Chargement...
a b c d e f g h l m n o p r s t v Toutes
Guillaume Apollinaire

Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, est un poète et écrivain français, critique et théoricien d’art qui serait né sujet polonais de l’Empire russe, le 26 août 1880 à Rome. Il meurt à Paris le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole, mais est déclaré mort pour la France en raison de son engagement durant la guerre. Considéré comme l’un des poètes français les plus importants du début du XXe siècle, il est l’auteur de poèmes tels Zone, La Chanson du mal-aimé, Le Pont Mirabeau, ayant fait l’objet de plusieurs adaptations en chanson au cours du siècle. La part érotique de son œuvre– dont principalement trois romans (dont un perdu), de nombreux poèmes et des introductions à des auteurs licencieux– est également passée à la postérité. Il expérimenta un temps la pratique du calligramme (terme de son invention, quoiqu’il ne soit pas l’inventeur du genre lui-même, désignant des poèmes écrits en forme de dessins et non de forme classique en vers et strophes). Il fut le chantre de nombreuses avant-gardes artistiques de son temps, notamment du cubisme et de l’orphisme à la gestation desquels il participa en tant que poète et théoricien de l’Esprit nouveau. Précurseur du surréalisme, avec son drame Les Mamelles de Tirésias (1917), il en forgea le nom. Biographie Jeunesse Guillaume Apollinaire est né à Rome sous le nom de Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare de Kostrowitzky, en polonais Wilhelm Albert Włodzimierz Aleksander Apolinary Kostrowicki, herb. Wąż. Apollinaire est en réalité—jusqu’à sa naturalisation en 1916—le 5e prénom de Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky. Sa mère, Angelika Kostrowicka (clan Wąż, ou Angelica de Wąż-Kostrowicky), née à Nowogródek dans le grand-duché de Lituanie, appartenant à l’Empire russe (aujourd’hui Navahrudak en Biélorussie), dans une famille de la petite noblesse polonaise, demeure, après la mort de son père, camérier honorifique de cape et d’épée du pape, à Rome où elle devient la maîtresse d’un noble et a une grossesse non désirée. Son fils est déclaré à la mairie comme étant né le 26 août 1880 d’un père inconnu et d’une mère voulant rester anonyme, de sorte que l’administration l’affubla d’un nom de famille d’emprunt : Dulcigny. Angelika le reconnaît quelques mois plus tard devant notaire comme son fils, sous le nom de Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandroi Apollinare de Kostrowitzky. Selon l’hypothèse la plus probable, son père serait un officier italien, Francesco Flugi d’Aspermont. En 1882, elle lui donne un demi-frère, Alberto Eugenio Giovanni. En 1887 elle s’installe à Monaco avec ses fils sous le nom d’Olga de Kostrowitzky. Très vite elle y est arrêtée et fichée par la police comme femme galante, gagnant probablement sa vie comme entraîneuse dans le nouveau casino. Guillaume, placé en pension au collège Saint Charles, dirigé par les frères Maristes, y fait ses études de 1887 à 1895, et se révèle l’un des meilleurs élèves. Puis il est inscrit au lycée Stanislas de Cannes et ensuite au lycée Masséna de Nice où il échoue à son premier baccalauréat et ne se représente pas. Durant les trois mois de l’été 1899, sa mère l’a installé, avec son frère, dans une pension de la petite bourgade wallonne de Stavelot, pension qu’ils quittent, le 6 octobre, à « la cloche de bois » : leur mère ne leur ayant envoyé que l’argent du train, ils ne peuvent payer la note de l’hôtel, et doivent fuir en secret, une fois tout le monde endormi. L’épisode wallon féconde durablement son imagination et sa création. Ainsi, de cette époque date le souvenir des danses festives de cette contrée (« C’est la maclotte qui sautille... »), dans Marie, celui des Hautes Fagnes, ainsi que l’emprunt au dialecte wallon. La mère d’Apollinaire Journal de Paul Léautaud au 20 janvier 1919 : « Je vois entrer une dame [la mère d’Apollinaire, dans le bureau de Léautaud au Mercure de France] assez grande, élégante, d’une allure un peu à part. Grande ressemblance de visage avec Apollinaire, ou plutôt d’Apollinaire avec elle, le nez, un peu les yeux, surtout la bouche et les expressions de la bouche dans le rire et dans le sourire. / Elle me paraît fort originale. Exubérante. Une de ces femmes dont on dit qu’elles sont un peu « hors cadre ». En une demi-heure, elle me raconte sa vie : russe, jamais mariée, nombreux voyages, toute l’Europe ou presque. (Apollinaire m’apparaît soudain ayant hérité en imagination de ce vagabondage.) Apollinaire né à Rome. Elle ne me dit rien du père. / Elle me parle de l’homme avec lequel elle vit depuis vingt-cinq ans, son ami, un Alsacien, grand joueur, tantôt plein d’argent, tantôt sans un sou . Elle ne manque de rien. Dîners chez Paillard, Prunier, Café de la Paix, etc. / Elle me dit qu’elle a plusieurs fois « installé » Apollinaire, l’avoir comblé d’argent. En parlant de lui, elle dit toujours : Wilhelm. / Sentiments féroces à l’égard de la femme d’Apollinaire. / [...] Elle me dépeint Apollinaire comme un fils peu tendre, intéressé, souvent emporté, toujours à demander de l’argent, et peu disposé à en donner quand il en avait. / Elle ne m’a pas caché son âge : 52 ans. Fort bien conservée pour cet âge, surtout élancée et démarche légère, aisée. » À Paris En 1900, il s’installe à Paris, centre des arts et de la littérature européenne à l’époque. Vivant dans la précarité, sa mère lui demande, pour gagner sa vie, de passer un diplôme de sténographie et il devient employé de banque comme son demi-frère Alberto Eugenio Giovanni. L’avocat Esnard l’engage un mois comme nègre pour écrire le roman-feuilleton Que faire ? dans Le Matin, mais refuse de le payer. Pour se venger, il séduit sa jeune maîtresse. En juillet 1901, il écrit son premier article pour Tabarin, hebdomadaire satirique dirigé par Ernest Gaillet, puis en septembre 1901 ses premiers poèmes paraissent dans la revue La Grande France sous son nom Wilhelm Kostrowiztky. De mai 1901 au 21 août 1902, il est le précepteur de la fille d’Élinor Hölterhoff, vicomtesse de Milhau, d’origine allemande et veuve d’un comte français. Il tombe amoureux de la gouvernante anglaise de la petite fille, Annie Playden, qui refuse ses avances. C’est alors la période « rhénane » dont ses recueils portent la trace (La Lorelei, Schinderhannes). De retour à Paris en août 1902, il garde le contact avec Annie et se rend auprès d’elle à deux reprises à Londres. Mais en 1905, elle part pour l’Amérique. Le poète célèbre la douleur de l’éconduit dans Annie, La Chanson du mal-aimé, L’Émigrant de Landor Road, Rhénanes. Entre 1902 et 1907, il travaille pour divers organismes boursiers et parallèlement publie contes et poèmes dans des revues. Il prend à cette époque pour pseudonyme Apollinaire d’après le prénom de son grand-père maternel, Apollinaris, qui rappelle Apollon, dieu de la poésie. En novembre 1903, il crée[réf. nécessaire] un mensuel dont il est rédacteur en chef, Le festin d’Ésope, revue des belles lettres dans lequel il publie quelques poèmes ; on y trouve également des textes de ses amis André Salmon, Alfred Jarry, Mécislas Golberg, entre autres. En 1907, il rencontre l’artiste peintre Marie Laurencin. Ils entretiendront une relation chaotique et orageuse durant sept ans. À cette même époque, il commence à vivre de sa plume et se lie d’amitié avec Pablo Picasso, Antonio de La Gandara, Jean Metzinger, Paul Gordeaux, André Derain, Edmond-Marie Poullain, Maurice de Vlaminck et le Douanier Rousseau, se fait un nom de poète et de journaliste, de conférencier et de critique d’art à L’Intransigeant. En 1909, L’Enchanteur pourrissant, son œuvre ornée de reproductions de bois gravés d’André Derain est publiée par le marchand d’art Daniel-Henry Kahnweiler . Le 7 septembre 1911, accusé de complicité de vol de La Joconde parce qu’une de ses relations avait dérobé des statuettes au Louvre, il est emprisonné durant une semaine à la prison de la Santé ; cette expérience le marque. Cette année-là, il publie Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée ornée des gravures de Raoul Dufy. En 1913, les éditions du Mercure de France éditent Alcools, somme de son travail poétique depuis 1898. La guerre En août 1914, il tente de s’engager dans l’armée française, mais le conseil de révision ajourne sa demande car il n’a pas la nationalité française. Lou et Madeleine Il part pour Nice où sa seconde demande, en décembre 1914, sera acceptée, ce qui lancera sa procédure de naturalisation. Peu après son arrivée, un ami lui présente Louise de Coligny-Châtillon, lors d’un déjeuner dans un restaurant niçois. Divorcée, elle demeure chez son ex-belle-sœur à la Villa Baratier, dans les environs de Nice, et mène une vie très libre. Guillaume Apollinaire s’éprend aussitôt d’elle, la surnomme Lou et la courtise d’abord en vain. Puis elle lui accorde ses faveurs, les lui retire et quand il est envoyé faire ses classes à Nîmes après l’acceptation de sa demande d’engagement, elle l’y rejoint pendant une semaine, mais ne lui dissimule pas son attachement pour un homme qu’elle surnommait Toutou. Une correspondance naît de leur relation ; au dos des lettres qu’Apollinaire envoyait au début au rythme d’une par jour ou tous les deux jours, puis de plus en plus espacées, se trouvent des poèmes qui furent rassemblés plus tard sous le titre de Ombre de mon amour puis de Poèmes à Lou. Sa déclaration d’amour, dans une lettre datée du 28 septembre 1914, commençait en ces termes : « Vous ayant dit ce matin que je vous aimais, ma voisine d’hier soir, j’éprouve maintenant moins de gêne à vous l’écrire. Je l’avais déjà senti dès ce déjeuner dans le vieux Nice où vos grands et beaux yeux de biche m’avaient tant troublé que je m’en étais allé aussi tôt que possible afin d’éviter le vertige qu’ils me donnaient. » Mais la jeune femme ne l’aimera jamais comme il l’aurait voulu ; elle refuse de quitter Toutou et à la veille du départ d’Apollinaire pour le front, en mars 1915, ils rompent en se promettant de rester amis. Il part avec le 38e régiment d’artillerie de campagne pour le front de Champagne le 4 avril 1915. Malgré les vicissitudes de l’existence en temps de guerre, il écrit dès qu’il le peut pour garder le moral et rester poète (Case d’Armons), et une abondante correspondance avec Lou, ses nombreux amis, et une jeune fille, Madeleine Pagès, qu’il avait rencontrée dans le train, le 2 janvier 1915, au retour d’un rendez-vous avec Lou. Une fois sur le front, il lui envoie une carte, elle lui répond et ainsi, débute une correspondance vite enflammée qui débouche en août et toujours par correspondance, à une demande en mariage. En novembre 1915, dans le but de devenir officier, Wilhelm de Kostrowitzky est transféré à sa demande dans l’infanterie dont les rangs sont décimés. Il entre au 96e régiment d’infanterie avec le grade de sous-lieutenant puis à Noël, il part pour Oran retrouver sa fiancée pour sa première permission. Il commence aussi, en juillet 1915, une correspondance avec la poétesse Jeanne Burgues-Brun, qui devient sa marraine de guerre. Ces lettres seront publiées en 1948 par les éditions Pour les fils de roi, puis à partir de 1951 par les éditions Gallimard. Le 9 mars 1916, il obtient sa naturalisation française mais quelques jours plus tard, le 17 mars 1916, il est blessé à la tempe par un éclat d’obus. Il lisait alors le Mercure de France dans sa tranchée. Évacué à Paris, il y sera finalement trépané le 10 mai 1916 puis entame une longue convalescence au cours de laquelle il cesse d’écrire à Madeleine. Fin octobre, son recueil de contes, Le Poète Assassiné est publié et la parution est couronnée, le 31 décembre, par un mémorable banquet organisé par ses amis dans l’Ancien Palais d’Orléans. Dernières années En mars 1917, il crée le terme de surréalisme qui apparaît dans une de ses lettres à Paul Dermée et dans le programme du ballet Parade qu’il rédigea pour la représentation du 18 mai. Le 11 mai, il est déclaré définitivement inapte à faire campagne aux armées par la commission médicale et reclassé dans un service auxiliaire. Le 19 juin 1917, il est rattaché au ministère de la guerre qui l’affecte à la Censure. Le 24 juin, il fait jouer sa pièce Les Mamelles de Tirésias (sous-titrée Drame surréaliste en deux actes et un prologue) dans la salle du conservatoire Renée Maubel, aujourd’hui théâtre Galabru. Le 26 novembre, il se dit souffrant et fait prononcer par le comédien Pierre Bertin, sa fameuse conférence L’Esprit Nouveau au théâtre du Vieux Colombier. En 1918, les Éditions Sic publient sa pièce Les Mamelles de Tirésias. Son poème, La jolie rousse, dédié à sa nouvelle compagne, paraît en mars dans la revue L’Éventail. En avril, le Mercure de France publie son nouveau recueil de poésies, Calligrammes. Le 2 mai, il épouse Jacqueline (la « jolie rousse » du poème), à qui l’on doit de nombreuses publications posthumes des œuvres d’Apollinaire. Il a pour témoins Picasso, Gabrièle Buffet et le célèbre marchand d’art Ambroise Vollard. Affecté le 21 mai au bureau de presse du Ministère des Colonies, il est promu lieutenant le 28 juillet. Après une permission de trois semaines auprès de Jacqueline, à Kervoyal (à Damgan, dans le Morbihan), il retourne à son bureau du ministère et continue parallèlement à travailler à des articles, à un scénario pour le cinéma, et aux répétitions de sa nouvelle pièce, Couleur du temps. Affaibli par sa blessure, Guillaume Apollinaire meurt chez lui au 202 boulevard Saint-Germain le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole, « grippe intestinale compliquée de congestion pulmonaire » ainsi que l’écrit Paul Léautaud dans son journal du 11 novembre 1918. Alors qu’il agonise par asphyxie, les Parisiens défilent sous ses fenêtres en criant « À mort Guillaume ! », faisant référence non au poète mais à l’empereur Guillaume II d’Allemagne qui a abdiqué le même jour . Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise. Histoire de son monument funéraire En mai 1921, ses compagnons et intimes constituent un comité afin de collecter des fonds pour l’exécution, par Picasso, du monument funéraire de sa tombe. Soixante cinq artistes offrent des œuvres dont la vente aux enchères à la Galerie Paul Guillaume, les 16 et 18 juin 1924, rapporte 30 450 francs. En 1927 et 1928, Picasso propose deux projets mais aucun n’est retenu. Le premier est jugé obscène par le comité. Pour le second – une construction de tiges en métal – Picasso s’est inspiré du « monument en vide » créé par l’oiseau du Bénin pour Croniamantal dans Le Poète assassiné. À l’automne 1928, il réalise quatre constructions avec l’aide de son ami Julio Gonzalez, peintre, orfèvre et ferronnier d’art, que le comité refuse ; trois sont conservés au Musée Picasso à Paris, la quatrième appartient à une collection privée. Finalement c’est l’ami d’Apollinaire, le peintre Serge Férat qui dessine le monument-menhir en granit surmontant la tombe au cimetière du Père-Lachaise, division 86. La tombe porte également une double épitaphe extraite du recueil Calligrammes, trois strophes discontinues de Colline, qui évoquent son projet poétique et sa mort, et un calligramme de tessons verts et blancs en forme de cœur qui se lit « mon cœur pareil à une flamme renversée ». Regards sur l’œuvre Influencé par la poésie symboliste dans sa jeunesse, admiré de son vivant par les jeunes poètes qui formèrent plus tard le noyau du groupe surréaliste (Breton, Aragon, Soupault– Apollinaire est l’inventeur du terme « surréalisme »), il révéla très tôt une originalité qui l’affranchit de toute influence d’école et qui fit de lui un des précurseurs de la révolution littéraire de la première moitié du XXe siècle. Son art n’est fondé sur aucune théorie, mais sur un principe simple : l’acte de créer doit venir de l’imagination, de l’intuition, car il doit se rapprocher le plus de la vie, de la nature. Cette dernière est pour lui « une source pure à laquelle on peut boire sans crainte de s’empoisonner » (Œuvres en prose complètes, Gallimard, 1977, p. 49). Mais l’artiste ne doit pas l’imiter, il doit la faire apparaître selon son propre point de vue, de cette façon, Apollon, Ades et Zeus se battirent, mais ce fut Athéna qui gagna parle d’un nouveau lyrisme. L’art doit alors s’affranchir de la réflexion pour pouvoir être poétique. « Je suis partisan acharné d’exclure l’intervention de l’intelligence, c’est-à-dire de la philosophie et de la logique dans les manifestations de l’art. L’art doit avoir pour fondement la sincérité de l’émotion et la spontanéité de l’expression : l’une et l’autre sont en relation directe avec la vie qu’elles s’efforcent de magnifier esthétiquement » dit Apollinaire (entretien avec Perez-Jorba dans La Publicidad). L’œuvre artistique est fausse en ceci qu’elle n’imite pas la nature, mais elle est douée d’une réalité propre, qui fait sa vérité. Apollinaire se caractérise par un jeu subtil entre modernité et tradition. Il ne s’agit pas pour lui de se tourner vers le passé ou vers le futur, mais de suivre le mouvement du temps. Il utilise pour cela beaucoup le présent, le temps du discours dans ses poèmes notamment dans le recueil Alcools. Il situe ses poèmes soit dans le passé, soit dans le présent mais s’adresse toujours à des hommes d’un autre temps, souvent de l’avenir. D’ailleurs, « On ne peut transporter partout avec soi le cadavre de son père, on l’abandonne en compagnie des autres morts. Et l’on se souvient, on le regrette, on en parle avec admiration. Et si on devient père, il ne faut pas s’attendre à ce qu’un de nos enfants veuille se doubler pour la vie de notre cadavre. Mais nos pieds ne se détachent qu’en vain du sol qui contient les morts » (Méditations esthétiques, Partie I : Sur la peinture). C’est ainsi que le calligramme substitue la linéarité à la simultanéité et constitue une création poétique visuelle qui unit la singularité du geste d’écriture à la reproductibilité de la page imprimée. Apollinaire prône un renouvellement formel constant (vers libre, monostiche, création lexicale, syncrétisme mythologique). Enfin, la poésie et l’art en général sont un moyen pour l’artiste de communiquer son expérience aux autres. C’est ainsi qu’en cherchant à exprimer ce qui lui est particulier, il réussit à accéder à l’universel. Enfin, Apollinaire rêve de former un mouvement poétique global, sans écoles, celui du début de XXe siècle, période de renouveau pour les arts et l’écriture, avec l’émergence du cubisme dans les années 1900, du futurisme italien en 1909 et du dadaïsme en 1916. Il donnera par ailleurs à la peinture de Robert Delaunay et Sonia Delaunay le terme d’orphisme, toujours référence dans l’histoire de l’art. Apollinaire entretient des liens d’amitié avec nombre d’artistes et les soutient dans leur parcours artistique (voir la conférence « La phalange nouvelle »), tels les peintres Pablo Picasso, Georges Braque, Henri Matisse et Henri Rousseau. Son poème Zone a influencé le poète italien contemporain Carlo Bordini et le courant dit de “ Poésie narrative ”. Derrière l’œuvre du poète, on oublie souvent l’œuvre de conteur, en prose, avec des récits tels que Le Poète assassiné ou La Femme assise, qui montrent son éclectisme et sa volonté de donner un genre nouveau à la prose, en opposition au réalisme et au naturalisme en vogue à son époque. À sa mort, on a retrouvé de nombreuses esquisses de romans ou de contes, qu’il n’a jamais eu le temps de traiter jusqu’au bout. Œuvres Poésie * Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée, illustré de gravures par Raoul Dufy, Deplanche, 1911. Réédité dans son format original par les éditions Prairial, 2017. Cet ouvrage a également été illustré de lithographies en couleurs par Jean Picart Le Doux. * Alcools, recueil de poèmes composés entre 1898 et 1913, Mercure de France, 1913. * Vitam impendere amori, illustré par André Rouveyre, Mercure de France, 1917. * Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916, Mercure de France, 1918. * Aquarelliste * Il y a..., recueil posthume, Albert Messein, 1925. * Ombre de mon amour, poèmes adressés à Louise de Coligny-Châtillon, Cailler, 1947. * Poèmes secrets à Madeleine, édition pirate, 1949. * Le Guetteur mélancolique, recueil posthume de poèmes inédits, Gallimard, 1952. * Poèmes à Lou, Cailler, recueils de poèmes pour Louise de Coligny-Châtillon, 1955. * Soldes, poèmes inédits, Fata Morgana, 1985 * Et moi aussi je suis peintre, album d’idéogrammes lyriques coloriés, resté à l’état d’épreuve. Les idéogrammes seront insérés dans le recueil Calligrammes, Le temps qu’il fait, 2006. Romans et contes * Mirely ou le Petit Trou pas cher, roman érotique écrit sous pseudonyme pour un libraire de la rue Saint-Roch à Paris, 1900 (ouvrage perdu). * Que faire ?, roman-feuilleton paru dans le journal Le Matin, signé Esnard, auquel G.A. sert de nègre. * Les Onze Mille Verges ou les Amours d’un hospodar, roman érotique publié sous couverture muette, 1907. * L’Enchanteur pourrissant, illustré de gravures d’André Derain, Kahnweiler, 1909. * L’Hérésiarque et Cie, contes, Stock, 1910. * Les Exploits d’un jeune Don Juan, roman érotique, publié sous couverture muette, 1911. Le roman a été adapté au cinéma en 1987 par Gianfranco Mingozzi sous le même titre. * La Rome des Borgia, qui est en fait de la main de René Dalize, Bibliothèque des Curieux, 1914. * La Fin de Babylone– L’Histoire romanesque 1/3, Bibliothèque des Curieux, 1914. * Les Trois Don Juan– L’Histoire romanesque 2/3, Bibliothèque de Curieux, 1915. * Le Poète assassiné, contes, L’Édition, Bibliothèque de Curieux, 1916. * La Femme assise, inachevé, édition posthume, Gallimard, 1920. Version digitale chez Gallica * Les Épingles, contes, 1928. * Le Corps et l’Esprit (Inventeurs, médecins & savants fous), Bibliogs, Collection Sérendipité, 2016. Contient les contes : « Chirurgie esthétique » et « Traitement thyroïdien » publiés en 1918. Ouvrages critiques et chroniques * La Phalange nouvelle, conférence, 1909. * L’Œuvre du Marquis de Sade, pages choisies, introduction, essai bibliographique et notes, Paris, Bibliothèque des Curieux, 1909, première anthologie publiée en France sur le marquis de Sade. * Les Poèmes de l’année, conférence, 1909. * Les Poètes d’aujourd’hui, conférence, 1909. * Le Théâtre italien, encyclopédie littéraire illustrée, 1910 * Pages d’histoire, chronique des grands siècles de France, chronique historique, 1912 * La Peinture moderne, 1913. * Les Peintres cubistes. Méditations esthétiques, Eugène Figuière & Cie, Éditeurs, 1913, Collection « Tous les Arts » ; réédition Hermann, 1965 (ISBN 978-2-7056-5916-5) * L’Antitradition futuriste, manifeste synthèse, 1913. * L’Enfer de la Bibliothèque nationale avec Fernand Fleuret et Louis Perceau, Mercure de France, Paris, 1913 (2e édit. en 1919). * Le Flâneur des deux rives, chroniques, Éditions de la Sirène, 1918. * L’Œuvre poétique de Charles Baudelaire, introduction et notes à l’édition des Maîtres de l’amour, Collection des Classiques Galants, Paris, 1924. * Anecdotiques, notes de 1911 à 1918, édité post mortem chez Stock en 1926 * Les Diables amoureux, recueil des travaux pour les Maîtres de l’Amour et le Coffret du bibliophile, Gallimard, 1964.Références : * Œuvres en prose complètes. Tomes II et III, Gallimard, " Bibliothèque de la Pléiade ", 1991 et 1993. * Petites merveilles du quotidien, textes retrouvés, Fata Morgana, 1979. * Petites flâneries d’art, textes retrouvés, Fata Morgana, 1980. Théâtre et cinéma * Les Mamelles de Tirésias, drame surréaliste en deux actes et un prologue, 1917. * La Bréhatine, scénario de cinéma écrit en collaboration avec André Billy, 1917. * Couleur du temps, 1918, réédition 1949. * Casanova, Comédie parodique (préf. Robert Mallet), Paris, Gallimard, 1952, 122 p. (OCLC 5524823) Correspondance * Lettres à sa marraine 1915–1918, 1948. * Tendre comme le souvenir, lettres à Madeleine Pagès, 1952. * Lettres à Lou, édition de Michel Décaudin, Gallimard, 1969. * Lettres à Madeleine. Tendre comme le souvenir, édition revue et augmentée par Laurence Campa, Gallimard, 2005. * Correspondance avec les artistes, Gallimard, 2009. * Correspondance générale, éditée par Victor Martin-Schmets. 5 volumes, Honoré Champion, 2015. Journal * Journal intime (1898-1918), édition de Michel Décaudin, fac-similé d’un cahier inédit d’Apollinaire, 1991. Postérité * En 1941, un prix Guillaume-Apollinaire fut créé par Henri de Lescoët et était à l’origine destiné à permettre à des poètes de partir en vacances. En 1951, la partie occidentale de la rue de l’Abbaye dans le 6e arrondissement de Paris est rebaptisée en hommage rue Guillaume-Apollinaire. * Un timbre postal, d’une valeur de 0,50 + 0,15 franc a été émis le 22 mai 1961 à l’effigie de Guillaume Apollinaire. L’oblitération « Premier jour » eut lieu à Paris le 20 mai. * En 1999, Rahmi Akdas publie une traduction en turc des Onze mille verges, sous le titre On Bir Bin Kirbaç. Il a été condamné à une forte amende « pour publication obscène ou immorale, de nature à exciter et à exploiter le désir sexuel de la population » et l’ouvrage a été saisi et détruit. * Son nom est cité sur les plaques commémoratives du Panthéon de Paris dans la liste des écrivains morts sous les drapeaux pendant la Première Guerre mondiale. * La Bibliothèque historique de la ville de Paris possède la bibliothèque personnelle de Guillaume Apollinaire, acquise par la ville en 1990, qui regroupe environ 5 000 ouvrages d’une très grande variété. Le don de Pierre-Marcel Adéma, premier biographe véritable d’Apollinaire ainsi que celui de Michel Décaudin, spécialiste de l’écrivain, qui offrit sa bibliothèque de travail, ont permis d’agrandir le fonds Guillaume Apollinaire. * Ce n’est que le 29 septembre 2013 que l’œuvre de Guillaume Apollinaire est entrée dans le domaine public, soit après 94 ans et 272 jours,. * La vente d’une centaine de souvenirs dont plusieurs sculptures africaines, provenant de son ancien appartement du 202, boulevard Saint-Germain à Paris, a eu lieu à Corbeil le 24 juin 2017. Adaptations de ses œuvres Au cinéma * Les Onze Mille Verges, film français de Éric Lipmann, 1975. * Les Exploits d’un jeune Don Juan (L’Iniziazione), adaptation cinématographique de Gianfranco Mingozzi, production franco-italienne, 1987. En albums illustrés * Le Apollinaire, textes de Apollinaire, illustré par Aurélia Grandin, Mango, collection Dada, 2000 (ISBN 978-2740410455) * Les Onze Mille Verges, roman illustré par Tanino Liberatore, Drugstore, 2011 (ISBN 978-2723480635) * Il y a, poème illustré par Laurent Corvaisier, Paris, éditions Rue du monde, 2013 (ISBN 978-2355042768) En musique * Antoine Tomé a mis cinq de ses poèmes en musique dans son album Antoine Tomé chante Ronsard & Apollinaire. * Dimitri Chostakovitch a mis six de ses poèmes en musique dans sa symphonie no 14 op. 135 (1969) * Guillaume, poèmes d’Apollinaire mis en musique par Desireless et Operation of the sun. Sortie de l’album en 2015 ; Création du spectacle en 2016. Bibliographie Essais * Claude Bonnefoy, Apollinaire, Classiques du XXe siècle, 1969. * Pierre-Marcel Adéma et Michel Décaudin, Album Apollinaire, iconographie commentée, coll. « Les albums de la Pléiade » no 10, Paris, Gallimard, 1971, (ISBN 2070800016). * Franck Balandier, Les Prisons d’Apollinaire, L’Harmattan, 2001. * Laurence Campa, Apollinaire, Gallimard, NRF biographie, juin 2013 (ISBN 2070775046). * Laurent Grison, Apologie du poète, contribution au projet du 18e Printemps des Poètes (2016) sur le thème : Le Grand XXe siècle– Cent ans de poésie. Texte sur Guillaume Apollinaire, 2015. * Carole Aurouet, Le Cinéma de Guillaume Apollinaire. Des manuscrits inédits pour un nouvel éclairage, éditions de Grenelle, 2018. Bande dessinée * Julie Birmant (texte), Clément Oubrerie (dessin), Pablo, tome 2 : Guillaume Apollinaire, Paris, Dargaud, 2012 (ISBN 978-2-205-07017-0) Autres * Bernard Bastide (dir.), Laurence Campa et al. (préf. Christian Giudicelli), Balade dans le Gard : sur les pas des écrivains, Paris, Alexandrines, coll. « Les écrivains vagabondent » (réimpr. 2014) (1re éd. 2008), 255 p. (ISBN 978-2-370890-01-6, présentation en ligne), « Guillaume Apollinaire entre avenir et souvenir », p. 134-139. * Serge Velay (dir.), Michel Boissard et Catherine Bernié-Boissard, Petit dictionnaire des écrivains du Gard, Nîmes, Alcide, 2009, 255 p. (présentation en ligne), p. 18. * Jacques Ibanes, L’Année d’Apollinaire : 1915, l’amour, la guerre, Paris, Fauves Editions, 2016 (ISBN 979-1-030-20025-6 et 978-9-791-03020-5, OCLC 951783881). * Raphaël Jérusalmy, Les obus jouaient à pigeon vole, Paris, Éditions Bruno Doucey, coll. « Sur le fil », 2016, 177 p. (ISBN 978-2-362-29094-7, OCLC 936577432). * Laurence des Cars (dir.), Apollinaire : le regard du poète, Paris, Musées d’Orsay et de l’Orangerie ; Gallimard, 2016, 318 p. (ISBN 978-2-070-17915-2, OCLC 971143350). Les références Wikipedia – https ://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Apollinaire

Charles Guérin

Charles Guérin, né le 29 décembre 1873 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), où il est mort le 17 mars 1907, est un poète français. Biographie Jeunesse Charles Guérin appartient à une dynastie d’industriels lorrains, propriétaire de la célèbre Faïencerie de Lunéville-Saint-Clément, connue aussi sous le nom Keller et Guérin. Au sein de cette grande famille, où il est l’aîné de huit enfants, il reçoit une solide éducation humaniste et religieuse, dont l’influence sur l’œuvre poétique est déterminante. Il fait ses études à Saint-Pierre-Fourier (Lunéville), puis à la Faculté des Lettres de Nancy, où il prépare une licence d’allemand (1894-1897). Œuvre et activité littéraire À ses études le jeune homme préfère largement la poésie. Il publie son premier recueil Fleurs de neige en 1893, puis Joies grises en 1894 et Le Sang des crépuscules en 1895, trois recueils marqués par l’influence du poète symboliste belge Georges Rodenbach qui préface le premier des trois recueils. Il fait également de nombreux séjours à Paris, où il fréquente les cercles poétiques et littéraires à la mode, en particulier le salon de José-Maria de Heredia et les célèbres Mardis symbolistes de Stéphane Mallarmé, qui préface Le Sang des Crépuscules. Alfred Vallette, directeur du Mercure de France, lui confie la rédaction de quelques articles de critique littéraire et artistique et édite ses œuvres: Le Cœur solitaire, Le Semeur de cendres et L’Homme intérieur. Charles Guérin se consacre désormais entièrement à la littérature, écrit de nombreux poèmes, dont beaucoup ne seront jamais publiés, un projet de roman, des notes diverses de voyage... Il collabore aussi à plusieurs revues dont L’Ermitage et fréquente de nombreux jeunes écrivains: Paul Léautaud, Maurice Magre, Paul Fort, Jean Viollis, Albert Samain, et surtout, à partir de 1897, Francis Jammes, auquel le lie une grande et profonde amitié et qui est le dédicataire de plusieurs poèmes. Voyages La vie parisienne de Charles Guérin est entrecoupée de nombreux voyages à l’étranger: en Allemagne, particulièrement à Bayreuth, où il découvre avec enthousiasme l’œuvre de Richard Wagner, mais aussi en Belgique, en Suisse, en Italie... Ou encore sur la Côte d’Azur, ou dans le Béarn, à Orthez (Basses-Pyrénées) chez Francis Jammes. La fin Un amour passionné et malheureux pour Jeanne Blumer, mais surtout une sensibilité irrémédiablement mélancolique et une santé fragile épuisent vite le poète, qui meurt prématurément d’une tumeur au cerveau, à l’âge de 33 ans, le 17 mars 1907. La sincérité, la douleur et la profondeur de son œuvre situent Charles Guérin dans la pure tradition lyrique de la poésie française, entre Symbolisme et Parnasse, à la transition des XIXe et XXe siècles. Œuvres * Fleurs de Neige, Nancy, Crépin-Leblond, 1893. Publié sous le pseudonyme: Heirclas Rügen (anagramme de « Charles Guérin »). * Georges Rodenbach, Nancy, Crépin-Leblond, 1893. Texte signé Heirclas Rügen, mais publié sous le nom de Charles Guérin. * L’Art Parjure, Munich, H. Kutzner, 1894. Deuxième édition la même année. Réédition en 2018 par les Éditions Kasemate. * Joies grises (préf. Georges Rodenbach), Paris, P. Ollendorff, 1894. * Le Sang des Crépuscules, Paris, Mercure de France, 1895, avec un Prélude musical de Percy Pitt et une préface de Stéphane Mallarmé. * Le Cœur Solitaire, Paris, Mercure de France, 1898. * Le Semeur de cendres, Paris, Mercure de France, 1901. * L’Homme intérieur, Paris, Mercure de France, 1905. * Douze sonnets, Paris, Librairie des amateurs, 1922. * Premiers et derniers vers, Paris, Mercure de France, 1923. Contient: Fleurs de neige. Joies grises. Le Sang des crépuscules. Derniers vers. * Œuvres, Paris, Mercure de France, 1926-1929. 3 volumes. Réédition des œuvres. Notice d’Henry Dérieux. * Poèmes choisis, Paris, Bernard Grasset, 1972. Édition établie et présentée par Dominique Robaux.Le Cœur solitaire, Le Semeur de cendres et L’Homme intérieur, de Charles Guérin, peu réédités, ainsi que son Georges Rodenbach qui ne le fut jamais, sont disponibles sur Gallica (cf. infra). * À noter, la luxueuse édition illustrée par Auguste Leroux du Semeur de cendres, parue en 1923 chez Ferroud (Paris, Librairie des amateurs, A. Ferroud et F. Ferroud). * Un poème de Charles Guérin, Au bout du chemin, extrait du Semeur de Cendres, a été mis en musique et interprété par Guy Béart. Prix * Prix Archon-Despérouses 1902. Ouvrages sur Charles Guérin * J.-B. Hanson, Le poète Charles Guérin, Paris, Éditions Nizet & Bastard, 1935. * Jacques Nanteuil, L’Inquiétude religieuse et les poètes d’aujourd’hui, essais sur Jules Laforgue, Albert Samain, Charles Guérin, Francis Jammes, Bloud et Gay – 1925 Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Gu%C3%A9rin_(po%C3%A8te)

Maurice Rollinat

Joseph Auguste Maurice Rollinat, né à Châteauroux (Indre) le 29 décembre 1846 et mort à Ivry-sur-Seine le 26 octobre 1903, est un poète, musicien et interprète français. Notice biographique Son père, François Rollinat, était député de l’Indre à l’Assemblée constituante en 1848 et fut un grand ami de George Sand. Issu d’un milieu cultivé, Rollinat se met très tôt au piano, pour lequel il semble avoir de grandes facilités. Dans les années 1870, il écrit ses premiers poèmes. Il les fait lire à George Sand, qui l’encourage à tenter sa chance à Paris. Il y publie son premier recueil Dans les brandes (1877), qu’il dédie à George Sand mais qui ne connaît aucun succès. Il rejoint alors le groupe des Hydropathes, fondé par Émile Goudeau, où se rassemblent de jeunes poètes décadents se voulant anticléricaux, antipolitiques et antibourgeois. Plusieurs soirs par semaine, la salle du Chat noir, célèbre cabaret parisien dans laquelle on croise Willette ou Antonio de La Gandara, se remplit pour écouter l’impressionnant Rollinat. Seul au piano, le jeune poète exécute ses poèmes en musique. (Il mit aussi en musique les poèmes de Baudelaire). Son visage blême, qui inspira de nombreux peintres, et son aspect névralgique, exercent une formidable emprise sur les spectateurs. De nombreuses personnes s’évanouissent, parmi lesquelles notamment Leconte de Lisle et Oscar Wilde. Ses textes, allant du pastoral au macabre en passant par le fantastique, valent à Rollinat une brève consécration en 1883. Cette année-là, le poète publie Les Névroses, qui laisse les avis partagés. Certains voient en lui un génie ; d’autres, comme Verlaine dans Les Hommes d’aujourd’hui, un « sous-Baudelaire », doutant ainsi de sa sincérité poétique. Cependant, grâce aux témoignages et aux travaux biographiques, nous savons que Rollinat fut toute sa vie très tourmenté et que ses névralgies ne l’épargnèrent guère. Son ami Jules Barbey d’Aurevilly écrira que « Rollinat pourrait être supérieur à Baudelaire par la sincérité et la profondeur de son diabolisme ». Il qualifie Baudelaire de « diable en velours » et Rollinat de « diable en acier ». Malade et fatigué, Rollinat refuse d’être transformé en institution littéraire. Il se retire alors à Fresselines, en 1883, proche de l’École de Crozant dans la Creuse, pour y continuer son œuvre. Il s’y entoure d’amis avec lesquels il partagera les dernières années de sa vie. Pendant les vingt années passées à Fresselines, il publiera cinq livres de poèmes: l’Abîme (1886), La Nature (1892), Le Livre de la Nature (1893), Les Apparitions (1896) et Paysages et Paysans (1899), ainsi qu’un recueil en prose: En errant (1903). Alors que sa compagne, l’actrice Cécile Pouettre meurt, Rollinat tente plusieurs fois de se suicider. Son ami, le peintre Eugène Alluaud, le veille et s’inquiète. Malade, probablement d’un cancer, le poète est transporté à la clinique du docteur Moreau à Ivry où il s’éteint en octobre 1903, à l’âge de 56 ans. Il repose au cimetière Saint-Denis de Châteauroux. Il en était venu à être oublié de ses contemporains. Un poète d’Issoudun, Albert Liger, qui assistait aux obsèques, demanda à un curieux qui était celui qu’on enterrait ; celui-ci répondit: « Il paraît que c’est un nommé Rollinat, un fameux pêcheur à la ligne dans la Creuse ». Distinction Chevalier de la Légion d’honneur Hommages Collège Maurice Rollinat à Brive-la-Gaillarde Ecole primaire Maurice Rollinat à La Châtre (Indre) Lycée Rollinat à Argenton-sur-Creuse (Indre) La poésie de Rollinat: de la Nature à la condition humaine Dans les brandes (1877) Dans les brandes ouvre un étrange parcours poétique. Le mépris de la ville et des hommes qui y vivent fait encore davantage briller la Nature, blonde, lumineuse et conseillère. Rollinat y trouve une double perfection: celle des éléments qui la composent et celle du geste de l’homme qui l’habite. Très descriptif, Rollinat donne à voir dans ses poèmes animaliers (L’écureuil, La chèvre) les personnalités différentes de chaque vivant. L’homme de la campagne, quant à lui, développe des mœurs particulières, dont la beauté rustique enchante le poète (Le chasseur en soutane, La fille aux pieds nus). Quant à Rollinat lui-même, spectateur de la Nature et des hommes, il cherche en vain sa place (Où vais-je ?). Le réel, décrit par Rollinat à travers le prisme du monde rustique, regorge d’interrogations, de failles inexpliquées, auxquelles le poète va chercher à donner sens. Les Névroses (1883) Publié chez Charpentier en 1883, annoncé dès 1882, ce recueil est le plus célèbre de Rollinat. Davantage que Dans les brandes, l’étrangeté et le macabre jouent un rôle capital. La Nature est alors transfigurée par le poète sous la pression d’un imaginaire de l’étrange qu’il fait se dégager du moindre évènement (La vache au taureau). Les Névroses, ouvrage de la fascination par excellence, proche du symbolisme, démet le réel de toute son innocence et de sa virginité mythologique. Le diable, la mort, le mal, sont des thématiques omniprésentes qui percent le voile de la simple donnée naturelle. La réalité déborde alors de sens par le double recours à l’imaginaire et au nihilisme. Évacuant Dieu de sa réflexion poétique, Rollinat suppose le Diable comme s’infiltrant dans toutes les manifestations humaines et non humaines. Par ce biais négatif, il réhabilite ce qu’il y a de plus naturel et ancré dans l’humain: la luxure et la mort. Il consacre un poème à Honoré de Balzac (extrait): « Balzac est parmi nous le grand poète en prose, Et jamais nul esprit sondeur du gouffre humain, N’a fouillé plus avant la moderne névrose, Ni gravi dans l’Art pur un plus âpre chemin. »Et un à Edgar Allan Poe: « Edgar Poe fut démon, ne voulant pas être Ange. Au lieu du Rossignol, il chanta le Corbeau ; Et dans le diamant du Mal et de l’Étrange Il cisela son rêve effroyablement beau. » L’Abîme (1886) Trois ans après son départ de Paris pour Fresselines, Rollinat publie L’Abîme, qui est l’ouvrage du retrait. Ce recueil est aussi le plus synthétique de tous les ouvrages en vers de Rollinat. Le poète avait souhaité composer un livre sur la condition humaine. Dans L’Abîme, Rollinat examine en grande partie les vices humains, à la manière des moralistes du XVIIe siècle. On trouve dans la réflexion de Rollinat des échos pascaliens (La chanson de l’Ermite) quant à la place de l’homme dans l’univers, mais surtout une fascination pour l’intériorité humaine (La genèse du crime, Le faciès humain), regorgeant de pouvoirs insoupçonnés, de pulsions et de projets souvent vains. L’Abîme offre un constat accablant de la nature humaine et de sa destinée. La vie, déplorable, ne sera pas, selon Rollinat, excusée par la mort. À la fin du recueil, notamment dans Requiescat in Pace, le poète, cynique, fait de la mort un juge sans Dieu au sein de laquelle l’homme n’aura aucun droit au pardon. Œuvres * Participation au recueil Dizains réalistes * Dans les brandes, poèmes et rondels (1877) (Lire sur Wikisource: Dans les brandes, poèmes et rondels, Paris, Charpentier, 1883 (Wikisource)) * Les Névroses (1883) (Lire sur Wikisource: Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917 (Wikisource)) * L’Abîme (1886) (Lire sur Wikisource: L’Abîme, Paris, Charpentier, 1886 (Wikisource)) * DIX mélodies nouvelles (1886) * La Nature (1892) * Le Livre de la nature, choix de poésies (1893) * Les Apparitions (1896) * Ce que dit la Vie et ce que dit la Mort (1898) * Paysages et paysans (1899) (Lire sur Wikisource: Paysages et paysans, Paris, Fasquelle, 1899 (Wikisource)) * En errant, proses d’un solitaire (1903) Publications posthumes * Ruminations: proses d’un solitaire (1904) * Les Bêtes (1911) * Fin d’Œuvre (1919) * Le Cabinet secret: pièces érotiques et politiques inédites, édition établie par Claire Le Guillou, Paris, Éditions du Sandre (2014) * Poèmes de jeunesse proposés par Catherine Réault-Crosnier et Régis Crosnier (Catherine Réault-Crosnier, 2015) Rééditions * Œuvres. I. Dans les brandes. II. Les Névroses, éditées par R. Miannay, Lettres Modernes Minard (1977) * Les Névroses, édition de Philippe Martin-Lau, Paris, Éditions du Sandre (2010) * Poèmes choisis, édition de Sébastien Robert, Paris, Edilivre (2012) Bibliographie * Paul Verlaine, Maurice Rollinat, monographie publiée dans la revue Les Hommes d’aujourd’hui, no 303 ; texte sur wikisource * Jean-Paul Dubray, Maurice Rollinat intime, Marcel Seheur Éditeur, Paris, 1930. * Hugues Lapaire, Rollinat, poète et musicien, 267 p., Mellottée, Paris, 1932. * Émile Vinchon, La Vie de Maurice Rollinat – Documents inédits, Laboureur & Cie, imprimeurs-éditeurs, Issoudun, 1939. * Régis Miannay, Maurice Rollinat, poète et musicien du fantastique, Badel, 1981. * Association des amis de M. Rollinat, Actes du colloque 1996 (cent cinquantenaire de la naissance du poète), 2005. * Claire Le Guillou, Rollinat: ses amitiés artistiques, Joca seria, 2004. * Christian Jamet, Les Eaux semblantes, roman, Éditions Demeter, 2005. * Laurent Bourdelas, Du pays et de l’exil Un abécédaire de la littérature du Limousin, Les Ardents Editeurs, 2008. * « Maurice Rollinat », base Léonore, ministère français de la Culture * Un article témoignage de Francis Jourdain dans “Ce Soir” du 13 juin 1939 (Gallica) Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Rollinat

Charles Cros

Charles Cros, né le 1er octobre 1842 à Fabrezan (Aude) et mort le 9 août 1888 dans le 6e arrondissement de Paris, est un poète et inventeur français. Originaire d'une famille de Lagrasse (Aude), Charles Cros est le frère cadet d'Antoine Cros (1833-1903), médecin, et d'Henry Cros (1840-1907), peintre et verrier : ils participèrent tous les trois aux dîners des Vilains Bonshommes et aux réunions du Cercle des poètes zutiques entre 1869 et 1872. Il servit la Commune de Paris en 1871, comme aide-major au 249e bataillon5. Il est le père du poète Guy-Charles Cros (1879-1956). Le scientifique Passionné de littérature et de sciences, Charles Cros est pendant un temps, de 1860 à 1863, professeur de chimie à l'Institut parisien des sourds-muets, avant de se consacrer à la recherche scientifique. En 1867, il présente à l'Exposition universelle de 1867 un prototype de télégraphe automatique à la suite de ses travaux portant sur l'amélioration de la technologie de ce système de télécommunication. En 1869, il présente à la Société française de photographie un procédé de photographie en couleurs qui est à l'origine du procédé actuel de trichromie. Le poète Il publie ses premiers poèmes dans le Parnasse contemporain et fréquente les cercles et cafés littéraires de la bohème de l'époque (le Cercle des poètes Zutistes — qu'il a créé —, les Vilains Bonshommes, les Hydropathes), ainsi que le salon de Nina de Villard qui sera sa maîtresse jusqu'en 1877. Mais il est davantage connu pour ses monologues, dont le plus connu est Le Hareng saur, qu'il récite lui-même dans des cabarets parisiens comme Le Chat noir. Son œuvre de poète, brillante — elle sera plus tard l'une des sources d'inspiration du surréalisme — est cependant ignorée à son époque. Il le résume amèrement dans ce poème caractéristique : Je sais faire des vers perpétuels. Les hommes Sont ravis à ma voix qui dit la vérité. La suprême raison dont j'ai, fier, hérité Ne se payerait pas avec toutes les sommes. J'ai tout touché : le feu, les femmes, et les pommes ; J'ai tout senti : l'hiver, le printemps et l’été ; J'ai tout trouvé, nul mur ne m'ayant arrêté. Mais Chance, dis-moi donc de quel nom tu te nommes ? Je me distrais à voir à travers les carreaux Des boutiques, les gants, les truffes et les chèques Où le bonheur est un suivi de six zéros. Je m'étonne, valant bien les rois, les évêques, Les colonels et les receveurs généraux De n'avoir pas de l’eau, du soleil, des pastèques. Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Cros

Albert Samain

Albert Samain, est né le 3 avril 1858 à Lille et mort le 18 août 1900 à Magny-les-Hameaux, il est un poète symboliste français. Biographie il est le Fils du commerçants lillois—son père et sa mère tiennent un commerce de vins et spiritueux—Albert Samain est naît en face de l’église Saint-Maurice, au 75 de la rue de Paris. Son père décède lors qu’il n’avait que 14 ans il a dut interrompre ses études pour gagner sa vie. Il est d’abord coursier chez un agent de change, puis employé dans une maison de courtage en sucre. Vers 1880, il est envoyé à Paris, où il décide de rester. Après plusieurs emplois, il devient expéditionnaire à la préfecture de la Seine en 1883 et bientôt il va etre rejoint par sa famille. Depuis longtemps attiré par la poésie, il fréquente les cercles à la mode, tels que les Hirsutes et les Hydropathes, et commence à réciter ses poèmes aux soirées du Chat noir. Il participe à un cercle littéraire qui réunit quelques amis, dont Antony Mars, Alfred Valette et Victor Forbin, dans une arrière boutique de la rue Monsieur-le-Prince. En 1889, il participe à la création du Mercure de France, avec Alfred Vallette, Ernest Raynaud, Jules Renard, Édouard Dubus et Louis Dumur. Au début des années 1890, fortement influencé par Baudelaire, il évolue vers une poésie plus élégiaque. En 1893, la publication du recueil Au jardin de l’infante lui vaut un succès immédiat après que François Coppée lui a consacré un article très élogieux dans Le Journal. La perfection de la forme, alliée à une veine mélancolique et recueillie, caractérise un art d’une extrême sensibilité. Il collabore notamment au Mercure de France et à la Revue des deux Mondes. Sa mère meurt en janvier 1899. À partir de novembre 1899 la santé de Samain se détériore. Au printemps l’Administration lui accorde un congé pour ce qui se révèlera une phtisie. Il va alors à Lille chez sa sœur, puis il est accueilli par son ami Raymond Bonheur à Magny-les-Hameaux, dans la vallée de Chevreuse. C’est là qu’il meurt quelques mois plus tard, à quarante-deux ans. Mais il a eu le temps d’y écrire Polyphème, un drame lyrique pour lequel Raymond Bonheur compose des chœurs, souvent considéré comme son chef-d’œuvre, qui ne sera mis en scène que quatre ans après sa mort. Rapatrié à Lille, il est enterré le 21 août 1900 au cimetière du l’Est, emplacement O4/FO5-3. Du point de vue des formes poétiques, une des originalités de Samain est l’utilisation du sonnet à quinze vers. Après sa mort, ses poésies sont réimprimées un nombre considérable de fois. De nombreux musiciens composent des mélodies sur ses textes, parmi lesquelles plusieurs chefs-d’œuvre, comme Arpège de Gabriel Fauré, l’opéra Polyphème de Jean Cras ou La Maison du matin d’Adrien Rougier. Son œuvre a également inspiré le sculpteur Émile Joseph Nestor Carlier (1849-1927) qui réalise à partir de celle-ci La Danseuse au voile et Pannyre aux talons d’or, en 1914. Œuvres Poésie * Au Jardin de l’Infante (1893) disponible sur Gallica * Au Jardin de l’Infante. Augmentée de plusiers poèmes (1897; 13e éd. 1906) * Aux flancs du vase (1898), illustré de gravures en couleurs par Gaston La Touche * Le Chariot d’or. Symphonie héroïque (1900) * Aux flancs du vase, suivi de Polyphème et de Poèmes inachevés (1902) disponible sur Gallica * Contes. Xanthis. Divine Bontemps. Hyalis. Rovère et Angisèle (1902) Texte en ligne * Polyphème, comédie en 2 actes, (1904). Paris, Théâtre de l’Œuvre, 10 mai 1904. * Hyalis, le petit faune aux yeux bleus (1909) * Œuvres d’Albert Samain. I. Au jardin de l’infante. Augmenté de plusieurs poèmes (1924) Texte en ligne * Œuvres d’Albert Samain. II. Le Chariot d’or ; Symphonie héroïque ; Aux flancs du vase (1924) Texte en ligne * Œuvres d’Albert Samain. III. Contes ; Polyphème ; Poèmes inachevés (1924) Texte en ligne * Œuvres choisies. Préface de Francis Jammes. Portrait d’Albert Samain sur son lit de mort, par Eugène Carrière, deux autres portraits en phototypie. En appendice: Lettre de Stéphane Mallarmé reproduite en fac-similé. Poésies de Louis Le Cardonnel, Charles Guérin. Textes de Remy de Gourmont, Louis Denise, Adolphe Van Bever et Paul Léautaud. Bibliographie complète. Édition du manuscrit (1928) * Poèmes pour la grande amie, introduction et notes par Jules Mouquet (1942) * Œuvres poétiques complètes, édition de Christophe Carrère, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque du XIXe siècle », no 40, 2015. Correspondance et carnets * Lettres inédites du poète Albert Samain, 1896-1900 (s.d.) * Des lettres, 1887-1900. À François Coppée, Anatole France, Henri de Régnier, Charles Guérin, Paul Morisse, Georges Rodenbach, Odilon Redon, André Gide, Raymond Bonheur, Jules Renard, Paul Fort, Marcel Schwob, Pierre Louÿs, etc. (1933) * Carnets intimes. Carnets I à VII. Notes. Sensations. Portraits littéraires. Notes diverses. Évolution de la poésie au XIXe siècle (1939) * Lettres à Tante Jules. Introduction et notes par Jules Mouquet (1943) * Une amitié lyrique: Albert Samain et Francis Jammes. Correspondance inédite. Introduction et notes par Jules Mouquet (1945) Bibliographie * Alfred Jarry, Albert Samain (Souvenirs), Paris, Éditions Victor Lemasle, 1907. * Albert Samain, sa vie, son oeuvre, par Léon Bocquet avec photographie et autographe. Préface de Francis Jammes, Paris, éditions Mercure de France Prix * Prix Archon-Despérouses 1898. Odonymie Rues * Rue Albert Samain, 59491 Villeneuve-d’ascq * Rue Albert Samain, 66000 Perpignan * Rue Albert Samain, 59240 Dunkerque * Rue Albert Samain, 75017 Paris * Rue Albert Samain, 76620 Le Havre * Rue Albert Samain, 78000 Versailles * Rue Albert Samain, 59160 Lille * Rue Albert-Samain 34070 Montpellier * Rue Albert Samain 92240 Malakoff * Rue Albert Samain, 59242 Templeuve * Rue Albert Samain, 59554 Neuville-Saint-Rémy * Rue Albert Samain, 03100 Montluçon * Rue Albert Samain, 46000 Cahors * Rue Albert Samain, 74000 Annecy * Rue Albert Samain, 13200 Arles Établissements scolaires * Collège ALBERT SAMAIN, 59058 Roubaix * École maternelle publique Albert Samain, 59100 Roubaix * École primaire Albert Samain, Dunkerque * École primaire Albert Samain, 24 rue des écoles Jean Baudin 78114 Magny-les-Hameaux * École primaire Albert Samain, Rue Balzac 59790 Ronchin * École primaire Albert Samain, 28 place de la République 59130 Lambersart * École élémentaire publique Albert Samain– 78180 Montigny-le-Bretonneux . Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Samain

Jean Aicard

Jean François Victor Aicard, né le 4 février 1848 à Toulon (Var) et mort le 13 mai 1921 à Paris, est un poète, romancier et auteur dramatique français. Biographie Jean Aicard naît le 4 février 1848 à Toulon (Var). Une plaque signale sa maison natale. Il fait ses études à Mâcon, où il fréquente Lamartine, puis au lycée de Nîmes, puis en droit à Aix-en-Provence. Venu à Paris en 1867, il y publie un premier recueil, les Jeunes Croyances, où il rend hommage à Lamartine. Le succès qu'il rencontre lui ouvre les portes des milieux parnassiens, grâce à son cousin, Pierre Elzéar. En 1869, il collabore au deuxième recueil du Parnasse contemporain. En 1870, une pièce en un acte est produite au théâtre de Marseille. Pendant la guerre, il reste à Toulon dans sa famille. Après la guerre, il assiste aux dîners des Vilains Bonshommes et participe à la création de la revue La Renaissance littéraire et artistique. En 1874, il publie Poèmes de Provence, qui font de lui le poète de cette région. En 1876, il collabore au troisième recueil du Parnasse contemporain. En 1894, il devient président de la Société des gens de lettres. Le guide Paris-Parisien, qui le considère en 1899 comme une « notoriété des lettres », note le « romantisme méridional » de son œuvre. En 1909, il entre à l'Académie française au fauteuil de François Coppée. Il est élu maire de Solliès-ville en 1920. Jean Aicard meurt le 13 mai 1921 à Paris. Jean Aicard est l'un des poètes représentés sur le tableau Coin de table (1872) de Henri Fantin-Latour. Les références Wikipedia—https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Aicard

Louise Labé

Louise Labé née vers 1524 à Lyon, morte le 25 avril 1566 à Parcieux-en-Dombes où elle fut enterrée,, est une poétesse française surnommée « La Belle Cordière ». Elle fait partie des poètes en activité à Lyon pendant la Renaissance. Vie et œuvre La belle cordière Son père, Pierre Charly, apprenti cordier, avait épousé (vers 1493) en premières noces la veuve d’un cordier prospère, Jacques Humbert dit Labé ou L’Abbé. Pour assurer sa présence dans cette profession, il reprit pour lui-même le surnom du premier mari de sa femme et se fit appeler Pierre Labé. Femme de lettres À la mort de sa femme, Pierre Charly, alias Pierre Labé, se remaria, et c’est de ce mariage que naquit Louise Labé. Celle-ci reprendra également le pseudonyme de son père et sera surnommée La Belle Cordière en raison du métier de son père, puis de son mari. Elle aurait été la femme d’Ennemond Perrin, riche marchand de cordes, qui possédait plusieurs maisons à Lyon et aurait trouvé dans la fortune de son mari un moyen de satisfaire sa passion pour les lettres : dans un temps où les livres étaient rares et précieux, elle aurait eu une bibliothèque composée des meilleurs ouvrages grecs, latins, italiens, espagnols et français. Elle aurait possédé des jardins spacieux près de la place Bellecour où elle aurait pratiqué l’équitation, sans toutefois monter son cheval en amazone. Avec Maurice Scève et Pernette du Guillet, Louise Labé appartient au groupe dit « école lyonnaise »,, bien que ces poètes n’aient jamais constitué une école au sens où la Pléiade en était une. La lecture de ses œuvres confirme qu’elle a collaboré avec ses contemporains, notamment Olivier de Magny et Jacques Peletier du Mans, autour de l’atelier de l’imprimeur Jean de Tournes. Elle écrit des poèmes à une époque où la production poétique est intense. La poésie française se donne alors des bases théoriques avec Du Bellay (Défense et illustration de la langue française, 1549) et se met en place avec Ronsard, Olivier de Magny, Pontus de Tyard, et d’autres, suivant le modèle de Pétrarque et d’auteurs anciens tels que Catulle et Horace, ou contre eux. Chez Louise Labé, on remarque l’influence d’Ovide, qu’elle connaît bien, qu’il s’agisse des Métamorphoses ou des œuvres élégiaques. En particulier, ses élégies paraissent influencées par les Héroïdes. Sa culture est aussi celle de la Renaissance italienne. Le Débat semble influencé en partie par la reconnaissance de la folie telle qu’elle apparaît dans l’Éloge de la Folie d’Érasme ; elle récrit à sa manière, comme beaucoup de ses contemporains, l’un des plus célèbres sonnets de Pétrarque, celui dont l’incipit est Solo e pensoso. Elle prend vigoureusement position contre la façon dont Jean de Meung achève le travail interrompu de son prédécesseur Guillaume de Lorris, en passant d’un récit mythique et symbolique à des descriptions bien plus terre à terre, et même sensiblement misogynes. Ce sera en pure perte : le Roman de la rose connaîtra un succès considérable. L’œuvre de Louise Labé, très mince en volume (662 vers), se compose d’un Débat de Folie et d’Amour (dans lequel Jean de La Fontaine a trouvé le sujet de l’une de ses fables, L’Amour et la Folie), de trois Élégies et de vingt-quatre sonnets, lesquels expriment les tourments féminins de la passion. Imposture poétique ? « Louise Labé est-elle le type même de la femme cultivée, connaissant le latin et l’italien, la musique et l’équitation, et tenant à Lyon un salon fréquenté ? Ou faut-il la considérer selon V.L. Saulnier comme une courtisane sans grande envergure ? » On ne connaît que très peu d’éléments de sa vie. Ceux que l’on peut lire sont parfois le fruit de l’imagination des critiques à partir de ses écrits : Louise Labé chevalier, Louise Labé lesbienne, Louise Labé lyonnaise, Louise Labé prostituée, etc. Certains spécialistes du XVIe siècle avancent une thèse audacieuse : Louise Labé ne serait qu’une fiction élaborée par un groupe de poètes autour de Maurice Scève (le nom de Louise Labé viendrait du surnom d’une prostituée lyonnaise, « La Belle Louise »). L’ouvrage de l’universitaire Mireille Huchon développe cette hypothèse. Daniel Martin a cherché à réfuter cette théorie dans son article « Louise Labé est-elle une créature de papier ? ». De même, Michel Jourde partage cet avis. Mireille Huchon affirme que, dans le portrait de Pierre Woeiriot, la présence d’une petite Méduse assimile Louise Labé à la créature mythologique (ce qui ne va pas de soi), on ne saurait en déduire que la décrire ainsi est « dévalorisant, à coup sûr ». « Le mythe de Méduse, prototype de la cruauté féminine, est souvent utilisé par les poètes pétrarquistes [...] depuis Pétrarque. Ronsard cherche-t-il à dévaloriser Cassandre dans les sonnets 8 et 31 des Amours ? » (p. 10) Daniel Martin conteste que le retrait de Jacques Peletier des Escriz dénonce une supercherie. Il fait remarquer (p. 27) qu’il « collaborait avec Jean de Tournes : il était aux premières loges pour avoir connaissance d’un projet aussi hardi de mystification. Comment aurait-il pu ignorer une supercherie dont on nous dit par ailleurs que tout le monde en était informé ? » Il fait en outre remarquer que, dans ses Opuscules, il publie un texte à la louange de Louise Labé. On trouvera dans cet article d’autres arguments (Les témoignages de Rubys et de Paradin ; le rôle de Maurice Scève). Aucun des arguments avancés n’emporte une conviction absolue. La thèse de Mireille Huchon en faveur de l’inexistence de Louise Labé a cependant reçu l’approbation de Marc Fumaroli dans Le Monde du 12 mai 2006. Poème Je vis, je meurs . Ce poème figure dans le recueil Les Élégies et sonnets publié en 1555 et qui comprend notamment 24 sonnets. Sonnet VIII Postérité et éloges Estreines, à dame Louïze Labé Éditions des œuvres Le recueil des œuvres de Louise Labé a été imprimé à Lyon par Jean de Tournes en 1555, in-12 disponible sur Gallica, et en 1556, in-16 disponible sur Gallica sous le titre Euvres de Louïze Labé Lionnoize. La troisième édition est celle de Lyon, 1762, petit in-8, sous le titre Œuvres de Louise Charly Lyonnoize, dite Labé, surnommée La Belle Cordière, complétée par des Recherches sur la vie de Louise Labé disponible sur Gallica. Charles Boy (dir.), Œuvres de Louise Labé, Alphonse Lemerre, 1887 (lire sur Wikisource) Poètes du XVIe siècle, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », Éditions NRF, 1969. Œuvres complètes, édition critique et commentée par Enzo Giudici, Genève, Droz, T.L.F., 1981, 256 p. Louise Labé, Œuvres complètes. Sonnets, Élégies, Débat de Folie et d’Amour, édition de François Rigolot, Paris, Flammarion, « GF », 1986. Louise Labé, Œuvres poétiques, Pernette du Guillet, Rymes, édition de Françoise Charpentier, Gallimard, « Poésie », 1986 Louise Labé, Œuvres complètes : Sonnets, Elegies, Débat de folie et d’amour, édition de François Rigolot, Paris, Flammarion, « GF », 2004. Les Œuvres complètes de Louise Labé, Cahiers Textuel, n° 28, 2005. Le Débat de Folie et d’Amour, Eliane Viennot (éd.), in Aurore Evain, Perry Gethner, Henriette Goldwyn (dir.), Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, vol. 1, XVIe siècle, Saint-Etienne, Publications de l’Université, 2006 [orth. et ponctuation modernisées, format poche]. Bibliographie Irène Omélianenko, « Une vie, une oeuvre– Louise Labé (1524-1566), une artiste du Yunnan ? » [audio], sur France Culture Georges Tricou, Louise Labé et sa famille, Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, V, 1944. Madeleine Lazard, Louise Labé Lyonnaise, Paris, Fayard, 2004. Louise Labé 2005, études réunies par Béatrice Alonso et Eliane Viennot, Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2004. Daniel Martin, Isabelle Garnier-Mathez, Louise Labé. Débat de Folie et d’Amour, Élégies, Sonnets, Neuilly, Atlande, 2004. Daniel Martin, Signe(s) d’amante. L’agencement des Evvres de Louïze Labé Lionnoize, Paris, Champion, 1999. François Rigolot, Louise Labé Lyonnaise ou la Renaissance au féminin, Paris, Champion, 1997. Louise Labé. Les voix du lyrisme, textes réunis par Guy Demerson, Saint-Étienne et Paris, Publications de l’Université de Saint-Étienne-CNRS, 1990 Karine Berriot, Louise Labé. La Belle Rebelle et le François nouveau, Paris, Seuil, 1985. Michel Locatelli. Je suis... Louise Labé, Lyon, Jacques André éditeur, 2011. François Pédron, Louise Labé : La femme d’amour, Fayard, 1984. Enzo Giudici, Louise Labé, Paris, Nizet, 1981. (it) Enzo Giudici, Louise Labé e l’École lyonnaise, studi e ricerche con documenti inediti, avant-propos de Jean Tricou, Naples, Liguori Editore, 1964. Débat sur l’existence de Louise Labé Mireille Huchon, Louise Labé. Une créature de papier, Droz, 2006 [compte-rendu] Daniel Martin, « Louise Labé est-elle une créature de papier ? », Réforme Humanisme Renaissance, n°63, p. 7-37, déc 2006 [lire en ligne]. François Solesmes, « Louise Labé, “ créature de papier ” ? », compte rendu critique de l’ouvrage de Mireille Huchon, SIEFAR, déc. 2007 [lire en ligne].

Joseph Autran

Joseph Autran est un poète et auteur dramatique français, né le 20 juin 1813 à Marseille et mort le 6 mars 1877 à Marseille. Biographie Fils d'un négociant, il suivait des études chez les jésuites à Aix-en-Provence, puis devenait professeur particulier dans une institution religieuse. En 1832, il devient connu par son ode à Lamartine et il continue à écrire des poèmes. Devenu d'une certaine renommée, il se voit offrir une poste de bibliothécaire à Marseille. Ses contacts avec Alexandre Dumas fils lui ouvrent la voie du théâtre. Sa pièce la plus connue est La Fille d'Eschyle (1848), que couronna le prix Montyon attribué par l'Académie française. Ses candidatures successives à cette dernière institution furent le théâtre de l'affrontement des catholiques et des libéraux. Candidat des catholiques, il dut d'abord se retirer devant Octave Feuillet en 1862, puis perdit face à Camille Doucet en 1865. Finalement, une élection double fut l'occasion d'une entente entre les deux camps, et il fut mis au rang des Immortels en 1868, accompagné de Claude Bernard. Il sut réunir autour de lui plusieurs des grands écrivains de son époque, même si son talent personnel n'a pas été reconnu par la postérité. Œuvres * Le Départ pour l'Orient : ode à M. Alphonse de Lamartine (1832) * La Mer : poésies (1835) * Ludibria ventis : poésies nouvelles (1838) * L'An 40 : ballades et poésies musicales, suivies de Marseille (1840) * Milianah : poème (1841)'. * Italie et Semaine sainte à Rome (1841) * La Fille d'Eschyle : étude antique en 5 actes, en vers, Paris, Théâtre de l'Odéon, 9 mars 1848 * Les Poëmes de la mer (1852) * Le médecin du Luberon (1853), poème3 * Laboureurs et soldats (1854) * La Vie rurale : tableaux et récits (1856) * Etienne et Clémentine (1858) * Épîtres rustiques (1861) * Le Poème des beaux jours (1862) * Le Cyclope, d'après Euripide (1863) * Paroles de Salomon (1869) * Sonnets capricieux (1873) * La Légende des paladins (1875) * Œuvres complètes (1875-82) Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/

Paul-Jean Toulet

Paul-Jean Toulet, né à Pau (Basses-Pyrénées) le 5 juin 1867 et mort à Guéthary (Basses-Pyrénées) le 6 septembre 1920, est un écrivain et poète français, célèbre par ses Contrerimes, une forme poétique qu’il avait créée. Biographie Paul-Jean Toulet perd sa mère à sa naissance. Tandis que son père regagne l’île Maurice, il est confié à un oncle de Bilhères, dans la vallée d’Ossau. Il séjourne trois ans à l’île Maurice (1885-1888) puis un an à Alger (1888-1889), où il publie ses premiers articles. Il arrive à Paris en 1898. C’est là qu’il se forme véritablement, sous la tutelle de Willy, dont il est l’un des nombreux nègres, notamment pour Maugis en ménage. Colocataire du futur Prince des Gastronomes Curnonsky, il fréquente les salons mondains et les boudoirs demi-mondains qu’il évoque dans Mon amie Nane. Il travaille beaucoup et se livre à divers excès, dont l’alcool et l’opium. Il collabore à de nombreuses revues, dont la Revue critique des idées et des livres de Jean Rivain et Eugène Marsan. De novembre 1902 à mai 1903, il effectue un voyage qui le mène jusqu’en Indochine. Il quitte définitivement Paris en 1912 pour s’installer chez sa sœur, à Saint-Loubès, au château de la Rafette où leur tante maternelle vit avec son mari Aristide Chaline qui a racheté le château. Paul-Jean est un familier des lieux qui auront l’honneur de plusieurs Contrerimes. Puis à Guéthary, où il se marie. Ses dernières années sont assombries par la maladie. Pendant ce temps, un groupe de jeunes poètes, dont Francis Carco et Tristan Derème, prenant son œuvre en modèle, s’intitulent « poètes fantaisistes ». Les fameuses Contrerimes parurent à partir de la fin des années 1900 dans des revues et dans le corps des romans de Toulet. Un premier projet de les réunir en volume fut avorté par la guerre de 1914. Le livre ne parut finalement que quelques mois après la mort de l’auteur. Il contient outre des contrerimes des poèmes d’autres formes, dont ce dixain: Dans le domaine théâtral, Paul-Jean Toulet composa avec des amis (Martin et Cotoni) un à-propos en vers: La Servante de Molière dont nous n’avons pas le texte, mais qui fut représenté au Théâtre des Nouveautés d’Alger (alors que le poète y résidait), et qu’il s’amusa à éreinter lui-même dans Le Moniteur. Il fit également représenter une comédie en prose: Madame Josephe Prudhomme dont il était l’unique auteur. Enfin, Le Souper interrompu qui fut joué pour la première fois le 27 mai 1944 au théâtre du Vieux-Colombier, au même programme qu’une autre création, Huis clos de Jean-Paul Sartre. Paul-Jean Toulet avait eu, dès 1902, un projet avec Claude Debussy autour de Comme il vous plaira (As you like it) de William Shakespeare. Debussy était désireux d’y revenir en 1917, mais la maladie du compositeur n’en a pas permis la réalisation. Georges Bernanos évoque son souvenir dans les premiers mots de son premier roman Sous le soleil de Satan (« Voici l’heure du soir, qu’aima P.J Toulet... »). De manière un peu inattendue, Frédéric Beigbeder place deux œuvres de Paul-Jean Toulet (Mon amie Nane et Les Contrerimes) dans le "top-100" de ses livres préférés que constitue Premier bilan après l’Apocalypse. Le groupe français Alcest a repris le texte de son poème Sur l’océan couleur de fer sur le titre homonyme paru sur l’album Écailles de Lune (2010). Œuvres * Publications posthumes * TraductionLe Grand Dieu Pan, d’Arthur Machen (parution française, 1901)Correspondance * Publications en revues * Rééditions modernes Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul-Jean_Toulet

François de Malherbe

François de Malherbe est un poète français, né à Caen vers 1555 et mort à Paris le 16 octobre 1628. Il est le fils de François, écuyer, seigneur de Digny, conseiller au bailliage et présidial de Caen, et de Louise Le Vallois. Poète officiel de 1605 à 1628, son évolution de la magnificence à la sobriété traduit le passage du goût baroque au goût classique, amenant la poésie vers un grand dépouillement. Son influence a été considérable sur la poésie française. Bien qu’il n’ait pas écrit d’art poétique, une doctrine était tirée de ses œuvres, de ses annotations sur son exemplaire des poésies de Philippe Desportes et des remarques orales rapportées par ses contemporains. Ce sont notamment ses disciples François Maynard et Honorat de Bueil de Racan qui, suivant leur maître, créent le corpus louant « l’harmonie classique », qui prédominera pendant près d’un siècle. Durant tout le XVIIe siècle, Malherbe est la référence majeure des théoriciens classiques. Dans son Art poétique (1674), Nicolas Boileau le loue avec ferveur, commençant son éloge par le célèbre hémistiche « Enfin Malherbe vint ». Biographie François de Malherbe, issu d’une famille noble, est fils d’un conseiller au présidial de Caen, ville dans laquelle il est né. Il fait d’abord des études de droit, qu’il abandonne. Il s’attache à l’âge de 19 ans à Henri d’Angoulême, fils naturel d’Henri II, et grand prieur de France. Il combat dans les rangs de la Ligue, avant de se marier en 1581 avec Madeleine de Coriolis, la fille d’un président à mortier au Parlement de Provence et de se fixer à Aix. Appelé à Paris pour ses affaires en 1585, son protecteur le duc d’Angoulême meurt l’année suivante. Il regagne d’abord la Normandie, puis la Provence, et cherche un nouveau protecteur puissant: en 1592, il dédie à Henri III Les Larmes de saint Pierre (poème qu’il désavoue plus tard), et à Marie de Médicis Ode de bienvenue à Marie de Médicis (1600), qui le fit remarquer par la Cour. Il traduit également les œuvres de Sénèque. Malgré la recommandation du Cardinal Du Perron, qui admirait son talent, c’est seulement en 1605 qu’il obtient sa première audience auprès d’Henri IV, qui lui commande Prière pour le roi allant dans le Limousin. Ce poème plaît beaucoup au Roi, qui le retient à la cour. Malherbe, âgé de cinquante ans, devient ainsi le poète officiel, titre qu’il garde jusqu’à sa mort, aussi bien sous la régence de Marie de Médicis que sous le règne de Louis XIII. Le seul fils qui lui restait, Marc-Antoine de Malherbe, fut tué en duel au château de Cadenet en 1627 par Paul de Fortia de Piles, assisté de son beau-frère Gaspard de Covet de Marignane. Malherbe va trouver Louis XIII au siège de La Rochelle pour obtenir justice, mais le châtiment des meurtriers lui est refusé. Il meurt quinze mois plus tard le 16 octobre 1628 à Paris. Il avait institué pour héritier Vincent de Boyer d’Éguilles, son neveu, depuis conseiller au Parlement de Provence. Vincent de Boyer qui se maria en 1644, avec Madelaine de Forbin-Maynier d’Oppède, ajouta à son nom celui de Malherbe. Une des conditions que Malherbe lui avait imposée, dans son testament, était que les Boyer prendraient pendant trois générations le nom de Malherbe. Les papiers et les livres du poète furent recueillis dans la famille Boyer d’Éguilles jusqu’à la Révolution. Traits de caractère Le caractère de Malherbe est connu par les nombreux témoignages de ses contemporains, notamment par l’ouvrage de Racan Mémoires pour la vie de Malherbe. Personnage rude, froid et franc jusqu’à la brutalité, il semble à l’opposé de l’idée romantique du poète sensible. Pourtant, de nombreuses lettres, ainsi que le chagrin après la mort de son dernier fils, témoignent de sa sensibilité. Tallemant des Réaux, qui l’a décrit comme « rustre et incivil », dépeint son caractère « maniaque » et son obsession pour la pureté de la langue. Malherbe disait de ses ennemis que, « s’il s’y mettait, il ferait de leurs fautes des livres plus gros que leurs livres mêmes ». Certains refusèrent toujours, pour cette raison, de soumettre leurs écrits à son approbation parce que « ce n’était qu’un tyran, et qu’il abattait l’esprit aux gens ». Parmi ceux qui s’y risquèrent néanmoins, « Il dit à un homme qui lui montra un méchant poème où il y avait pour titre: POUR LE ROI, qu’il n’y avait qu’à ajouter: POUR SE TORCHER LE CUL. » Même, « une heure avant que de mourir, il se réveilla comme en sursaut d’un grand assoupissement, pour reprendre son hôtesse, qui lui servait de garde, d’un mot qui n’était pas bien français, à son gré ; et comme son confesseur lui en voulut faire réprimande, il lui dit qu’il n’avait pu s’en empêcher, et qu’il avait voulu jusqu’à la mort maintenir la pureté de la langue française. » Œuvre et influence Son poème Les Larmes de Saint Pierre (1587) appartient au goût baroque ; il le considère à la fin de sa vie comme une erreur. À partir de son accession au rôle de poète officiel, il fait de l’épuration et de la discipline de la langue française l’œuvre de sa vie. Il manifeste alors une grande sévérité à l’égard du maniérisme et du baroque des poètes du siècle précédent, notamment de Philippe Desportes. Contrairement à Pierre de Ronsard, Malherbe refuse le miracle de l’inspiration et le lyrisme personnel. Ses œuvres sont des pièces de circonstance, dans laquelle il fait entrer le moins possible de sensibilité. Son rôle de poète officiel consiste à célébrer les grands évènements et la gloire des souverains successifs. Il prête également son inspiration à des hauts personnages lui demandant de chanter leurs amours. Parallèlement, il groupe des disciples, dont les plus célèbres sont François Maynard et Honorat de Bueil de Racan, avec qui il entreprend de régenter la langue et la poésie, souhaitant imposer à la poésie française une discipline très stricte. On peut le considérer comme le premier théoricien de l’art classique fait de mesure et bienséance et l’un des réformateurs de la langue française. Il fut pour cela l’un des auteurs les plus constamment réédités pendant l’Ancien Régime. L’hommage que lui adressa Boileau (« Enfin Malherbe vint…, ») exprime cette dette des écrivains classiques. Aujourd’hui cet hémistiche est passé dans la langue pour saluer l’avènement d’un progrès, d’une réforme. Œuvres en ligne Œuvres de Malherbe. Éd. revue sur les autographes, les copies les plus authentiques et les plus anciennes impressions et augm. de notices, de variantes, de notes, d’un lexique des mots et locutions remarquables, d’un portrait, d’un fac-similé, recueillies et annotées par Ludovic Lalanne, Tome premier, Tome deuxième, Tome troisième, Tome quatrième, Tome cinquième, Paris, Hachette, 1862 Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_Malherbe

Manuel de Zequeira Arango

Manuel de Zequeira y Arango (1764-1846). Periodista, poeta, funcionario público y militar cubano. Escribió en numerosas publicaciones de la prensa colonial cubana y marcó pautas a la creación literaria con un incipiente sello criollo. Nació el 28 de agosto de 1764 en La Habana, en el seno de una familia noble y acomodada. Hizo estudios elementales en su hogar, y en 1774 ingresó en el Seminario de San Carlos, donde cursó historia y literatura. Allí estudió junto a Félix Varela, con quien estrechó lazos de amistad. El 18 de agosto de 1784 ingresó como cadete en el Regimiento de Infantería de Soria, lo que marcaría el inicio de su larga carrera militar. Formó parte de los primeros colaboradores del Papel Periódico de La Havana, en el cual publicó poemas y ensayos literarios desde 1792. En 1800 fue nombrado redactor del periódico, lo cual le costó una polémica de dos años con Buenaventura Pascual Ferrer, quien optaba por el mismo cargo. En ese mismo año Zequeira comenzó a dirigir la mencionada publicación, en la que, bajo su dirección, preponderó él el carácter literario. En 1805 cesaron sus funciones de director; sin embargo, prosiguió a modo de colaborador en el mismo Papel Periódico, El Aviso y El Aviso de la Havana. En 1804 fundó El Criticón de La Habana, el cual se destacó por sus numerosos artículos de costumbres y crítica social. Al parecer, Zequeira redactaba completamente los números de El Criticón de La Habana, en el cual potenció una literatura de objetivos morales y sociales muy definidos. Asimismo, escribió para casi todas la publicaciones periódicas de su época, como El Mensajero político económico y literario de La Havana, El Noticioso Mercantil, El Hablador, El Observador Habanero y La Lira de Apolo. Zequeira opinaba que los periódicos debían mostrar la «bella literatura», pero la física, la química y la medicina no debían tener cabida en ese tipo de impresos. Las ciencias, abogaba, debían explicarse en las universidades y escuelas. También trabajó en la Imprenta de la Capitanía General. Zequeira figura entre las voces líricas más destacadas del período colonial cubano. Fue poeta neoclásico que en sus versos destacaba un incipiente “criollismo” -nombre que se daba a las primeras muestras identitarias de la cubanidad. Su poema A la Piña muestra claramente este carácter. Se destacó además como prosista interesado en comunicarse con sus lectores y en dejar huella impresa de la vida habanera en elementos del costumbrismo y el testimonio. Introdujo la prosa poética en la Isla, al publicar en el Papel Periódico de La Havana el artículo «El relox de la Havana». Fue un excelente sonetista, considerado el primer poeta cubano, si no cronológicamente, sí por su vocación sostenida, alto simbolismo con desarrollo de motivos identitarios criollos, conocimiento cabal del instrumento poético y facilidades líricas. Muy vinculado al gobierno de don Luis de las Casas y a la labor de la Sociedad Económica de Amigos del País (SEAP) de La Habana, en 1809 desempeñó el cargo de vicecensor de su Junta Directiva. Fue promotor del pensamiento del reformismo en Cuba. Su talento militar siempre estuvo al servicio de la monarquía hispánica. En julio de 1793, durante la contienda contra la invasión francesa, partió en una expedición de apoyo a la guarnición del Cuartel de Cahobas, en la isla de Santo Domingo. Participó en los combates de la Matric y Yacsí; este último inspiró uno de sus cantos heroicos, Ataque de Yacsí. Obtuvo el grado de subteniente de granaderos, y en 1796 volvió a La Habana, donde contrajo matrimonio. Por el mérito de sus servicios, en 1810 fue nombrado comandante en jefe de la Plaza de Caro, en Venezuela, pero nunca llegó a tomar posesión de su cargo. En 1813 se le destinó al Nuevo Reino de Granada, actual Colombia, a las órdenes del general Francisco Montaleno y Ambuladi. En tierras neogranadinas combatió a los independentistas. Fue gobernador militar y civil de la provincia de Río Hacha de 1814 a 1815. En ese último año se le destinó a Mompox, y en 1816 fue nombrado teniente-rey y presidente de la Junta de Real Hacienda de Cartagena. A finales de 1817 retornó a La Habana, con Real Licencia y grado de coronel de infantería. En 1821 fue trasladado a Matanzas en calidad de coronel de las milicias de esa ciudad. Durante su estancia en territorio matancero se presentaron los primeros síntomas de su locura. A partir de entonces, su vida pública y literaria cesó. Falleció en La Habana el 18 de abril de 1846. Empleó múltiples seudónimos, como Ismael Raquenue, Ezequiel Armuna, Ezequiel Amura, Anselmo Erquea Gravina, Raquel Yum Zenea, El Observador de La Havana, El bruxo de La Havana, El Marqués Nueya, Arnefio Garaique, El Licenciado Frisesomorum, La horma de su zapato, Armenau Queizel, El Criticón de La Havana, Arefique, Enrique Aluzema. Se cree que Leofar Lemonieau, D. Amosar, Yeso de Jarzos, Eguzqui y Matato, sean anagramas de su nombre. Por razón de tan frecuentes enmascaramientos, parte de su obra permanece sin localizar. Referencias En Caribe – encaribe.org/index.php?option=com_content&view=article&id=653:manuel-de-zequeira&catid=87:literatura&Itemid=104

Gérard de Nerval

Gérard Labrunie, dit Gérard de Nervalain et un poète français, né le 22 mai 1808 à Paris, ville où il est mort le 26 janvier 1855 (à 46 ans). Figure majeure du romantisme français, il est essentiellement connu pour ses poèmes et ses nouvelles, notamment son ouvrage Les Filles du feu, recueil de nouvelles (la plus célèbre étant Sylvie) et de sonnets (Les Chimères) publié en 1854. Biographie Jeunesse Fils d’Étienne Labrunie, médecin militaire, et de Marie-Antoinette Laurent, fille d’un marchand linger de la rue Coquillière, Gérard de Nerval naît le 22 mai 1808, vers 20 heures, à Paris, au 96 rue Saint-Martin (actuellement le no 168). Baptisé le 23 à Saint-Merri, il est confié quelques mois plus tard à une nourrice de Loisy, près de Mortefontaine. Son père est nommé le 8 juin suivant médecin militaire adjoint à la Grande Armée, il est rapidement promu médecin et attaché, le 22 décembre, au service de l’armée du Rhin. Le 29 novembre 1810, sa mère meurt à Głogów, en Silésie alors qu’elle accompagnait son mari. De 1808 à 1814, Gérard est élevé par son grand-oncle maternel, Antoine Boucher, à Mortefontaine, dans la campagne du Valois, à Saint-Germain-en-Laye et à Paris. Au printemps 1814, son père retrouve la vie civile et s’installe avec son fils à Paris, au 72, rue Saint-Martin. Gérard reviendra dans ces lieux évoqués dans nombre de ses nouvelles. En 1822, il entre au collège Charlemagne, où il a pour condisciple Théophile Gautier. C’est en classe de première (année scolaire 1823-1824) qu’il compose son premier recueil resté manuscrit de cent quarante pages: Poésies et Poèmes par Gérard L. 1824 qu’il donne plus tard à Arsène Houssaye en 1852. Ce recueil a figuré à l’exposition Gérard de Nerval à la Maison de Balzac à Paris en 1981-1982. Il a déjà écrit, sous le nom de Gérard L. un panégyrique de Napoléon Ier: Napoléon ou la France guerrière, élégies nationales, publié chez Ladvocat et réédité en 1827 par Touquet. L’année suivante, il écrit deux Épîtres à Monsieur Duponchel caché sous le pseudonyme de Beuglant. Dès juillet 1826, il se lance dans la satire à la suite du scandale de l’Académie française qui a préféré Charles Brifaut à Alphonse de Lamartine. Il compose alors une Complainte sur l’immortalité de Monsieur Briffaut (orthographe de l’auteur), puis une pièce dans le même esprit: L’Académie ou les membres introuvables, ce qui lui valut d’être recalé au concours de l’Académie en 1828. Le 28 novembre 1827, le Journal de la Librairie annonce la parution de sa traduction de Faust en volume in-32 qui porte le titre: Faust, tragédie de Goethe, traduite par Gérard (1828). Premiers pas vers le succès Le 1er mai 1829, pour faire plaisir à son père, Gérard accepte d’être stagiaire dans une étude de notaire. Mais il pratique le métier mollement. Il a autre chose à faire. En bon soldat du romantisme, il est convoqué par Victor Hugo pour faire partie de la claque de soutien à Hernani, mission dont Gérard s’acquitte volontiers (voir Bataille d’Hernani). 1830 est l’année des deux révolutions: la révolution romantique à laquelle Gérard participe, et la révolution politique, celle des Trois Glorieuses à laquelle il ne participe qu’en badaud. La politique ne l’intéresse pas. Les barricades lui ont cependant inspiré un poème-fleuve: Le peuple, son nom, sa gloire, sa force, sa voix, sa vertu, son repos publié en août 1830 dans le Mercure de France du XIXe siècle. Il publie encore un pamphlet: Nos adieux à la Chambre des Députés de l’an 1830 ou, Allez-vous-en vieux mandataires, par le Père Gérard, patriote de 1789, ancien décoré de la prise de la Bastille (…) et En avant, marche! publiés dans Le Cabinet de lecture le 4 mars 1831. Gérard a surtout deux importants projets: une anthologie de la poésie allemande et une anthologie de la poésie française, deux ouvrages pour lesquels il lui faut une abondante documentation à laquelle il accède grâce à Alexandre Dumas et Pierre-Sébastien Laurentie qui lui font obtenir une carte d’emprunt, ce qui lui évite de perdre du temps en bibliothèque. La première anthologie porte le titre de Poésies allemandes, Klopstock, Schiller et Bürger, Goethe, précédée d’une notice sur les poètes allemands par M. Gérard. L’œuvre est accueillie avec moins d’enthousiasme que Faust, dont le compositeur Hector Berlioz s’est inspiré pour son opéra la Damnation de Faust. La seconde anthologie est un Choix de poésie de Ronsard, Joachim Du Bellay, Jean-Antoine de Baïf, Guillaume de Saluste Du Bartas, Jean-Baptiste Chassignet, précédé d’une introduction par M. Gérard. Ces deux ouvrages ne rencontrent pas un succès éclatant. Mais à l’automne 1830, le Cénacle mis en place par Sainte-Beuve pour assurer le triomphe de Victor Hugo rassemble des écrivains reconnus: Alfred de Vigny, Alfred de Musset, Charles Nodier, Alexandre Dumas, Honoré de Balzac. Les réunions ont lieu rue Notre-Dame-des-Champs, soit chez Hugo, soit chez le peintre Eugène Devéria, frère d’Achille Devéria, mais ce cénacle commence à se disperser. Apparaît un nouveau cénacle: le Petit-Cénacle, dont l’animateur est le sculpteur Jean Bernard Duseigneur qui reçoit dans son atelier, installé dans une boutique de marchand de légumes, où il retrouve Pétrus Borel et Célestin Nanteuil avant de publier La Main de gloire en septembre. Mais c’est surtout à ce moment-là que Nerval a envie d’écrire des pièces de théâtre à la manière d’Hugo. Deux de ses œuvres reçoivent un très bon accueil au théâtre de l’Odéon: Le Prince des sots et Lara ou l’expiation. Toutes n’ont pas le même succès mais Gérard ajoute un nom d’auteur à son prénom. Il devient Gérard de Nerval, pseudonyme adopté en souvenir d’un lieu-dit, le clos de Nerval près de Loisy, un champ cultivé par son grand-père maternel, à cheval sur la commune de Mortefontaine. Premières folies, premières expériences Une des caractéristiques du Petit-Cénacle est la propension de ses membres au chahut, à la boisson, aux farces, aux jeux de mots et au bousin ou bouzingo (tapage). C’est d’ailleurs à la suite d’une de ces manifestations du groupe que les agents du guet interviennent et arrêtent trois ou quatre Jeunes-France dont Nerval fait partie avec Théophile Gautier. Enfermé à la prison de Sainte-Pélagie, Nerval écrit un petit poème aussitôt publié dans Le Cabinet de lecture du 4 septembre 1831. De nouveau dans la nuit du 2 février 1832, les Jeunes-France sont arrêtés, pris pour des conspirateurs, et cette fois leur peine est plus longue,. En 1833, Nestor Roqueplan lui ouvre les colonnes de son journal: La Charte de 1830. Mais déjà un autre ami (Édouard Gorges) lui propose d’écrire avec lui un roman-feuilleton, dont l’action se déroulerait dans la Bretagne des chouans. Le vif succès remporté en 1829 par Les Chouans de Balzac fait hésiter Nerval. Pourtant, l’envie de visiter la région de Vitré l’emporte et il en revient avec un récit: L’Auberge de Vitré qu’il exploitera plus tard dans le prologue de son roman Le Marquis de Fayolle, roman édité après la mort de Nerval en 1856 par Édouard Gorges, qui l’a remanié et achevé. Il fut membre de la goguette des Joyeux et de la goguette des Bergers de Syracuse. L’écrivain En janvier 1834, à la mort de son grand-père maternel, il hérite d’environ 30 000 francs. Parti à l’automne dans le Midi de la France, il passe la frontière, à l’insu de son père, et visite Florence, Rome puis Naples. En 1835, il s’installe impasse du Doyenné chez le peintre Camille Rogier, où tout un groupe de romantiques se retrouve, et fonde en mai le Monde dramatique, revue luxueuse qui consume son héritage et que, lourdement endetté, il doit finalement vendre en 1836. Faisant alors ses débuts dans le journalisme, il part en voyage en Belgique avec Gautier, de juillet à septembre. En décembre, il signe pour la première fois « Gérard de Nerval » dans Le Figaro. Le 31 octobre 1837 est créé à l’Opéra-Comique Piquillo sur une musique de Monpou ; Dumas signe seul le livret, malgré la collaboration de Nerval ; l’actrice Jenny Colon tient le premier rôle. Nerval se serait épris de cette actrice qui n’aurait pas répondu à ses sentiments. Il fréquente alors le salon de Madame Boscary de Villeplaine, où une rivalité amoureuse l’oppose au financier William Hope pour la conquête de l’actrice. Selon certains exégètes, il aurait voué un culte idolâtre à Jenny Colon, même après la mort de celle-ci, et elle serait la figure de la Mère perdue, mais aussi de la Femme idéale où se mêlent, dans un syncrétisme caractéristique de sa pensée, Marie, Isis, la reine de Saba, ce qui fait débat parmi les spécialistes de Nerval. Durant l’été 1838, il voyage en Allemagne avec Dumas pour préparer Léo Burckart, pièce retardée par la censure. Après la première de L’Alchimiste, écrite en collaboration avec Dumas, le 10 avril 1839, Léo Burckart est finalement créé au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 16 avril. Dans le même temps, il publie Le Fort de Bitche (25-28 juin) dans Le Messager et Les Deux rendez-vous (15-17 août) – qui deviendra plus tard Corilla – dans La Presse. Puis, en novembre, il part pour Vienne, où il rencontre la pianiste Marie Pleyel à l’Ambassade de France. De retour en France en mars 1840, il remplace Gautier, alors en Espagne, pour le feuilleton dramatique de La Presse. Après une troisième édition de Faust, augmentée d’une préface, et de fragments du Second Faust en juillet, il part en octobre en Belgique. Le 15 décembre a lieu la première de Piquillo à Bruxelles, où il revoit Jenny Colon et Marie Pleyel. À la suite d’une première crise de folie le 23 février 1841, il est soigné chez Mme Marie de Sainte-Colombe, qui tient la « maison de correction Sainte-Colombe », créée en 1785 au 4-6 rue de Picpus. Le 1er mars, Jules Janin publie un article nécrologique dans Les Débats. Après une seconde crise, le 21 mars, il est interné dans la clinique du docteur Blanche, à Montmartre, de mars à novembre. Le 22 décembre 1842, Nerval part pour l’Orient, passant successivement par Alexandrie, Le Caire, Beyrouth, Constantinople, Malte et Naples. De retour à Paris dans les derniers mois de 1843, il publie ses premiers articles relatifs à son voyage en 1844. En septembre et octobre, il part avec Arsène Houssaye, directeur de L’Artiste, en Belgique et aux Pays-Bas. De juin à septembre 1845, il remplace Gautier, alors en Algérie, dans La Presse. Son Voyage en Orient paraît en 1851. Il affirme dans une lettre au docteur Blanche datée du 22 octobre 1853, avoir été initié aux mystères druzes lors de son passage en Syrie, où il aurait atteint le grade de « refit », l’un des plus élevés de cette confrérie. Toute son œuvre est fortement teintée d’ésotérisme et de symboles, notamment alchimiques. Alors qu’on l’accusait d’être impie, il s’exclama: « Moi, pas de religion ? J’en ai dix-sept… au moins. » Entre 1844 et 1847, Nerval voyage en Belgique, aux Pays-Bas, à Londres… et rédige des reportages et impressions de voyages. En même temps, il travaille comme nouvelliste et auteur de livrets d’opéra ainsi que comme traducteur des poèmes de son ami Heinrich Heine (recueil imprimé en 1848). Nerval vit ses dernières années dans la détresse matérielle et morale. C’est à cette période qu’il écrira ses principaux chefs-d’œuvre, réalisés pour se purger de ses émotions sur les conseils du docteur Émile Blanche pour le premier, pour la dimension cathartique du rêve et contre l’avis du docteur Blanche pour le second: Les Filles du feu, Aurélia ou le Rêve et la Vie (1853-1854). Mort Au bas d’un portrait photographique de lui, Gérard de Nerval écrivit: « Je suis l’autre. » Le 26 janvier 1855, on le retrouva pendu aux barreaux d’une grille qui fermait un égout de la rue de la Vieille-Lanterne (voie aujourd’hui disparue, qui était parallèle au quai de Gesvres et aboutissait place du Châtelet, le lieu de son suicide se trouverait probablement à l’emplacement du théâtre de la Ville), pour « délier son âme dans la rue la plus noire qu’il pût trouver », selon la formule de Baudelaire. Parmi ses amis, certains comme Arsène Houssaye émirent l’hypothèse d’un assassinat perpétré par des rôdeurs, au cours d’une de ses promenades habituelles dans des lieux mal famés ; d’autres, comme Théophile Gautier ou Nadar furent convaincus qu’il s’agissait d’un suicide,. Depuis lors, la question a fait l’objet de nombreux débats. Le doute subsiste car il fut retrouvé avec son bolivar sur la tête alors que celui-ci aurait normalement dû tomber du fait de l’agitation provoquée par la strangulation. On retrouva une lettre dans laquelle il demandait 300 francs, somme qui, selon lui, aurait suffi pour survivre durant l’hiver. La cérémonie funéraire eut lieu à la cathédrale Notre-Dame de Paris, cérémonie religieuse qui lui fut accordée du fait de son état mental, malgré son suicide présumé. Théophile Gautier et Arsène Houssaye payèrent pour lui une concession au cimetière du Père-Lachaise. Œuvres Poésie * Napoléon et la France guerrière, élégies nationales (1826) * Napoléon et Talma, élégies nationales nouvelles (1826) * L’Académie ou les membres introuvables (1826), comédie satirique en vers * Le Peuple (1830), ode * Nos adieux à la Chambre des Députés ou « allez-vous-en, vieux mandataires » (1831) * Odelettes (1834), dont Une allée du Luxembourg * Les Chimères (1854) Contes, nouvelles et récits * La Main de gloire: histoire macaronique ou La Main enchantée (1832) * Raoul Spifame, seigneur des Granges (1839), biographie romancée, publiée ensuite dans Les Illuminés * Histoire véridique du canard, essai (1845) * Scènes de la vie orientale (1846-1847) * Le Monstre vert (1849) * Le Diable rouge, almanach cabalistique pour 1850 * Les Confidences de Nicolas (1850), publiée ensuite dans Les Illuminés Édition critique de Michel Brix, 2007. * Les Nuits du Ramazan (1850) * Les Faux Saulniers, histoire de l’abbé de Bucquoy (1851) * Voyage en Orient (1851) * Contes et facéties (1852) * La Bohème galante (1852) * Lorely, souvenirs d’Allemagne (1852) * Les Illuminés (1852) * Les Nuits d’octobre (1852) Les Nuits d’octobre parurent en plusieurs livraisons dans « L’Illustration », d’octobre à novembre 1852, avant de connaître des rééditions tirées à part. * Sylvie (1853) * Petits châteaux de Bohème (1853) * Les Filles du feu: Angélique, Sylvie, Chansons et légendes du Valois, Jemmy, Isis, Émilie, Octavie, Corilla, Les Chimères (1854) * Promenades et souvenirs (1854) * Aurélia ou le Rêve et la Vie (1855) * La Danse des morts (1855) Romans * Nerval a écrit deux romans: * Le Prince des sots, tiré de la pièce du même titre de Nerval, fut publié par Louis Ulbach en 1888, mais sous une forme très altérée. Le véritable texte de Nerval fut publié en 1962 par Jean Richer. Ce roman, fort méconnu, porte sur le règne de Charles VI le Fol. * Le Marquis de Fayolle, paru en feuilletons en 1849 dans le journal Le Temps, fut laissé inachevé par son auteur, et fut achevé par Édouard Gorges et publié en 1856. L’action porte sur la Révolution en Bretagne. On peut trouver la version authentique de Nerval dans la collection de la Pléiade. Théâtre * N’ont été publiées au XIXe siècle que sept pièces personnelles de Nerval. Les titres, voire le texte, d’autres pièces non publiées, nous sont également parvenus. * Les deux plus anciens titres sont parus sous la forme de plaquettes: * Monsieur Dentscourt ou Le Cuisinier d’un grand homme (1826). * L’Académie ou Les Membres introuvables (1826).Les trois titres suivants sont issus de la collaboration entre Alexandre Dumas père et Nerval: * Piquillo (1837), drame signé par Dumas. * L’Alchimiste (1839), drame signé par Dumas. C’est surtout le début de la pièce qui porte la marque de Nerval. * Léo Burckart (1839), drame signé par Nerval.Nerval publia ensuite: * Les Monténégrins (1849), drame, en collaboration avec Jules-Édouard Alboize de Pujol. Musique de Armand Limnander de Nieuwenhove. Il existe une première version, différente, sous forme de manuscrit, de cette pièce, qui date de 1848. * L’Imagier de Harlem (1852), drame relatif aux premiers temps de l’imprimerie, avec Méry et B. Lopez.Il subsiste des fragments ou des indications, sous forme de manuscrit, des pièces suivantes (toutes ces pièces n’ont pas été forcément achevées): * Nicolas Flamel (1830). * Faust (années 1830). * Lara ou L’Expiation, même pièce que La Dame de Carouge (1831). * Le Prince des sots, dont il subsiste un fragment: Guy le Rouge. * Louis de France. * Le Magnétiseur (1840). * Les Trois ouvriers de Nuremberg (1840). * De Paris à Pékin (1848). * Pruneau de Tours (1850). * La Main de gloire (1850). * La Forêt-Noire ou La Margrave (vers 1850). * La Mort de Rousseau (1850). * La Fille de l’enfer, Aurore ou Francesco Colonna (1853). * La Polygamie est un cas pendable (1853). * Corilla a été intégré dans Les Filles du feu. * Panorama. * Dolbreuse, même pièce que Le Citoyen marquis.Des titres suivants, évoqués à certains moments par Nerval, il ne reste rien, et certains n’ont probablement jamais été écrits: * Tartuffe chez Molière. * La Mort de Brusquet. * Beppo. * L’Abbate. * L’Étudiant Anselme. * L’Homme de nuit. * Fouquet. * La Fiancée d’Abydos (ou de Corinthe). * Première coquetterie d’étudiant. * Les Walkyries. * une imitation d’une tragédie de Racine. * La Reine de Saba, dont Nerval reprit l’histoire dans Le Voyage en Orient.Nerval a également écrit les adaptations suivantes: * Han d’Islande (années 1830), d’après le roman de Victor Hugo. Publié en 1939 et republié par les éditions Kimé en 2007. * Jodelet ou L’Héritier ridicule, d’après Scarron, publié par les éditions Kimé en 2002. * Le Nouveau genre ou Le Café d’un théâtre, d’après Moratin, fut achevé par Arthus Fleury et publié en 1860. Il existe une autre pièce assez voisine de ce titre, et inachevée, Erreur de nom, qui a été publiée en 1962. * Le Chariot d’enfant, en collaboration avec Méry, d’après l’Indien Soudraka, fut publié en 1850. * Misanthropie et repentir, d’après Kotzebue, fut représenté après la mort de Nerval, en 1855. * Une Nuit blanche fut représentée une unique fois en 1850, puis interdit par le futur Napoléon III. Traductions * Faust (1828) * Poésies allemandes (Klopstock, Goethe…) (1830) * « Der König in Thule », (« Le Roi de Thulé ») de Goethe Pamphlet * Histoire véridique du canard, dans Monographie de la presse parisienne avec Honoré de Balzac (1842), * Complainte sur la mort de haut et puissant seigneur le Droit d’aînesse… * Les hauts faits des Jésuites… Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_de_Nerval

André Lemoyne

Camille-André Lemoyne, né le 27 novembre 1822 à Saint-Jean-d’Angély où il est mort le 28 février 1907, est un poète et romancier français. Biographie Avocat au barreau de Paris en 1847, il fut successivement typographe, correcteur, puis chef de publicité chez Didot de 1848 à 1877, date à laquelle il fut nommé bibliothécaire de l’École des arts décoratifs. André Lemoyne figure dans la liste des poètes nommés dans la lettre de Rimbaud à Paul Demeny, dite Lettre du Voyant. En 1893, il reçoit le prix Archon-Despérouses. Jugements « Cet homme de modestie et de mérite a fait de sa vie deux parts: il livre l’une à la nécessité, au travail ; il réserve l’autre, inviolable et secrète. Tous les six mois, il distille une goutte d’ambre qui se cristallise en poésie et qui s’ajoute à son cher trésor. Les Roses d’antan renferment des pièces parfaites de limpidité et de sentiment. J’ai des raisons de recommander celle qui a pour titre L’Étoile du berger. » « S’il [André Lemoyne] n’a pas beaucoup produit, chacune de ses compositions est marquée d’un caractère spécial. Son œuvre offre une série de tableaux variés, peints avec largeur dans un petit cadre. [...] Les Roses d’antan, Les Charmeuses ont été couronnés à la fois par l’Académie française en 1871 ». Œuvres * Stella Maris (1860) * Chemin perdu (1863) * Les Sauterelles de Jean de Saintonge (1863) * Les Roses d’antan (1865) * Les charmeuses (1867) * Une Idylle normande (1874) * Alise d’Évran (1876) * Paysages de mer et fleurs des prés (1876) * Légendes des bois et chansons marines (1878) * Oiseaux chanteurs (1882) * Soirs d’hiver et de printemps (1883) * Fleurs et ruines (1888) * Fleurs du soir (1893) * Le Moulin des prés (1894) * La mare aux chevreuils (1902) * Poésies, Paris, Lemerre, 1883-1897, 4 volumes comprenant: Les Charmeuses ; Les Roses d’antan ; Légendes des bois et chansons marines ; Paysages de mer et fleurs des prés ; Soirs d’hiver et de printemps ; Fleurs et ruines ; Oiseaux chanteurs ; Fleurs du soir ; Chansons des nids et des berceaux * Romans, Paris, Lemerre, 1886, comprenant: Une Idylle normande ; Le Moulin des prés ; Alise d’Évran ; le volume comprend également des Pensées d’un paysagiste et des Notes de voyage Texte en ligne * La Tour d’Ivoire, Paris, Lemerre, 1902 Les références Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Lemoyne




Top