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Le chant de sauvegarde

 
Que l’oiseau se déchire en sables, disais-tu,
Qu’il soit, haut dans son ciel de l’aube, noire rive.
Mais lui. le naufragé de la voûte chantante.
Pleurant déjà tombait clans l’argile des morts.
 
L’oiseau m’a appelé, je suis venu,
J’ai accepté de vivre dans la salle
Mauvaise, j’ai redit qu’elle était désirable,
J’ai cédé au bruit mort qui remuait en moi.
 
Puis j’ai lutté, j’ai fait que des mots qui m’obsèdent
Paraissent en clarté sur la vitre où j’eus froid.
L’oiseau chantait toujours de voix noire et cruelle,
J’ai détesté la nuit une seconde fois,
 
Et j’ai vieilli, passion désormais, âpre veille,
J’ai fait naître un silence où je me suis perdu.—
Plus tard j’ai entendu l’autre chant, qui s’éveille
Au fond morne du chant de l’oiseau qui s’est tu.
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