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Délivrance d’andromède

L’eau ne vêtirait plus ce corps à sa mesure.
La clairière l’absorbe autant que le miroir
Mais des griffes ont fait, au ventre, une blessure
Qui tache de son sang le tissu d’un mouchoir.
 
De la main relevant, sur son front, une mèche,
Andromède s’éloigne et franchit les taillis
Comme un fauve portant, dans sa chair, une flèche
Qui lui dicte sa route à travers les pays.
 
La sueur et la salive ont souillé son visage
Mais la joie envahit ses sens et son esprit.
Jamais plus, de la nuit descendant les étages,
Des spectres ne viendront l’épouser dans son lit.
 
Adieu
Sabine, adieu
Rosemonde,
Hyppolite,
Vers des lieux différents le soir vous précipite.
 
Andromède, livrée à sa propre fureur,
En elle apaise enfin sa soif et sa fatigue.
L’espace grand ouvert accueille, sans erreur
Et sans retour, pour cette fois, l’enfant prodigue.
 
Andromède s’en va et joint au crépuscule
Qui soulève, dans l’ouest, un funèbre océan,
Le sang de sa blessure où son ombre bascule,
Proie offerte aux baisers des nains et des géants.
 
Andromède s’en va.
L’endroit qu’elle abandonne,
Endroit où son destin s’efface et fut tracé,
Est marqué par le jet d’une blanche colonne.
Plus loin le monstre fuit.
Le ciel est dépassé.
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