jules Sandeau (1843) * Milla, avec Jules Sandeau (1843) * Les Caprices de la marquise, comédie en 1 acte, Paris, Odéon, 12 mai 1844 * Madame de Favières (1844) * Mlle de Camargo (1844) * Revue du salon de 1844 (1844) * L’abbé Prévost et Manon Lescaut (1844) * La Poésie dans les bois (1845) * Histoire de la peinture flamande et hollandaise (1846) * Romans, contes et voyages (1846) * Les Trois sœurs (1846) * Un martyr littéraire: touchantes révélations (1847) * Manon Lescaut a-t-elle existé ? (1847) * Les Aventures galantes de Margot (1850) * Voyage à Venise (1850) * Voyage à Paris, dans Revue pittoresque, page 60, 1850 * Un drame en 1792, dans Revue pittoresque, page 89, 1850 * La Pantoufle de Cendrillon (1851) * Philosophes et comédiennes (1851) * Voyage à ma fenêtre (1851) * La Comédie à la fenêtre, écrite le matin pour être jouée le soir, Paris, Hôtel Castellane, 22 mars 1852 * Les Peintres vivants (1852) * La Vertu de Rosine, roman philosophique (1852) * Sous la Régence et sous la Terreur: talons rouges et bonnets rouges (1853) * Le repentir de Marion (1854) * Histoire du 41e fauteuil de l’Académie française (1855) ; texte 7e édition, librairie de L. Hachette et Cie, 1864, sur Gallica * Les comédiennes d’autrefois (1855) * Voyages humoristiques: Amsterdam, Paris, Venise (1856) * Galerie flamande et hollandaise (1857) * Une chambre à coucher (1857) * Le roi Voltaire, sa jeunesse, sa cour, ses ministres, son peuple, ses conquêtes, sa mort, son Dieu, sa dynastie (1858) * L’Amour comme il est (1858) * Les trois sœurs (1858) * Les filles d’Ève (1858) * Mademoiselle Mariani, histoire parisienne (1859) * Romans parisiens: la Vertu de Rosine ; le Repentir de Marion ; le Valet de cœur et la dame de carreau ; Mademoiselle de Beaupréau ; le Treizième convive (1859) * Le Royaume des roses (1861) * Les Parisiennes 2e série des ″Grandes dames″ (1862) * Les Charmettes, Jean-Jacques Rousseau et madame de Warens (1863) * Les femmes du temps passé (1863) * Les hommes divins (1864) * Blanche et Marguerite (1864) * Les dieux et les demi-dieux de la peinture (1864) * Madame de Montespan, études historiques sur la cour de Louis XIV (1864) * Mademoiselle Cléopatre, histoire parisienne (1864) * Le Repentir de Marion et les Peines de cœur de Madame de La Popelinière (1865) * Le Roman de la duchesse, histoire parisienne (1865) * Les pigeons de Venise (1865) * Les légendes de la jeunesse (1866) * Notre-Dame de Thermidor: histoire de Madame Tallien (1866) * Le Palais pompéien de l’avenue Montaigne: études sur la maison gréco-romaine, ancienne résidence du prince Napoléon (1866) * Les femmes du diable (1867) * Merveilles de l’art flamand (1867) * La Pantoufle de Cendrillon, ou Suzanne aux coquelicots, conte (1867) * Histoire de Léonard de Vinci (1869) * Les Courtisanes du grand monde, 3e et dernière série des ″Grandes Dames″ (1870) * Le Chien perdu et la femme fusillée (1872) * La question des jeux: opinions des moralistes, des journaux et des hommes politiques (1872) * Juliette et Roméo, comédie en 1 acte en prose, Paris, Ambigu-comique, 1873 * Lucie, histoire d’une fille perdue (1873) * Mademoiselle Trente-Six Vertus, drame en 5 actes et 7 tableaux, Paris, Ambigu-comique, 2 mai 1873 * Tragique aventure de bal masqué (1873) * Les Cent et un sonnets (1874) * Louis XV (1874) * Les Mains pleines de roses, pleines d’or et pleines de sang (1874) * Le roman des femmes qui ont aimé (1874) * Van Ostade, sa vie et son œuvre (1874) * Les Dianes et les Vénus (1875) * Jacques Callot: sa vie et son œuvre (1875) * Les Mille et une nuits parisiennes, 4 vol. (1875) * Histoire étrange d’une fille du monde (1876) * Tableaux rustiques. Le Cochon (1876) * La Révolution (1876) * Alice: roman d’hier (1877) * Les amours de ce temps-là (1877) * Les Charmeresses (1878) * La comtesse Du Barry (1878) * Les Larmes de Jeanne, histoire parisienne (1878) * Les Trois duchesses (1878) * Les comédiennes de Molière (1879) * Des Destinées de l’âme (1879) * L’Éventail brisé (1879) * Histoires romanesques (1879) * La Robe de la mariée (1879) * Molière, sa femme et sa fille (1880) * La Comédie-française: 1680-1880 (1880) * Mlle Rosa (1882) * Les Princesses de la ruine (1882) * La Belle Rafaella (1883) * Les Douze nouvelles nouvelles (1883) * La Comédienne (1884) * La Couronne d’épines (1884) * Les Confessions, souvenirs d’un demi-siècle, 6 vol. (1885-1891) * Contes pour les femmes (1885-1886) * Les Onze mille vierges (1885) * Les Comédiens sans le savoir (1886) * Le Livre de minuit (1887) * Madame Lucrèce (1887) * Madame Trois-Étoiles (1888) * Rodolphe et Cynthia, roman parisien (1888) * La Confession de Caroline (1890) * Les femmes démasquées (1890-1895) * Julia (1891) * Blanche et Marguerite (1892) * Les Femmes comme elles sont (1892) * Les Larmes de Mathilde (1894) * Un hôtel célèbre sous le second empire. L’hôtel Païva, ses merveilles, précédé de l’ancien hôtel de la marquise de Païva (1896) * Souvenirs de jeunesse: 1830-1850, Paris, Éditions Ernest Flammarion, 1896, VII-322 p. (Wikisource) Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Ars%C3%A8ne_Houssaye

Amédée Pommier

Victor-Louis-Amédée Pommier, né à Vaise (actuellement Lyon) le 20 juillet 1803 et mort le 15 avril 1877 à Paris VIIème arrondissement est un homme de lettres et poète français. Biographie Venu de bonne heure à Paris, après de brillantes études au collège Bourbon, il commença par coopérer à la Collection de classiques latins de Nicolas-Éloi Lemaire, en préparant des notes, revoyant des textes et collationnant des manuscrits. Il prit part à la rédaction de la Semaine, gazette littéraire, fondée en 1824 sous la direction de Victorin et Auguste Fabre et de Villenave Père, et y inséra divers articles de critique et quelques morceaux de poésie. En 1826, il entreprit, comme éditeur, la publication d’une Collection de classiques latins, avec la traduction française en regard, mais il n’en publia que deux ou trois auteurs, dont les Commentaires de César, traduction de Toulangeon, revue par l’éditeur. Il donna en 1827 une traduction de Cornélius Népos à la Bibliothèque latine-française de Panckoucke, et traduisit, pour la même collection, le Dialogue sur la vieillesse de Cicéron.à la poésie. Dans les années 1827-1829, il obtint plusieurs prix de poésie aux Jeux-Floraux de Toulouse, et publia par la suite les pièces couronnées dans son premier recueil de vers. Il occupa la chaire de littérature à l’Athénée royal dans l’hiver de 1828-1829. Un mémoire de lui obtint l’accessit dans le concours ouvert en 1830 par la Revue de Paris sur cette question: « Quelle a été l’influence du gouvernement représentatif sur notre littérature et sur nos mœurs ? » Le rapport disait: « Ce discours, d’un esprit élevé, qui a paru s’éloigner trop souvent de la question proposée, est plein des souvenirs d’une instruction solide que fait valoir encore un style facile et correct. » En 1847, il remporta le prix de poésie décerné par l’Académie française, dont le sujet était la découverte de la vapeur. L’année suivante, la même classe de l’Institut lui décerna une médaille de 1 400 fancs pour sa pièce (non imprimée) sur l’Algérie ou la Civilisation conquérante. En 1849, il obtint à la fois le prix d’éloquence pour l’éloge d’Amyot et le prix de poésie pour la mort de l’archevêque de Paris, coïncidence assez rare dans les fastes académiques et qui lui valut la décoration, sur la proposition d’Alfred de Falloux, alors ministre de l’instruction publique. Le 8 septembre 1880, en réponse à l’envoi de son dernier livre, Gustave Flaubert lui écrit: « Vos Colifichets sont des joyaux Je me suis rué dessus. J’ai lu le volume tout d’une haleine. Je l’ai relu. Il reste sur ma table pour longtemps encore. Partout j’ai retrouvé l’exquis écrivain des Crâneries, des Océanides et de l’Enfer. Je vous connais et depuis longtemps je vous étudie. Il n’est guère possible d’aimer le style sans faire de vos œuvres le plus grand cas. Quelles rimes! Quelle variété de tournures! Quelles surprises d’images! C’est à la fois clair et dense comme du diamant. Vous me semblez un classique dans la meillemot. […] Il faut être fort comme un cabire pour avoir de ces légèretés-là. Vous m’avez fait rêver délicieusement avec l’Égoïste et la Chine. Le Géant m’a « transporté d’enthousiasme ». L’expression, quoique banale, n’est pas trop forte ; je la maintiens.—Les œuvres d’art qui me plaisent par-dessus toutes les autres sont celles où l’art excède. J’aime dans la peinture, la Peinture ; dans les vers, le Ves. Or, s’il fut un artiste au monde, c’est vous. Tour à tour, vos êtes abondant comme une cataracte et vif comme un oiseau. Les phrases découlent de votre sujet naturellement et sans que jamais on voie le dessous. Cela étincelle et chante, reluit, bruit et résiste. […] Je vous aime encore parce que vous n’appartenez à aucune boutique, à aucune église, parce qu’il n’est question, dans votre volume, ni du problème social, ni des bases [de la société], etc.. » Principales publications La Pile de Volta, recueil d’anecdotes publié par un partisan de la littérature galvanique (1831) Poésies (1832) La République, ou le Livre du sang (1836) Les Assassins sans le savoir, drame en 1 acte (1837) Océanides et fantaisies (1839) Texte en ligne Crâneries et dettes de cœur (1842) Texte en ligne Colères (1844) Texte en ligne Les Russes (1854) L’Enfer (1856) De l’Athéisme et du déisme (1857) Colifichets, jeux de rimes, avec les sonnets sur le Salon de 1851 (1860) Paris, poème humoristique (1866) Quelques vers pour elle, poésie intime (1877) Source Notice dans Histoire de la littérature française au XIXe siècle de Frédéric Godefroy (1826-1897), sur GoogleBooks Note Portail de la poésie Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Amédée_Pommier

Agénor Altaroche

Marie Durand Michel Agénor Altaroche est né le 18 avril 1811 à Issoire (Puy-de-Dôme), mort le 13 mai 1884 à Vaux, commune de Méry-sur-Oise (Val-d'Oise). Il fut un journaliste, chansonnier et homme de lettres français, commissaire du Gouvernement provisoire pour le Puy-de-Dôme en 1848, représentant de ce même département à l’Assemblée constituante de 1848. Biographie Le journaliste engagé Fils d'un avocat de renom qui le destinait au barreau, Agénor Altaroche se rend après la révolution de Juillet à Paris pour étudier le droit. Dans l’atmosphère de fronde qui prévaut alors, il abandonne ses études pour se consacrer au journalisme et collabore avec enthousiasme à la presse républicaine, dont les titres se multiplient : Le Courrier des électeurs (1830), Les Communes (1831), La Révolution de 1830, La Tribune, Le Populaire, Le Diable boiteux, Le National. En 1832, il entre au quotidien satirique Le Charivari, et en 1834 succède à Louis Desnoyers comme rédacteur en chef de ce journal. Par la suite, il donnera des feuilletons au Commerce, au Courrier français et au Siècle. Outre ses articles dans la presse périodique, il fait paraître plusieurs brochures politiques, dont en 1830 La Chambre et les écoles, une satire en vers où la majorité parlementaire est accusée d'avoir trahi les promesses de juillet. Il compose des textes de chansons satiriques dirigés contre le régime en place. "Nés du journalisme", ces textes qui en "gardent le cachet" sont réunis en 1835 dans un recueil intitulé Chansons et vers politiques1 où l'on trouve notamment "La fête à l'hôtel de ville" et "Le prolétaire", dédié à Etienne Cabet. Composé "sous l'empire des lois de septembre", un second volume, Nouvelles chansons politiques paraît l'année suivante avec un succès qui justifia plusieurs tirages. En 1833, lors de l'anniversaire de l'Insurrection républicaine à Paris en juin 1832, il signe en hommage aux victimes des événements un poème intitulé 6 juin ! Le deuil publié sous l'égide de la Société des droits de l'homme et du citoyen. L'homme de lettres Écrivain fécond, son activité s'exerce dans des genres variés : comédies-vaudevilles avec Lestocq ou le retour de Sibérie (1836, en collab. Avec M.Laurencin) et Le corrégidor de Pampelune (1843, en collab. Avec Moléri), récits avec Contes démocratiques, dialogues et mélanges (1837) et Aventures de Victor Augerol (1838), roman imité des aventures du chevalier Faublas de Louvet de Couvray. Il participe à plusieurs ouvrages collectifs, dont Paris révolutionnaire (1833-1834) avec une étude sur le moyen âge, "Peste contre peste", et Paris au xixe siècle (1839), recueil de scènes de la vie parisienne ("L’avoué de Paris", "Commissaires de police"). En 1840 paraît son ouvrage La Réforme et la Révolution, une étude historiques en deux parties sur le pape Alexandre VI et Louis XV. Il contribue au Dictionnaire politique dirigé par Étienne Garnier-Pagès et collabore à L’Almanach populaire de la France. En 1837, il a pris part à la fondation de la Société des gens de lettres (1837) dont il sera régulièrement élu au comité organisateur. En 1844, il loge au n°16, cité Bergère. Son rôle politique en 1848 Après le 24 février 1848, il est envoyé au titre de commissaire du gouvernement provisoire pour représenter la République dans le département du Puy-de-Dôme, du 6 mars au 8 mai 1848, où il exerça une action modératrice visant à garantir l'ordre et la liberté tout en luttant contre les adversaires du régime de février. Porté candidat républicain aux élections du 23 avril 1848 à l'Assemblée constituante, il est élu très largement (avec 110 000 voix sur 125 452 votants) représentant du peuple pour le Puy de Dôme. À l'Assemblée, il siège avec les républicains modérés et soutient le général Cavaignac, mais déplore la répression qui suivit les Journées de juin. Non réélu en 1849 à l’Assemblée législative, il quitte la vie politique et prend la direction du Théâtre de l'Odéon de 1850 à 1852, puis s'associe avec Louis Huart au lancement du Théâtre des Folies-Nouvelles ; c'est sur cette scène qu'est créée en 1857 sa pièce La Coiffure de Cassandre, une opérette en un acte imitée d'Achim von Arnim. Les références Wikipedia—https://fr.wikipedia.org/wiki/Ag%C3%A9nor_Altaroche

George Sand

George Sand, pseudonyme d’Amantine Aurore Lucile Dupin, baronne Dudevant, est une romancière, dramaturge, épistolière, critique littéraire et journaliste française, née à Paris le 1er juillet 1804 et morte au château de Nohant-Vic le 8 juin 1876. Elle compte parmi les écrivains les plus prolifiques, avec plus de 70 romans à son actif et 50 volumes d’œuvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques. À l’image de son arrière-grand-mère, qu’elle admire, Madame Dupin (Louise de Fontaine 1706-1799), George Sand prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d’une société conservatrice. George Sand a fait scandale par sa vie amoureuse agitée, par sa tenue vestimentaire masculine, dont elle a lancé la mode, par son pseudonyme masculin, qu’elle adopte dès 1829, et dont elle lance aussi la mode: après elle, Marie d’Agoult signe ses écrits Daniel Stern (1841-1845), Delphine de Girardin prend le pseudonyme de Charles de Launay en 1843. Malgré de nombreux détracteurs comme Charles Baudelaire ou Jules Barbey d’Aurevilly, George Sand contribue activement à la vie intellectuelle de son époque, accueillant au domaine de Nohant ou à Palaiseau des personnalités aussi différentes que Franz Liszt, Frédéric Chopin, Marie d’Agoult, Honoré de Balzac, Gustave Flaubert, Eugène Delacroix, conseillant les uns, encourageant les autres. Elle a entretenu une grande amitié avec Victor Hugo par correspondance mais ces deux grandes personnalités ne se sont jamais rencontrées. Elle s’est aussi illustrée par un engagement politique actif à partir de 1848, inspirant Alexandre Ledru-Rollin, participant au lancement de trois journaux: La Cause du peuple, Le Bulletin de la République, l’Éclaireur, plaidant auprès de Napoléon III la cause de condamnés, notamment celle de Victor Hugo dont elle admirait l’œuvre et dont elle a tenté d’obtenir la grâce après avoir éclipsé Notre Dame de Paris avec Indiana, son premier roman. Son œuvre est très abondante et la campagne du Berry lui sert souvent de cadre. Ses premiers romans, comme Indiana (1832), bousculent les conventions sociales et magnifient la révolte des femmes en exposant les sentiments de ses contemporaines, chose exceptionnelle à l’époque et qui divisa aussi bien l’opinion publique que l’élite littéraire. Puis George Sand ouvre ses romans à la question sociale en défendant les ouvriers et les pauvres (Le Compagnon du Tour de France) et en imaginant une société sans classes et sans conflit (Mauprat, 1837– Le Meunier d’Angibault, 1845). Elle se tourne ensuite vers le milieu paysan et écrit des romans champêtres idéalisés comme La Mare au diable (1846), François le Champi (1848), La Petite Fadette (1849), Les Maîtres sonneurs (1853). George Sand a abordé d’autres genres comme l’autobiographie (Histoire de ma vie, 1855) et le roman historique avec Consuelo (1843) où elle brosse, à travers la figure d’une cantatrice italienne, le paysage artistique européen du XVIIIe siècle, ou encore Les Beaux Messieurs de Bois-Doré (1858) qui multiplie les péripéties amoureuses et aventureuses dans le contexte des oppositions religieuses sous le règne de Louis XIII. Vers la fin de sa vie, elle écrit une abondante œuvre théâtrale, restée largement inédite de son vivant. Biographie Enfance Amantine Aurore Lucile Dupin, future George Sand, nait le 1er juillet 1804 à Paris (anciennement au 15 rue Meslay devenu le no 46, dans le 3e arrondissement). Fille de Maurice Dupin de Francueil et de Sophie-Victoire Delaborde, elle est, par son père, l’arrière-petite-fille du maréchal de France, Maurice de Saxe (1696-1750),. Du côté de sa mère, elle a pour grand-père Antoine Delaborde, maître paulmier et maître oiselier, qui vendait des serins et des chardonnerets à Paris, sur le quai aux Oiseaux,. Aurore a donc une double ascendance, populaire et aristocratique, qui la marque profondément. Deux origines sociales diamétralement opposées qui expliquent la personnalité d’Aurore Dupin et son engagement politique à venir: « On n’est pas seulement l’enfant de son père, on est aussi un peu, je crois, celui de sa mère. Il me semble même qu’on l’est davantage, et que nous tenons aux entrailles qui nous ont portés, de la façon la plus immédiate, la plus puissante, la plus sacrée. Or, si mon père était l’arrière-petit-fils d’Auguste II, roi de Pologne, et si, de ce côté, je me trouve d’une manière illégitime, mais fort réelle, proche parente de Charles X et de Louis XVIII, il n’en est pas moins vrai que je tiens au peuple par le sang, d’une manière tout aussi intime et directe ; de plus, il n’y a point de bâtardise de ce côté-là. » Son père, Maurice Dupin, incorporé dans les rangs de l’armée révolutionnaire, effectue de 1798 à 1808, toutes les guerres républicaines et impériales. Pendant les campagnes d’Italie, il s’éprend de Sophie Victoire Delaborde, qui partage alors la vie de l’intendant affecté aux subsistances, l’adjudant-général Claude-Antoine Collin, âgé de cinquante ans. Victoire suit Maurice à son retour en France. La mère de ce dernier, Marie-Aurore de Saxe, fait tout pour s’opposer à leur mariage ; c’est donc à son insu que le 5 juin 1804, moins d’un mois avant la naissance de la future George Sand, le capitaine Maurice Dupin signe devant le maire du 2e arrondissement ancien de Paris, l’acte de mariage avec Victoire Delaborde. Maurice Dupin a eu précédemment une liaison avec la domestique du château de Nohant, Catherine Chatiron (1779-1866)[note A]. Elle est entrée au service de Madame Dupin de Francueil, le 24 janvier 1797 pour une rémunération de 60 francs par an. Catherine donne le jour à La Châtre le 5 mai 1799, à un fils naturel et déclaré sous le nom de Pierre Laverdure. Maurice Dupin refuse de reconnaître l’enfant qui prendra l’identité d’Hippolyte Chatiron (1799-1848)[note B], le demi-frère d’Aurore. Marie-Aurore de Saxe congédie Catherine Chatiron, mais fait élever l’enfant par le précepteur de Maurice, Jean-Louis François Deschartres. Les trois premières années de la vie d’Aurore Dupin s’écoulent dans le petit logis de ses jeunes parents, rue de la Grange-Batelière. En avril 1808, Victoire, enceinte de sept mois, rejoint son mari en garnison à Madrid. Elle est accompagnée de sa fille Aurore et ce, malgré le désaveu de Maurice Dupin au vu de cette périlleuse expédition et de la situation militaire espagnole. Dans le palais de Godoy, Murat témoigne beaucoup d’affection à l’enfant. Le 12 juin 1808, Victoire donne naissance à Madrid à un fils, Auguste, mais il est aveugle. Les événements politiques se précipitent et l’heure de la retraite d’Espagne a sonné. Après un voyage éprouvant, la famille arrive dans l’Indre, chez la grand-mère paternelle. Aurore découvre pour la première fois le domaine de Nohant. Malheureusement, son petit frère ne va pas survivre au voyage et décède au château, le 8 septembre 1808. Une semaine plus tard, Maurice Dupin meurt accidentellement d’une chute de cheval à la sortie de La Châtre, le 16 septembre 1808,. D’Aurore Dupin à la baronne Dudevant Aurore grandit à Nohant, tout d’abord avec sa mère et sa grand-mère. Cependant, un désaccord apparaît entre les deux femmes à propos de son éducation. Un compromis est trouvé et l’engagement est pris par écrit le 3 février 1809. Marie-Aurore de Saxe a la responsabilité de l’éducation d’Aurore qui passe la majeure partie de l’année à Nohant et peut voir sa mère, installée à Paris, en hiver. Victoire reçoit une rente de sa belle-mère augmentée par une compensation financière et elle est autorisée à se rendre à Nohant pendant l’été. La grand-mère confie Aurore au précepteur et homme de confiance, le vieux Jean-Louis François Deschartres, qui l’élève avec son demi-frère Hippolyte Chatiron. Marie-Aurore de Saxe préfère passer la mauvaise saison dans la capitale et elle demeure rue Neuve-des-Mathurins, à proximité du logement de Victoire. Malgré un droit de visite, la mère n’a pas la permission d’emmener sa fille chez elle. Cette application des accords est encore plus restrictive vis-à-vis de Caroline Delaborde [note C], la fille aînée de Victoire, qui ne doit pas approcher sa demi-sœur Aurore et encore moins de venir au domicile parisien de Madame Dupin de Francueil. Mais un incident se produit au cours de l’hiver 1810-1811. Caroline se présente chez Marie-Aurore malgré l’interdiction et elle est chassée sans ménagement par la maîtresse de maison. Aurore est traumatisée par cette injustice et en tombe malade. Prise de remords, Marie-Aurore décide d’emmener elle-même sa petite-fille, une fois rétablie, chez Victoire. Au moment du retour à Nohant, Marie-Aurore propose à Victoire de les accompagner, pour ne pas perturber davantage sa fille. George Sand restera attachée toute sa vie à Nohant et à la campagne où elle peut s’échapper dans la nature pour laisser s’épanouir son imagination. Elle reprendra le thème de la vie pastorale dans ses romans champêtres,,,. Aurore devenant peu assidue et rebelle, sa grand-mère la met en pension au couvent des Dames Augustines anglaises de Paris pour parfaire son enseignement, du 12 janvier 1818 jusqu’au 12 avril 1820,,,. Elle traverse une crise de mysticisme dans cet établissement religieux, où sa mère et grand-mère étaient emprisonnées sous la Terreur. Marie-Aurore de Saxe, imprégnée des idées du siècle des Lumières, ne tarde pas à la retirer du cloître et la fait revenir à Nohant. La santé de sa grand-mère décline. Consciente que son temps lui est compté, Marie-Aurore a pour dessein de marier sa petite-fille au plus tôt et de la faire son unique héritière, tant de ses biens que des terres et du domaine de Nohant. Au mois de janvier 1821, un projet de mariage est envisagé avec l’un des cousins d’Aurore, Auguste Vallet de Villeneuve, veuf depuis 1812 de Laure de Ségur et propriétaire du marquisat du Blanc. Mais il est âgé de 42 ans, alors que sa promise n’a que 16 ans… Marie-Aurore de Saxe prodigue la plus grande attention à sa petite-fille, et lui fait découvrir Jean-Jacques Rousseau. Cette affection est réciproque, Aurore apprécie sa grand-mère, à l’esprit délicat et cultivé. L’enfant complète son instruction par la lecture. Si Rousseau la fascine, d’autres philosophes captivent la jeune prodige: Chateaubriand à travers le Génie du christianisme, mais également Aristote, Condillac, Montesquieu, Blaise Pascal, Jean de La Bruyère, Montaigne, Francis Bacon, John Locke, Leibniz, ainsi que les poètes Virgile, Alexander Pope, John Milton, Dante, et William Shakespeare. Marie-Aurore de Saxe meurt le 26 décembre 1821 à Nohant-Vic,, quelques mois après une attaque d’apoplexie. Ses ultimes paroles sont pour sa petite-fille: « tu perds ta meilleure amie ». Au lendemain de l’enterrement de Madame Dupin de Francueil, la mère d’Aurore arrive à Nohant afin de prendre connaissance des dernières volontés de la défunte. Le frère aîné d’Auguste, le comte René, François Vallet de Villeneuve, possesseur du château de Chenonceau, est désigné pour être le tuteur d’Aurore, mineure et seule légataire à la mort de sa grand-mère. La lecture du testament provoque une violente colère de Victoire Delaborde. Toute la rancœur, contenue ces dernières années, se déchaîne brutalement à l’encontre de sa belle-mère et René Vallet de Villeneuve, par des paroles outrageantes. Elle exige que sa fille vienne vivre avec elle à Paris, et c’est la rupture avec la famille paternelle. Aurore quitte Nohant avec sa mère, le 18 janvier 1822. Les relations entre la mère et la fille deviennent vite conflictuelles. Au printemps 1822, Victoire confie Aurore à des amis de Maurice Dupin, James et Angèle Roettiers du Plessis, qui vivent avec leurs cinq filles dans le château du Plessis-Picard près de Melun. Elle reste plusieurs mois dans cette famille, où règne une excellente ambiance, et y rencontre François Casimir Dudevant, avocat à la cour royale, qu’elle épouse à Paris le 17 septembre. La mère d’Aurore a la présence d’esprit d’imposer le régime dotal, Aurore conservant sa fortune personnelle de 500 000 francs, et doit recevoir de son mari une rente de 3 000 francs par an pour ses besoins personnels. Dans une longue correspondance adressée à une « belle Dame », en date du 26 septembre 1822 à Nohant, soit quelques jours après le mariage de la jeune Aurore, Jean-Louis Deschartres explique que la mère n’avait qu’une hâte, se délivrer de sa fille au plus tôt: « Vous auriez bien voulu Madame, entrer dans quelques détails sur les nouveaux propriétaires de Nohant […]. Vous me mandez qu’à la place de la jeune baronne, vous seriez montée chez moi, vous vous seriez jetée à mon col vous m’auriez témoigné franchise, amitié, &c. […] mais tout le monde n’a pas un cœur fait comme le vôtre ; […] il faut bien se persuader qu’entre la vieillesse et la jeunesse, l’amitié ne peut exister […]. C’est d’après ce principe que je ne suis entré en aucune discussion avec les jeunes mariés. Je ne sais sur les antécédents que ce qu’ils ont bien voulu dans la conversation me laisser connaître […]. Le jeune homme est bien fait, a la figure peu avenante quoique doux ; il a un peu la pétulance gasconne, sans en avoir la jactance. Ses parents autrefois très riches colons américains, ont cherché comme tous les propriétaires à tirer le meilleur parti possible de leur récolte en établissant des raffineries de sucre. Son père était lieutenant colonel avant la Révolution. Il a été admis chez Mme Dupin rue du roi de Sicile […]. Après sa retraite, le colonel fut député, 12 ou 15 ans ; son fils unique aura droit à la fortune paternelle qui est de 25 à 30 000 francs de revenus […]. Bref si Aurore eût pu faire un meilleur choix sous tous les rapports, elle eût pu aussi en faire un bien plus mauvais ; et vous serez étonnée que la chose n’ait pas eu lieu, lorsque vous saurez qu’après la rupture du mariage Pontcarré, la mère Mme Maurice s’adressa à M. Savin l’ami de M. de Beaumont, et lui dit de lui trouver quelques vieilles moustaches qui la débarrassent de sa fille qui était un diable […]. Savin s’est adressé à M. Roëttiers de Montaleau du Plessis, lui disant que s’il trouvait un officier à demi-solde qui pût obtenir le consentement de la jeune personne il assurait celui de la mère. Ce M. du Plessis répondit qu’il avait tout ce que l’on pouvait désirer [...]. La mère conduisit la fille au Plessis-Picard et l’y laissa seule, sans domestique: Aurore fit l’objet alors de demandes d’un aide de camp du général Subervie, jeune turc de 45 ou 50 ans sans fortune, d’un avocat fils d’un payeur à Chalons, et d’un notaire, mais la jeune personne donna sa préférence à son mari, et Mme Maurice Dupin, oubliant les obligations d’une mère qui tient à l’honneur, à la probité, à la considération, qui si elle a le malheur d’avoir une fille répréhensible par sa légèreté, coupable dans sa conduite, doit la couvrir de son manteau, la protéger, la défendre lors encore que ses erreurs et ses fautes seraient avérées, […] par une infamie qu’on ne peut expliquer, alla calomnier sa fille, dire le plus de mal possible du jeune homme à qui a voulu l’entendre […]. M. de Beaumont ajouta foi aux rapports mensongers, et pendant que cette mère vomie par l’enfer, lui racontait qu’elle avait été indignement chassée de chez elle par les jeunes gens, elle écrivait à ces derniers les lettres les plus tendres [...]. Le caractère de duplicité paraît inhérent aux individus de cette famille. » Victoire se désiste alors de la tutelle de sa fille le 5 octobre 1822 au profit de Casimir Dudevant et les époux s’installent à Nohant,. Pour Aurore, ce mariage est l’occasion de gagner sa liberté, mais c’est oublier que les femmes à cette époque sont traitées en mineures jusqu’à leur mort. Aurore va vite comprendre qu’elle reste enfermée dans sa condition de vassale et que Casimir, comme ses nombreux prétendants, ne voit en elle que la riche héritière. Le 30 juin 1823, Aurore donne naissance à son fils Maurice (1823-1889) à Paris. En 1824, chez les du Plessis, Casimir gifle Aurore en public pour un motif futile. Les premières fêlures du couple apparaissent et Aurore se rend compte que tout la sépare de son époux, grossier, peu cultivé, à l’éducation si dissemblable, dont les goûts diffèrent totalement des siens. Le hasard d’une rencontre en juillet 1825, lors d’un voyage avec Casimir à Cauterets dans les Pyrénées, permet à la jeune femme de renaître à la vie. Aurore fait la connaissance d’Aurélien de Seze, avocat de talent, substitut au tribunal de Bordeaux et neveu du défenseur de Louis XVI. Séduisant, intelligent, Aurélien a conquis le cœur d’Aurore, le temps d’une courte histoire d’amour, passionnée et platonique. Ils échangent une importante correspondance, mais leurs rencontres sont rares et Aurore vient de retrouver un ami de jeunesse. Au cours de ses séjours à Nohant, elle noue une liaison avec Stéphane Ajasson de Grandsagne, originaire de La Châtre, de 1827 à 1828. La rumeur publique rattrape les amants et compromet l’équilibre précaire des époux Dudevant. Le 13 septembre 1828, à Nohant, Aurore met au monde une fille, Solange (1828-1899), dont la paternité est empreinte d’incertitude, du fait de la fréquentation d’Aurore avec Stéphane Ajasson de Grandsagne. De son côté, Casimir se met à boire, devient odieux et entretient des relations avec les servantes. La situation conjugale se dégrade, les époux font chambre à part. Aurore veut son indépendance, souhaite travailler et gérer ses biens propres. Au même moment, elle engage une nouvelle idylle avec le romancier Jules Sandeau, et désire le rejoindre à Paris. Au mois de décembre 1830, une scène éclate entre Casimir et Aurore. Elle vient de découvrir le « testament » de son mari qui se résume à des critiques venimeuses et des rancunes envers sa femme. Leur séparation est inévitable (le divorce n’existe pas à cette époque) et prononcée en sa faveur le 16 février 1836, le tribunal de La Châtre reconnaissant prouvés les « injures graves, sévices et mauvais traitements ». Face à la grande fermeté de son épouse, Casimir Dudevant s’incline et ne veut surtout pas perdre l’usufruit des possessions d’Aurore. Elle décide de vivre alternativement entre Paris et Nohant. Casimir doit lui verser une pension de 3 000 francs prévue par leur contrat de mariage. Dans un premier temps, Solange et Maurice restent auprès de leur père à Nohant. Une fois établie à Paris, Aurore emmène sa fille chez elle et Casimir Dudevant se laissera convaincre par la suite, de confier Maurice à sa mère. Le demi-frère d’Aurore, Hippolyte Chatiron, semble avoir joué un rôle dans le conflit qui oppose sa sœur et son beau-frère Casimir Dudevant, dont il partage le penchant pour la boisson et les fêtes. La naissance de George Sand Les 27, 28 et 29 juillet 1830– journées dites les Trois Glorieuses– les insurrections parisiennes renversent les Bourbons. L’engagement politique d’Aurore Dupin et sa prise de conscience débutent véritablement à partir de cette période. Jusqu’alors, Aurore Dupin ne s’intéresse guère à la politique. Sa sensibilité est même bonapartiste, en raison du souvenir et de la carrière militaire de son père. Elle s’est opposée avec son époux Casimir Dudevant, au candidat royaliste lors des élections censitaires de 1827 en soutenant activement le candidat républicain, Duris-Dufresne à La Châtre. Le 30 juillet 1830, Aurore Dupin rencontre Jules Sandeau au château du Coudray à Verneuil-sur-Igneraie. Une rencontre qui marque la jeune Aurore, et qui va influer sa destinée. Le 4 janvier 1831, elle quitte Nohant pour rejoindre à Paris une petite société de jeunes Berrichons, férus de littérature romantique et qu’elle fréquentait déjà dans l’Indre: Charles Duvernet, Alphonse Fleury et Jules Sandeau. Dans ce Paris de 1831, en pleine effervescence romantique après la révolution de Juillet, où les jeunes artistes et poètes du quartier latin portaient des costumes extravagants, Aurore mène une vie de bohème avec ses compagnons, allant dans les théâtres, les musées et les bibliothèques. Ayant obtenu de la préfecture de police de l’Indre une permission de travestissement,, elle adopte un costume masculin, plus pratique et moins coûteux: elle endosse une « redingote-guérite », se noue une grosse cravate en laine, se fait couper les cheveux jusqu’aux épaules et met un chapeau de feutre mou,. Aurore affiche sa liaison avec Jules Sandeau. Ensemble, ils commencent une carrière de journalistes au Figaro, sous l’œil sévère mais bienveillant d’Henri de Latouche, le directeur du journal. Ils écrivent en commun un roman, Rose et Blanche, publié sous le pseudonyme de J. Sand. Le roman Rose et Blanche est ébauché par Aurore, mais refait entièrement par Jules Sandeau. L’ouvrage se voit attribuer par une fantaisie d’Henri de Latouche, le nom d’auteur de Jules Sand, qui évoque non seulement Jules Sandeau, mais aussi Karl Sand, l’étudiant bavarois assassin d’August von Kotzebue. Ce livre connaît un certain succès, au point qu’un autre éditeur se présente et commande un prochain roman sous le même nom. Comme Aurore vient d’écrire Indiana, à Nohant durant l’hiver 1831-1832, elle veut le donner sous le même pseudonyme mais Jules Sandeau, par modestie, n’accepte pas la paternité d’un livre auquel il est totalement étranger. Henri de Latouche est consulté et tranche par un compromis: le nom de Sand est conservé pour satisfaire l’éditeur et le prénom est modifié pour distinguer les deux auteurs. Aurore prend celui de George, qui lui semble synonyme de Berrichon. Étymologiquement, George signifie en effet « celui qui travaille la terre ». Sans le s final du prénom, elle joue sur l’ambiguïté et l’androgynie. Sa première œuvre personnelle, Indiana, est publiée le 19 mai 1832 sous le nom de G. Sand et tous ses romans ultérieurs le seront sous le pseudonyme de George Sand, qu’elle adopte définitivement. Valentine, composée à Nohant et achevée pendant l’été de 1832, est éditée trois mois après Indiana. Ces deux romans assurent la renommée de l’écrivain et améliorent beaucoup sa situation financière. Elle quitte son petit logement du cinquième étage du quai Saint-Michel pour aller s’installer dans la « mansarde bleue », un appartement plus confortable au troisième étage, sous les toits, au no 19 quai Malaquais. François Buloz, le directeur de la Revue des deux Mondes, lui assure par contrat une rente annuelle de 4 000 francs en échange de trente-deux pages d’écriture toutes les six semaines. Au début de 1833, elle rompt avec Jules Sandeau, coupable d’une infidélité. Elle a une brève relation avec Prosper Mérimée, très décevante et qu’elle regrette amèrement. C’est une période sombre pour George Sand, démoralisée par ces deux déceptions. Le 10 août 1833, paraît Lélia, une œuvre lyrique, allégorique et très originale, dont le succès est prodigieux. En janvier 1833, George Sand éprouve une affection profonde pour la comédienne Marie Dorval, une amie de Jules Sandeau, qu’elle admire lors de l’une de ses représentations au point de lui envoyer une lettre. Leurs échanges de correspondances donnent la mesure de l’amitié intense qui lie les deux femmes et leur attachement mutuel. Ainsi le 18 mars 1833, George Sand écrit à Marie Dorval: « Je ne peux vous voir aujourd’hui, ma chérie. Je n’ai pas tant de bonheur. Lundi, matin ou soir, au théâtre ou dans votre lit, il faudra que j’aille vous embrasser, madame, ou que je fasse quelque folie. Je travaille comme un forçat, ce sera ma récompense. Adieu, belle entre toutes » et Marie de lui répondre: « Vous êtes une méchante et je comptais bien sur le bonheur de vous avoir toute la soirée dans ma loge. Nous aurions vite dîné, à cinq heures, et nous serions parties ensemble. Voyons, tâchez. Je vous ai vue hier toute la soirée, je vous ai regardée sans rencontrer vos yeux. Vous aviez l’air d’une boudeuse. C’est moi qui viendrai vous voir demain matin. Ce soir, je ne suis pas chez moi. Mon Dieu, quelle envie de causer j’ai donc! Nous ne pourrons donc jamais nous accrocher ? ». Leur relation fait l’objet de médisances à Paris, d’autant qu’elles comptent parmi les personnalités féminines les plus en vue. Gustave Planche écrit à Sand de se méfier de cette « dangereuse amitié », tandis qu’Alfred de Vigny, amant de Dorval, lui conjure: « j’ai défendu à Marie de répondre à cette Sapho qui l’ennuie »! Missive restée sans suite. En effet, Marie Dorval collabore à l’écriture de Cosima, pièce de théâtre de George Sand créée le 29 avril 1840 à la Comédie-Française, avec la célèbre comédienne dans le premier rôle. Alfred de Musset George Sand rencontre pour la première fois Alfred de Musset le 17 juin 1833, lors d’un dîner organisé par François Buloz pour ses collaborateurs de la Revue des deux Mondes, au restaurant Lointier, no 104 rue Richelieu à Paris. À la fin du mois de juillet, ils sont amants et Musset s’installe chez George Sand, quai Malaquais. Le couple se rend à Fontainebleau où ils séjournent du 5 au 13 août à l’hôtel Britannique au no 108 rue de France. Une nuit, lors d’une promenade en forêt aux roches de Franchard, Musset est la proie d’une hallucination, croyant voir apparaître son double. Cette scène est évoquée dans le roman Elle et Lui et décrite également par Musset dans la Nuit de Décembre. Ils conçoivent le projet d’un voyage en Italie. Ils partent le 12 décembre 1833 et font une partie de la traversée en compagnie de Stendhal, rencontré à Marseille et qui rejoint son poste de consul à Civitavecchia. À Gênes, George Sand souffre de fièvre et dysenterie. Ils parviennent à Venise le 31 décembre 1833 et descendent à l’hôtel Danieli, le 1er janvier 1834. Alors que George Sand est toujours souffrante et doit rester alitée deux semaines, Musset reprend sa vie de noctambule et s’abandonne à tous les plaisirs. Déjà à Gênes et à Florence, George Sand s’est plainte des inconduites de son compagnon et décide de lui fermer sa porte à Venise. Alfred de Musset tombe gravement malade à son tour, atteint d’une fièvre accompagnée de crises de délire. Les ressentiments oubliés en de tels instants, George Sand est à son chevet. Elle fait appel aux soins d’un jeune médecin, Pietro Pagello, qui diagnostique une fièvre typhoïde. George Sand s’éprend de Pagello, alors que la santé de Musset s’améliore. Sa guérison assurée, Pagello lui avoue sa passion pour George Sand. Musset, stoïque, leur conserve son amitié, quitte Venise le 29 mars 1834 et rentre en France. Il continue néanmoins d’entretenir une correspondance avec George Sand et celle-ci, restée avec Pagello, travaille énormément à plusieurs ouvrages. Elle écrit Mattea, Leone Leoni, André, Jacques, les premières Lettres d’un voyageur, puis revient en France avec Pagello. Le 14 août 1834, ils arrivent à Paris et Musset informé de leur retour, supplie George Sand de lui accorder une entrevue. Elle exauce son vœu et le revoit dès le 17 août. Chacun se reproche d’avoir perdu le bonheur par sa propre faute. Les remords de George Sand sont tels, qu’elle songe au suicide. Conscients de ne pouvoir revenir en arrière, ils décident de s’éloigner l’un de l’autre et de quitter Paris le 24 août, Musset à Bade et Sand à Nohant. Quant à Pagello, malgré une invitation pour accompagner la romancière au Berry, il a le bon sens de rester dans la capitale. De son exil en Allemagne, Musset envoie des lettres enflammées à George Sand et elle finit par lui céder. Le 20 octobre 1834, George Sand renoue avec le poète de retour en France et Pagello, jaloux, repart pour l’Italie. Mais leur nouvelle liaison ne fait que raviver les souffrances, les querelles et les reproches, une passion destructrice, qui va les consumer. Leur union n’est plus supportable et c’est Musset, fatigué, qui rompt le premier, le 9 novembre 1834. George Sand est désespérée, tente une réconciliation mais Musset ne répond pas à ses lettres. Elle décide de couper sa magnifique chevelure dans un accès romantique et de lui envoyer cette preuve d’amour, gage de sa peine profonde. Elle rencontre, à la fin du mois de novembre 1834, le peintre Eugène Delacroix, à la suite d’une demande de son éditeur François Buloz. Ce dernier souhaite en effet faire connaître à ses lecteurs, par un portrait, la romancière qui écrit dans son journal depuis 1833. Delacroix immortalise George Sand, le visage empreint de tristesse. L’écrivain est vêtu en costume d’homme et montre ses cheveux coupés. Au cours de cette période douloureuse, George Sand tient un journal intime et en date du 25 novembre, elle s’adresse directement à Musset,: « Ce matin, j’ai posé chez Delacroix. J’ai causé avec lui en fumant des cigarettes de paille délicieuses. Il m’en a donné […] Je ne guéris pourtant pas! Eh bien, eh bien, comme vous voudrez, mon Dieu! Faites de moi ce qui vous plaira. Je racontais mon chagrin à Delacroix ce matin, car de quoi puis-je parler, sinon de cela ? Et il me donnait un bon conseil, c’est de n’avoir plus de courage. Laissez-vous aller, disait-il. Quand je suis ainsi je ne fais pas le fier ; je ne suis pas né romain. Je m’abandonne à mon désespoir. Il me ronge, il m’abat, il me tue. Quand il en a assez, il se lasse à son tour, et il me quitte. Le mien me quittera-t-il ? Hélas! Il augmente tous les jours. » À la réception du colis et de son précieux contenu, Alfred de Musset fond en larmes. En ce début du mois de janvier 1835, Sand et Musset renouent leur idylle et le 14 janvier, Sand, triomphante, écrit à Alfred Tattet, le confident de Musset: « Alfred est redevenu mon amant ». Le 14 février, le couple assiste à une représentation de Chatterton de Vigny à la Comédie-Française. Leur relation se poursuit, orageuse, marquée par des plaintes, des remontrances, des récriminations, jusqu’à leur rupture définitive le 6 mars 1835, mais, cette fois-ci, à l’initiative de George Sand. Cette relation inspire à George Sand les trois premières Lettres d’un voyageur et à Musset La Confession d’un enfant du siècle. Après la mort d’Alfred de Musset, George Sand fait paraître Elle et lui en 1859, qui raconte leur histoire. Le frère d’Alfred, Paul de Musset, riposte en publiant Lui et elle et Louise Colet, qui eut une liaison avec Alfred de Musset, renchérit par un Lui. Michel de Bourges George Sand entreprend les procédures judiciaires à l’encontre de son mari, Casimir Dudevant. Les rapports entre les époux se sont envenimés à cause du train de vie dispendieux de Casimir qui s’est engagé dans des opérations hasardeuses. George Sand craint à juste titre, qu’il ne provoque sa ruine. Des amis lui recommandent le célèbre avocat républicain Louis Michel, pour plaider sa séparation définitive avec le baron Dudevant. L’avocat, plus connu sous le pseudonyme de sa ville, Michel de Bourges, est doué d’un grand talent oratoire et intervient dans les procès politiques de la monarchie de Juillet. Le 9 avril 1835, George Sand le rencontre dans l’ancienne capitale du Berry et lui expose son affaire. Michel venait de lire son roman Lélia et sous le charme de George Sand, lui offre une plaidoirie impressionnante, en arpentant les rues de Bourges toute une nuit. La séduction est réciproque, George Sand le retrouve en mai à Paris et devient sa maîtresse. Avec Michel de Bourges commence une double passion, amoureuse et politique. Michel convertit George Sand, déjà sensible aux opinions républicaines, aux idées socialistes. L’engagement de cette dernière est tel que son appartement parisien est transformé en cénacle républicain et par voie de conséquence, sous surveillance policière. Michel gagne le procès en séparation de George Sand, au terme d’une longue procédure, le 16 février 1836. Il promet à George Sand de vivre avec elle, mais c’est un homme marié et qui va le rester. En raison de sa peur de sa femme et de la forte personnalité de la romancière, il rompt leur liaison délétère qui prend fin au mois de juin 1837, après des reproches mutuels. Cette séparation douloureuse déstabilise George Sand. Les liaisons qui suivent restent sans lendemain: Félicien Mallefille le précepteur de son fils Maurice, Charles Didier ou l’acteur Pierre Bocage. Ce dernier lui restera fidèle en amitié. George Sand dédie la sixième des Lettres d’un voyageur à Éverard, surnom qu’elle donne à Michel de Bourges. Il lui inspire également le personnage de l’avocat Simon, dans le roman du même nom en 1836. Un autre ouvrage intitulé Engelwald le Chauve n’est pas sans évoquer Michel de Bourges, mais l’œuvre ne sera jamais publiée et le manuscrit est détruit en 1864 par l’auteur. Franz Liszt et Marie d’Agoult Alfred de Musset présente George Sand à Franz Liszt, compositeur, pianiste virtuose et professeur de musique d’Herminie, la sœur du poète. Franz Liszt est transporté par le mouvement de 1830, influencé par les idées saint-simoniennes et enthousiasmé par Lamennais. La lecture de Leone Leoni, transposition de Manon Lescaut dans le mode romantique, a fait de lui un admirateur de George Sand. Leur relation restera purement amicale. Le célèbre pianiste a un élève de talent, Hermann Cohen et l’introduit dans le cercle parisien où se retrouvent écrivains et musiciens. En 1834, George Sand et l’abbé Lamennais font ainsi la connaissance du protégé de Liszt, qui s’accroche à son mentor, et sont tous deux charmés par le jeune garçon. Franz Liszt le surnomme Puzzi, traduction de « mignon » en allemand et la romancière commence à parler de lui comme le mélancolique Puzzi. L’enfant, promis à une brillante carrière artistique, rencontre régulièrement George Sand qui lui prodigue beaucoup d’affection et le considère comme un second fils. Le 28 août 1836, George Sand part de Nohant avec ses enfants, pour se rendre en Suisse où l’attendent ses amis Franz Liszt et Marie d’Agoult. Marie a quitté son mari et sa fille pour rejoindre Franz Liszt à Genève en juin 1835 et la passion qui les unit, plaît à George Sand. Il s’agit du second séjour de l’écrivain dans les Alpes. Franz et Arabella, pseudonyme romantique de Marie d’Agoult, accompagnent George Sand dans son périple qui commence par l’étape de Chamonix, avec leur protégé Hermann Cohen. Adolphe Pictet, professeur d’Histoire des littératures modernes à l’Académie de Genève et qui plus est, major d’artillerie de l’armée Suisse, se joint également au groupe. Cette excursion de quinze jours à dos de mulet, se déroule en divers lieux: Genève, Chamonix, le glacier des Bossons, le précipice de la Tête-Noire par le Col de la Forclaz, Martigny, Fribourg et la cathédrale Saint-Nicolas avec ses orgues réputés, la Mer de Glace. Au mois d’octobre 1836, George Sand s’installe à l’hôtel de France, rue Laffitte à Paris, où résident Liszt et Marie d’Agoult. Le salon de la comtesse d’Agoult est fréquenté par Lamennais, Heine, Mickiewicz, Michel de Bourges, Charles Didier et Frédéric Chopin. En février-mars et mai-juillet 1837, Franz Liszt et Marie d’Agoult séjournent à Nohant. C’est à Franz Liszt que George Sand adresse la septième des Lettres d’un voyageur, sur Lavater et la maison déserte. Liszt lui répond par ses trois premières Lettres d’un bachelier ès musique. En 1838, George Sand donne à Balzac le sujet d’un roman, les Galériens ou les Amours forcés. Ces Galériens de l’amour, sont Franz Liszt et Marie d’Agoult. C’est pourquoi George Sand ne peut écrire ce roman elle-même et le confie à Balzac. L’ouvrage figure dans la collection de La Comédie humaine sous le titre de Béatrix. Le personnage de la comtesse d’Agoult est celui de Béatrix et Liszt, celui du compositeur Conti. Quant à George Sand, elle apparaît dans le roman sous le nom de Félicité des Touches ou par son nom de plume androgyne, Camille Maupin. Les personnages sont parfaitement transparents et dans l’œuvre, Félicité des Touches est toujours comparée à Béatrix et lui est préférée. On voit que l’amitié des deux femmes s’est refroidie, à cause de l’engouement de George Sand pour Frédéric Chopin. Félicité de Lamennais L’abbé Félicité de Lamennais devient le démocrate chrétien qui trouve dans l’Évangile, la loi de liberté, d’égalité et de fraternité, loi recueillie par les philosophes et proclamée par la Révolution. Il est excommunié après la parution de son livre Paroles d’un croyant. Lamennais a une grande influence sur Franz Liszt et George Sand qui manifeste son enthousiasme pour ce prêtre, dans Histoire de ma vie. Elle lui déclare: « Nous vous comptons parmi nos saints... vous êtes le père de notre Église nouvelle ». Lamennais se fixe à Paris, fonde un journal, Le Monde, auquel George Sand collabore bénévolement. Elle publie en 1837, Ingres et Calamatta, un article destiné à faire connaître le graveur Luigi Calamatta. Celui-ci réalise des portraits de George Sand, la gravure Une visite aux Catacombes, un petit fragment poétique, et enfin les célèbres Lettres à Marcie. Dans ces dernières, George Sand exprime ses idées sur le mariage, l’affranchissement de la femme et son égalité avec l’homme. L’audace de cette œuvre a dû effaroucher Lamennais, pour qu’il commente son auteur en ces termes: « Elle ne pardonne pas à saint Paul d’avoir dit: Femmes, obéissez à vos maris! ». Finalement, la publication s’interrompt lorsque Lamennais abandonne la direction du Monde. Lamennais inspire à George Sand, dans son roman Spiridion, le personnage du moine fondateur d’un couvent, chercheur intransigeant de la vérité. Le philosophe Pierre Leroux marque également de son empreinte cet ouvrage. Pierre Leroux Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869), critique et écrivain, est le conseiller littéraire de George Sand. Il est aussi son confident, particulièrement au moment de ses amours avec Alfred de Musset. George Sand toujours en quête d’idéal et de ferveur réformatrice, demande son avis à Sainte-Beuve dans ce domaine. Après Félicité de Lamennais, elle cherche un nouveau mentor qui pourrait satisfaire son ardeur politique. En avril 1835, se tient à Paris le procès de 10 000 insurgés, à la suite de la révolte des Canuts et aux insurrections de 1834 qui ont éclaté dans la capitale et différentes grandes villes de France. Ce procès monstre offre une tribune inespérée à l’opposition républicaine et les convictions de George Sand s’affirment lors de son déroulement. Face à l’échec des révoltes, elle interroge Sainte-Beuve sur « la révolution à faire ». Celui-ci l’oriente vers deux hommes de doctrine: Pierre Leroux et Jean Reynaud qui participent à l’élaboration de l’Encyclopédie nouvelle. George Sand demande à rencontrer Pierre Leroux et au mois de juin 1835, elle lui pose « la question sociale ». Leroux subjugue George Sand et « elle ne jure plus que par lui ». Une profonde amitié naît de leur admiration mutuelle, le philosophe trouvant auprès de l’écrivain, une aide matérielle importante. Elle découvre dans les principes de Pierre Leroux, une synthèse des dogmes épars qu’elle emprunte au christianisme, à Jean-Jacques Rousseau, au saint-simonisme, à Michel de Bourges et à Lamennais. Compte tenu de l’influence des idées de Pierre Leroux sur l’œuvre de George Sand, il n’est pas inutile de résumer ici sa doctrine: « L’homme est un animal transformé par la raison et indissolublement uni à l’humanité ; on ne peut concevoir un homme hors de l’humanité ; l’homme n’est pas seulement sensation, ou sentiment, ou connaissance, mais une trinité indivisible de ces trois choses ». « Nous sommes immortels ; à la mort, l’âme ne fait que se retremper en Dieu, se plonge dans l’oubli avant chaque nouvelle renaissance dans l’humanité ; il y a un cycle de renaissances et à chaque incarnation l’homme se perfectionne ». « Durant son incarnation, chaque être humain doit progresser indéfiniment, en communication complète avec la nature et avec ses semblables ; l’homme ne peut pas vivre sans société, sans famille, sans propriété, mais il faut combattre les abus de ces trois institutions qui empêchent l’homme de progresser indéfiniment ». « Le progrès de l’humanité est infini et continu (idée de Leibniz). Les religions sont incomplètes, car elles séparent le corps et l’âme, l’esprit et la matière ; or Dieu est partout, dans le matériel comme dans le spirituel (idée de Saint-Simon sur la sainteté de la matière). L’homme trouvera son salut lorsqu’il comprendra qu’il ne faut pas attendre le royaume de Dieu en dehors de ce monde, après la mort, mais tenter d’élever et sanctifier la vie charnelle et le labeur terrestre ».Leroux s’intéresse particulièrement de ce point de vue, à certaines sectes médiévales comme les lollards, les hussites et surtout les taborites. Les idées de Pierre Leroux se manifestent dans toute une série de romans de George Sand: Spiridion, Consuelo, La Comtesse de Rudolstadt, Jean Zyska, Procope le Grand, Le Meunier d’Angibault, Le Péché de Monsieur Antoine, Horace, Le Compagnon du tour de France, Jeanne. Tous ces ouvrages apparaissent comme la mise en œuvre du programme de Leroux: lutte contre les triples abus: de caste, de famille et de propriété ; prédication de la doctrine du progrès continu et de la « vie de l’homme dans l’humanité ». La rencontre de George Sand avec l’écrivain prolétaire Agricol Perdiguier lui inspire le personnage de Pierre Huguenin, le héros de son roman Le Compagnon du tour de France, publié en 1840. Ce roman prêchant l’un des dogmes de la théorie de Leroux, la guerre aux préjugés de caste et l’abolition des différends entre groupes sociaux, François Buloz, le directeur de la Revue des deux Mondes, propose tant de changements et de coupures que George Sand préfère reprendre son manuscrit et le publier en volume. Un an plus tard, il refuse de faire paraître son nouveau roman, Horace, dans sa revue. En 1841, George Sand fonde avec Pierre Leroux et Louis Viardot La Revue indépendante. De 1841 à 1844, elle publie dans cette revue des romans: Horace, Consuelo, Jean Zyska, Procope le Grand, La Comtesse de Rudolstadt, Isidora, ainsi que divers articles. Elle se lie d’amitié avec des poètes prolétaires, comme le maçon Charles Poncy de Toulon, le père Magu et son gendre, le serrurier Jérôme Gilland, pour lesquels elle écrit des préfaces à leurs ouvrages ; ils apparaissent comme une preuve visible de la théorie de Leroux sur le progrès continu et la perfectibilité de l’humanité. Le père Magu inspire à George Sand le personnage d’Audebert dans son roman La Ville noire, publié en 1860. Frédéric Chopin George Sand rencontre Frédéric Chopin dans les tout derniers mois de 1836, par l’intermédiaire de Franz Liszt et de Marie d’Agoult. Leur liaison commence au mois de juin 1838. À cette époque, Eugène Delacroix peint le double portrait de Sand écoutant Chopin au piano. À la fin de l’année 1838, George Sand et ses deux enfants partent pour Majorque et Frédéric Chopin les rejoint au cours de leur trajet à Perpignan. À Barcelone, George Sand visite le palais de l’Inquisition en ruines. Impressionnée par les lieux, elle y fait allusion dans son roman La Comtesse de Rudolstadt. Arrivés à Palma de Majorque, les voyageurs sont ravis par le cadre enchanteur de l’île, mais ils éprouvent de grandes difficultés pour se loger, en raison de l’absence d’hôtels et de chambres meublées. Tuberculeux, Chopin voit sa santé se détériorer. Les visiteurs sont chassés de leur logement par les Majorquins, qui craignent le caractère contagieux de la maladie. Le 15 décembre 1838, George Sand et Frédéric Chopin se rendent à l’ancienne Chartreuse de Valldemossa, où ils sont hébergés dans des cellules monacales. Le site est magnifique, mais l’approvisionnement en nourriture est difficile, d’autant plus que les voyageurs sont en butte à l’hostilité des insulaires parce qu’ils n’assistent pas aux offices religieux. Le 13 février 1839, ils quittent l’île, rejoignent Barcelone après un périple éprouvant au cours duquel la santé de Chopin se dégrade encore. Leur séjour à Marseille permet au musicien de se rétablir et à la fin du mois de mai, ils arrivent à Nohant, où ils passent tout l’été. George Sand publie un récit de ce voyage: Un hiver à Majorque (sur ce que révèle cette expédition, se reporter au chapitre: Le voyage à Majorque). George Sand et Chopin résident l’été à Nohant et l’hiver à Paris, d’abord rue Pigalle, puis à partir de l’automne de 1842, au square d’Orléans, rue Taitbout. En raison de la maladie de Chopin, leur liaison se transforme en une relation mère-fils. Grâce à Chopin, le cercle des amis de George Sand s’élargit encore. Chopin reçoit des écrivains: Adam Mickiewicz, Julien-Ursin Niemcewicz, des musiciens: Giacomo Meyerbeer, Joseph Dessauer, Pauline Viardot et des membres de l’aristocratie polonaise en exil: Adam Jerzy Czartoryski, Delfina Potocka. Mais Frédéric Chopin se comporte comme un compagnon absorbant et tyrannique. Les malentendus deviennent fréquents, d’autant plus que les enfants de George Sand grandissent et s’imposent comme des individualités. Maurice prend à cœur tous les désaccords entre sa mère et Chopin et les rapports entre le musicien et Maurice deviennent hostiles. À partir du printemps de 1846, George Sand héberge à Nohant une jeune cousine de sa famille maternelle, Augustine. Sa fille Solange et Chopin détestent Augustine, tandis que Maurice, son ami d’enfance, est toujours prêt à prendre sa défense. Sur ce fond de discordes, des moments de détente sont privilégiés: pendant que Chopin improvise au piano, Solange, Augustine et Maurice miment des scènes et dansent des ballets comiques. Les hôtes séjournant à Nohant, comme Emmanuel Arago et Louis Blanc participent aussi à ces divertissements. Après le départ de Chopin pour Paris, ces pantomimes prennent le caractère de véritables pièces de théâtre, dans le genre de la Commedia dell’arte. Elles seront publiées en recueil et sont à l’origine du théâtre de Nohant. Ce même théâtre est décrit en détail par George Sand dans son roman Le Château des Désertes, où Maurice Sand lui inspire le personnage de Celio Floriani et Augustine celui de Cécile, qui interprète le rôle de la Donna Elvira. Citons également Frédéric Chopin, reconnaissable à travers le personnage du prince Karol, dans l’ouvrage de George Sand, Lucrezia Floriani, édité en 1846. Un projet de mariage s’ébauche au mois de novembre 1846, entre Solange Sand et un hobereau berrichon, Fernand des Préaulx. En janvier 1847, George Sand est présentée au sculpteur Auguste Clésinger, pendant un séjour à Paris et visite son atelier. En février, George Sand et sa fille se voient proposer la réalisation de leur buste par l’artiste. Celui-ci s’éprend de Solange et la réciprocité est immédiate, alors que dans le même temps, George Sand prépare l’union de sa fille avec Fernand des Préaulx. Quelques semaines plus tard, Solange rompt ses fiançailles la veille de signer son contrat de mariage et impose son nouveau prétendant, malgré le désaveu de sa mère. George Sand s’incline et le 19 mai 1847, Solange épouse Auguste à Nohant. Le 11 juillet, le couple très endetté demande en vain une aide financière à George Sand. À la suite de sa décision, une violente altercation se produit entre Auguste Clésinger et Maurice Sand et ce, malgré l’intervention de la romancière. George Sand congédie sur-le-champ sa fille et son gendre. En raison de sa méfiance maladive, Frédéric Chopin donne crédit aux calomnies rapportées par Solange sur sa mère et met fin à sa liaison de dix années avec George Sand,. L’esprit imaginatif de George Sand transpose le tempérament de sa fille et le traitement qu’elle inflige à son premier fiancé dans Mademoiselle Merquem en 1868. Dans cet ouvrage, une jeune fille, dont le prénom masculin est féminisé, Erneste du Blossay, ressemble à Solange sous une forme caricaturale et aux traits forcés: ambitieuse, capricieuse, têtue et rusée. C’est une constante chez George Sand de faire apparaître dans son œuvre littéraire des jeunes femmes qui ne sont pas sans rappeler la personnalité de Solange. L’engagement politique En 1844, George Sand fonde un journal local, l’Éclaireur de l’Indre, dont le premier numéro paraît le 14 septembre. Elle publie dans ce journal plusieurs articles en 1844 et 1845, notamment la lettre d’introduction aux fondateurs le 14 septembre 1844, sur les ouvriers boulangers de Paris le 28 septembre, la lettre d’un paysan de la Vallée Noire aux rédacteurs de l’Éclaireur écrite sous la dictée de Blaise Bonnin les 5 et 12 octobre, la lettre au sujet de la pétition pour l’organisation du travail le 9 novembre, trois articles sur la politique et le socialisme les 16, 23 et 30 novembre, un compte rendu de l’Histoire de dix ans de Louis Blanc le 18 janvier 1845, la préface du livre de Jules Néraud: Botanique de l’enfance le 15 mars suivant. Des relations amicales s’établissent entre Louis Blanc et George Sand, qui songe même à lui faire épouser sa fille, mais ce projet échoue. George Sand écrit également deux articles sur l’Histoire de la Révolution de Louis Blanc, en 1847 dans le Siècle et en 1865 dans l’Avenir national. Au mois de novembre 1844, Louis Blanc prie George Sand de collaborer au journal qu’il a fondé, la Réforme. Dans ce journal paraît successivement en 1845, son roman Le Meunier d’Angibault, l’article sur la Réception de Sainte-Beuve à l’Académie et en 1848, celui sur l’Élection de Louis-Napoléon à la présidence de la République. À cette époque, George Sand noue des relations épistolaires ou personnelles avec Barbès, Mazzini, Bakounine, Louis Bonaparte, Pauline Roland, les frères Étienne et François Arago. George Sand se réjouit de la chute du roi Louis-Philippe et de la fin de la Monarchie de Juillet le 24 février 1848, affichant son engagement politique socialiste. La deuxième République est proclamée. La romancière arrive à Paris le 20 mars et participe aux nouveaux journaux républicains comme le Bulletin de la République, la Cause du peuple avec Louis Viardot et la Vraie République. Une émeute se produit à la suite de la manifestation du 15 mai 1848 et l’Assemblée constituante nouvellement élue, mais conservatrice, est envahie par la gauche républicaine. Cette insurrection est réprimée et les dirigeants socialistes sont arrêtés dont Armand Barbès, Auguste Blanqui, Alexandre Martin surnommé « l’ouvrier Albert », François-Vincent Raspail, Pierre Leroux. Ce sont les premières arrestations politiques du régime. Face à l’échec de cette journée, George Sand se retire à Nohant le 18 mai, alors que ses amis souhaitent pour assurer sa sécurité, qu’elle quitte la France pour l’Italie. Même si George Sand se défend de toute participation à la protestation du 15 mai, son départ est d’autant plus nécessaire, que les incarcérations se poursuivent. George Sand réside à Nohant pendant plus d’un an, où elle bénéficie de la protection bienveillante d’Alexandre Ledru-Rollin. Les événements politiques se précipitent avec la fermeture des ateliers nationaux qui engendre une insurrection le 22 juin 1848. L’armée commandée par le général Eugène Cavaignac, ministre de la Guerre investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée, écrase dans le sang avec l’appui de la Garde nationale, les insurgés du 23 au 26 juin. L’échec de la Révolution de 1848 marque l’arrêt de l’activité militante de George Sand et l’amorce des désillusions. Le bonheur des peuples est-il une utopie, un idéal inaccessible ? L’avenir lui donne malheureusement raison. Avec l’arrivée au pouvoir de Louis Napoléon Bonaparte et son coup d’État du 2 décembre 1851, ce sont de nouveau les arrestations, les déportations, la censure, qui s’abattent sur le pays. Deux cents députés sont emprisonnés dont Adolphe Thiers. George Sand décide alors de prendre fait et cause pour les condamnés et prisonniers politiques. Elle entreprend de multiples démarches en leur faveur, au cours des mois de janvier et février 1852. Elle écrit plusieurs lettres à l’Empereur qui finit par lui accorder deux audiences dont la première a lieu le 30 janvier 1852. George Sand plaide pour une amnistie générale. Son geste sera vain, Napoléon III lui accorde de rares remises de peine. La censure empêche l’écrivain de s’exprimer dans la presse. De ce fait, elle manifeste sa pensée à travers ses romans, sa correspondance et le théâtre. Alexandre Manceau 1849, « mon cœur est un cimetière », laisse échapper amèrement George Sand. La rupture avec sa fille Solange en 1847 est un véritable drame pour la romancière. Les disparitions se succèdent autour d’elle: sa petite-fille Jeanne meurt en bas-âge le 6 mars 1848 à Pompiey, son demi-frère Hippolyte Chatiron le 23 décembre 1848 à Montgivray, son amie l’actrice Marie Dorval le 20 mai 1849 à Paris, son ancien compagnon Frédéric Chopin le 17 octobre suivant, à Paris également. Au cours de cette funeste période, les idées sont étouffées et la répression est féroce dans cette Seconde République naissante. George Sand se replie sur elle-même. L’existence est cruelle et les pensées sont toujours aussi sombres ; n’a-t-elle pas déjà écrit à Bocage: « La vie est une longue blessure qui s’endort rarement et ne se guérit jamais » ? Elle vient juste de terminer un nouveau roman champêtre, La Petite Fadette. Une rencontre en cette fin du mois de décembre 1849, à Nohant, va bouleverser sa vie. Noël 1849, Maurice Sand présente à sa mère un ami graveur et auteur dramatique, Alexandre Manceau. Tout semble pourtant les opposer. Il est âgé de trente-deux ans et elle, quarante-cinq. Lui est inconnu, d’un rang social moins élevé que George Sand, il est le fils d’un marchand limonadier. Elle, descendante du maréchal de Saxe mais aussi d’une filiation d’origine populaire par sa mère, est au faîte de sa célébrité. Alexandre Manceau se montre très attentif auprès de celle qu’il admire. Il s’est très vite intégré au cercle fermé de l’écrivain et participe activement aux activités théâtrales de Nohant. Intelligent, prévenant et patient, Alexandre attend son heure. George Sand officialise sa nouvelle liaison dans une correspondance adressée à son éditeur, Pierre-Jules Hetzel, à la fin du mois d’avril 1850: « Oui, je l’aime lui! C’est un ouvrier qui fait son métier en ouvrier parce qu’il veut et sait gagner sa vie. Il est incroyablement artiste par l’esprit. Son intelligence est extraordinaire mais ne sert qu’à lui. Qu’est ce que ça me fait après tout, qu’il ne plaise pas aux autres, pourvu qu’il me plaise à moi. Lui, il pense à tout ce qu’il faut, et se met tout entier dans un verre d’eau qu’il m’apporte ou dans une cigarette qu’il m’allume […] Quand je suis malade, je suis guérie, rien que de le voir me préparer mon oreiller et m’apporter mes pantoufles. Moi, qui ne demande et n’accepte jamais de soins, j’ai besoin des siens, comme si c’était dans ma nature d’être choyée […] Enfin je l’aime, je l’aime de toute mon âme, avec ses défauts, avec les ridicules que les autres lui trouvent, avec les torts qu’il a eus et les bêtises qu’il a faites et que je sais par lui. […] Je suis comme transformée, je me porte bien, je suis tranquille, je suis heureuse, je supporte tout, même son absence, c’est tout dire, moi qui n’ai jamais supporté cela […] Je l’aime avec tout ce qu’il est, et il y a un calme étonnant dans mon amour malgré mon âge et le sien […] Car il aime, il aime, voyez-vous, comme je n’ai vu aimer personne. » George Sand s’installe dans une relation apaisée avec Alexandre Manceau. Il est, pendant quinze ans, à la fois son amant et son secrétaire. Manceau rédige un journal sur des agendas à partir de 1852 et qui, pour la postérité, seront connus par ce nom (voir le chapitre: Agendas). Il commence bien souvent le texte par un « Madame va bien » et consigne le quotidien de ce ménage hors norme. George Sand complète les recueils par quelques notes. Cette liaison est prolifique pour George Sand et elle écrit, au cours de cette période, près de cinquante ouvrages, dont une vingtaine de romans et des pièces de théâtre. Il lui offre une chaumière à Gargilesse, sur les bords de la Creuse pour abriter leurs amours. Mais c’est sans compter sur l’animosité du fils « adoré », Maurice Sand. Ce dernier n’a jamais accepté la relation entre son ami et sa mère et exige le départ de Manceau. Le couple quitte donc Nohant pour se réfugier à Palaiseau en juin 1864. Malheureusement, ils ne profitent pas longtemps de cette intimité retrouvée. Alexandre Manceau a contracté la tuberculose depuis plusieurs années et sa fin est proche. Jusqu’au bout, George Sand soigne et veille Alexandre, son dernier bien-aimé. Il s’éteint à six heures du matin le lundi 21 août 1865 à Palaiseau, après avoir murmuré quelques mots. Alexandre Manceau est inhumé civilement dans le cimetière de l’église Saint-Martin, le mercredi 23 août 1865, en présence d’une centaine d’ouvriers venus lui rendre un dernier hommage. Maurice a fait le voyage et soutient sa mère mais Solange est absente. Quant à la mère d’Alexandre, elle ne s’est pas déplacée, parce que son fils ne s’est pas confessé. En 1867, George Sand se réinstalle définitivement à Nohant et choisit pour chambre celle qu’occupait Manceau. Au mois d’avril 1869, elle vend la maison de Palaiseau. En 1886, le cimetière de Palaiseau est déplacé et la tombe d’Alexandre Manceau est détruite. Jusqu’au bout, le sort se sera acharné sur l’infortuné graveur. Les dernières années George Sand est contrainte d’écrire pour le théâtre à cause d’embarras financiers. À Nohant, il lui arrive même d’exercer les fonctions de médecin de village, ayant étudié avec son premier précepteur, le docteur Deschartres, l’anatomie et les remèdes à base de plantes. Mais elle ne se cantonne pas à Nohant, voyageant aussi bien en France, et notamment chez son grand ami Charles Robin Duvernet au château du Petit Coudray, ou à l’étranger. George Sand rencontre pour la première fois Gustave Flaubert, son cadet de 17 ans, le 30 avril 1857 au Théâtre de l’Odéon, mais c’est seulement en 1863 qu’ils font connaissance lors d’un des célèbres dîners littéraires au restaurant Magny. George Sand est la seule femme admise à ces fameux repas, au cours desquels elle retrouve Théophile Gautier, les frères Jules et Edmond Goncourt, Ernest Renan, Hippolyte Taine et ce sont Alexandre Dumas fils et Charles-Augustin Sainte-Beuve qui les présentèrent l’un à l’autre. Leur correspondance assidue débute cette même année et une formidable amitié s’établit entre l’auteur de Consuelo et celui de Madame Bovary. Un attachement indéfectible qui prend naissance à la fin de l’année précédente le 24 novembre 1862, date à laquelle est publié le roman historique Salammbô de Flaubert. George Sand fustige les critiques de ses confrères, dont Sainte-Beuve, et prend la défense de l’écrivain normand par un article enthousiaste sur trois colonnes paru dans La Presse dont le directeur est Émile de Girardin, le 27 janvier 1863: « Oui mon cher ami, j’aime Salammbô, parce que j’aime les tentatives et parce que… j’aime Salammbô. J’aime qu’un écrivain lorsqu’il n’est pas forcé par les circonstances ou entraîné par son activité à produire sans relâche, mette des années à faire une étude approfondie d’un sujet difficile, et le mène à bien sans se demander si le succès couronnera ses efforts. Rien n’est moins fait pour caresser les habitudes d’esprit des gens du monde, des gens superficiels, des gens pressés, des insouciants en un mot, c’est-à-dire de la majorité des lecteurs, que le sujet de Salammbô. L’homme qui a conçu et achevé la chose a toutes les aspirations et toutes les ferveurs d’un grand artiste »,. Flaubert très touché par sa prise de position, l’en remercie vivement et George Sand lui écrit en retour, l’invitant à venir la voir. Elle refuse la Légion d’honneur en 1873 et répond avec humour au ministre Jules Simon qui lui propose la décoration: « Ne faites pas cela, cher ami ; non, ne faites pas cela, je vous en prie! Vous me rendriez ridicule. Vrai, me voyez-vous avec un ruban rouge sur l’estomac ? J’aurais l’air d’une vieille cantinière! » Contrairement à son ancien époux Casimir Dudevant qui, quatre ans plus tôt le 16 mai 1869, écrit à l’empereur Napoléon III, dans l’espoir d’obtenir cette Légion d’honneur,,: « Le baron Casimir Dudevant, ancien officier du premier Empire à Sa Majesté l’Empereur des Français […] J’ai pensé que l’heure était venue de m’adresser au cœur de votre Majesté pour en obtenir la récompense honorifique que je crois avoir méritée. Sur le soir de mes jours, j’ambitionne la croix de la Légion d’Honneur. C’est là, la faveur suprême que je sollicite de votre magnificence impériale. En demandant cette récompense, je m’appuie non seulement sur mes services depuis 1815, au pays et au pouvoir établi, services sans éclat, insignifiants peut-être, mais encore sur les services éminents rendus par mon père depuis 1792 jusqu’au retour de l’île d’Elbe. Bien plus, j’ose encore invoquer des malheurs domestiques qui appartiennent à l’Histoire. Marié à Lucile Dupin, connue dans le monde littéraire sous le nom de George Sand, j’ai été cruellement éprouvé dans mes affections d’époux et de père, et j’ai la confiance d’avoir mérité le sympathique intérêt de tous ceux qui ont suivi les événements lugubres qui ont signalé cette partie de mon existence. » Bien entendu, Napoléon III ne donne pas suite à la demande du baron, dont la dernière motivation de son courrier au sujet des malheurs conjugaux est pour le moins surprenante. À la décharge de Casimir Dudevant, la maladie altérait ses facultés intellectuelles et devait l’emporter deux ans plus tard, le 8 mars 1871 à Barbaste. George Sand continue d’écrire un à deux romans par an, mais commence à souffrir de douleurs abdominales. Le 23 mars 1876, elle complète à Nohant, son testament du 17 juillet 1847. Au mois d’avril, son mal empire, mais elle n’en parle encore à personne. Le 28 mai, elle écrit à son médecin, Henri Favre: « Je me demande où je vais et s’il ne faut pas s’attendre à un départ subit un de ces matins. J’aimerais mieux le savoir tout de suite que d’en avoir la surprise ». Le 30 mai, les douleurs s’accentuent, la souffrance est difficilement supportable. Son fils Maurice arrive à Nohant et demande l’intervention du docteur Gustave Papet, l’ami fidèle de George Sand. La famille se rend également au domaine: sa fille Solange Clésinger puis les neveux de la romancière, Oscar Cazamajou, fils de Caroline Delaborde et René Simonnet, fils de Léontine Chatiron. George Sand est à présent alitée et les médecins se succèdent à son chevet. Leurs soins soulagent la douleur, mais de manière ponctuelle. La fin est proche, George Sand en est consciente. Le 3 juin, elle fait venir auprès d’elle ses deux petites-filles, Aurore et Gabrielle. À partir du 4 juin, les symptômes s’aggravent. Le 6 juin, les fidèles sont présents, tels qu’Edmond Planchut, Émile Aucante et Henri Amic. Le 7 juin, George Sand est toujours lucide et demande une dernière fois ses petites-filles pour les embrasser. Le soir de ce même 7 juin, elle murmure à Solange, qui lui prodigue les soins, et à sa belle-fille Lina Calamatta: « Adieu, adieu, je vais mourir ». Le 8 juin, vers 6 heures du matin, elle cherche du regard la lumière, Solange positionne alors le lit de sa mère vers la fenêtre. George Sand a encore la force de prononcer quelques mots et perd connaissance. Son agonie dure près de quatre heures. Elle meurt d’une occlusion intestinale dans sa 72e année et son décès est constaté à dix heures du matin, ce jeudi 8 juin 1876 au château de Nohant. George Sand écrivain Genèse George Sand est la seule femme du XIXe siècle à pouvoir vivre de sa plume. Ce fait est la conséquence de l’alphabétisation de la population grâce aux lois successives en faveur de l’éducation dont les plus importantes voient le jour avec la loi Guizot à partir de 1833 et la création des écoles dans les communes de plus de 500 habitants. Tout au long de ce siècle, l’illettrisme va reculer et l’accès pour tous à l’école connait son apogée avec les lois de Jules Ferry. Dès la monarchie de Juillet, ce nouveau lectorat, composé notamment de la classe ouvrière, souhaite acquérir des ouvrages au moindre coût. L’imprimerie, parallèlement avec les nouvelles innovations techniques, va permettre au plus grand nombre d’accéder à leurs attentes. Autre demande du public, les romans populaires, ceux qui vont les passionner, les emporter vers de nouveaux horizons, afin d’oublier un temps leurs conditions misérables, les faire frémir ou larmoyer. Ces envies reçoivent un écho favorable avec l’émergence de nouveaux écrivains comme Victor Hugo, Honoré de Balzac, Alexandre Dumas ou George Sand. Mieux, à travers leurs fictions, se dessinent des prises de positions politiques et sociales contre l’ordre établi: « Il n’y a que deux puissances au monde, le sabre et l’esprit: à la longue, le sabre est toujours vaincu par l’esprit » selon la citation célèbre de Napoléon Ier ou cette maxime de l’auteur britannique Edward Bulwer-Lytton en 1839 pour sa pièce, Richelieu: « la plume est plus puissante que l’épée ». L’œuvre de George Sand est impressionnante et elle écrit sans discontinuer de 1830 jusqu’à sa mort, survenue en 1876. Sa création littéraire ne se limite pas aux seuls romans, dont le nombre considérable dépasse les soixante-dix ouvrages. La romancière est en effet prolifique dans tous les domaines de l’écriture: nouvelles, contes, pièces de théâtre, textes politiques et articles de presse. Élève au couvent des Anglaises, la jeune Aurore Dupin adapte une pièce de Molière, Le Malade imaginaire qui lui permet d’organiser des soirées théâtrales devant la communauté religieuse. Quelques années après son mariage avec François Casimir Dudevant, Aurore Dupin annonce à sa belle-mère, Gabrielle Louise de la Porte de Sainte-Gemme baronne Dudevant (1772-1837), son intention d’écrire. Gabrielle de la Porte n’a jamais manifesté le moindre sentiment d’affection envers sa belle-fille et elle lui a interdit de compromettre son nom sur les couvertures de ses livres: « Vous ne le ferez pas sous notre nom, ma fille ? », Aurore lui répond: « N’ayez crainte, ma mère ». En 1829, elle fait ses premiers essais littéraires avec successivement: Voyage chez Mr. Blaise, Voyage en Auvergne et Voyage en Espagne. Cette même année au mois d’août, elle réalise un ouvrage pour une ancienne camarade de couvent, Jane Bazouin, sous le titre de La Marraine. Au commencement de 1830, elle écrit Histoire du rêveur puis en 1831, Aimée. Aurore demande l’avis d’un homme de lettres à la mode, Auguste Hilarion de Kératry, qui désapprouve le livre. De rage, elle brûle l’œuvre. Son premier roman Rose et Blanche, est l’histoire d’une comédienne et d’une religieuse où le personnage principal montre un caractère déterminé. L’ouvrage projette l’amour au premier plan et le développement de l’individu au second plan. Quant aux héroïnes, leur opposition emprunte aux contradictions de l’auteur qui vient à peine de choisir entre le couvent où elle a connu une crise de mysticisme et le monde extérieur. Le roman a pour cadre les Pyrénées, où l’auteur a fait la connaissance, à Cauterets en juillet-août 1825, d’un jeune substitut de vingt-six ans, Aurélien de Seze, à Bordeaux où ils se sont retrouvés et le pays d’Albret où elle effectue plusieurs séjours à partir du mois de septembre 1825, dans le château de Guillery à Pompiey près de Nérac, propriété de la famille Dudevant. En marge des lieux qui servent de fond au roman Rose et Blanche, la liaison avec de Seze donne l’occasion à la jeune baronne Aurore Dudevant d’écrire le 15 novembre 1825, l’histoire détaillée sur dix-huit pages grand format de son roman d’amour avec Aurélien, intitulée: Confession de Madame Dudevant à son mari (collection Charles de Spoelberch de Lovenjoul). Rose et Blanche est écrit de septembre à novembre 1831 avec la participation de Jules Sandeau, amant d’Aurore. L’ouvrage est signé sous le pseudonyme de J. Sand qui évoque Jules Sandeau. Toujours en 1831, la collaboration avec Sandeau donne le jour à la publication de plusieurs nouvelles: Molinara (non signée, publiée dans Le Figaro le 3 mars), Vision (non signée, publiée dans Le Figaro le 5 mars), La Prima Donna (signée J. Sand, dans la Revue de Paris en avril), La Fille d’Albano (signée J.S., dans La Mode du 15 mai) et Le Commissionnaire, œuvre posthume d’Alphonse Signol (publiée en septembre). Elle ébauche aussi au mois de juin 1831 un drame, Une conspiration en 1537. La question du nom d’emprunt s’est posée avec le nouveau roman Indiana où la romancière écrit seule l’ouvrage et vient de le terminer au printemps 1832 à Nohant. La publication a lieu le 18 mai 1832. L’éditeur, pour des raisons commerciales évidentes, souhaite reprendre le pseudonyme Jules Sand mais Jules Sandeau est d’un avis opposé. Henri de Latouche est sollicité et décide par un arrangement: le nom de Sand est préservé et un autre prénom serait attribué à Aurore. Cette dernière s’était pourtant rangée à l’avis de l’éditeur mais comme elle s’en explique: « Le nom que je devais mettre sur des couvertures imprimées ne me préoccupa guère. En tout état de choses, j’avais résolu de garder l’anonyme. Un premier ouvrage fut ébauché par moi, refait en entier ensuite par Jules Sandeau, à qui Delatouche fit le nom de Jules Sand. Cet ouvrage amena un autre éditeur qui demanda un autre roman sous le même pseudonyme. J’avais écrit Indiana à Nohant, je voulus le donner sous le pseudonyme demandé ; mais Jules Sandeau, par modestie, ne voulut pas accepter la paternité d’un livre auquel il était complètement étranger. Cela ne faisait pas le compte de l’éditeur. Le nom est tout pour la vente, et le petit pseudonyme s’était bien écoulé, on tenait essentiellement à le conserver. Delatouche, consulté, trancha la question par un compromis: Sand resterait intact et je prendrais un autre prénom qui ne servirait qu’à moi. Je pris vite et sans chercher celui de George qui me paraissait synonyme de Berrichon. Jules et George, inconnus au public, passeraient pour frères ou cousins. » Romancière De la carrière littéraire de George Sand, quatre périodes sont à distinguer: de 1832 à 1840, elle écrit des œuvres romantiques dans lesquelles elle décrit les passions qui animent son existence. Elle exprime des revendications féministes et se révolte contre les préjugés sociaux. à partir de 1840, elle publie des romans d’inspiration socialiste ou mystique.Ainsi Gustave Kahn écrit-il: « George Sand, ce grand lac tranquille où se mirèrent tant de reflets, traduisit les idées de Pierre Leroux ; l’intention du roman social et du roman socialiste exista chez elle, après qu’elle eut terminé sa série de romans féministes. » elle rédige par la suite des romans champêtres et régionalistes qui se situent dans le Berry et répond en cela à l’intérêt croissant du nombre de Français au XIXe siècle pour les coutumes paysannes. Elle donne le meilleur d’elle-même et c’est dans ce contexte qu’il faut situer ses chefs-d’œuvre. avec la maturité, elle revient aux œuvres romanesques mais les thèses audacieuses de ses débuts laissent la place à des idylles aimables.Chez les romantiques, au moment où Sand commence à écrire, « la vision de la femme [...] est avant tout essentialiste: la femme est fondamentalement différente de l’homme, parce que la nature lui a donné un autre rôle, une autre fonction ». Indiana va à l’encontre de cette manière de voir. À travers son personnage principal, l’auteur dénonce la place réservée à la femme dans le couple bourgeois. Elle s’affirme comme la voix d’un féminisme moderne pour lequel elle ne cesse de combattre. Le roman obtient un succès immédiat. Le 10 août 1833 est publié Lélia, une œuvre lyrique, allégorique et très originale, mais qui déchaîne les passions et par voie de conséquence, bouleverse l’existence de George Sand jusque-là si discrète. Elle est sollicitée, courtisée, enviée ou observée avec curiosité et devient un écrivain à la mode. Dans ce roman, George Sand transpose son amitié pour Marie Dorval qui sert à élaborer le personnage de Pulchérie. Études et regards critiques Jugements sur la femme auteur Certaines grandes voix du XIXe siècle ont tenu sur George Sand des propos d’une grande virulence: Charles Baudelaire, dans Mon Cœur mis à nu: « […] Elle n’a jamais été artiste. Elle a le fameux style coulant, cher aux bourgeois. Elle est bête, elle est lourde, elle est bavarde ; elle a dans les idées morales la même profondeur de jugement et la même délicatesse de sentiment que les concierges et les filles entretenues ». Il ajoute, non sur l’auteur, cette fois, mais sur la femme: « Que quelques hommes aient pu s’amouracher de cette latrine, c’est bien la preuve de l’abaissement des hommes de ce siècle ». Edmond de Goncourt, à propos de La Mare au diable: le diariste en août 1857, voit la preuve irréfutable que « les femmes ont le génie du faux ». Le 8 décembre 1893, dans un accès de misogynie, il écrit: « […] Si on avait fait l’autopsie des femmes ayant un talent original, comme Mme Sand, Mme Viardot, etc… on trouverait chez elles des parties génitales se rapprochant de l’homme, des clitoris un peu parents de nos verges ». Dans Une Chambre à soi, l’auteur Virginia Woolf la cite au côté de George Eliot, comme un exemple regrettable de ces femmes auteurs, prisonnières des conventions sociales, qui firent le choix d’adopter un nom de plume masculin . La femme scandaleuse Il n’est pas exceptionnel, au XIXe siècle, qu’une femme écrivain prenne un pseudonyme masculin pour écrire, les auteurs femmes étant méprisées. En revanche, George Sand est la seule femme écrivain de son siècle dont les critiques parlaient au masculin et qui était classée non pas parmi les « femmes auteurs », mais parmi les « auteurs », au même rang que Balzac ou Hugo. De même, George Sand n’était pas la seule femme de son époque à s’habiller en homme afin de forcer les limites imposées aux femmes et d’accéder à des lieux interdits– fosses de théâtre, bibliothèques restreintes, procès publics. D’ailleurs, George Sand, dans son autobiographie Histoire de ma vie, explique que ce fut d’abord pour des raisons pécuniaires qu’elle se mit à s’habiller en homme: se trouvant fort démunie à son arrivée à Paris (son mari avait gardé l’autorité sur sa fortune et sa propriété de Nohant), et les frais d’habillement étant moindres pour les hommes que pour les femmes, il lui fut plus économique de s’habiller en homme. C’était aussi plus confortable. Autre précision: elle n’en faisait pas une habitude quotidienne, loin de là, et elle n’en restait pas moins femme, sachant plaire en tant que telle, contrairement à la « travestie » qu’on semble vouloir en faire de nos jours. Enfin, son costume masculin ne dissimulait pas sa féminité: la veste était cintrée, elle moulait son buste et ses hanches. Son allure filiforme évoquait le raffinement d’un dandy: son gilet blanc, sa lavallière soigneusement nouée, sa canne, ses bottes vernies, son haut-de-forme luisant, la confondaient par l’apparence avec les hommes des milieux d’artistes et d’intellectuels qu’elle aimait à fréquenter. S’il n’était pas exceptionnel qu’une femme se déguise en homme pour forcer les portes, la liberté d’esprit et de mœurs, la farouche indépendance, le refus total de l’idéal féminin imposé par les hommes de l’époque, le rejet du mariage, la force inaltérable de sa volonté, toutes ces caractéristiques de Sand, tenaient, elles, de l’exceptionnel en effet et d’une personnalité hors du commun. Elle provoqua également le scandale par ses positions anticléricales bien qu’elle fût croyante, par sa demande en séparation de corps d’avec son mari, l’avocat Casimir Dudevant, ou en fumant en public cigarettes et cigares. Si aujourd’hui on la voit comme « la bonne dame de Nohant », douce et sans danger, il faut savoir qu’à ses débuts elle fait scandale, et elle fait peur. Le scandale d’ailleurs concernait bien moins ses attitudes que ses écrits: ses trois premiers romans, Indiana, Valentine et « l’abominable Lélia », comme l’appelait le critique Jules Janin dans son feuilleton du Journal des Débats, sont trois brûlots contre le mariage, dans lequel le mari est trompé, l’amant apparaît comme un lâche et la femme magnifiée par sa révolte contre les conventions sociales et le pouvoir masculin. Engagés pour la « réhabilitation de la femme », ainsi que George Sand le formulait, ses romans s’ouvrent ensuite à la révolte sociale en faveur des ouvriers et des pauvres (Le Compagnon du Tour de France), à la révolte politique contre la royauté et pour la République. Le voyage à Majorque Des aspects de l’œuvre de George Sand ou de son caractère sont cependant à nuancer. George Sand est désenchantée par son déplacement en Espagne en 1838, tant par l’accueil de ses habitants que par les conditions matérielles. Dans son récit Un hiver à Majorque, l’écrivain manifeste son incompréhension par une description négative. Elle se livre à une charge en règle et peu objective contre les Majorquins, donnant ainsi à voir une forme d’intolérance, penchant qu’elle prétend pourtant combattre. Une posture qui élève une vague de protestations en Espagne, notamment celle de José María Quadrado ou plus récemment, l’auteur Llorenç Villalonga. Des journalistes soulignent également ce fait, comme Jules-Hippolyte Percher et Joséphine de Brinckmann. D’autre part, à l’occasion de sa relation amoureuse avec le musicien, George Sand « a dû contracter auprès de Chopin une part de l’antisémitisme que ce dernier a rapporté de Pologne », comme elle l’exprime dans sa correspondance et son ouvrage, Un hiver à Majorque. La base documentaire et des recherches de George Sand pour l’élaboration de son roman sont empruntées à la Bibliothèque nationale, notamment les écrits de Joseph Tastu. George Sand et la religion Madame Dupin de Francueil, transmet à sa petite-fille Aurore, les idées philosophiques du siècle des Lumières et « la met en garde contre les dogmes et les superstitions […] Aurore fit sa première communion après une rapide instruction religieuse. Toutefois, en dépit de cette atmosphère peu propice aux convictions religieuses, l’enfant s’était créé une divinité, Corambé, tantôt homme, tantôt femme, qui tenait le milieu entre le christianisme et les dieux de l’Iliade et de l’Odyssée […] Au contact des réalités de l’existence, les convictions religieuses acquises au couvent des Augustines anglaises à la suite d’une expérience mystique vont s’effriter progressivement ». Les sentiments de George Sand à l’égard de la religion transparaissent sans détour, dans l’une de ses correspondances: « Nohant, le 13 novembre 1844. À M. …, curé de … » « Monsieur le desservant. Malgré tout ce que votre circulaire a d’éloquent et d’habile, malgré tout ce que la lettre dont vous m’honorez a de flatteur dans l’expression, je vous répondrai franchement, ainsi qu’on peut répondre à un homme d’esprit.Je ne refuserais pas de m’associer à une œuvre de charité, me fût-elle indiquée par le ministère ecclésiastique. Je puis avoir beaucoup d’estime et d’affection personnelle pour des membres du clergé, et je fais point de guerre systématique au corps dont vous faites partie. Mais tout ce qui tendra à la réédification du culte catholique trouvera en moi un adversaire, fort paisible à la vérité (à cause du peu de vigueur de mon caractère et du peu de poids de mon opinion), mais inébranlable dans sa conduite personnelle. Depuis que l’esprit de liberté a été étouffé dans l’Église, depuis qu’il n’y a plus, dans la doctrine catholique, ni discussions, ni conciles, ni progrès, ni lumières, je regarde la doctrine catholique comme une lettre morte, qui s’est placée comme un frein politique au-dessous des trônes et au-dessus des peuples. C’est à mes yeux un voile mensonger sur la parole du Christ, une fausse interprétation des sublimes Évangiles, et un obstacle insurmontable à la sainte égalité que Dieu promet, que Dieu accordera aux hommes sur la terre comme au ciel.Je n’en dirai pas davantage ; je n’ai pas l’orgueil de vouloir engager une controverse avec vous, et, par cela même, je crains peu d’embarrasser et de troubler votre foi. Je vous dois compte du motif de mon refus, et je désire que vous ne l’imputiez à aucun autre sentiment que ma conviction.Le jour où vous prêcherez purement et simplement l’Évangile de saint Jean et la doctrine de saint Jean Chrysostome, sans faux commentaire et sans concession aux puissances de ce monde, j’irai à vos sermons, monsieur le curé, et je mettrai mon offrande dans le tronc de votre église ; mais je ne le désire pas pour vous: ce jour-là, vous serez interdit par votre évêque et les portes de votre temple seront fermées.Agréez, monsieur le curé, toutes mes excuses pour ma franchise, que vous avez provoquée, et l’expression particulière de ma haute considération. George Sand » La Commune de 1871 George Sand, républicaine et socialiste en 1848, rejoint en 1871 les écrivains qui condamnent la Commune de Paris, comme Gustave Flaubert, Edmond de Goncourt, Théophile Gautier, Maxime Du Camp, Charles Marie René Leconte de Lisle, Alexandre Dumas fils, Ernest Renan, Alphonse Daudet, Ernest Feydeau, Émile Zola. Ce mouvement pour eux, est source de désordre: « La secousse brutale que constitua la Commune pour la société bourgeoise du XIXe siècle, si bien incarnée par Thiers, ne pouvait en effet manquer d’amener les gens de lettres à réagir, à la fois en tant qu’individus appartenant à une classe sociale donnée, quoiqu’ils s’en défendent, et en tant qu’artistes, dont la conception de l’art est liée à un certain état social, à certaines valeurs remises en question par le mouvement révolutionnaire ». George Sand manifeste une forte hostilité au mouvement de la Commune de Paris. Elle se démarque de Victor Hugo qui prend la défense des insurgés et n’hésite pas à critiquer sa prise de position. Les termes employés par George Sand sont extrêmement durs: « Tout va bien pour les Versaillais. La déroute des Fédérés est complète. On ne peut plaindre l’écrasement d’une pareille démagogie […] Les exécutions vont leur train. C’est Justice et nécessité ». Le 3 octobre 1871, George Sand cherche à justifier son attitude dans un article du journal Le Temps, en reprenant les arguments des conservateurs. La romancière propose comme solution l’éducation pour tous, afin d’éviter les dérives révolutionnaires. Mais la virulence des propos exprimés par les écrivains de l’époque, surprend encore aujourd’hui. George Sand redoute un retour de la monarchie et ne comprend pas que la Commune puisse prendre les armes contre la République naissante, même bourgeoise. Ses convictions légalistes ne voient dans la Commune que les destructions, les incendies et les exécutions des otages. Son soutien à Thiers et à la République conservatrice resteront incompris. C’est aussi le fossé qui se creuse entre Paris et la Province, entre les grandes cités et le monde rural. L’échec de la Révolution de 1848, les désillusions, le poids des années et la perte de la foi politique entraînent George Sand vers un repli sur elle-même. Georges Le Rider, historien et administrateur général de la Bibliothèque nationale de France, résume bien les différentes approches que l’on peut avoir de l’écrivain: « Le fait même qu’on porte sur elle, aujourd’hui encore, des jugements contradictoires témoigne de la richesse de sa personnalité et du caractère toujours actuel des problèmes qu’elle a posés. » Mémoire Hommages Honoré de Balzac l’a transposée dans le personnage de Félicité des Touches, « l’illustre écrivain qui fume le narghilé », dans son roman Béatrix. Victor Hugo a déclaré le 8 juin 1876: « Je pleure une morte, je salue une immortelle! ». Dans l’éloge funèbre qu’il lui consacre, et qui fut lu par Paul Meurice, il écrit: « Dans ce siècle qui a pour loi d’achever la Révolution française et de commencer la Révolution humaine, l’égalité des sexes faisant partie de l’égalité des hommes, il fallait une forte femme ». Fiodor Dostoïevski dans son Journal d’un écrivain en juin 1876: « Les femmes de l’univers entier doivent à présent porter le deuil de George Sand, parce que l’un des plus nobles représentants du sexe féminin est mort, parce qu’elle fut une femme d’une force d’esprit et d’un talent presque inouïs. Son nom, dès à présent, devient historique, et c’est un nom que l’on n’a pas le droit d’oublier, qui ne disparaîtra jamais ». Ernest Renan écrit au lendemain de la disparition de George Sand: « Une corde est brisée dans la lyre du siècle […] Madame Sand traversa tous les rêves ; elle sourit à tous, crut un moment à tous ; son jugement pratique put parfois s’égarer, mais comme artiste, elle ne s’est jamais trompée. Ses œuvres sont vraiment l’écho de notre siècle ». Le poète américain Walt Whitman déclare, lors d’entretiens publiés en 1898, qu’il place George Sand parmi ses auteurs favoris, et qu’il admire tout particulièrement Consuelo. Il ajoute qu’il tient les héroïnes de l’auteur français pour supérieures à celles de Shakespeare. Quant aux reproches sur sa moralité, ils n’ont, selon lui, pas de sens chez une artiste à la recherche de la liberté et de la vérité, et que les bien-pensants agaçaient. George Sand inspire deux poèmes à la poétesse anglaise Elizabeth Browning. Le premier intitulé, To George Sand: A Desire, débute par ces vers: « Toi femme de grand esprit et homme de grand cœur / Qui se donna le nom de George Sand! ». Dans le second, To George Sand: A Recognition, elle la reconnaît comme « Vrai génie, mais vraie femme ». Lorsque Thomas Hardy demande au rédacteur de la revue littéraire le Cornhill Magazine des conseils de lectures profitables, celui-ci lui conseille entre autres, George Sand. Ses « histoires de vie campagnarde me semblent parfaites », lui écrit-il, et « présentent une certaine parenté avec les vôtres. La dernière que j’ai lue était Les Maîtres sonneurs que je vous recommande pour leur quasi-perfection ». Lettre de Solange Dudevant-Sand Le 25 juillet 1883, la fille de George Sand, Solange (1828-1899) écrit à Émile Aucante (1822-1909), un ami très proche de la famille Sand. Malgré des relations difficiles, Solange a aimé sincèrement sa mère, comme en témoigne cette correspondance. En 1883, Solange a 55 ans et la voici dans la maison familiale à Nohant. George Sand est morte depuis sept ans et les souvenirs sont intacts. Face à la présence de l’absente, Solange n’a pas oublié,: « On a beau faire, les années s’accumulent et on est saisi par l’immense vide de cette gigantesque personnalité disparue. Une morne et incommensurable tristesse emplit cette maison, ce jardin, ces prairies. Derrière chaque porte qu’on ouvre, on s’attend à la voir. Au détour de chaque allée, on se dit: Où est-elle! Pourquoi ne vient-elle pas! Le soir surtout, sur cette terrasse, et le long de cette avenue du pavillon, quand l’ombre se fait sous les incertaines lueurs de la lune, on se figure qu’elle va enfin apparaître, cherchant un papillon ou une fleur préférée. Attente atroce qu’on sait vaine. Alors l’effroi de cette implacable absence vous glace. Le cœur se serre d’angoisse et de regret, dans la désespérance de l’impitoyable néant où s’est englouti un être si précieux, une âme si vaste et si élevée. Être à jamais perdu, génie pour toujours disparu! Nohant est lugubre. Nohant sans George Sand, c’est la rivière sans eau, la prairie sans soleil, la montagne sans forêt, une chose matérielle, assez laide, sans poésie, sans attrait, sans rien qui fasse endurer une souffrance incessante et cruelle. » —Solange Dudevant épouse Clésinger. Famille de George Sand Aurore, Amantine Lucile Dupin de Francueil, épouse le 17 septembre 1822 à Paris dans le 1er arrondissement ancien (8e arrondissement actuel), François dit Casimir Dudevant. Celui-ci est le fils illégitime mais reconnu du chef de brigade du 14e régiment de chasseurs à cheval, colonel de cavalerie et député du Lot-et-Garonne et futur baron d’Empire en 1811, Jean-François Dudevant, avec sa servante, ménagère à son domicile, Augustine Soulé. Il est né le 17 messidor An 3, soit le 5 juillet 1795, à Pompiey et décédé le 8 mars 1871 à Barbaste (acte de décès no 13), village de Lot-et-Garonne. François Dudevant est élevé par l’épouse légitime, Gabrielle Louise de La Porte. De cette union avec Aurore Dupin, sont nés deux enfants: Maurice, Jean-François Arnauld Dudevant, est né le 30 juin 1823 à Paris (1er arrondissement ancien) et décède le 4 septembre 1889 à Nohant-Vic. Il est écrivain et artiste, chevalier de la Légion d’honneur, le 17 mars 1860.Maurice Dudevant épouse Marceline Claudine Augustine, dite « Lina », Calamatta, le 17 mai 1862 à Nohant-Vic. Cette dernière est née à Paris (1er arrondissement ancien) le 26 juin 1842 et décède à Paris (17e arrondissement), le 2 novembre 1901. De cette union sont nés trois enfants: Marc-Antoine Dudevant, est né à Nohant-Vic le 14 juillet 1863 et décède au château de Guillery à Pompiey dans l’arrondissement de Nérac, le 21 juillet 1864. Aurore, Jeanne Claudine Dudevant, est née à Nohant-Vic le 10 janvier 1866 et décède à Nohant-Vic, le 15 septembre 1961 à l’âge de 95 ans. Femme de lettres, chevalier de la Légion d’honneur le 12 mars 1927 puis officier le 24 novembre 1954. Elle épouse le 16 novembre 1889 à Paris (16e arrondissement), Frédéric, Charles Lauth (né à Paris dans le 6e arrondissement, le 17 janvier 1865 et décédé à Paris dans ce même 6e arrondissement, le 23 mars 1922). Il est artiste-peintre. Gabrielle, Jeanne Lucile Dudevant, est née à Nohant-Vic le 11 mars 1868 et décède à Nohant-Vic, le 27 juin 1909. Elle épouse le 28 juillet 1890 à Paris (1er arrondissement), Roméo Palazzi (né le 15 juin 1853 à Arcevia, Marche en Italie et décédé à Rome en 1932), professeur de dessin.Aurore et Gabrielle n’ont pas d’enfants. Solange, Gabrielle Dudevant, est née à Nohant-Vic le 13 septembre 1828 et décède le 17 mars 1899 à Paris à son domicile au no 16 rue de la Ville-l’Évêque, dans le 8e arrondissement. Elle épouse le 19 mai 1847 à Nohant-Vic, Auguste, Jean-Baptiste Clésinger (né le 22 octobre 1814 à Besançon et décédé le 6 janvier 1883 à Paris, au no 6 rue de la Chaise dans le 7e arrondissement). Il est sculpteur et artiste-peintre.De cette union, sont nés deux enfants: Solange-Jeanne-Gabrielle Clésinger, est née le 28 février 1848 au château de Guillery à Pompiey et décède en bas âge, le 6 mars 1848 au château de Guillery à Pompiey. Jeanne-Gabrielle-Solange Clésinger, surnommée « Nini », est née le 10 mai 1849 au château de Guillery à Pompiey et décède le 14 janvier 1855 à Paris dans le 1er arrondissement ancien.Aurore Lauth-Sand adopte son filleul, l’architecte Georges-André Smeets (1911-1970) en 1958 et lui donne son nom. Son épouse, Christiane Sand, née Etave le 29 juin 1927 à Châteauroux, est le défenseur actuel des droits moraux de George Sand. De son mariage avec Georges Smeets-Dudevant-Sand, elle a eu une fille prénommée Aurore, mais malheureusement décédée prématurément.La descendance de George Sand ne serait pas complète sans la mention de la fille naturelle et supposée de Maurice Dudevant avec une domestique du château de Nohant, Marie Caillaud. Solange Dalot, enseignante, directrice d’école et écrivain, après de nombreuses recherches, apporte plusieurs éléments pour répondre à cette filiation. Marie Caillaud ou Cailleau [note D], fille de Pierre Cailleau et de Jeanne Foulatier, est née le 13 février 1840 à Nohant-Vic. Elle entre au service de George Sand en 1851, à l’âge de 11 ans et la romancière se charge de son enseignement. Marie Caillaud devient par la suite la gouvernante de George Sand et actrice du théâtre de Nohant. Elle meurt le 11 janvier 1914 à son domicile, au no 24 rue Nationale à La Châtre. Le 10 mai 1868, Marie Caillaud donne naissance à une fille naturelle, Marie-Lucie, à Nohant-Vic. Marie-Lucie Caillaud épouse le 22 mars 1887 à La Châtre, Ernest Marie Guillotin Sainte-Marie (1858-1918), arrière petit-fils du célèbre docteur Joseph Ignace Guillotin (1738-1814). Solange Clésinger-Sand fait une double donation à Marie-Lucie, lors du contrat de mariage en 1887 et au moment de sa succession. Marie-Lucie décède le 8 février 1944 et a une nombreuse descendance. Sources: Joseph Valynseele et Denis Grando (préf. Jean Guitton), À la découverte de leurs racines, t. II, Paris, L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, 1988, 220 p. (ISBN 2901065031), « § George Sand ».

Claude Mermet

Claude Mermet, né à Saint-Rambert-en-Bugey un peu avant 1550 et mort à Saint-Rambert-en-Bugey en 1620, est un poète français. Biographie À peine en âge d’étudier, il fut mis au collège de sa ville natale, une bonne institution où il se fit bientôt remarquer entre tous, par son intelligence vive, enjouée, railleuse, où la gaieté gauloise et la gausserie bugiste s’alliaient largement à une instruction solide, à la délicatesse du goût et à la finesse de l’esprit. Il avait une instruction solide, une intelligence vive et enjouée, une finesse d’esprit dont ses écrits ont donné la preuve. On ne sait pas trop où il fit ses études. Peut-être à Turin, comme Claude Guichard, né également à Saint-Rambert vers 1545. Claude Mermet ayant terminé ses études et fier de quelques vers applaudis, chercha sa voie et crut l’avoir trouvée en se faisant nommer principal du collège dont il avait été l’élève. Il prit alors conscience, au milieu des livres et des professeurs, des énormes lacunes dans les ouvrages pédagogiques mis entre les mains de ses élèves. Il entreprit alors un de ses ouvrages les plus connus que les événements ne lui permirent pas de publier alors et qui ne put voir le jour que DIX ans plus tard. Cet ouvrage a été édité à Lyon par Basile Bouquet en l’année 1589, un seul exemplaire connu en a permis la réédition, en 1973 : La pratique de l’Orthographe FrançoiseMais il était appelé à une autre carrière. Ses vers et sa réputation étaient connus d’Emmanuel-Philibert, Duc de Savoie, qui le nomma notaire ducal à Saint-Rambert. Il avait à peine vingt-cinq ans. Il garda cette charge jusqu’à un âge avancé. Il a terminé sa vie comme châtelain, à Saint-Rambert en 1620. L’œuvre La pratique de l’Orthographe FrançoiseL’œuvre de Claude Mermet est riche d’études satiriques sur les mœurs et personnages de son temps. Ses ouvrages confirment son esprit observateur, critique et aussi plein d’esprit : Le Temps Passé et la Boutique des UsuriersDans sa littérature, il s’est beaucoup intéressé aux femmes et à leur condition : le bon droit des femmes ; le moyen de garder les femmes d’être mauvaises ; l’avis du mariage.On lui doit des ouvrages singuliers ayant pour titre : en 1583Traité de consolation aux maris ; Le Devoir des femmes et la manière de les empêcher d’être méchantes ; La Grande Boutique des usuriers, en vers français, avec l’aventure extraordinaire d’un soldat qui mangea son cheval et son épée ; Une traduction de Sophonisbe.en 1585Le Temps passé– Lyon. Extraits On peut citer son quatrain sur les amis, que René Favre de la Valbonne avait placé sur sa maison forte de Premeiry : « Les Amis de l’heure présenteOnt la nature du melonIl faut en essayer cinquanteAvant d’en trouver un bon. » On peut également citer : « Tu dis que tu es gentilhomme par la faveur d’un parchemin.Si un rat se trouve en chemin tu seras puis simplement homme. » Sources A. Vingtrinier, " Un poète oublié : C. Mermet de Sainct-Rambert en Bugey ", Rev. du Lyonnais, IV, 1877, p. 426-448. R. Lathuillière, « Un grammairien lyonnais du XVIe siècle, Claude Mermet et le problème de l’orthographe », dans L’humanisme lyonnais au XVIe siècle, actes du colloque de Lyon (mai 1972), Grenoble, PU, 1974, p. 261-273. Gérard Defaux (dir.), Bernard Colombat (collab.), Lyon et l’illustration de la langue française à la Renaissance, Lyon, 2003, p. 174-176. Quelques vers du poète sur : www.poesie-francaise.fr. Articles connexes Chronologie de la littérature française : Littérature française du Moyen Âge– XVIe siècle – XVIIe siècle– XVIIIe siècle– XIXe siècle– XXe siècle– XXIe siècle Poésie française du XVIe siècle Liste d’écrivains de langue française par ordre chronologique Liens externes Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France (données) • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Bibliothèque royale des Pays-Bas • WorldCat Portail de la poésie Portail du Bugey Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Mermet




Top