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Le pays du sommet des arbres

I
 
L’enfant semblait errer au sommet de l’arbre,
On ne comprenait pas son corps, enveloppé
D’un feu, d’une fumée, que la lumière
Trouait d’un coup, parfois, comme une rame.
 
Il montait, descendait un peu, il s’arrêtait,
Il s’éloignait entre les pyramides
Du pays du sommet des arbres, qui sont rouges
Par leur flanc qui retient le soleil encore.
 
L’enfant allait chantant, rêvant sa vie. Était-il seul en son jardin de palmes ?
On dit que le soleil s’attarde parfois
Pour une nuit, au port d’un rêve simple.
 
On dit aussi que le soleil est une barque
Qui passe chaque soir la cime du ciel.
Les morts sont à l’avant, qui voient le monde
Se redoubler sans fin d’autres étoiles.
 
II
 
L’enfant redescendit plus tard, de branche en branche
Dans ce qui nous parut un ciel étoile.
Rien ne distinguait plus dans ce silence
La cime bleue des arbres et des mondes.
 
Il chantait, il riait, il était nu,
Son corps était d’avant que l’homme, la femme
Ne se fassent distincts pour retrouver
Criant, dans une joie, une espérance.
 
Il était le chant même.
Qui s’interrompt
Parfois, le pied cherchant l’appui qui manque,
Puis qui reprend et, dirait-on, se parle, telles deux voix
 
A l’avant d’une barque qui s’éloigne.
On dit que la lumière est un enfant
Qui joue, qui ne veut rien, qui rêve ou chante.
Si elle vient à nous c’est par jeu encore,
Touchant le sol d’un pied distrait, qui serait l’aube.
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