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Voix basses et phénix

UNE VOIX
 
Tu fus sage d’ouvrir, il vint à la nuit. Il posa près de toi la lampe de pierre. Il te coucha nouvelle en ta place ordinaire, De ton regard vivant faisant étrange nuit.
 
UNE AUTRE VOIX
 
La première venue en forme d’oiseau Frappe à ma vitre au minuit de ma veille. J’ouvre et saisie dans sa neige je tombe Et ce logis m’échappe où je menais grand feu.
 
UNE voix
 
Elle gisait, le cœur découvert. A minuit, Sous l’épais feuillage des morts, D’une lune perdue elle devint la proie, La maison familière où tout se rétablit.
 
UNE AUTRE VOIX
 
D’un geste il me dressa cathédrale de froid. O Phénix ! Cime affreuse des arbres crevassée Par le gel ! Je roulais comme torche jetée Dans la nuit même où le Phénix se recompose
 
Mais que se taise celle qui veille encor
Sur l’àtre, son visage étant chu dans les flammes,
Qui reste encore assise, étant sans corps.
 
Qui parle pour moi, ses lèvres étant fermées, Qui se lève et m’appelle, étant sans chair, Qui part laissant sa tête dessinée.
Qui rit toujours, en rire étant morte jadis.
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