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Épilogue

A vous, puissans du monde, à vous, rois de la terre,
Qui tenez dans vos mains et la paix et la guerre,
À vous de décider si lassés de souffrir,
Les grecs ont pris le fer pour vaincre ou pour mourir :
Si du Tage au Volga, de la Tamise au Tibre,
L’Europe désormais doit être esclave ou libre.
Libre, elle bénira votre auguste équité ;
Non qu’elle offre ses vœux à cette liberté
Qui des plus saintes lois s’affranchit par le glaive,
Marche sans but, sans frein, sur des débris s’élève,
Triomphe dans le trouble, et, vantant ses bienfaits,
Pour un abus détruit enfante cent forfaits.
La sage liberté qu’elle attend, qu’elle implore,
Qui préside à mes chants, que tout grand peuple adore,
Par le bonheur public affermit les états ;
Créant des citoyens, elle fait des soldats,
Enchaîne la licence, abat la tyrannie,
Des pouvoirs balancés entretient l’harmonie,
Réunit les sujets sous le sceptre des rois,
Rapproche tous les rangs, garantit tous les droits,
Et, favorable à tous, de son ombre éternelle
Couvre jusqu’aux ingrats qui conspirent contre elle !
Ainsi le chêne épais reçoit sous ses rameaux,
Défend des feux du jour ces immondes troupeaux
Qui, cherchant à ses pieds leur sauvage pâture,
Des gazons soulevés flétrissent la verdure,
Insultent vainement dans ses profonds appuis
Ce tronc qui leur prodigue et son ombre et ses fruits,
Et les écraserait de ses vastes ruines,
S’ils pouvaient de la terre arracher ses racines.

Les Messéniennes, Livre II (1835)

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