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Aux arbres

Vous qui vous êtes effacés sur son passage,
Qui avez refermé sur elle vos chemins,
Impassibles garants que
Douve même morte
Sera lumière encore n’étant rien.
 
Vous fibreuse matière et densité,
Arbres, proches de moi quand elle s’est jetée
Dans la barque des morts et la bouche serrée
Sur l’obole de faim, de froid et de silence.
 
J’entends à travers vous quel dialogue elle tente
Avec les chiens, avec l’informe nautonier,
Et je vous appartiens par son cheminement
A travers tant de nuit et malgré tout ce fleuve.
 
Le tonnerre profond qui roule sur vos branches,
Les fêtes qu’il enflamme au sommet de l’été
Signifient qu’elle lie sa fortune à la mienne
Dans la médiation de votre austérité.
 
Que saisir sinon qui s’échappe,
Que voir sinon qui s’obscurcit.
Que désirer sinon qui meurt.
Sinon qui parle et se déchire ?
 
Parole pioche de moi
Que chercher sinon ton silence,
Quelle lueur sinon profonde
Ta conscience ensevelie,
 
Parole jetée matérielle
Sur l’origine et la nuit ?
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