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Pour le Papillon et l’Âme
La Grèce avait un seul nom ;
Ô poètes ! je proclame
Que la Grèce avait raison.
 
L’Âme et l’insecte ont des ailes
Pour fuir la terre et le mal ;
Ces deux Psychés ont en elles
Un introuvable idéal.
 
Leur inconstance suprême,
Leur course de fleur en fleur,
C’est la constance elle-même
Courant après le bonheur.
 
Toutes deux n’ont qu’une essence...
Dieu, l’ayant fait de sa main,
Souffla l’âme et l’existence
Au père du genre humain.
 
Un peu de l’haleine douce,
De l’haleine du Seigneur,
Toucha, dans l’herbe et la mousse,
La corolle d’une fleur.
 
Or, tout à coup, la corolle
S’est émue, et, vers les cieux,
Palpitante, elle s’envole,
Blanc papillon radieux ;
 
Car l’Éden parmi les branches
Des profonds pommiers tremblants,
N’ayant que des âmes blanches,
N’eut que des papillons blancs.
 
Mais, depuis le péché d’Ève,
Dans les clartés de l’éther
Nul papillon ne s’élève
Qu’il n’ait rampé comme un ver.
 
Ô mystère ! Ève et sa pomme
Rejettent loin du ciel bleu,
Dans la chrysalide et l’homme,, le souffle de Dieu !

Les jeunes croyances (1867)

#ÉcrivainsFrançais

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