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Le feuillage éclairé

Dis-tu qu’il se tenait sur l’autre rive.
Dis-tu qu’il te guettait à la fin du jour ?
L’oiseau dans l’arbre de silence avait saisi
De son chant vaste et simple et avide nos cœurs,
Il conduisait
Toutes voix dans la nuit où les voix se perdent
Avec leurs mots réels.
Avec le mouvement des mots dans le feuillage
Pour appeler encor, pour aimer vainement
Tout ce qui est perdu,
Le haut vaisseau chargé de douleur entraînait
Toute ironie loin de notre rivage.
Il était l’ange de quitter la terre d’âtres et de lampes
Et de céder au goût d’écume de la nuit.
 
II
 
La voix était d’ironie pure dans les arbres,
De dislance, de mort,
De descellemeni d’aubes loin de nous
Dans un lieu refusé.
Et notre port
Était de glaise noire.
Nul vaisseau
N’y avait jamais fait le signe de lumière,
Tout commençait avec ce chant d’aube cruelle.
Un espoir qui délivre, une pauvreté.
C’étaii comme en labour de terre difficile
L’insiant nu, déchiré
Où l’on sein que le 1er trouve le cu’ur de l’ombre
Et invente la mort sous un ciel qui change.
 
III
 
Mais dans les arbres,
Dans la flamme des fruits à peine aperçue,
L’épéc du rouge et du bleu
Durement maintenait la première blessure,
La souflerte puis l’oubliée quand vint la nuit.
L’ange de vivre ici, le tard venu.
Se déchirait comme une robe dans les arbres,
Ses jambes de feuillage sous les lampes
Paraissaient, par matière et mouvement et nuit.
 
IV
 
Il est la terre, elle l’obscure, où tu dois vivre.
Tu ne dénieras pas les pierres du séjour.
Ton ombre doit s’étendre auprès d’ombres mortelles
Sur les dalles où vient et ne vient pas le jour.
Il est la terre d’aube.
Où une ombre essentielle
Voile toute lumière et toute vérité.
Mais même en lieu d’exil on a aimé la terre.
Tant il est vrai que rien ne peut vaincre l’amour.
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