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L’air meurtri

Il fait si chaud que l’air vibre et que tout bruit devient assourdissant. Des meutes de chiens féroces aboient. Par les fenêtres ouvertes, les cris des femmes rivalisent avec cette fanfare barbare.

Le froid a de la peine à geler ces paroles. Si les oiseaux se taisaient, si les femmes se taisaient, si les chiens étaient morts... Un moment les jardins sont calmes et tout s’endort ; mais bientôt le terrible bruit recommence. Ce sont les appels du soleil et chacun y répond avec exubérance. Quelques êtres muets qu’on accable ne peuvent protester ni se venger. Le bruit souverain les opprime.

Dans les fumées, par-dessus les toits qui s’en préservent seuls, j’aurais fait tournoyer ma tête comme un grelot sans pois au bout d’une ficelle. La vitesse ouatée jusqu’aux nuages et permettre au ruisseau de murmurer tout seul !

Le ciel est descendu, on a refermé les fenêtres et les bouches sont closes. Après la chute des feuilles les oiseaux même n’osent plus gazouiller. Il fait si froid.

L’hiver c’est l’intervalle du silence

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