Caricamento in corso...

L’autre nuit, je veillais dans mon lit

                       Sonnet.
 
 
L’autre nuit, je veillais dans mon lit sans lumière,
Et la verve en mon sein à flots silencieux
S’amassait, quand soudain, frappant du pied les cieux,
L’éclair, comme un coursier à la pâle crinière,
 
Passa ; la foudre en char retentissait derrière,
Et la terre tremblait sous les divins essieux :
Et tous les animaux, d’effroi religieux
Saisis, restaient chacun tapis dans leur tanière.
 
Mais moi, mon âme en feu s’allumait à l’éclair ;
Tout mon sein bouillonnait, et chaque coup dans l’air
À mon front trop chargé déchirait un nuage.
 
J’étais dans ce concert un sublime instrument ;
Homme, je me sentais plus grand qu’un élément,
Et Dieu parlait en moi plus haut que dans l’orage.

Les consolations (1830)

#ÉcrivainsFrançais

Altre opere di Charles-Augustin Sainte-Beuve...



Top