I
Regarde-les là-bas, à ce carrefour,
Qui semblent hésiter puis qui repartent.
L’enfant court devant eux, ils ont cueilli
En de grandes brassées pour les quelques vases
Ces fleurs d’à travers champs qui n’ont pas de nom
Et l’ange est au-dessus, qui les observe
Enveloppé du vent de ses couleurs.
Un de ses bras est nu dans l’étoffe rouge,
On dirait qu’il tient un miroir, et que la terre
Se reflète dans l’eau de cette autre rive.
Et que désigne-t-il maintenant, du doigt
Qui pointe vers un lieu dans cette image ?
Est-ce une autre maison ou un autre monde,
Est-ce même une porte, dans la lumière
Ici mêlée des choses et des signes ?
II
Ils aiment rentrer tard, ainsi.
Ils ne distinguent
Plus même le chemin parmi les pierres
D’où sourd encore une ombre d’ocre rouge.
Ils ont pourtant confiance.
Près du seuil
L’herbe est facile et il n’est point de mort.
Et les voici maintenant sous des voûtes.
Il y fait noir dans la rumeur des feuilles
Sèches, que fait bouger sur le dallage
Le vent qui ne sait pas, de salle en salle,
Ce qui a nom et ce qui n’est que chose.
Ils vont, ils vont.
Là-bas parmi les ruines,
C’est le pays où les rives sont calmes,
Les chemins immobiles.
Dans les chambres
Ils placeront les fleurs, près du miroir
Qui peut-être consume, et peut-être sauve.