Rondeaux
#ÉcrivainsFrançais
Petit mercier, petit panier ! Pourtant si je n’ai marchandise Qui soit du tout à votre guise, Ne blâmez, pour ce, mon métier. Je gagne denier à denier,
France, jadis on te souloit (1) no… En tous pays, le trésor de nobless… Car un chacun pouvait en toi trouv… Bonté, honneur, loyauté, gentilles… Clergie, sens, courtoisie, prouess…
Le beau soleil, le jour saint Val… Qui apportoit sa chandelle alumee, N’a pas longtemps entra un bien ma… Priveement en ma chambre fermee. Celle clarté qu’il avoit apportee,
J’ay fait l’obseque de ma dame Dedens le moustier amoureux, Et le service pour son ame A chanté Penser doloreux. Mains cierges de soupirs piteux
En regardant vers le païs de Fran… Un jour m’avint, a Dovre sur la m… Qu’il me souvint de la doulce plai… Que souloye oudit pays trouver ; Si commençay de cueur a souspirer,
Les fourriers d’Amours m’ont logé En ung lieu bien à ma plaisance, Dont les mercy de ma puissance, Et m’en tiens à eux obligé. Afin que tost soit abregé
Ou puis parfont de ma merencolie L’eaue d’Espoir que ne cesse tire… Soif de Confort la me fait desire… Quoy que souvent je la trouve tari… Necte la voy ung temps et esclerci…
Laissez-moi penser à mon aise : Hélas ! donnez m’en le loisir. Je devise (1) avecques plaisir, Combien que ma bouche se taise. Quand Mélancolie mauvaise,
Que nous en faisons De telles manières, Et douces et fières, Selon les saisons ! En champs ou maisons,
Que me conseillez-vous, mon coeur… Irai-je par devers la belle Lui dire la peine mortelle Que souffrez pour elle en douleur… Pour votre bien et son honneur,
Quant vint a la prochaine feste Qu’Amours tenoit son parlement, Je lui presentay ma requeste Laquelle leut tresdoulcement, Et puis me dist : « Je suy dolent…
En songe, souhait et pensée, Vous vois chaque jour de semaine ; Combien qu’êtes de moi lointaine, Belle, très loyalement aimée. Pour ce qu’êtes le mieux parée
En faictes vous doubte Que vostre ne soye ? Se Dieu me doint joye Au cueur, si suis toute. Rien ne m’en deboute,
Le temps a laissié son manteau De vent, de froidure et de pluye, Et s’est vestu de brouderie, De soleil luyant, cler et beau. Il n’y a beste, ne oyseau,
Ma seule amour que tant désire, Mon réconfort, mon doux penser, Belle nonpareille, sans per, Il me déplaît de vous écrire. Car j’aimasse mieux à le dire